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Généalogie Rajbaut

L'arbre généalogique Rajbaut

Encore une fausse piste ! Publié le Lundi 22 Juin 2009 à 17:46:42

Dans mon avant-dernier billet j'avais suggéré que Charles RAIBAUDO aurait pu se remarier après le décès de son épouse Françoise ANDREIS en 1801 sur la foi d'une mention figurant à l'acte de mariage de son fils André en 1832 qui semblait dire que Charles RAIBAUDO était alors veuf d'une certaine Catherine GHIS.
Eh bien j'avais tout faux ! En effet cette Catherine (ou plus exactement Marie Catherine) GHIS n'était autre que la première épouse d'André dont il était veuf et ainsi son mariage en 1832 était son second mariage. L'erreur vient d'une difficulté de lecture de cet acte de mariage rédigé en latin (alors qu'auparavant aux XVII° et XVIII° siècles les registres paroissiaux étaient écrits en Italien, donc plus faciles à traduire pour moi), en réalité la phrase litigieuse voulait dire qu'André (et non pas son père) était veuf de son premier mariage avec Marie Catherine GHIS.
Comme quoi on n'est jamais à la merci d'une erreur !

 

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L'acte de mariage qui m'a induit en erreur : "Andream REIBAUD filium Caroli et quandam Francisca de ANDREIS viduum per obitum Catharina GHIS", les latinistes apprécieront !

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Charles au tournant du XIX° siècle Publié le Dimanche 21 Juin 2009 à 18:46:48

L'hypothèse que j'avais formulée dans mon précédent billet sur la possibilité, pour Charles et Françoise, d'avoir quitté momentanément Nice au moment de la période révolutionnaire, ce qui aurait impliqué la naissance de leurs deux enfants André et Honoré hors de Nice, était séduisante mais elle est fausse. En effet si je n'ai toujours pas trouvé les actes de naissance et de baptême d'André et d'Honoré, j'ai trouvé leurs actes de décès en 1873 (pour André) et en 1878 (pour Honoré), ces actes ne mentionnent pas leur date de naissance mais leur âge à leur décès et précisent qu'ils sont bien nés à Nice. Avec ces renseignements j'en ai déduit qu'André était né vers 1795 et Honoré vers 1797, ce qui est plausible puisque l'aîné Stéphane est né en septembre 1792 et les jumeaux François et Lazare en janvier 1801. Mais alors pourquoi ne puis-je pas trouver leurs actes de naissance ou, au moins de baptême ? Mystère, alors surtout que les registres d'état civil et paroissiaux existent bien pour cette période.

 

En tous cas il est vrai que la vie à Nice pendant les années de la Révolution n'a pas dû être facile. La ville avait connu près d'un demi-siècle de paix et de tranquillité et voici qu'elle se trouvait annexée contre son gré à un pays plongé dans une révolution que les Niçois n'approuvent guère et, en plus, plongée dans la guerre. Car la guerre avec le royaume de Piémont-Sardaigne continue dans l'arrière-pays. Les Français, avec à leur tête Masséna (décidément plus Français que Niçois !) s'emparent de Saorge, de Tende et rejettent les troupes sardes en Piémont. Le 2 mars 1796 Bonaparte est nommé à la tête de l'armée d'Italie et fait son entrée à Nice le 27 mars 1796 (armée qui sera certainement à l'origine du pic de naissances d'enfants naturels que j'ai observé dans mes recherches à partir de la fin de l'anné 1796 !). Les succès militaires français contraignent Victor-Amédée III à signer le 15 mai 1796 le traité de Paris par lequel il abandonne officiellement Nice et la Savoie à la France. Miné par le chagrin ce roi ne survivra guère à cette défaite puisqu'il décède le 16 octobre 1796.

 

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Une jolie représentation de Nice en 1796 montrant le départ de l'armée d'Italie (qu'on distingue au fond).

 

Le nouveau roi Charles-Emmanuel IV, doux, timide et pieux, est malheureusement d'une compétence politique médiocre. La situation se dégrade dans ce qui lui reste de son royaume, les Jacobins piémontais sont de plus en plus actifs, la France intervient de plus en plus avec une garnison installée à Turin. L'émeute éclate dans la capitale le 15 septembre 1797 obligeant le nouveau roi à quitter le Piémont le 9 décembre 1798 pour s'exiler en Sardaigne où il débarque le 3 mars 1799.

 

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Charles-Emmanuel IV

 

Un instant ce roi pensera pouvoir regagner sa capitale lorsque le 26 mars 1799 les troupes russes (eh oui !) écrasent les Français et libèrent Turin.  Nice est reprise le même mois par les troupes autrichiennes (apparemment acclamées par la population) tandis que le 4 juin 1800 c'est Masséna, assiégé dans Gênes, qui doit se rendre. Mais cette victoire sera de courte durée car la défaite de la bataille de Marengo, remportée le 14 juin 1800 par Bonaparte, retourne la situation : Nice retourne à la France.

Charles-Emmanuel IV n'a d'autre ressource que de partir à Rome où, désespéré, il abdique le 4 juin 1802 au profit de son frère Victor-Emmanuel Ier.

 

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Victor-Emmanuel Ier

 

Encore un mot sur le Piémont : comme à Nice en 1792, un gouvernement provisoire jacobin se met en place et, par un plébiscite contesté, demande en février 1799 l'annexion du Piémont à la France, ce qui deviendra effectif le 11 septembre 1802. La France s'agrandit alors de six nouveaux départements et Turin, avec ses 80.000 habitants, devient la quatrième ville de France. Victor-Emmanuel Ier, lui, ne peut que s'exiler, d'abord à Naples puis en Sardaigne où il restera jusqu'en mai 1814.

 

Au même moment la situation à Nice n'est guère brillante, les campagnes sont dévastées,le ravitaillement est irrégulier, plongeant même la ville dans la disette, les finances sont exsangues, gérées par des incompétents notoires ou corrompus, l'ordre public est inexistant et l'insécurité s'accroit dangereusement avec la prolifération de tripots, le développement de la prostitution.

 

La situation va changer avec l'arrivée de Bonaparte au pouvoir, d'abord comme Premier Consul puis comme Empereur. Surtout avec la nomination en 1803 comme préfet de Marc Grate Dubouchage qui restera en place jusqu'en 1814 et qui peut être considéré comme le meilleur préfet des Alpes-Maritimes (surtout si on considère l'incapacité notoire de ses deux prédécesseurs). Efficace et diplomate (il a été formé sous l'Ancien Régime) il sait s'entourer d'hommes d'expérience et faire appel à des Niçois (tous les employés départementaux sont exclusivement Niçois). Il redresse la situation économique en relançant les savonneries, le textile, en transformant les collines alentour en vergers d'agrumes, il encourage la production d'huile d'olive et de vin (le célèbre Bellet qu'on ne trouve qu'à Nice et à un prix !). De grands travaux sont accomplis telle que la Grande-Corniche qui relie Nice à Menton. Il prévoit aussi la construction d'un lycée impérial qui ouvre ses portes en 1812, il s'agit de l'actuel lycée Masséna (même si celui-ci n'a rien à voir avec la création de ce lycée !), ce qui permet en outre de développer la diffusion du français auprès des élites niçoises (car bien entendu cela n'a strictement rien changé pour Charles et ses enfants qui n'ont jamais dû parler que le Nissart !).

 

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Dubouchage

 

Dubouchage aura aussi l'habileté de ne pas heurter les sentiments profondément religieux des Niçois et d'ailleurs lorsque le pape Pie VII (si malmené par Napoléon) traverse Nice en 1809 puis en 1814, des milliers de Niçois l'accueillent à genoux sur le pont du Var. J'imagine aisément que Charles a dû amener ses enfants car le passage du pape à Nice a dû être pour eux un événement considérable.

 

Nice connaît même sous l'Empire, un semblant d'activité touristique. En effet avec la Révolution les touristes anglais qui avaient découvert les charmes de Nice dans la deuxième moitié du XVIII° siècle, ont disparu, ils sont remplacés par les dignitaires de la cour impériale et aussi par la soeur de l'empereur, la belle Pauline Bonaparte, mariée au prince Borghèse qui est alors gouverneur général du Piémont.

 

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Buste de Pauline Borghèse par Canova qu'on peut voir au musée Masséna de Nice.

 

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Un plan de Nice en 1812.

 

Mais l'Empire, embourbé dans la désastreuse campagne de Russie, s'effrite, déjà en 1814 lors de la deuxième venue du Pape, Dubouchage a entendu dans la foule des cris hostiles à la France, signe que la francisation menée depuis plus de 20 ans est restée superficielle. Le 27 avril 1814 Napoléon abdique et le prince Borghèse accepte, à Turin, de céder la place à un conseil de régence chargé de préparer le retour du roi Victor-Emmanuel Ier. A Nice Dubouchage essaie de maintenir la présence française en se ralliant aux Bourbons mais c'est Victor-Emmanuel Ier que la population niçoise acclame ! Le 25 avril 1814 le maréchal autrichien Schwartzenberg annonce aux Niçois qu'il remettra leur comté au roi de Piémont-Sardaigne. Entre temps, le 23, Talleyrand a déjà accepté de céder le comté de Nice au royaume de Piémont-Sardaigne. Isolé, Dubouchage décide de s'effacer avec discrétion et décence, en remerciement, le 5 mai 1814, la municipalité (qui a pourtant fait allégeance au roi Victor-Emmanuel Ier) décide, fait rarissime, de frapper une médaille en l'honneur de Dubouchage. En 1860 les élus niçois donneront son nom au nouveau boulevard qui vient d'être ouvert, c'est toujours aujourd'hui le boulevard Dubouchage.

 

Et Masséna ? Il a eu, à la fin de l'Empire, une attitude ambiguë, rejoignant les Bourbons puis se ralliant à nouveau à Napoléon pendant les Cent-Jours. Lors de la seconde restauration on lui reprochera cette ambiguïté et, aussi, son enrichissement lors des pillages de la chartreuse de Pavie et de Gênes. Il s'éteindra à Paris en 1817 et, finalement, aura été bien peu Niçois même s'il y a une rue à son nom, un musée et un lycée (qui aurait mieux fait de s'appeler lycée Dubouchage).

 

Ainsi avec la disparition de l'Empire, le comté de Nice retourne au royaume de Piémont-Sardaigne. Mais le traité de Vienne du 9 juin 1815 permet aussi l'annexion au royaume de la ville de Gênes (qui avait été une république indépendante jusqu'alors) : désormais le Piémont dispose d'un très grand port, du niveau de celui de Marseille, et plus proche de Turin que Nice, plus facile d'accès aussi. La ville de Nice ne peut plus prétendre être le port de commerce du royaume.

 

La restauration du royaume se fait de façon excessive : toute la législation française est abrogée, les fonctionnaires et les militaires sont rétrogradés ou limogés, le commerce avec la France est interdit et les cadres sardes remplacent les Niçois. La francisation s'arrête net et désormais c'est à nouveau en Italien (ponctué de dialecte piémontais) que s'expriment les nouveaux représentants du conseil municipal dès juin 1814 (ou plutôt devrais-je dire la civica amministrazione della città di Nizza maritima).

 

Quant à Charles, il aura été le premier de la famille à changer trois fois de nationalité : d'abord Italien, il est devenu Français à 28 ans avant de redevenir Italien à 49 ans (enfin je devrais dire citoyen du royaume de Piémont-Sardaigne car l'Italie n'existe pas encore), mais ça n'a pas dû changer grand chose pour lui car je suppose que Niçois il est né et que Niçois avant tout il devait être. Et puis surtout l'essentiel pour lui, comme pour la plupart des Niçois, était que la paix revienne enfin dans le comté et qu'il puisse vivre à nouveau tranquillement comme avant toute cette tourmente révolutionnaire. Il va s'éteindre en paix (du moins je le suppose !) le 5 janvier 1833 à l'âge de 69 ans, ce qui n'est pas si mal pour l'époque. Il va être inhumé à Cimiez qui, pour la première fois, devient une paroisse autonome : désormais les actes paroissiaux ne seront plus ceux de la cathédrale Sainte-Réparate, mais seront rédigés au monastère de Cimiez dont  j'aurai l'occasion de reparler.

 

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L'acte de décès de Charles.

 

Un détail qui a son importance : le nom de Charles dans son acte de décès est orthographié RAJBAUD, pour la première fois on voit apparaître cette lettre J si étrange pour la langue italienne qui l'ignore. J'aurais l'occasion d'en reparler dans mon prochain billet : c'est en effet à partir du XIX° siècle que l'orthographe de notre nom de famille (qui jusqu'alors était restée stable) va varier de façon anarchique.

 

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Charles et Françoise et la Révolution Française Publié le Vendredi 12 Juin 2009 à 18:03:57

Pour commencer, voici la fiche de la famille de Charles et Françoise RAIBAUDO :

 

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Dès leur mariage en 1789 le couple va donc vivre des instants historiques car si, au début, Nice n'est guère concernée par la Révolution Française, sa proximité avec la France va l'y mêler. En effet assez rapidement (dès août 1789) les premiers émigrés français franchissent le Var (qui constitue alors la frontière) et s'installent à Nice, ainsi la veuve de Mirabeau, Mme de Riquetti, qui se remarie à la cathédrale Sainte Réparate avec le comte Foucard de La Roque.
Mais à Nice il y a aussi des Français partisans de la Révolution, à commencer par le consul Leseurre qui fonde un parti révolutionnaire ! Ainsi, sous le regard impuissant des autorités on voit dans les rues de Nice tantôt les royalistes qui arborent la cocarde blanche et crient Vive le Roi !, tandis que les sans-culottes répliquent par des Vive la Révolution !

Que fait donc le roi de Piémont-Sardaigne Victor-Amédée III ? Eh bien il ne fait rien et c'est le commandant général du comté de Nice qui décide de sévir contre les révolutionnaires : il réprime les manifestations, expulse, censure la presse et le courrier venant de Paris.
Bien évidemment les relations entre la France et le royaume de Piémont-Sardaigne ne peuvent que se détériorer, en 1792 les relations diplomatiques sont rompues et, le 23 juillet 1792, la guerre est déclarée à la France, le royaume concluant le 22 septembre un traité d'alliance avec l'Autriche.

Il n'y a qu'un problème, mais de taille : l'armée sarde est totalement inexpérimentée et ses officiers sont trop âgés : le 22 septembre 1792 la Savoie est occupée par les Français presque sans combat. Sous l'effet de la surprise et de la panique le gouvernement sarde ordonne la retraite pour protéger en priorité le Piémont.
Du coup l'armée sarde quitte Nice précipitamment le 25 septembre et la ville se réveille le lendemain vide de ses soldats et de sa milice alors que la flotte française de l'amiral Truguet croise au large et que le général Anselme, basé à Antibes (où se trouve entre autres Masséna), se prépare à franchir le Var avec 6.000 soldats.

A Nice c'est la panique, les fonctionnaires et leurs familles prennent la fuite, accompagnés par les émigrés : aristocrates, prêtres, magistrats, riches marchands, enfin tous ceux qui ont quelque chose à perdre de l'arrivée de ces révolutionnaires. Près de 10.000 personnes s'enfuient de Nice, soit par l'étroite route du littoral vers la Ligurie (à l'époque il n'y a pas encore les trois corniches), soit par la sinueuse route menant vers le col de Tende. Imaginez la scène, c'est une véritable marée humaine, les plus démunis partant à pied, certains seront dépouillés, voire assassinés, sur la route.

Et nos ancêtres dans tout cela ? Il est vrai que ce ne sont que de modestes agriculteurs vivant à l'écart de la ville, sur les hauteurs de Cimiez, ils n'ont pas grand chose à perdre, si ce n'est leur vie bien sûr. Mais surtout il leur est impossible de partir car Françoise est enceinte, sur le point d'accoucher de leur premier enfant ! Impossible de partir dans ces conditions, jugez-en : l'enfant va naître le 27 septembre 1792, deux jours après le départ des troupes sardes et alors que les troupes françaises vont entrer dans Nice le 29 ! Un pillage en règle des riches demeures abandonnées va s'ensuivre. Mais en même temps la vie continue. En effet dès le 30 septembre, soit le lendemain de l'arrivée des Français, Charles se rend à la cathédrale Sainte Réparate avec son bébé de 3 jours pour le faire baptiser sous le prénom de Stéphane avec son parrain, Stéphane TORDO et sa marraine Honorée TORDO épouse RIBAUDO. Les liens avec la famille TORDO (la mère de Charles) sont donc encore forts. La cérémonie se déroule apparemment sans problème.

 

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L'acte de baptême de Stéphane RIBAUDO.

 

Comme vous pouvez le constater si, jusqu'alors, le nom de famille s'écrivait RAIBAUDO ou RAYBAUDO, pour la première fois il est écrit RIBAUDO et certaines branches familiales vont garder cette orthographe. On trouve encore aujourd'hui à Nice beaucoup de RIBAUDO, à coup sûr il s'agit de lointains cousins.

 

La famille va donc rester à Nice et va changer de nationalité : Charles et Françoise seront les premiers Français de la famille. En effet le général Anselme expédie à la Convention son rapport sur la libération de Nice et met en place une nouvelle administration provisoire ... qui ne comprend que 4 Niçois sur 14 membres pour remplacer l'administration sarde qui a disparu. Le 4 novembre 1792 cette administration délègue deux députés à la Convention pour demander le rattachement de Nice à la France. Un plébiscite est organisé mais c'est une mascarade électorale : seules 16 communes du comté sur 45 peuvent voter, les autres étant encore défendues par les troupes sardes. Le 4 janvier 1793 est élu un conseil constitutif qui proclame aussitôt la déchéance du roi sarde et le 4 février 1793 Nice devient française, chef-lieu du nouveau département des Alpes-Maritimes (qui englobe la principauté de Monaco, également annexée pour l'occasion).

Bien entendu les biens des émigrés sont confisqués et vendus, certains en profitent pour s'enrichir, comme la famille Tiranty, des luttes d'influence éclatent, c'est le tourbillon de la Révolution qui arrive à Nice.
Et pourtant la Terreur ne semble pas avoir réellement sévi, la population ne se sent pas vraiment concernée par cette révolution, la francisation par l'éducation notamment ne donne pas de réels résultats, les élites s'opposent à la déchristianisation et le peuple s'afflige des tracasseries imposées au clergé. Des tracasseries me semble-t-il plutôt légères par rapport au reste du pays car j'ai constaté que les différentes paroisses de Nice continuaient à fonctionner et à tenir leurs registres de baptême, mariage et décès, sans même se référer au calendrier révolutionnaire qui n'est guère utilisé que par les services laïcs de l'état civil.
En effet à partir de cette époque on a à la fois les registres religieux en Latin et les registres civils en Français.
Malheureusement cette dualité ne m'a pas permis de retrouver les actes de naissance des deux enfants qui suivront, bien qu'il s'agisse de ceux qui auront une longue descendance (dont notre ancêtre suivant) : André, qui a dû naïtre entre 1794 et 1796) et Honoré (notre ancêtre direct), qui a dû naître entre 1796 et 1797. J'ai vraiment fait des recherches poussées, tant dans les actes de l'église que dans ceux de l'état civil, et je n'ai à ce jour rien trouvé, c'est le mystère, car je ne pense pas que la famille ait fui Nice à cette époque.
Toutefois il faut savoir qu'effectivement bon nombre de jeunes Niçois vont en quelque sorte prendre le maquis dans l'arrière-pays montagneux à partir de l'hiver 1792-1793, assaillant les soldats et les postes isolés, on les appelera les barbets. Mais par la suite, surtout après 1796, ces actions de résistance se transformeront en du simple brigandage. Charles serait-il devenu un de ces barbets ? Ses deux enfants suivants seraient-ils donc nés clandestinement dans l'arrière-pays ? Je ne peux pas répondre à cette question et sincèrement j'en doute, mais si c'était le cas les parents ont nécessairement fait baptiser leurs enfants, si je trouvais la trace de ces actes de baptême dans un village de l'arrière-pays, cela prouverait effectivement qu'ils ont fui Nice à cette époque.

Mais si c'est le cas, il apparaît qu'au plus tard en 1800 ils sont revenus vivre à Cimiez, en effet Françoise va mettre au monde le 30 janvier 1801 deux jumeaux, des garçons prénommés Lazare et François. Ce sont les premiers de la famille pour lesquels j'ai deux actes d'état civil : l'acte de naissance laïc et l'acte de baptême religieux et ce qui est amusant c'est que l'acte civil est daté selon le calendrier révolutionnaire (pluviôse an IX) tandis que l'acte religieux est daté selon le calendrier chrétien.

 

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L'acte de naissance de François et Lazare RAIBAUDO.

 

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Et leur acte de baptême.

 

S'agissait-il de vrais jumeaux ? Je l'ignore. François a pour parrain François CUGIA et pour marraine l'épouse de ce dernier et Lazare a pour parrain un Lazare RAIBAUDO et pour marraine l'épouse de ce dernier. Ainsi le prénom de Lazare était quand même assez courant dans la famille depuis près d'un siècle !

Malheureusement cette naissance va entraîner un drâme : leur mère Françoise va mourir en couches puisqu'elle est décédée à peine un mois plus tard, le 9 février 1801. Je n'ai pas trouvé son acte religieux, mais seulement l'acte civil portant là aussi la date du calendrier révolutionnaire (21 pluviôse an IX), sur cet acte le prénom du père de Françoise est indiqué comme étant André alors que sur son acte de mariage c'était Jean-Baptiste : mystère. Françoise n'avait que 38 ans, on imagine aisément le drâme que cela a dû être : l'aîné des enfants (s'il était encore en vie à cette époque) n'avait que 9 ans et notre ancêtre Honoré n'en avait que 4.

 

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L'acte de décès (civil) de Françoise Andreis épouse Raibaudo.

 

Charles s'est-il remarié ? Un indice me le laisse penser car sur l'acte de mariage de son fils André en 1832 il est mentionné que Charles était veuf de Françoise ANDREIS puis d'une certaine Catherine GHIS (enfin si j'ai bien compris le texte rédigé en Latin !). En revanche sur l'acte de mariage de notre ancêtre Honoré en 1825 il n'est pas fait mention de cette Catherine GHIS. S'agit-il seulement d'une erreur ? Ou bien Charles se serait-il remarié entre 1825 et 1832 ? Un remariage bref puis qu'en 1832 il aurait été à nouveau veuf. A ce jour je n'ai pas trouvé d'acte de mariage entre Charles RAIBAUDO et une Catherie GHIS mais cela n'aurait rien n'invraisemblable, seulement je me dis qu'il se serait plutôt remarié peu de temps après le décès de Françoise afin de redonner une mère à ses enfants.

Entre temps en 1815 après l'épopée napoléonnienne et les Cent-Jours, Nice est retournée au royaume de Piémont-Sardaigne : Charles n'aura été Français que 22 ans environ, certainement sans jamais avoir su parler Français !

J'aborderai la période napoléonnienne et les derniers jours de Charles dans mon prochain message.

               (à suivre)

Afficher le commentaire. Dernier par RAJBAUT le 30-08-2009 à 20h30 - Permalien - Partager

Charles Antoine RAIBAUDO voit donc le jour à Nice le 12 décembre 1763. Comme son père Lazare il est le dernier-né de la famille mais ne connaîtra jamais son père qui devait décéder moins d'un mois après sa naissance, le 6 janvier 1764. Son père était-il déjà malade ? Ou bien est-il décédé brusquement suite à un accident ? Impossible de le savoir.

 

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L'acte de baptême de Charles Raibaudo.

 

Alors qu'en général les enfants portaient le prénom de leur parrain, Charles RAIBAUDO fera exception puisque son parrain se nomme Stéphane TORDO. Il y a d'ailleurs de fortes chances pour qu'il s'agisse du même Stéphane TORDO qui avait déjà été le parrain d'un des frères de Charles, Stefano, né 13 ans plus tôt. Que faut-il en déduire ? Qu'en 1763 Stefano était déjà décédé ? C'est fort probable, hélas.

L'enfance de Charles, sans père, n'a sans doute pas été facile, mais il avait deux soeurs aînées alors âgées de 18 et 16 ans qui ont dû aider leur mère à élever toute cette famille. Et puis on peut penser que, conformément à la tradition, le parrain est également intervenu à la place du père décédé. Enfin il devait encore avoir en vie son oncle Giulio Cesare (rappelez-vous, celui qui avait pour parrain Jules César LASCARIS).

Nonobstant ce drame familial, Charles va connaître une jeunesse dans une ville pacifiée qui se transforme. Les guerres ont enfin pris fin avec la paix d'Aix-la-Chapelle du 28 octobre 1748 et Nice va s'ouvrir au tourisme. En effet les officiers de la flotte anglaise alliée du roi de Piémont-Sardaigne Charles-Emmanuel III découvrirent les beautés de Nice, furent conquis par le paysage niçois et se promirent d'y revenir.

Des voyageurs viennent sillonner la région et la font connaître au reste de l'Europe, tel que le suisse Sulzer en 1756, l'écossais Smollett en 1763 et, surtout, le duc d'York, frère du roi d'Angleterre, qui séjourne à Nice en 1764 (l'année même de la naissance de Charles).
Nice se transforme, peu à peu s'édifie un nouveau faubourg dans le quartier Croix-de-Marbre pour accueillir les hivernants (car la saison c'est l'hiver bien sûr, pas l'été beaucoup trop chaud) en général anglais, mais aussi allemands et français (il y en aura plus de 300 en 1785).

Le paysage urbain de NICE change aussi : au début du XVIII° siècle la ville compte 20.000 habitants, le cours Saleya est percé en 1731, le cimetière du château date de 1755, mais le plus important est sans doute la construction du port de Nice entre 1749 et 1756.
Eh oui, jusqu'alors NICE n'avait pas réellement de port, les navires accostaient de l'autre côté de la colline du château, à hauteur de l'actuel quai des Etats-Unis, sur la berge.

 

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Un des projets du port de Nice.

 

Jusqu'alors l'endroit n'était qu'un lac marécageux alimenté par la rivière Lympia, un temps il y eut un projet de créer, autour du port, une ville nouvelle avec une vaste place Royale comme on le voit sur le plan ci-dessus. Ces projets seront abandonnés et le port sera finalement assez modeste (lorsque ma mère le vit pour la première fois lors de son premier voyage à NICE avec mon père, elle lui fit remarquer que c'était une belle piscine ! Humour britannique qui ne dut pas réellement faire rire mon père !).

 

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Le port de Nice de nos jours.

 

De nombreuses églises sont édifiées (chapelles de la Miséricorde, Sainte-Croix, églises de Saint-Pons, Saint-François-de-Paule, Saint-Barthélémy, Saint-Roch, Sainte-Hélène).

 

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L'église Saint-François-de-Paule.

 

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La chapelle de la Miséricorde.

 

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L'église Saint-Barthélémy.

 

C'est aussi de cette époque que date la construction de la place Garibaldi, entre 1782 et 1792, sur le modèle des places piémontaises (pour comparaison vous pouvez voir sur un de mes précédents messages une photo de la place Garibaldi et des photos de places similaires que j'ai prises à Turin et, surtout, à Cuneo). Son édification devait solenniser l'entrée des souverains sardes arrivant de Turin car, à la même époque, on avait également ouvert la route carrossable du col de Tende (1780-1788) pour rallier Nice à Turin.

Apparemment donc Charles a vécu une jeunesse tranquille, là-haut sur les hauteurs de Cimiez, et a, sans doute, pu observer avec amusement ou étonnement la transformation de sa ville, envahie en hiver par ces étranges anglais.
Et pourtant à l'âge adulte l'Histoire (avec une majuscule) allait encore le rattraper avec la tourmente de la Révolution Française qui allait balayer toute l'Europe de la fin du XVIII° siècle. A ce propos Charles est de la même génération qu'un célèbre Niçois de cette période, je veux parler d'André MASSENA, le futur maréchal d'empire. En effet MASSENA est né le 6 mai 1758 et n'avait donc que 6 ans de plus que Charles.

 

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Par curiosité, voici l'acte de baptême d'André MASSENA.

 

C'est justement en 1789 que Charles va se marier : le 28 novembre il épouse Francesca (Françoise) ANDREIS, elle-même née en 1763 de Jean-Baptiste (ou André, je ne suis pas certain du prénom qui varie selon les actes) et de Louise MAURIN (je ne suis pas certain non plus de l'orthographe du nom de sa mère, difficilement déchiffrable).

 

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L'acte de mariage de Charles et de Françoise : sur ce document le prénom du père de la mariée est indiqué comme étant Jean-Baptiste.

 

Le nom de famille de la mariée est incertain : on peut le trouver orthographié ANDREIS ou DE ANDREIS ou D'ANDREIS ou encore DANDREIS, c'est un nom relativement courant à NICE, on le rencontre régulièrement sur les registres d'état-civil;
Le jour de leur mariage, les jeunes époux (ils ont 25 et 26 ans) sont-ils au courant de ce qui se passe dans le pays voisin, en France, depuis cinq mois ? La prise de la Bastille, l'abolition des privilèges, la déclaration des droits de l'homme et, tout récemment, les 5-6 octobre la révolte du peuple de Paris qui est venu à Versailles chercher le roi Louis XVI et sa famille pour les ramener aux Tuileries ?

Peut-être pas finalement. Charles et Françoise ne sont que de modestes agriculteurs niçois qui ne sont certainement jamais allé ailleurs qu'à Nice, comment seraient-ils informés d'ailleurs ? Pour eux l'information devait essentiellement venir des prêches à l'église lors de la messe du Dimanche.

A cette époque le souverain du royaume de Piémont-Sardaigne est Victor-Amédée III qui a succédé à son père en février 1773, un brave homme (un peu comme Louis XVI sans doute) mais étroit d'esprit, peu fait pour affronter les épreuves qui l'attendent avec cette révolution qui bouleverse le pays voisin du sien.

 

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Victor-Amédée III

 

Victor Amédée III était particulièrement lié à Louis XVI puisque son fils aîné avait épousé la soeur de celui-ci et que deux de ses filles avaient épousé les deux frères du roi de France : le comte de Provence et le comte d'Artois (les futurs Louis XVIII et Charles X). On comprend aisément, dès lors, qu'il ait regardé avec méfiance cette Révolution. Tôt ou tard celle-ci devait déferler sur le comté et la ville de NICE. J'en parlerai dans mon prochain billet.

                                                                       (à suivre)

 

 

 

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