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Léo fait son cinéma

Les enfants du paradis (Marcel Carné, 1945) Posté le Mercredi 14 Janvier 2009 à 13h04

Les

 

Les enfants du paradis de Marcel Carné

 

 

Synopsis : 1840, boulevard du crime. Les amours contrariées de Garance et du célèbre mime Debureau, tous deux séparés par d'autres amours : Lacenaire, Frédérick Lemaître et un richissime comte pour Garance ; la fidèle, aimante et malheureuse Nathalie pour Baptiste.

 

 

Je ne vais pas m'étendre sur Marcel Carné puisqu'il s'agit du premier film que je vois de ce réalisateur. Simplement quelques mots pour replacer le film dans son contexte. L'histoire est inspirée de la vie du célèbre mime du 19ème siècle, Jean Baptiste Gaspard Debureau, autour de laquelle gravitent de nombreux personnages atypiques, propices à une distribution de tout premier ordre (d'autant plus que le film est loin d'être centré sur la vie de Debureau). On retrouve ainsi Jean-Louis Barrault dans le rôle de Debureau, Pierre Brasseur dans celui de Lemaître, Marcel Herrand en Lacenaire et enfin Arletty en Garance. Autant dire une distribution exceptionnelle qui jouera son rôle à la perfection.

Le tournage eu lieu en 1943, en plein occupation, le résultat n'en est que plus impressionnant quand on imagine les difficultés que cela a du engendrer.

Le film se divise en deux parties, la première « Boulevard du crime » retrace le ballet amoureux d'hommes facinés autour de Garance parallèlement à la réussite de Lemaître au théâtre et Debureau à la pantomime ; la seconde « L'homme blanc » se déroule 7 ans plus tard et raconte les retrouvailles de Debureau et Garance.

Pour terminer, ce film a été classé « meilleur film français de tous les temps » en 1993 par plus de 600 professionnels du cinéma et est considéré par certains comme le meilleur film jamais réalisé.

 

Je ne me hasarderai pas encore à me prononcer aussi définitivement, cependant il est indéniable après avoir vu ce film qu'il s'agit là d'une œuvre qui s'approche de la perfection si elle ne l'atteint pas. Les enfants du paradis est un monument de poésie, de romantisme, d'une profonde beauté qui nous envahit et nous habite bien longtemps après sa vision. Les histoires de chaque personnages, tout en s'entremêlant avec une fluidité et une justesse sans égale, s'inscrivent dans une description de la société et plus précisément d'un microcosme social et surtout culturel (celui du Boulevard du crime) et d'une époque (1840) d'une richesse inouïe et passionnante. Ce Boulevard du crime, en plus d'être magnifiquement reproduit, véhicule une fraîcheur de vivre, une envie et une curiosité rare qui font agréablement plaisir. On est ainsi, à la manière des badauds allant au théâtre, contemplatif du talent des acteurs, des acteurs qui ne se contentent pas simplement de jouer un personnage mais l'habitent réellement. Comment ne pas être troublé par la mélancolie et la tristesse de Debureau, l'audace et l'impétuosité de Lemaître, l'ironie et le sérieux d'un Lacenaire, et la franchise, l'intelligence et la simplicité de Garance ? Mais c'est aussi oublier, à tort, tous les seconds rôles dont les personnages sont loin d'être superficiels (Nathalie, Avril…). Les échanges que se livrent tour à tour les personnages entre eux font partie des plus beaux jamais écrit. Prévert profite de la singularité des caractères de chaque personnage pour nous offrir des dialogues brillants, successivement ironiques, sérieux, romantiques (jamais les déclarations d'amour n'ont été plus belles que dans Les enfants du paradis), drôles, toujours mélodieux et profondément imprégnés de poésie. Je me force à ne pas vous écrire quelques passages pour ne pas briser leur unité et leur fluidité (et pour éviter de faire 3 pages de plus…) mais je vous invite sérieusement à regarder ce film pour vous faire une idée de l'intensité et de la beauté qui émerge de chaque dialogue. Je ne résiste absolument pas à des dialogues bien écrits et je dois dire que Prévert est particulièrement talentueux dans ce domaine (ce n'était pas forcément évident, le cinéma possède tout de même certaines contraintes). Bien sur, cela ne fait pas tout, mais cela devient exceptionnel lorsque les dialogues sont prononcés avec une passion et une sincérité débordante, reflet du talent et de l'implication des acteurs dans leur personnage. De même, la mise en scène de Carné évite d'en faire trop, évite de noyer son film sous les effets de styles et s'évertue, de manière très classique mais non moins empreinte de poésie, de romantisme et d'émotion, à raconter une histoire et décrire des personnages. Il n'en faut pas plus pour réaliser un véritable chef d'œuvre qui aujourd'hui encore ne laisse pas indifférent ceux qui ont la chance de le découvrir.

 

 

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Titre : Les enfants du paradis

Titre original : Les enfants du paradis

Réalisateur : Marcel Carné

Scénario : Jacques Prévert

Photographie : Roger Hubert, Marc Fossard

Musique : Maurice Thiriet, Joseph Kosma

Format : Noir & blanc

Genre : Drame

Durée : 182 min

Pays d'origine : France

Date de sortie :1945

Distribution : Arletty, Jean-Louis Barrault, Maria Casarès, Pierre Brasseur, Marcel Herrand, Louis Salou, Pierre Renoir

Un commentaire. Dernier par montanagol le 20-05-2013 à 10h00 - Permalien - Partager
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