Requiem pour un massacre de Elem Klimov
Synopsis : Biélorussie, 1943. Alors que l'armée nazie poursuit sa percée à l'Est, un jeune garçon exalté, Florya, s'engage dans
Requiem pour un massacre n'est pas forcément connu du grand public mais se trouve être un véritable film culte parmi les cinéphiles. L'affiche vous donne déjà le ton de ce que vous allez voir, un film de guerre ou plutôt sur ce qu'elle peut occasionner de pire, en particulier sur les populations civiles sauvagement massacrées. Autant dire que le film est extrêmement dur, cruel et implacable. Klimov ne nous épargne rien, mais évite intelligemment toute complaisance ou effet facile pour témoigner de la monstruosité des actes et des comportements. Le réalisme atteint dans ce film est glaçant et terrifiant, rarement l'atmosphère de mort, la froideur, la désolation, l'impuissance n'ont été aussi justement retranscrit sur un écran. En cela, la mise en scène de Klimov est magistrale, éprouvante et rude par moment, subtile mais terrifiante à d'autres (la scène de la découverte du charnier en une fraction de seconde est vraiment marquante). Le travail autour de la steadycam donne des plans et des scènes d'une profondeur visuelle et contemplative admirables. La beauté visuelle du film contraste fortement avec les abominations et les barbaries auxquelles on assiste mais décuple leur portée et leur force.
Le film adopte un crescendo dans l'atrocité assez effroyable, la naïveté et la gaieté des deux adolescents au début du film s'effacent rapidement pour dévoiler une réalité toujours plus insoutenable. Cette évolution est clairement visible (en dehors des fait eux-mêmes) à travers la métamorphose physique du jeune Florya, chaque épreuve lui fera prendre 10 ans et perdre toute son innocence. L'interprétation de ce dernier est d'ailleurs tout simplement sidérante, il parvient à transmettre tant de sentiments d'horreur, de dégoût, d'incompréhension que l'on partage entièrement son cauchemar. Cauchemar qu'il a aussi partiellement vécu pendant le tournage manquant de peu de se faire tuer par des tirs de mitraillettes à balles réelles ou de se noyer dans un marécage… On comprend pourquoi le réalisateur lui a fait suivre des séances d'hypnoses pour qu'il évacue de sa tête les scènes difficiles qu'il a du jouer.
Le travail sur le son et la musique est lui aussi exceptionnel. Il communique toute la vérité et la réalité des conséquences de la guerre, longtemps assourdissant et strident pour évoquer la perte de repères suite à un bombardement, puis excessif et démesuré pour décrire la folie et la sauvagerie du massacre d'un village. Cette utilisation de la musique et des sons, omniprésente et dérangeante dans cette œuvre est essentielle et participe grandement à son immense réussite.
Requiem pour un massacre est un film bouleversant, indiscutablement marquant, qu'il faut prendre le temps d'assimiler pour en saisir la qualité et la force. Une expérience particulière et unique à vivre au moins une fois dans sa vie de cinéphile.
Titre : Requiem pour un massacre
Titre original : Idi i smotri (Come and See)
Réalisateur : Elem Klimov
Scénario : Ales Adamovitch
Photographie : Aleksei Rodionov
Musique : Oleg Yanchenko
Format : Couleur
Genre : Drame, Guerre
Durée : 142 min
Pays d'origine : URSS
Date de sortie : 1985
Distribution : Aleksei Kravchenko, Olga Mironova, Liubomiras Lauciavicius