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Léo fait son cinéma

Boulevard du crépuscule (Billy Wilder, 1950) Posté le Samedi 31 Janvier 2009 à 09h23

Boulevard

 

Boulevard du crépuscule de Billy Wilder

 

 

Synopsis : Norma Desmond, grande actrice du muet, vit recluse dans sa luxueuse villa de Berverly Hills en compagnie de Max von Meyerling, son majordome qui fut aussi son metteur en scène et mari. Joe Gillis, un scénariste sans le sou, pénètre par hasard dans la propriété et Norma lui propose de travailler au scénario du film qui marquera son retour à l'écran, Salomé. Joe accepte, s'installe chez elle, à la fois fasciné et effrayé par ses extravagances et son délire, et devient bientôt son amant. Quand son délire se transforme en paranoïa et qu'elle débarque au milieu des studios Paramount pour convaincre Cecil B. DeMille de tourner à nouveau avec elle, Gillis commence à prendre ses distances...

 

 

Sunset Boulevard s'ouvre sur un cadavre flottant dans une piscine, celui de Joe Gillis, qui va prendre la peau du narrateur pour nous expliquer les causes de ce destin funeste. Cette introduction, hormis son aspect original, est extrêmement réussit et lance ce qui s'avèrera être à la fois l'un des plus beaux regards sur Hollywood et l'un des plus noirs.

L'un des plus beaux car Wilder rend un hommage vibrant et personnel au cinéma, et plus particulièrement au cinéma muet, à ses stars déchues, représentées par Norma Desmond (et jouée par Gloria Swanson), mais quelque part (sur la pellicule) éternelles et à ses réalisateurs oubliés (le majordome est joué par Erich von Stroheim). On notera aussi l'apparition de Buster Keaton ou encore du réalisateur Cecil B. de Mille dans son propre rôle. Bien plus qu'un simple détail ou un clin d'œil, c'est un véritable éloge à toute une époque.

L'un des plus noirs en de nombreux points. Sunset Boulevard est par essence un film noir, il reprend de nombreux thèmes du genre (fatalité, mort…), une ambiance (sombre, gothique ici), un ton (pessimiste, acerbe et désenchanté). On pourrait même le qualifier de film de vampires tant l'image semble des plus appropriées. Hollywood vampirise tout ceux qui y travaillent, au premier rang desquels on retrouve les acteurs et les actrices. Ces derniers, une fois leur heure de gloire passée (et leur talent extrait), sont lâchement abandonnés par cette usine à rêve et pour certains incapables de s'en séparer à l'image de Norma vivant depuis dans ses rêves d'antan, recluse dans son manoir à moitié abandonné. Norma qui a son tour va vampiriser l'infortuné Joe, de passage, qui ne quittera sa maîtresse qu'après sa mort. Cette image illustre assez pertinemment les dessous cruels et détestables de l'âge d'or hollywoodien et les causes de son futur effondrement. Le regard que porte Wilder sur la profession est sans concession, pas étonnant que le film n'ait pas eu un grand succès auprès de ses camarades.

Pourtant le film regorge de nombreuses autres richesses à la fois visuelles et thématiques qui le hisse facilement au range de chef d'œuvre. Sunset Boulevard est infiniment riche, profond et fort, grâce au talent de Wilder qui a réussit à magnifier son film à tous les niveaux, de la mise en scène au scénario en passant par les acteurs. Le scénario est brillant, riche, remarquablement bien écrit et mené, tout en étant par moment inventif et original. On a affaire à l'un des tous meilleurs scénarios écrits pour le cinéma. Et Wilder lui fait parfaitement honneur au travers d'une mise en scène parfaitement maîtrisée qui nous ravit à chaque instant. Elle est sublimée par une ambiance gothique, mélancolique et tourmentée, envoutante et fascinante, très bien restituée par un noir et blanc impeccable. Gloria Swanson est éblouissante dans un personnage qui pourrait être son double, un double que l'abandon et la solitude ont rendu folle, prisonnière d'un univers de rêves et de souvenirs. Sa performance est plus que jamais crédible et réaliste, bouleversante et émouvante jusqu'au final inoubliable. Ses camarades à l'écran sont tout aussi bons, de William Holden (Joe Gillis) en scénariste sans le sou, gigolo par opportunisme qui paiera au prix fort sa trahison envers sa maîtresse, à Erich von Stroheim en majordome entièrement dévoué au point de n'être plus qu'un fantôme errant. Le final est d'ailleurs assez intéressant, après avoir tué Joe, Norma renaît pour une dernière et éphémère sortie sous les projecteurs et les caméras, derrière lesquels son majordome a lui aussi retrouvé sa place.

Sunset Boulevard est un chef d'œuvre absolu, un de plus pour Billy Wilder qui ne cesse de nous émerveiller à chacun de ses films.

 


Image

 

Titre : Boulevard du crépuscule

Titre original : Sunset Boulevard

Réalisateur : Billy Wilder

Scénario : Billy Wilder & Charles Brackett

Photographie : John F. Seitz

Musique : Franz Waxman

Format : Noir et blanc

Genre : Film noir

Durée : 110 min

Pays d'origine : Etats-Unis

Date de sortie : 1950

Distribution : William Holden, Gloria Swanson, Erich von Stroheim, Nancy Olson

Un commentaire. Dernier par marie le 20-05-2013 à 10h07 - Permalien - Partager
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