Reds de Warren Beatty
Synopsis : 1915 aux USA. Le journaliste John Reed et sa compagne, Louise Bryant, fervente féministe, prônent la paix et la non intervention au sein du conflit mondial. A New York, ils fréquentent les intellectuels de Greenwich-Village, dont l'anarchiste Emma Goldman et l'écrivain Eugène O'Neill. En Russie, en 1917, ils sont les témoins de
Reds est à la fois une immense fresque historique ambitieuse et une grande histoire sentimentale. Il relate les trois dernières années de la vie de John Reed, journaliste américain de gauche, et de sa compagne, Louise Bryant, journaliste féministe, qui vécurent de l'intérieur,
Warren Beatty nous fait vivre cette période intense, déchirée par la guerre mais aussi tiraillée par les idéologies, propice à un bouillonnement intellectuel duquel émerge de nombreux idéaux, de nouvelles visions du monde. On la vit de l'intérieur, au côté de ses acteurs, des intellectuels, des écrivains, des journalistes, des poètes et des politiques voulant changer le monde, ou bien le conserver. Rarement au cinéma, la complexité, la richesse et même la versatilité de telles théories n'ont été aussi bien exprimées et expliquées qu'ici. Jamais Warren Beatty n'idéalise ou ne fait l'éloge des choix de ses personnages, il les dépeint tel qu'ils sont et tel qu'ils pensent avec une incroyable précision et, semble t'il, exactitude. Les dialogues, les discussions et les débats, souvent longs, très détaillés, complexes mais clairs, prennent une place prédominante dans le film. Et tout cela est véritablement passionnant si l'on accepte de supporter la longueur du film.
Cette Histoire (avec un grand h) s'entremêle et se recoupe continuellement avec l'histoire de John Reed, et infléchit immanquablement sur sa vie publique et privée. Ces rapprochements sont toujours judicieux et fluides, de telle façon que jamais l'une des deux ne prend le dessus sur l'autre. Warren Beatty a choisit de raconter les dernières années de Reed, probablement les plus intenses et les plus intéressantes, une véritable aventure unique et tragique qu'il a vécu de près ou de loin avec Louise Bryant. Son couple est d'ailleurs constamment au centre du film et magnifiquement traité. Warren Beatty, en Reed, et surtout Diane Keaton (récompensée par un oscar), en Louise, sont fabuleux, parvenant à reproduire avec sincérité et talent l'harmonie et l'amour, mais aussi les désaccords et les tensions d'un couple libéré empli d'idéaux et de désirs, résolument à part.
La narration est plutôt originale. Des témoins de l'époque, qui ont connu (plutôt de loin), le couple Reed/Bryant prennent la parole à plusieurs moments du film, pour évoquer leurs (vagues) souvenirs, interrompant ainsi quelques minutes la fiction et lui donnant des airs de documentaire. Peut-être pas indispensable, mais pour le moins original.
La réalisation est très classique et élégante mais c'est surtout la photographie qui impressionne. Le film date de 1981, on le croirait d'hier, c'est absolument époustouflant et exceptionnel. L'oscar de Storaro est amplement mérité.
Reds est une fresque historique et sentimentale qui vaut la peine d'être vu.
Titre : Reds
Titre original : Reds
Réalisateur : Warren Beatty
Scénario : Warren Beatty, Trevor Griffiths
Photographie : Vittorio Storaro
Musique : Stephen Sondheim
Format : Couleur
Genre : Biopic
Durée : 194 min
Pays d'origine : Etats-Unis
Date de sortie : 1981
Distribution : Warren Beatty, Diane Keaton, Jack Nicholson