À tombeau ouvert de Martin Scorsese
Synopsis : Frank sillonne tous les soirs au volant de son ambulance l'un des quartiers les plus chauds de New York. Il opère dans l'urgence, hanté par toutes les vies qu'il n'a pas pu sauver.
Avec A tombeau ouvert, Scorsese dépeint de nouveau le monde de la nuit à New-York, 15 ans après After Hours, et plus précisément celui des urgences et des ambulanciers travaillant de nuit. Leurs sorties nocturnes sont l'occasion, une nouvelle fois, de représenter l'intensité, le bouillonnement et l'effervescence tout autant que la frénésie, la fièvre et l'aliénation qui s'emparent de la ville une fois la nuit tombée. À la fois un regard critique sur les difficultés et la pénibilité du travail des urgences c'est aussi un regard désenchanté sur la pauvreté et la misère qui, une fois la nuit tombée, accaparent les rues de la ville tels des morts vivants errants sans âmes dans un enfer urbain, froid et déshumanisé. L'atmosphère y est mortifère, glaciale, la nuit à New-York représente ce monde d'outre-tombe entre le monde des vivants et celui des morts, dans lequel les ambulanciers sont littéralement les "passeurs", ceux qui transportent les morts (d'où le titre original) d'un monde vers l'autre. Ces humains parmi les morts vivent un cauchemar éveillé, se consument petit à petit, se déshumanisent devant cette inertie funèbre, et sombrent dans la folie ou se transforment en zombies face à leur impuissance et à la reproduction monotone et inéluctable de leur tâche.
Dans cet abîme, tout n'est qu'affaire de symboles et de représentations, notamment christiques, dont je ne m'amuserai pas à décrypter le sens. Pour un profane, ceux-ci sont ardus à déceler, excepté dans quelques scènes particulièrement explicites. Scorsese a de toute façon toujours mis ses films en relation avec des thématiques religieuses philosophiques plutôt que dogmatiques. Pour autant, ce ne sont que des symboles et ne veulent pas signifier les choses, tout au plus leur donner une grille de lecture plus approfondie mais il est intéressant de se rendre compte de leur omniprésence. Pourtant, cette fois ci, Scorsese semble peu inspiré, tant au niveau de la mise en scène qui s'avère très répétitive, sans réelle maestria (une espèce de copie bien fade de ce qu'il avait pu faire dans After Hours justement), que de ses thématiques, assez vaines et franchement peu passionnantes. Le scénario, de son côté, n'est guère intéressant et devient presque ennuyeux. Nicolas Cage prend son air de dépressif et de toxico et ne le lâche plus, c'est forcément voulu mais on a connu plus attrayant et nuancé.
Malgré tout, même sans être virtuose, Scorsese ne fait pas un mauvais film, simplement un film décevant. On apprécie tout de même sa mise en scène et la photographie très réussie.
Titre : A tombeau ouvert
Titre original : Bringing out the dead
Réalisateur : Martin Scorsese
Scénario : Paul Schrader d'après le roman de Joe Connelly
Photographie : Robert Richardson
Musique : Elmer Bernstein
Format : Couleur
Genre : Drame
Durée : 121 min
Pays d'origine : Etats-Unis
Date de sortie : 1999
Distribution : Nicolas Cage, Patricia Arquette, John Goodman