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Léo fait son cinéma

La bête humaine (Jean Renoir, 1938) Posté le Samedi 14 Février 2009 à 05h13

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La bête humaine de Jean Renoir

 

 

Synopsis : Lantier, conducteur de locomotive, tombe éperdument amoureux de la femme d'un sous-chef de gare impliquée dans un meurtre commis sur la ligne Saint-Lazare-Le Havre.

 

 

Jean Gabin voulait incarner un cheminot et voulait jouer sous la direction de Jean Renoir. Cela a donné La bête humaine, grand classique, immense film, formidable drame social et remarquable et tragique histoire d'amour. Jean Renoir a tiré de l'œuvre originale une adaptation cinématographique (actualisée) riche, profonde et extrêmement complexe, au caractère social  sous ses airs anodins. Les pistes de lecture sont, je pense, multiples. Les personnages dépeints sont difficiles à saisir, nébuleux, tous différents mais se renvoyant leur situation et leur détresse les uns aux autres. Ils sont prisonniers d'une souffrance personnelle, qui les ronge et les empêche de vivre : Landrin de ses pulsions, Séverine de son passé sentimental, Roubaud de sa jalousie… Cette situation, c'est l'image et le prolongement de leur situation sociale, de leur classe. Sous le joug des plus puissants, ils ont essayé de s'en libérer. Leur vaine délivrance, leur découverte de l'amour, passe par le sacrifice. Tout comme la libération dans la Grande Illusion passait par le sacrifice de l'un des leurs, ou comme le maintien des règles sociales passait par le sacrifice d'un membre de la communauté dans la Règle du jeu. Ici, d'abord Grandmorin puis Cabuche (joué par Renoir lui-même, ce qui n'est peut-être pas anodin) en font les frais. Mais aller contre les hiérarchies et leur puissance est chose vaine, jamais cela ne permettra aux personnages de guérir leurs maux, et leur souffrance perdurera. Renoir (et Zola) conclue(nt) sur un cruel et terrible constat, où la seule échappatoire possible est la représentation tragique de l'échec. Le spectateur, par le personnage de Pecqueux, ne peut que constater, impuissant, la fatalité qui touche les personnages. Reflet des désillusions d'une époque ? Peut-être bien quelque part. Toujours est-il que cette vision n'est pas figée, ni même exacte, elle démontre seulement la profonde richesse du film et les possibles interprétations que l'on peut y voir au détours d'une phrase ou au travers d'une scène. Les dialogues sont d'ailleurs particulièrement bien écrits et la mise en scène magnifique. C'est tout de même quelque chose de voir la maîtrise de Renoir, certes très classique et d'époque, mais tellement virtuose par sa simplicité, sa fluidité, sa justesse et son expressivité. Elle dit tout ce qu'il y a à dire, ni plus ni moins, sans artifices, sans trop vouloir en faire mais tout en conservant la puissance des personnages et la richesse de l'histoire. Elle est grandement aidée par une photographie sans défaut, dégageant un noir et blanc éclatant. Certaines scènes sont tout simplement magnifiques. Les acteurs sont impériaux, de Jean Gabin en malade romantique mais impuissant malgré toute sa (bonne) volonté, à Simone Simon en fausse innocente attirante mais elle aussi meurtrie, ou Fernand Ledoux, fataliste, rongé par le désespoir et Carette en collègue narquois, amical mais attentiste, jusqu'à la locomotive, personnage à part entière, filmée sous tous les angles.

La bête humaine est un drame intense, une histoire d'amour poignante, profondément tragique par la destinée inéluctable des vies qu'il dépeint.

 

 

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Titre : La bête humaine

Titre original : La bête humaine

Réalisateur : Jean Renoir

Scénario : Jean Renoir adapté du roman d'Emile Zola

Photographie : Curt Courant

Musique : Joseph Kosma

Format : Noir et blanc

Genre : Drame

Durée : 98 min

Pays d'origine : France

Date de sortie : 1938

Distribution : Jean Gabin, Simone Simon, Fernand Ledoux, Julien Carette

Un commentaire. Dernier par peusol le 20-05-2013 à 10h12 - Permalien - Partager
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