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Léo fait son cinéma

Yi Yi (Edward Yang, 2000) Posté le Mardi 17 Février 2009 à 11h28

Yi

 

Yi Yi de Edward Yang

 

 

Synopsis : À quarante ans, NJ se demande si sa vie n'aurait pas pu être différente. La rencontre fortuite avec un amour de jeunesse, Sherry, lui donne envie de tout laisser tomber et de repartir de zéro. Mais avec une famille a charge, il ne peut réaliser ce séduisant projet. Le jour du mariage de son beau-frère, sa belle-mère tombe dans le coma. Pour les enfants de NJ, Ting-Ting et Yang-Yang, parler a leur grand-mère inanimée est une épreuve. NJ décide de partir au Japon, officiellement pour des raisons professionnelles. Il a en fait décidé de renouer avec son passe amoureux.

 

 

Immense fresque urbaine, Yi Yi dépeint avec sobriété, patience et naturel, les tourments, les joies, les découvertes, les naissances et les décès, en un seul mot la vie, dans toute sa simplicité ainsi que dans toute sa complexité, d'une famille taïwanaise ordinaire. Edward Yang porte sur chaque personnage, reflet d'une génération, un regard neutre mais profond sur leur intimité, leur comportement, leur existence. La mise en scène de Yang se pose délicatement, observe attentivement et lentement, prend le temps de suivre ces moments de réalité, ces morceaux de vie quotidienne. Vous n'y trouverez rien d'extraordinaire ou d'incroyable, simplement un questionnement permanent face à cette dualité essentielle qui nous fait exister, celle de la futilité et de l'importance conjuguées de la vie. Questionnement universel, répétitif, inconscient, mais qui prend une dimension ou une signification tangible, perceptible par nos expériences personnelles, sentimentales ou physiques (doutes, peurs, espoirs...). Chaque personnage, du plus jeune au plus âgé, expérimente, goûte ou goûte de nouveau à la vie, avec tout ce qu'elle peut occasionner de tristesse ou de bonheur. Reproduire à l'écran quelque chose d'aussi personnel, d'aussi éthéré, d'aussi complexe avec un mélange de simplicité et de distance révélant toute la profondeur du sujet, relevait de l'exploit. Force est de constater que la réalisation de Yang épouse son sujet à merveille. Sans être forcément inaccessible, elle est tout de même un peu déroutante au départ (par sa lenteur, par son procédé de narration, par certaines originalités de mise en scène…), mais appréhende avec finesse, sobriété et sincérité chaque personnage à tel point quelle atteint une fluidité et une harmonie sublime avec son sujet et emporte ainsi littéralement le spectateur dans trois heures de pur cinéma. Yi Yi est nécessairement long (mais se suit sans ennui), permettant ainsi au spectateur de s'imprégner de l'atmosphère et de l'ambiance (aidé en cela par une photographie collant au plus près à la réalité urbaine, ses lumières ou ses couleurs), de croire aux personnages (les acteurs y jouent bien évidemment un rôle primordial tant ils vivent pleinement leur personnage et en sont troublant de vérité), et finalement d'être touché par tout cela. Le scénario, tout à fait linéaire (mais découpé comme un puzzle que le spectateur doit rassembler), brosse des portraits et raconte ses petits riens de la vie si importants. Sa puissance ne repose pas sur son originalité mais sur sa simplicité et surtout la force et la beauté de ses dialogues qui résonnent profondément dans nos esprits.

Il est formidable qu'un tel film, assez atypique pour nous public occidental, ait obtenu une véritable reconnaissance critique (prix de la mise en scène à Cannes en 2000) et publique. C'est un signe d'ouverture vers un autre cinéma dont nous n'avons pas forcément l'habitude, procédant différemment, mais non moins intéressant. Plus abordable qu'un Millenium Mambo par exemple, c'est une porte d'entrée vers un cinéma asiatique riche et passionnant. J'ai encore, personnellement, un peu de mal à m'impliquer dans cette lenteur, dans ce style particulier (qui ne me gêne pourtant pas d'habitude) et du coup je suis le film avec détachement et j'en ressors impassible. Je ne perçois les implications émotionnelles et certaines qualités plus difficilement perceptibles que bien plus tard, mais c'est déjà pas mal. 

 

 

Image 

 

Titre : Yi Yi

Titre original : Yi Yi

Réalisateur : Edward Yang

Scénario : Edward Yang

Photographie : Yang Wei-han

Musique : Peng Kaili

Format : Couleur

Genre : Drame

Durée : 173 min

Pays d'origine : Taïwan, Japon

Date de sortie : 2000

Distribution : Wu Nien-jen, Elaine Jin, Issei Ogata, Kelly Li, Jonathan Chang, Su-Yun Ko

Un commentaire. Dernier par heures le 20-05-2013 à 10h14 - Permalien - Partager
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