Blog créé grâce à Iblogyou. Créer un blog gratuitement en moins de 5 minutes.

Léo fait son cinéma

Apportez moi la tête d'Alfredo Garcia (Sam Peckinpah, 1974) Posté le Lundi 16 Mars 2009 à 06h26

Apportezmoilatêted'AlfredoGarcia

Apportez moi la tête d’Alfredo Garcia
de Sam Peckinpah


 

Synopsis : Au Mexique, la fille d'un riche propriétaire terrien tombe enceinte après une aventure avec un certain Alfredo Garcia. La tête de celui-ci est aussitôt mise à prix. Alléchés par la récompense, Bennie, comme d'autres, fera tout ce qu'il peut pour retrouver Alfredo Garcia.


 

Après John Carpenter, voici un autre réalisateur américain qui ne fait pas l’unanimité dans son pays, souvent taxé de nihiliste à l’instar de son confrère. En plus d’être totalement incompris, Sam Peckinpah est relativement peu connu, si ce n’est pour sa Horde Sauvage, qui lui valu le surnom de « Bloody Sam » et une solide réputation, quelque peu injuste tant son cinéma ne se résume pas simplement à la violence gratuite et à l’effusion de sang. Dans tous les cas, l’échec commercial que fut Apportez moi la tête d’Alfredo Garcia aux Etats-Unis est assez symptomatique de l’incompréhension de la critique et du public américain vis-à-vis de Peckinpah. Ce dernier film n’est pas ultra violent, mais pourtant, probablement son plus personnel et celui qui résume le mieux son cinéma. Il dira lui-même qu’il a réalisé Alfredo Garcia tel qu’il l’a voulu, mais clairement pas comme l’attendaient les spectateurs.

Apportez moi la tête d’Alfredo Garcia est effectivement et comme souvent, si ce n’est comme toujours avec Peckinpah, un film dur et dérangeant qui n’épargne pas le spectateur. L’histoire et les personnages sont repoussants ; la première repose sur une intrigue hybride mêlant les genres, du western au policier, mais en s’appliquant à porter un regard désenchanté sur chacun d’eux et en s’efforçant de les déconstruire. Ainsi, il n’y a aucune complaisance lorsque Peckinpah montre la violence, celle-ci est crasseuse, sordide et répugnante. D’ailleurs, le film entier baigne dans cette ambiance fétide et misérable où les mouches volent autour des cadavres et où la saleté marque les corps. La mise en scène de Peckinpah s’adapte particulièrement bien à ce milieu corrompu, violent et cupide en étant brutale et sèche (cela dit, si les ralentis sont une marque de fabrique chez Peckinpah, je ne suis guère convaincu par leur pertinence ici). Les personnages, de leur côté, sont très antipathiques, souvent alcooliques et brutaux, avides d’une seule chose, d’argent, au dépend de tout le reste, notamment de leur humanité. Des personnages pitoyables, dont Benny, le personnage principal, n’est guère différent. La performance de Warren Oates, dans l’un de ses rares premiers rôles, est d’ailleurs tout simplement excellente. Il incarne avec perfection la figure typique de l’anti-héro (un nouveau point commun avec Carpenter ; d’ailleurs si leur cinéma sont sensiblement différents, leur personnalité ont surement beaucoup en commun), lui aussi guidé par les quelques dollars qu’on lui a promis. Une quête nihiliste malgré tout tintée d’humanisme que Peckinpah dose savamment, permettant ainsi à son héro de refuser – à la suite d’une mort sacrificielle cependant – d’alimenter cette spirale corruptrice à laquelle il met fin dans un crescendo de violence s’achevant sublimement.

Si je devais justifier ma note sur ce film, c’est simplement que le style de Peckinpah ne m’enthousiasme pas plus que ça, probablement car il est justement tout sauf enthousiasmant, même si je lui reconnais beaucoup de qualités et de caractère.

 
Image


Titre : Apportez moi la tête d’Alfredo Garcia
Titre original : Bring me the head of Alfredo Garcia
Réalisateur : Sam Peckinpah
Scénario : Gordon T. Dawson et Sam Peckinpah d'après une histoire de Frank Kowalski et Sam Peckinpah
Photographie : Alex Phillips Jr
Musique : Jerry Fielding
Format : Couleur
Genre : Thriller, Western, Policier...
Durée : 112 min
Pays d'origine : Etats-Unis, Mexique
Date de sortie : 1974
Distribution : Warren Oates, Isela Vega, Robert Webber, Gig Young, Kris Kristofferson, Emilio Fernandez

0 commentaire - Permalien - Partager
Commentaires