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Léo fait son cinéma

La dame de Shanghai (Orson Welles, 1948) Posté le Jeudi 19 Mars 2009 à 16h17

LadamedeShanghai

La dame de Shanghai
de Orson Welles

 

Synopsis : Michael O'Hara fait la connaissance de la ravissante Elsa Bannister, qu'il sauve peu après d'une agression. Celle-ci, mariée à un riche avocat âgé, le fait embaucher sur le yacht de ce dernier. O'Hara se retrouvera alors pris entre son attirance pour Elsa et les combines frauduleuses d'Arthur Bannister, l'avocat, et de ses associés.


 

La dame de Shanghai est le film qui devait relancer Orson Welles auprès des studios après trois premiers films très décevants au box office, alors qu’ils ont tous connus un succès critique considérable et unanime. C’était sans compter sur son réalisateur, véritable trublion des studios auxquels il ne se conformera jamais, et dont les coupes effectuées sur son film par les producteurs ne changeront rien au résultat final : La dame de Shanghai est un nouvel échec commercial. Ce n’est pas par provocation qu’Orson Welles ne répondait pas aux exigences artistiques des studios et par extension au désir du public (car dans ce cas précis les studios et le public se retrouvaient plutôt bien), mais plutôt à cause de son style novateur et audacieux que l’on pourrait même qualifier de révolutionnaire. Les critiques ne s’y sont pas trompées, Welles déconstruit les canons hollywoodiens avec une mise en scène virtuose et un traitement particulier de ses histoires. Seulement, si il ne connût pas un succès public, c’est qu’il était clairement en avance sur son temps, incompris d’un public encore cher à ses idoles et à ses habitudes narratives et thématiques. La dame de Shanghai est un exemple très révélateur de cette observation. Plus encore qu’une intrigue complexe (et encore très probablement simplifiée au montage par les studios), c’est l’utilisation choquante de Rita Hayworth dans un rôle inconcevable et dévalorisant, tout autant, si ce n’est plus encore, que le traitement baroque, particulièrement original pour l’époque, mêlant film noir, d’aventure ou encore de procès, qui a dû désemparer les spectateurs. Cela dit, il ne faut peut-être pas occulter le fait que Welles lui-même devait aussi alimenter cette situation en étant toujours plus créatif et ambitieux dans ses projets et rarement près à faire des concessions, au point de finalement faire des films – ou tout au moins de travailler sur des films (tant le nombre de films inachevés par le réalisateur est important) – pour son propre et unique plaisir (voire équilibre).

Dans tous les cas, La dame de Shanghai est un film personnel duquel émane un style singulier et puissant. L’intrigue, qui ne semble jamais avoir intéressé Welles, est donc le prétexte à la mise à mort de son mariage. Orson Welles joue dans le film au côté de sa femme – Rita Hayworth – avec laquelle il est en même temps en pleine procédure de divorce. Cet aspect est évidement très présent et visible dans le film, notamment dans les rapports entre Welles et Hayworth, intensifiant d’autant plus les relations entre leur personnage. La dernière scène est en ce sens particulièrement symbolique. Mais l’intérêt du film ne réside pas principalement autour de cet aspect qui participe surtout à lui donner une piste de lecture supplémentaire intéressante. On retrouve avant tout dans La dame de Shanghai le talent admirable de Welles pour la mise en scène. Le film est rempli de scènes remarquables et inventives (qui s’intègrent parfaitement à l’histoire et ne sont pas là pour simplement épater le public) dont certaines sont désormais extrêmement célèbres, mais sa mise en scène exulte aussi dans les moments plus anodins par sa volonté à dépasser les cadres préétablis. Bref, il s’agit d’une mise en scène d’une richesse extraordinaire que l’on prend un immense plaisir à contempler et qui bénéficie par ailleurs d’une photographie de très bonne qualité. Les acteurs, Orson Welles en tête, sont extrêmement convaincants et profitent d’un traitement audacieux et travaillé ainsi que de dialogues particulièrement bien écrits.

La dame de Shanghai est un nouveau très grand film de Orson Welles, dont les seules réserves que je pourrais émettre résident dans un scénario manquant peut-être un peu d’intérêt et de liant, mais cela est peut-être aussi dû aux retouches non souhaitées par le réalisateur.    

 

Image


Titre : La dame de Shanghai
Titre original : The Lady from Shanghai
Réalisateur : Orson Welles
Scénario : Orson Welles, d’après le roman de Sherwood King
Photographie : Charles Lawton Jr., Rudolph Maté
Musique : Heinz Roemheld, Morris Stoloff
Format : Noir et blanc
Genre : Policier, Drame
Durée : 87 min
Pays d'origine : Etats-Unis
Date de sortie : 1948
Distribution : Rita Hayworth, Orson Welles, Everett Sloane, Glenn Anders, Ted de Corsia

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