Blog créé grâce à Iblogyou. Créer un blog gratuitement en moins de 5 minutes.

Léo fait son cinéma

Blindness (Fernando Meirelles, 2008) Posté le Mardi 24 Mars 2009 à 16h13

Blindness

Blindness
de Fernando Meirelles

 

 

Synopsis : Le pays est frappé par une épidémie de cécité qui se propage à une vitesse fulgurante.

Les premiers contaminés sont mis en quarantaine dans un hôpital désaffecté où ils sont rapidement livrés à eux-mêmes, privés de tout repère. Ils devront faire face au besoin primitif de chacun : la volonté de survivre à n'importe quel prix.

Seule une femme n'a pas été touchée par la « blancheur lumineuse ». Elle va les guider pour échapper aux instincts les plus vils et leur faire reprendre espoir en la condition humaine.

 

 

Après deux premiers films excellents (La Cité de Dieu, 2002 et The Constant Gardener, 2005), j’attendais beaucoup du troisième film de Fernando Meirelles. En décidant d’adapter le roman L’aveuglement de José Saramago, prix Nobel de littérature, le réalisateur brésilien s’est attaqué à un projet ambitieux et prometteur mais aussi particulièrement difficile à traiter et à mettre en scène du fait des nombreuses contraintes que peut engendrer une telle adaptation. Le résultat est plus qu’honorable même si il n’est pas aussi réussi que ses deux précédents. Le genre – le film catastrophe (ici lié à une pandémie) – est généralement l’apanage des téléfilms ou des blockbusters misant un maximum sur les effets spéciaux pour attirer et captiver le spectateur. Ici évidemment, Meirelles ne poursuit pas les mêmes buts, il cherche avant tout à dépeindre les conséquences d’un tel phénomène (la perte de la vision) sur un microcosme d’hommes et de femmes, relativement représentatif de la société actuelle et surtout de décrire les réactions et les comportements que celui-ci peut engendrer. Danny Boyle s’y était déjà attaqué sous un aspect et dans un genre légèrement différents avec beaucoup de talent dans 28 jours plus tard et on ne peut s’empêcher de trouver des similitudes entre les deux films, notamment dans les scènes impressionnantes et réussies de désolation urbaine ou encore dans la description des comportements « humains » extrêmes et abominables. Mais Mereilles va vraiment plus loin dans cette description de l’état de nature où la loi du plus fort et les instincts les plus primaires prennent le dessus sur tout le reste, en particulier sur la morale. Une première et grande partie du film dépeint justement cet état dans un centre hospitalier reconverti pour l’occasion en zone de quarantaine, aux allures de prison, dans laquelle la tension, la cruauté et la violence vont aller crescendo avec l’arrivée de nouveaux arrivants toujours plus nombreux. Une situation qui va devenir de plus en plus insoutenable – en particulier pour le spectateur – jusqu’à atteindre une seuil d’inhumanité et de dépravation tel que l’on se sent extrêmement mal à l’aise face à ce que l’on voit. Meirelles porte un regard dur et sans concession qui interpelle voire choque tant ce qu’il dévoile demeure crédible et plausible, bien qu’extrême, au vu de la situation. Peut-être plus encore que le comportement barbare de certains personnages, c’est surtout la passivité des « soumis » qui est effrayante. Cependant, j’émettrai tout de même une sérieuse critique ; l’inaction et la soumission de Julianne Moore, voyante parmi les aveugles – et donc clairement avantagée –, est tellement invraisemblable et improbable (elle se laisse tout de même violer), que cela m’a extrêmement gêné. Sa passivité va tellement loin, que son comportement n’est, dès lors, plus dérangeant (ce qui, jusqu’à un certain point, était très intéressant) mais impensable et rend l’atrocité des actes commis gratuite (ce qui est particulièrement gênant). Hormis cela et peut-être une voix-off inutile et pénible, Meirelles est efficace et convaincant dans ce qu’il raconte et dans les idées qu’il veut évoquer.

Du côté de la mise en scène, la difficulté était de reproduire à l’écran ce phénomène généralisé de cécité tout en évitant les fautes esthétiques ou le manque de clarté. Le réalisateur détourne plutôt habilement l’idée que l’on se fait de la cécité, à savoir le noir total, en privilégiant l’idée de l’aveuglement dans le sens d’un éblouissement extrême, à savoir un blanc total. Cette idée permet ainsi à Meirelles de faire preuve d’inventivité au niveau de sa mise en scène – et au  niveau de la photographie – et de baigner son film dans des tons relativement clairs et lumineux contrastant fortement, tout d’abord, avec l’hôpital glauque et lugubre, puis ensuite avec le monde extérieur  abandonné et dévasté. Ce parti pris assez original peut dérouter et ne pas plaire mais il me semble tout à fait convenable et supportable, même si la mise en scène de Meirelles était plus virtuose dans La Cité de Dieu, film dans lequel son style trouvait un support unique et parfait pour s’exprimer.

Blindness a aussi la chance de s’appuyer sur un casting de premier ordre dans lequel Julianne Moore tient l’affiche avec talent (même si son personnage m’a beaucoup irrité), accompagnée entres autres de Mark Ruffalo, Gael Garcia Bernal et Danny Glover pour les plus connus. Peu de choses à dire à leur sujet, ils tiennent relativement bien leur rôle et sont crédibles dans leur jeu particulier d’aveugles, ce qui est déjà essentiel.

Blindness est finalement plutôt réussi mais ne m’a pas convaincu autant que les deux précédents du réalisateur, souffrant de quelques défauts qui m’ont vraiment gêné pendant un moment et souffrant de la comparaison plus ou moins justifiée que je ne peux m’empêcher de faire avec 28 jours plus tard.  

 

Image 

 

 

Titre : Blindness
Titre original : Blindness
Réalisateur : Fernando Meirelles
Scénario : Don McKellar d'après le roman de José Saramago
Photographie : Cesar Charlone
Musique : Marco Antonio Guimarães en compagnie de son groupe brésilien : Uakti
Format : Couleur
Genre : Thriller, Drame
Durée : 120 min
Pays d'origine : Brésil, Japon, Canada
Date de sortie : 2008
Distribution : Julianne Moore, Mark Ruffalo, Danny Glover, Alice Braga, Gael Garcia Bernal, Don McKellar, Maury Chaykin

0 commentaire - Permalien - Partager
Commentaires