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Léo fait son cinéma

Johnny s'en va-t-en guerre (Dalton Trumbo, 1971) Posté le Lundi 30 Mars 2009 à 16h55

Johnnygothisgun

Johnny s’en va-t-en guerre
de Dalton Trumbo

 

 

Synopsis : Durant la Première Guerre mondiale, un jeune soldat est blessé par une mine : il a perdu ses bras, ses jambes et toute une partie de son visage. Il ne peut ni parler, ni entendre, ni sentir mais reste conscient. Dans la chambre d'un hôpital, il tente de communiquer et se souvient de son histoire.

 

 

Unique film de Dalton Trumbo, tiré de son propre roman publié trois jours avant la Seconde Guerre mondiale mais traitant de la première, Johnny s’en va-t-en guerre est un réquisitoire anti-militariste qui évite assez brillamment toute forme de complaisance comme en témoigne la pudeur omniprésente émanant du film. C’est en effet au travers du regard particulièrement intime et personnel de son personnage principal que Trumbo transmet son message avec une remarquable sobriété. Il est vrai que dénoncer l’atrocité de la guerre sans la montrer une seule seconde à l’écran mais tout en conservant la même force critique, voire en l’accentuant, cela relève du génie. Jamais nous ne voyons donc le corps mutilé de Johnny, ni même l’horreur qu’il a pu vivre dans les tranchées (tout au plus une image furtive d’un corps sur des barbelés), l’essentiel est ailleurs. Cet ailleurs c’est tout ce qu’il reste au pauvre Johnny, à savoir sa conscience alors que son enveloppe physique l’a presque entièrement abandonné. C’est avec elle qu’il vit, prisonnier d’un corps inanimé duquel il ne peut s’évader, ni même par le rêve qui désormais se confond avec la réalité. La représentation de cet enfermement est très efficace et très équivoque et la voix-off s’avère troublante de vérité. Réalité, rêves et souvenirs s’entremêlent intelligemment et bénéficient d’un traitement riche tant sur le fond (dialogues, et monologues, viscéraux et profonds d’une portée universelle) que sur la forme (réalité en noir et blanc, rêves en couleurs par exemple). Trumbo donne à réfléchir avant de donner à voir ; d’ailleurs sa mise en scène demeure très classique, ne sabordant pas son propos d’effets tout autant divers que malvenus. Si aujourd’hui c’est peut-être plus le thème sous-jacent de l’euthanasie qui ferait écho à nos sociétés, Johnny got his gun n’a pas perdu de sa puissance dénonciatrice vis-à-vis du système militaire, ni même de son efficacité et de sa pertinence à traiter la réaction et le comportement de l’homme lorsque celui-ci se retrouve prisonnier de son corps avec sa seule conscience.

Adaptation semble t’il réussie de la part de Dalton Trumbo, mais devant laquelle j’avoue n’avoir rien ressenti sur le coup et dont l’intérêt n’est probablement pas principalement cinématographique (ce qui est toujours un peu dommage pour du cinéma). Toujours est-il qu’il laisse une trace tout à fait intéressante.

 

 

 Image

 

 

Titre : Johnny s’en va-t-en guerre
Titre original : Johnny got his gun
Réalisateur : Dalton Trumbo
Scénario : Dalton Trumbo, d'après son roman publié en 1939
Photographie : Jules Brenner
Musique : Jerry Fielding
Format : Noir et Blanc & Couleur
Genre : Drame, Guerre
Durée : 111 min
Pays d'origine : Etats-Unis
Date de sortie : 1971
Distribution : Timothy Bottoms, Kathy Fields, Marsha Hunt, Jason Robards, Donald Sutherland, Diane Varsi

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