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Léo fait son cinéma

Les désaxés (John Huston, 1961) Posté le Vendredi 10 Avril 2009 à 18h57

Lesdésaxés

Les désaxés
de John Huston

 

 

Synopsis : À Reno, Roslyn s'apprête à divorcer. Fasciné par la beauté de la jeune femme, un cow-boy entre deux âges lui demande de partager son existence. Elle se lie également d'amitié avec un riche éleveur et un garagiste veuf. Ils paraissent comblés mais subissent en fait une misère affective et intellectuelle.

 

 

Les désaxés doit probablement sa renommée tout autant aux anecdotes tragiques qui l’ont entouré qu’à sa qualité intrinsèque. Le tournage fut très éprouvant pour l’ensemble de l’équipe pour diverses raisons et le film de par son ambiance désenchantée se révèlera funestement prémonitoire pour la plupart de ses acteurs (ce fut effectivement le dernier film de Clark Gable, décédé quelques jours après la fin du tournage et de Marilyn Monroe l’année suivante... Montgomery Clift, pour sa part, connaîtra le même destin en 1966). Bref, ces divers drames tiennent une place plus ou moins consciente dans l’esprit du spectateur car qu’on le veuille ou non ils jouent sans aucun doute sur notre perception du film (plutôt positivement dans la mesure où leur rôle prend une dimension assurément plus intense et poignante).

John Huston met en scène un scénario d’Arthur Miller, dont l’écriture fut relativement chaotique en raison de changements incessants de dernières minutes. Ce dernier dresse avec Les désaxés un portrait quasi autobiographique de sa femme d’alors qui n’était autre que Marylin Monroe. Un portrait qui ne s’avère guère joyeux si l’on en croit la détresse de son personnage et son incompatibilité avec le monde qui l’entoure. Les hommes qui l’accompagnent au gré de ses errances (à l’image d’une histoire qui n’a pas de fil directeur) ne bénéficient pas d’un meilleur traitement tant ils sont eux-aussi profondément désemparés et emprunts de mélancolie. Et le film entier tourne autour de ce sentiment de désorientation, de ses divagations tourmentées et de cette ambiance crépusculaire désabusée, que la mise en scène et le noir et blanc parviennent à rendre compte avec beauté et authenticité. Les acteurs habitent totalement leur personnage, c’est d’autant plus vrai que Clark Gable, Marylin Monroe voire Montgomery Clift jouent en quelque sort leur propre rôle (qui s’avèrera être leur dernier) ; leurs faiblesses et leur désespoir en sont d’autant plus touchants qu’ils sont réels et profonds. À ce trio, il serait injuste d’oublier Eli Wallach, qui parce qu’il commençait juste sa carrière et n’a pas eu le même funeste destin que ses camarades, se retrouve très souvent exclu du concert de louanges ; son personnage est pourtant tout aussi précieux que celui de Clark Gable.

Au milieu de ce scénario touffu et tumultueux et de ses acteurs plus célèbres et remarquables les uns que les autres, John Huston s’efforce de donner vie et consistance à un ensemble riche et émouvant. Il parvient à plusieurs moments à insuffler une puissance salutaire à ses images (évitant le principal écueil d’une telle entreprise, à savoir l’ennui) qui aboutit en apothéose lors de la longue séquence finale dans le désert, suivant une chasse au mustang forte, intense et visuellement splendide.

Les désaxés possède une très grande richesse de contenu que Huston a relativement bien canalisé mais qui peut déstabiliser voire ennuyer. Les plus difficiles pourront toutefois apprécier la beauté et le jeu de Marylin Monroe (sublimement mise en valeur) ou de son trio de cow-boys.

 

 

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Titre : Les désaxés
Titre original : The Misfits
Réalisateur : John Huston
Scénario : Arthur Miller
Photographie : Russell Metty
Musique : Alex North
Format : Noir et blanc
Genre : Drame
Durée : 120 min
Pays d'origine : Etats-Unis
Date de sortie : 1961
Distribution : Clark Gable, Marylin Monroe, Montgomery Clift, Eli Wallach, Thelma Ritter

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