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Léo fait son cinéma

La soif du mal (Orson Welles, 1958) Posté le Jeudi 7 Mai 2009 à 18h26

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La soif du mal
de Orson Welles

 

 

Synopsis : Deux policiers rivaux, l'américain Quinlan et le mexicain Vargas enquêtent sur l'explosion d'une bombe ayant fait deux morts à la frontière mexicaine. Quinlan suspecte un certain Sanchez, chez qui sont retrouvés des bâtons de dynamite. Mais Vargas soupçonne Quinlan d'avoir caché la dynamite chez Sanchez et tente de le confondre.

 

 

Dernier film américain de Orson Welles, La soif du mal scellera définitivement les relations entre les studios et le réalisateur, las de voir ses films dépouillés de leur essence après les multiples découpages et remontages consternant des producteurs. Il parviendra malgré tout à transcender cette œuvre de commande, comme il est toujours parvenu à le faire, pour livrer ce qui me paraît être son film le plus magistral et le plus grandiose, jouissant d’une mise en scène divine et d’une atmosphère fascinante.

Le talent d’Orson Welles, à défaut de reconnaissance, n’était plus à faire dès son premier film ; La soif du mal confirme aisément cette affirmation malgré des contraintes évidentes de budget et de temps. Le célèbre et formidable plan-séquence introductif, probablement l’une des plus impressionnantes entrée en matière de l’histoire du cinéma, décrit à lui tout seul l’ambition du film et le génie de son réalisateur. Mais il serait absurde de le considérer comme un simple exercice de style réussi.

Film noir absolu, La soif du mal est un immense film sur les antagonismes, visuellement très riche et se nourrissant d’une ambiance sombre et suffocante des plus envoutantes. Orson Welles, s’évertue avant tout à dépeindre des personnages remarquables et désormais inoubliables dans des lieux et des espaces qui ne le sont pas moins, plutôt qu’à développer une intrigue finalement anecdotique. Il livre ainsi un magnifique affrontement entre deux policiers, l’un mexicain – brillante performance de Charlton Heston – intègre et juste que ses idéaux vont entrainer, lui et ses proches, dans une spirale de violence ; l’autre américain – admirable Orson Welles, totalement méconnaissable, qui démontre une nouvelle fois son grand talent d’acteur – manipulateur raciste sans morale et dépravé que l’opiniâtreté de son comparse finira de faire sombrer. Leur duel, marqué par une opposition symbolique mais profondément palpable entre le Bien et le Mal, est soutenu par une mise en scène virtuose, mettant toujours en valeur les personnages par des cadrages particuliers, un travail sur les plongées et les contre-plongées et divers effets de caméra parfaitement maîtrisés, mais aussi en usant de décors très riches et fournis, foisonnant de détails (on pense à la séquence finale) ; en exploitant à merveille les possibilités du noir et blanc et les contrastes offerts par le jeu sur les ombres et les lumières ou encore en s’appuyant sur une musique et des sons qui créent une atmosphère adaptée et magnétique, participant à sublimer un ensemble déjà extraordinaire. Il serait injuste, dans ce concert de louanges, d’oublier les seconds rôles, tous très bons, du rôle précurseur de Janet Leigh à celui plus modeste de Marlène Dietrich.

En réussissant à sublimer chacun des aspects de son film et à les faire vivre intensément ensemble, Orson Welles livre une œuvre forte et rare qui mérite sa place au panthéon des plus belles réalisations du septième art. Et puis ce n’est pas tous les jours que l’on a le plaisir de savourer des leçons de mise en scène de ce niveau.

 

 

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Titre : La soif du mal
Titre original : Touch of Evil
Réalisateur : Orson Welles
Scénario : Orson Welles, adapté de Badge of Evil de Whit Masterson et du scénario original de Paul Monash.
Photographie : Russell Metty
Musique : Henry Mancini et Joseph Gershenson
Format : Noir et blanc
Genre : Policier
Durée : 108 min
Pays d'origine : Etats-Unis
Date de sortie : 1958
Distribution : Charlton Heston, Janet Leigh, Orson Welles, Akim Tamiroff, Joseph Calleia, Valentin De Vargas, Marlene Dietrich

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