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Léo fait son cinéma

Inglourious Basterds (Quentin Tarantino, 2009) Posté le Samedi 22 Août 2009 à 17h31

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Inglourious Basterds de Quentin Tarantino


 

Synopsis : Dans la France occupée de 1940, Shosanna Dreyfus assiste à l'exécution de sa famille tombée entre les mains du colonel nazi Hans Landa. Shosanna s'échappe de justesse et s'enfuit à Paris où elle se construit une nouvelle identité en devenant exploitante d'une salle de cinéma.

Quelque part ailleurs en Europe, le lieutenant Aldo Raine forme un groupe de soldats juifs américains pour mener des actions punitives particulièrement sanglantes contre les nazis. "Les bâtards", nom sous lequel leurs ennemis vont apprendre à les connaître, se joignent à l'actrice allemande et agent secret Bridget von Hammersmark pour tenter d'éliminer les hauts dignitaires du Troisième Reich. Leurs destins vont se jouer à l'entrée du cinéma où Shosanna est décidée à mettre à exécution une vengeance très personnelle...

 

Après le décevant, le raté, le mauvais, le navet Boulevard de la mort, Inglourious Basterds marque le retour triomphal du génialissime réalisateur Quentin Tarantino...
À quelques édulcorations près, voilà ce que l'on peut lire un peu partout – du moins sur le net – à propos de ce nouveau film. Il va sans dire que je ne partage absolument pas la première affirmation (cela me fait penser qu'il me faudra y revenir plus longuement ; mais, en quelques mots, la prétention de ce film était moindre pour un résultat finalement autrement plus élevé) et demeurerai relativement mesuré quant à la seconde tout en reconnaissant que nous avons  affaire à un bon film (probablement l'un des meilleurs de l'année pour le moment).


Bien qu'immédiatement reconnaissable par le style tout à fait personnel et unique de son réalisateur, Inglourious Basterds surprend par les expérimentations linguistiques qu'il propose et la maturité du propos qu'il véhicule (bien loin de la simple histoire de vengeance).
Car toute la force de ce nouveau film réside dans cette idée audacieuse et réussie d'entremêler les langues, de les utiliser comme support scénaristique, de jouer de leur potentiel comique mais aussi – et cela me semble une constante chez Tarantino – de profiter de leurs différentes « musicalité » (le « Monsieur Lapatite » du premier chapitre est à lui tout seul une trouvaille géniale). En cela, le chapitre introductif est absolument formidable, atteignant une certaine perfection et une fluidité remarquable entre les dialogues, le jeu des acteurs (et la présentation du personnage principal), la tension dramatique et la mise en scène. Il en est de même pour la longue séquence se déroulant dans la cave ; exemplaire, dynamique et tendue, elle ne tient pourtant que sur peu de facteurs (les mêmes que cités précédemment) mais s'impose comme l'une des séquences les plus (si ce n'est la plus) impressionnantes et intéressantes du film. L'acteur Christoph Waltz qui interprète l'officier nazi polyglotte, initiateur de cette valse idiomatique (facile j'avoue) est confondant d'aisance et particulièrement convaincant, chaque scène où il apparaît est un plaisir des plus délectables.
Comme à l'accoutumée avec Tarantino, son film déborde de références, de citations, d'hommages, que les dialogues et/ou la caméra s'amusent à évoquer avec furtivité ou au contraire avec insistance. On pense, aussi variés et différents soient-ils, aux films de guerre américains, mais aussi à un certain cinéma de genre italien, au western classique sans oublier la comédie façon Ernst Lubitsch. Un éventail d'inspirations, qui plus qu'un vulgaire catalogue d'imitation, crée un univers unique des plus réjouissants, se renouvelant sans cesse de films en films bien aidé en cela par un talent hors pair de cinéaste et de dialoguiste.
Inglourious Basterds
ne se résume d'ailleurs pas seulement à cette utilisation relativement novatrice du langage soutenue par une qualité d'écriture saisissante (certains lui trouvent un grand talent de dramaturge) ni à son style très libre (bien que très influencé), très fun et très jubilatoire complètement à part, mais se révèle être, au sein même d'un scénario revisitant l'histoire de la Seconde Guerre mondiale, une œuvre adulte et subtile sur le regard que nous portons sur l'Histoire et le pouvoir du cinéma.


Il m'est pourtant impossible d'être totalement conquis par cet Inglourious Basterds, la faute à quelques imperfections qui m'ont gêné d'autant plus qu'elles ne sont pas coutumières du réalisateur.
La principale est selon moi le manque général de rythme, de folie, d'âme du film et le manque de liant et d'équilibre entre les chapitres qui du fait de leurs différences en finissent par être trop inégaux malgré leurs qualités intrinsèques (les « basterds » à qui l'ont doit le titre du film m'ont tout particulièrement laissé cette impression, tantôt intéressants, tantôt anecdotiques). Cela doit peut-être son explication à un problème plus particulier, celui de la difficulté rencontrée (c'est du moins ce dont j'ai l'impression) par Tarantino avec les séquences en français. Celles-ci paraissent moins bien écrites, en particulier lorsqu'elles concernent Shosanna et son ami Marcel (à la limite du ridicule) et surtout moins naturelles. Mélanie Laurent ne me semble pas avoir été un choix judicieux ou sa direction imparfaite, toujours est-il que les scènes où elle apparaît m'ont personnellement dérangé. À l'inverse Diane Kruger en actrice allemande est absolument parfaite.

Enfin, la musique, point fort de tous les films de Tarantino, m'a paru plus effacée et dans le pire des cas mal utilisée (je n'ai pas trouvé le « Putting out the fire » de Bowie forcément très à sa place musicalement parlant). Cela dit, les dialogues et plus particulièrement le jeu de bascule linguistique m'ont semblé atténuer cette faiblesse en offrant leur propre musicalité au film.


Inglourious Basterds
n'est peut-être pas le nouveau chef-d'œuvre tant attendu de Tarantino mais regorge de suffisamment d'idées et tout simplement de cinéma pour me convaincre qu'il fait partie des cinéastes actuels les plus intéressants à suivre.

 

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Titre : Inglourious Basterds
Titre original : Inglourious Basterds
Réalisateur : Quentin Tarantino
Scénario : Quentin Tarantino
Photographie : Robert Richardson
Musique : Empruntée en grande partie à Ennio Morricone
Format : Couleur
Genre : Guerre
Durée : 148 min
Pays d'origine : Etats-Unis
Date de sortie : 2009
Distribution : Brad Pitt, Christoph Waltz, Michael Fassbender, Eli Roth, Diane Kruger, Mélanie Laurent...

Un commentaire. Dernier par Irina le 25-08-2009 à 12h18 - Permalien - Partager
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