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Chabour Mohamed

Mezzo voce

L'élu et le gestionnaire Posté le Jeudi 5 Mars 2009 à 09h29

Article paru dans le quotidien " El Moudjahid " du 07 Janvier 1991. Alger.

    DEBAT

VECU

 

L'élu et le gestionnaire

 

                 

                 A la lecture du rapport d'activités commandé par l'APC à majorité FIS de Oued Zénati à la SNC agence de Guelma,  pour justifier ma mise à l'écart brutal du 25 Aout 1990,  soit un peu plus de 2 mois aprés son investiture (ce laps de temps trés court illustre fort bien le caractère prémédité du coup de force), je fus fort surpris de constater le peu d'objectivité et le parti-pris qui entachent ce rapport.

         

                  Connaissant la SNC de longue date au niveau de Guelma et surtout à travers les séminaires organisés par le Directeur des ressources humaines,  séminaires animés par des experts de haute volée à l'hôtel Aurassi,  qui ont permis à beaucoup de cadres dirigeants de s'imprégner de l'esprit des réformes économiques en cours dans le pays et d'avoir une vision claire des perspectives et des contours du nouveau paysage économique qui émerge lentement et difficilement,  au fur et à mesure de l'application graduelle de ces réformes, je fus sincèrement étonné d'une telle légèreté  qui pouvait nuire à ma carrière et compromettre définitivement mon avenir.

 

                  Ne trouvant rien de vraiment sérieux, l'agent chargé de l'opération,  qui plus est, est chef d'agence, se mit à puiser dans le catalogue "mauvaise gestion" et à noircir du papier conformément aux vœux des commanditaires de cette action, avec lesquels, semble-t-il, il aurait des affinités politiques et idéologiques.

 

                  Le plus étonnant dans cette histoire, est que le même exercice fut épluché par le même organisme en 1987 et ne donna lieu à aucune remarque, le rapport fut remis sans cette "cagnotte" désagréablement remplie d'une multitude de détails sans fondements qui émerge aujourd'hui d'on ne sait ou.

 

                  Tout le rapport n'est qu'un tissu d'incohérences, d'accusations gratuites, de propos décousus sans lien avec les différents exercices, qui précédent ou qui suivent, d'une gestion qui a duré presque une décennie (02 Janvier 1982 au 25 Aout 1990) et qui fut marquée par un sérieux, une bonne foi, et une volonté sans faille. En témoigne le fait que c'est l'une des rares entreprises sur plus de 40 qui ont survécu aux liquidations opérées à tour de bras. Ceci est valable pour tout le secteur économique local qui se rétrécit comme une peau de chagrin à l'échelle du pays.

 

                  En témoigne le fait également, que les différents organes de la tutelle (FLN, APC, Daïra, Wilaya, DRALMG, Cellule Autonomie) n'aient trouvé rien à redire.

 

                  L'entreprise est un lieu d'échanges et qu'en milieu rural, pauvre et sous-développé, étant soumise à d'énormes pressions parce que l'une des rares institutions importantes dans la région, elle se devait d'assumer, même à son corps défendant, un "rôle social", d'avoir des relations soutenues avec les différents acteurs de la région.

 

                  Rôle social et relations sociales, naturellement sanctionnés par un cout financier, dérisoire dans le cas qui nous concerne. Ceci, du reste n'est pas spécifique à l'entreprise de Oued Zénati.

 

                  Dans les stratégies des grandes entreprises ou entreprises tout court, l'aspect "Communication" ou "Public-relations", déterminant dans l’image de marque, occupe une place de choix dans les préoccupations des dirigeants et a, de ce fait, un poste-dépenses conséquent dans le budget général.

 

                  L'analyse de ce rapport appelle des remarques et des réponses à certains points précis.

 

              Première remarque: Il y a vice de forme dans la procédure.                     La société qui fit ce rapport en 1990 sur l'exercice 1987, se trouve être la même qui éplucha cet exercice avec des conclusions différentes. Ceci aurait normalement du être fait par un organisme tiers n'ayant aucun lien avec le premier et faisant preuve d'une objectivité et d'une impartialité irréprochables.

 

              Deuxième remarque: peut-on faire valablement l'examen d'une gestion, uniquement à travers les chiffres froids, sans âme d'un seul exercice, en l'absence du dirigeant (celui-ci ayant été, de manière irrégulière et manu militaire éjecté de son poste sans passation de service)? Peut-on accéder à des documents, à des renseignements, toujours en son absence ? Peut-on se passer de ses commentaires, de ses appréciations, d'autant plus qu'il s'agit d'une gestion presque décennale?

 

                  Nos comptes et bilans furent toujours supervisés par SNC et adressés régulièrement et annuellement à tous les degrés de la hiérarchie, y compris la Cour des comptes.

 

                  Une structure animée par d'excellents cadres spécialisés, existe au niveau de la wilaya. Elle est chargée de la tutelle et du suivi des entreprises locales, mais ne fit jamais de remarques, spécifiques à cette entreprise.

 

                  Sur instruction de cette cellule, l'inventaire fut toujours tenu à jour. A chaque fin d'exercice, deux commissions étaient installées par mes soins sur PV. L'une, présidée par le responsable de la gestion des stocks comprenant 3 ou 4 personnes de différentes qualifications, était chargée de la prise d'inventaire (comptage et pointage), l'autre, par le responsable financier et comptable, assisté de plusieurs agents de maitrise, était chargée du contrôle de cette prise d'inventaire, de recenser les écarts éventuels, les analyser et de les justifier.

 

                   Les procès verbaux de chacune des deux commissions étaient ensuite adressés aux différents échelons habituels de la tutelle et archivés au niveau des services internes de l'entreprise.

 

                  Aucune instance n'avait ces prérogatives, ni CCS (Conseil de Contrôle et de Surveillance), ni wilaya. On se limitait donc à le constater.

 

                  Ce ne fut qu'en 1988, qu'une note, la fameuse note méthodologique n° 01 émanant de la Présidence la République, suivie bientôt de la 02, qui nous autorisa, dans la perspective du passage à l'autonomie, à opérer ce redressement dans les écritures, à assainir nos comptes de manière à avoir une photographie nette et exacte de la situation financière et patrimoniale de l'entreprise.

 

                  L'Entreprise avait une bonne image de marque à l'extérieur de la circonscription, ce qui lui permettait de décrocher des contrats même à Souk Ahras, à Guelma, à Ain-Makhlouf, à Bordj-Sabath et à Ain Regada. Ces contrats portaient sur la réalisation de travaux pour le compte de la BADR, de la Direction de la Coordination Financière de la Wilaya de Guelma (Aménagement siège DCF, Trésor de Guelma, Inspection des Domaines, etc...) et de sociétés nationales : ORAVIE Oum El-Bouaghi…

 

                  L'éloignement de ces projets induisant des surcouts, nos services après étude, confiaient certains de ces travaux, en sous-traitance à d'autres entreprises privées. Tout en préservant une marge bénéficiaire, au demeurant confortable, contrairement aux allégations du rapport.

 

                  Les autres points méritent d'être abordés, parce que soulevés dans ce rapport.

 

                  Le premier concerne le suivi des créances. Il est loisible de vérifier (document à l'appui) que je mis en place dés 1984, une cellule de contentieux, chargée du suivi des créances et de tout litige pouvant survenir avec d'autres opérateurs ou particuliers.

 

                  En 1986, une convention d'assistance judiciaire fut signée avec un avocat à la Cour de Guelma, portant principalement sur le recouvrement.

 

                  Cette formule se révélant moins fructueuse que prévu, il fut décidé d'opter pour une autre formule. C'est ainsi qu'il fut convenu avec un autre avocat de s'occuper de nos intérêts et qu'il serait rémunéré par affaire. Cette convention est toujours en vigueur.

 

                  Une grande partie de nos créances essentiellement détenues sur les collectivités, étaient cependant irrécouvrables, du fait qu'elles portaient sur des travaux non individualisés, non planifiés, souvent imposés d'autorité.

 

                  Il serait intéressant, pour édifier l'opinion sur les véritables desseins de l'exécutif communal, rappelons-le, FIS, d'analyser 4 exercices.

 

                  En 1981, le chiffre d'affaires était de 3.108.571.68 DA. Il passe à 9.894.461.29 DA en 1982 (année de ma prise de fonction), soit une augmentation de 318 %. Pour les années 1988 et 1989, il se stabilise à 10.749.153.58 DA, seuil optimum des capacités de l'entreprise.

 

                  Ma prise de fonction en qualité de Directeur Général date du 02 Janvier 1982, En 1982, le chiffre d'affaires a augmenté de 318 % par rapport à 1981, pour une masse salariale d'environ 40 % ce qui est à peu prés dans les normes et exceptionnel pour l'époque, avec un effectif qui est passé presque du simple au double et un résultat positif.

 

                  Remarquons qu'en 1981, avec un résultat déficitaire très important, la masse salariale dépasse de plus de 100 % le CA. Le reste sans commentaire.

 

                  De cette brève analyse, il apparait clairement que leurs motivations (membres de l'exécutif) procèdent d'une volonté d'hégémonie, de puissance, d'une volonté de contrôle et de s'emparer d'une institution essentielle dans la vie de la cité.

 

 

 

 

 

                                                      Le Directeur Général (suspendu)

                                                      Mohamed CHABOUR

 

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