Blog créé grâce à Iblogyou. Créer un blog gratuitement en moins de 5 minutes.

MaLLeK..info..ZiDaNe

MaLLeK and ZiDaNe...ThEy Are FrOm ...

Le finale d'une légende Posté le Lundi 11 Août 2008 à 15h46

 

 

Le finale d'une légende

 

Par Chérif GHEMMOUR
Le minot kabyle devenu meilleur joueur du monde aura raccroché à Berlin sur une expulsion. Parcours d'une idole.

Bordeaux. 17 août 1994. Zinédine Zidane signe ce soir-là le contrat le plus important de sa carrière : un engagement à vie chez les Bleus. Entré en jeu avec le numéro 14, à la fin d'un France-République tchèque qui prend l'eau (0-2), à 22 ans, il remet les Bleus du néosélectionneur Jacquet sur les rails (du gauche puis de la tête, score final 2-2). Avec la gloire que l'on sait.

Le mur de la Castellane 
Août 1994-juillet 2006, l'équipe de France aura été le club attitré de Zizou. La symbolique des chiffres est formelle : ce n'est qu'avec les Bleus que ZZ a porté son célèbre numéro 10, celui de Pelé, Platini ou Maradona. N° 11 à Cannes, n° 7 à Bordeaux, n° 21 à la Juve et n° 5 au Real, c'est avec les Bleus qu'il est entré dans la légendaire lignée.
Issu de la Castellane, à Marseille, Yazid, qu'on n'appelle pas encore Zinédine, tâte un peu de judo, un peu d'école, mais bouffe surtout du foot au pied des HLM, où il perfectionne passements de jambes et roulettes. Il passe un cap symbolique en jouant avec les «grands», l'équipe de son aîné Nordine, gloire locale et son modèle (après l'idole Enzo Francescoli, Uruguayen flamboyant de l'OM 1989-1990). Yazid fréquente assidûment le Stade vélodrome, il sera même ramasseur de balle au cours du tellurique France-Portugal de l'Euro 84, mais ne porte jamais la tunique blanche et bleue. Il enquille sur les clubs du coin (AS Castellane, SO Septèmes...) et met très tôt en évidence l'excellence de la formation à la française : il signe à 14 ans à l'AS Cannes où, pendant quatre ans, Gilles Rampillon, Jean Fernandez et Guy Lacombe vont polir le joyau promis aux plus belles vitrines. Bosseur infatigable, Zinédine sèche les virées potaches et se lie d'amitié avec un mur de ciment sur lequel il écrase des frappes en solitaire.
Bordeaux avec les potes 
Ascension fulgurante, il débute chez les Bleus en juniors B à 15 ans et dispute son premier match pro contre Nantes à 17 ans (1989). Quelques matchs de Coupe d'Europe, quelques buts et une relégation en D2 plus tard, l'OM hésite à l'engager ( «trop lent» ) et laisse Rolland Courbis, alors coach de Bordeaux, emporter le morceau (1992). Aux Girondins, Zinédine s'éclate avec ses potes pour la vie Dugarry et Lizarazu, Courbis le baptise «Zizou» et le façonne tactiquement : «Zinédine a joué de plus en plus haut, ce qui l'a obligé à lâcher le ballon de plus en plus tôt. Il a fini naturellement par s'imposer comme le véritable numéro 10 de l'équipe», témoigne Pierre Labat, adjoint de Courbis. Sous le maillot au scapulaire, il ne gagne rien mais se distingue lors de la Coupe de l'UEFA en 1996 (finaliste contre le Bayern après avoir éliminé en quart le grand Milan AC). Mais surtout, il fait son trou chez les Bleus. Aimé Jacquet en fait le dépositaire de son jeu en 1995, puis l'use jusqu'à la corde durant l'Euro 1996 alors qu'il est affaibli par un accident de la route. Malgré une demi-finale, l'opération Zidane est un fiasco et la France du foot réclame le retour illico d'Eric Cantona. Mais Mémé n'a qu'un objectif en tête : la Coupe du monde 1998, organisée en France.
La Juve et les premiers titres 
Entre-temps, Courbis a favorisé le transfert de Zizou à la Juventus. A Turin, il découvre la souffrance. Le tortionnaire s'appelle Gianpiero Ventrone, préparateur physique chargé d'en faire un gladiateur. Le Français finit les séances en vomissant, tandis que ses coéquipiers jouent le refrain : «Mourir mais finir ! Souffrir aujourd'hui pour courir demain !» Il double de volume, carbure à la créatine et finit par s'imposer (deux scudetti, 1997 et 1998, en cinq ans) dans un club où l'ombre de Platini hante encore le Stadio delle Alpi. Grâce au soutien de Marcello Lippi : «Je pense que c'est le plus gros talent du football de ces vingt dernières années. Il a toujours renoncé à jouer les prima donna . Je me souviens d'un garçon humble, portant le grand poids de son illustre prédécesseur, Michel Platini. Au début, il a eu quelques difficultés. Je me rappelle lui avoir dit : "Tu ne seras jamais sur le banc, car un joueur comme toi doit être un titulaire dans un grand club." Je me rappelle aussi très bien qu'après les matchs, quand je sortais du restaurant vers 23 heures, je le voyais jouer au ballon avec ses amis algériens. [...] Je suis honoré d'avoir été l'entraîneur de Zidane. Je suis convaincu qu'il m'a donné bien plus que ce que j'ai pu lui donner.» 
Le héros du 12 juillet 
Arrive la Coupe du Monde. Jusqu'à la finale, Zinédine fera un Mondial tout juste honnête, dévoilant contre l'Arabie Saoudite sa face sombre en essuyant ses crampons sur un adversaire. «Tu sors de la cité, mais pour que la cité sorte de toi...», professera un jour Thierry Henry. «Peut-être qu'à force de ne pas m'extérioriser, j'ai besoin parfois d'un petit défoulement.» Un carton rouge salvateur, en fait, qui lui permettra un petit break récupérateur en plein tournoi, comme ce fut encore le cas cette année, quand il «sauta» le Togo après le jaune de la Corée. Malheureusement, Zidane subira aussi le revers du carton : un méchant coup de boule contre Kientz (Hambourg) le 24 octobre 2000 en C1 lui coûtera le Ballon d'or. Une ultime expulsion, hier, en finale de la Coupe du monde, aura terni sa sortie. «Il a l'air gentil mais c'est un tueur !» frissonne Jacquet. Même son pour Jean-Louis Murat : «Zidane a un sourire de séducteur et un regard de serial-killer.» 
C'est encore avec les Bleus qu'il remporte sa première «vraie» finale après les échecs répétés en 1996 avec Bordeaux et surtout en Ligue des champions 1997 et 1998 avec la Juve. Le 12 juillet 1998, contre le Brésil, Zidane entre définitivement dans la légende en réussissant un doublé de la tête. Deux buts, deux courses en terre promise qu'il est d'abord seul à fouler avant d'entraîner avec lui les millions d'immigrés de France. En embrassant le maillot/drapeau tricolore, il leur restitue un court instant une dignité citoyenne longtemps refusée. Sans jamais revendiquer l'acte ni s'exprimer clairement sur le sujet. Après cette victoire, Zidane passe définitivement dans «l'autre» dimension : officiellement «meilleur joueur du monde», il se classe régulièrement parmi les «personnalités préférées des Français» (au coude à coude avec l'abbé Pierre), émarge au sommet des bêtes de pub ultra bankable et multiplie les investissements caritatifs. Accessoirement, son exploit du 12 juillet lui apporte aussi son unique Ballon d'or à ce jour.
La logique décompression de France 1998 lui fait rater la saison suivante à la Juve. Platini respire. Question prestige, il n'a pas été détrôné par Zidane dans le coeur des tifosi turinois. Car Platoche vivra toujours avec difficulté (jalousie ?) la réussite de son cadet, au point de déclarer que «ce que Zidane fait avec un ballon, Maradona le fait avec une orange...» 
Les frustrations au Real Madrid 
A l'été 2001, Zinédine, 29 ans, rejoint le Real Madrid en pleine Zizoumania pour 77 millions d'euros avec pour mission de remporter la Ligue des champions. Contrat rempli le 15 mai 2002, lorsqu'en finale contre Leverkusen, il réussit un «image & son» parfait : une reprise de vélo ahurissante commentée par un journaliste télé espagnol hystérique : «Zizou, bénie soit la femme qui t'a mis au monde !» A 30 ans, Zidane a tout gagné : Coupe du monde, championnat d'Europe, Ligue des champions. La suite de l'histoire madrilène est nettement plus boursouflée : le Real, obèse à l'image de son «buteur» Ronaldo, ne gagnera plus rien d'important. Si le bilan à la Juve et au Real est «globalement» positif, Zidane aura passé six saisons frustrantes (les trois dernières dans chaque club), vierges de titres. D'où l'importance de l'équipe de France. Même si, après avoir atteint la perfection à l'Euro 2000 (remporté haut la main, élu meilleur joueur), il vit de l'infirmerie l'essentiel du fiasco coréen, qui suit une autre débandade, l'élection présidentielle de mai 2002 avec Le Pen au second tour. Le citoyen Zidane, sans doute influencé cette fois par ses camarades de sélection, déclare à la radio que le Front national «ne correspond pas du tout aux valeurs de la France», et incite à aller voter au second tour, car «c'est grave quand on voit qu'il y a 30 % d'abstentions et qu'à l'arrivée ça fait un deuxième tour en tête à tête entre Chirac et... l'autre. [...] C'est pas possible, c'est pas jouable.» Fils d'immigrés kabyles, héraut de la France 1998 black-blanc-beur, on lui avait souvent reproché son absence du débat politique au sein même de la «communauté» (les «pro» Jamel et Roschdy Zem, contre les «anti» Magyd Cherfi ou Rachid Taha). Son silence après l'historique France-Algérie avorté du 6 octobre 2001, pour cause d'envahissement de terrain, contrastera avec les réactions diverses de ses coéquipiers... Même «réserve» après les émeutes des banlieues de novembre 2005. L'Huma titre : «Zinédine Zidane, où es-tu ?» 
2006, le dernier défi 
Un Euro 2004 raté malgré deux buts contre l'Angleterre achève l'impression d'un immense joueur en bout de course. Santini viré, Domenech semble bien décidé à faire table rase du passé... Thuram et Zidane mettent fin à leur carrière internationale. Une saison pourrie au Real, les éliminatoires catastrophiques des Bleus et une grosse coalition d'intérêts aboutissent à son retour messianique chez les Bleus à l'été 2005. Face à un Domenech désormais à la remorque, Zidane sélectionne ses potes Thuram et Makelele. Les Bleus se qualifient pour le Mondial. Zidane est au cinéma ( Zidane, un portrait du XXIe siècle , sorti au printemps 2006) pour un film raté. Le 25 avril, il annonce sur Canal + qu'il mettra un terme à sa carrière de joueur à la «fin» de la Coupe du monde. Finir en Bleu. Sa seconde famille depuis le 17 août 1994. En partant pour l'Italie, il savait qu'il ne jouerait plus jamais dans des clubs français, incapables de salarier son immense talent. A 34 ans, capitaine enfin assumé du Football Club de France (108 matchs et 31 buts, un ratio bien meilleur qu'en club), son dernier souffle de vie est magique. Il réussit un match époustouflant contre le Brésil. Les Bleus 2006, c'est sa France des banlieues, celle de son enfance, avec ses Afro-Antillais et son «immigré de l'intérieur», Franck Ribéry. Après le 9 juillet, Zinédine a même projeté un autre France-Algérie au pays de son père. Tout un symbole.
Sources : Liberation

Posté par Adriana Evangelizt

0 commentaire - Permalien - Partager
Commentaires