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LE RÊVE BLEU poèmes nouvelles

BONJOUR et BIENVENUE ! Alain Gautron

Désagréable surprise Posté le Mercredi 10 Décembre 2008 à 14h30

 

 

                        Le noctambule

 

J’aime beaucoup la nuit. C’est quand Il dort que je peux enfin être libre, me promener à ma guise, penser comme bon me semble, faire ce que je veux. Le jour, c’est impossible, évidemment, c’est Lui qui pense pour moi, qui me dit tout ce que je dois faire …

Cette nuit, puisque je me trouve actuellement en ville, je décide d’aller me balader dans les rues, au hasard, histoire de me vider la tête.

Il n’y a pas grand monde. Personne que je connaisse. Mais d’ailleurs, comment les gens me reconnaîtraient-ils ? Je suis sans visage. Vous avez bien entendu : j’ai une tête comme tout le monde, mais pas de visage. A son emplacement, il y a un flou comme dans les reportages à la télévision, quand on ne veut pas que les personnes soient reconnues. Alors, vous imaginez … peut-être me reconnaîtraient-ils à la voix, à condition encore que je leur parle … Ce qui est étrange, c’est que, quand ils me regardent, les gens font comme si de rien n’était, comme si c’était normal. Je ne me l’explique pas. Ils m'imaginent peut-être, et cela leur suffit. Encore une bizarrerie de cette vie.

Un petit café est encore ouvert. « Au rêve bleu », un joli nom ! J’entre. Quelques clients accoudés au bar parlent du match de football de ce soir. Le patron dort à moitié au milieu d’un nuage de fumée de cigarette. Je commande un expresso. Sur la banquette, j’avise un journal ouvert abandonné là par je ne sais qui. Mais quel n’est pas mon effroi de lire à la une :

« Assassinat hier matin du professeur Lenoir » !

Un long article détaille les circonstances du drame, avec photos à l’appui … Je n’arrive pas à me concentrer tellement le choc est rude. Mes mains tremblent, mon cœur s’emballe, je me sens soudain comme vidé de l’intérieur, parce que … parce que … le professeur Lenoir, c’est MOI !

Je me pince pour m’assurer que je suis bien vivant. Pas de doute. Mais alors … On écrit que j’ai été tué par la mafia italienne … à Paris, rue Tiquetonne ? Par exemple ! Si c’est un canular, il est du plus mauvais goût ! J'en aurai le coeur net :

 

« Patron, ce … ce journal, c’est celui d’aujourd’hui ?

Oui, enfin d’hier, parce qu’il est une heure du matin, Monsieur.

Vous connaissiez ce professeur Lenoir ?

Moi non, mais c’était un grand savant, spécialisé dans la recherche nucléaire, je crois. Sa mort est une grande perte pour la France, enfin tous les médias en parlent.

Merci. »

 

Ça, je le savais déjà, je sais qui je suis, quand même ! Encore heureux qu’on me regrette ! Cela voudrait donc dire que je n’existe déjà plus ?

Je sors du café, chancelant, ne sachant où aller. Je ferais mieux d’attendre demain matin qu’Il se réveille. Je Lui demanderai des explications. Ah ! c’est sûr, Il va m’entendre !

« Alors comme ça, vous me faites disparaître dès le premier chapitre, et au début, encore ! Me voilà au chômage, maintenant ! Je me plaindrai au syndicat ! Je ...

― Ah ! tu es déjà au courant ! Oui, j’ai rêvé ça cette nuit. Que veux-tu, c’est moi qui décide, je suis l’auteur, pas vrai ? Et je te rappelle que tu n’es qu’un personnage tout à fait secondaire de mon roman !  Estime-toi déjà heureux que je parle de toi !»

                                                              Alain Gautron

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