La maison abandonnée
Dès la porte fermée, sans perdre une seconde,
Saturne t'adressa ses garçons turbulents
Qui chacun déployant une ardeur furibonde
Eurent tantôt raison de ton charme d'antan.
Dix ans, vingt ans déjà d'amère solitude !
Chaque jour qui s'achève emporte un peu de toi,
Voyage sans retour vers d'autres latitudes,
Une clin d'oeil, un appel, un sanglot quelquefois.
Sans vergogne, à l'entour, le jardin s'encanaille.
Le liseron serpente au long des volets clos.
La treille s'enhardit, chevelure en bataille,
Le merle à tout venant se gausse dans ton dos !
Ta toiture a fléchi. L'averse généreuse
Abreuve tes parquets si coquets d'autrefois.
Implacable combat, marche silencieuse,
Où la ronce et l'ortie s'accordent tous les droits.
Pourtant je ne sais d'où, me vient comme en écho,
Le murmure enchanteur des voix qui se sont tues :
C'est l'appel d'un enfant, le bruit lourd d'un sabot,
Une scène envolée aussitôt qu'entrevue ...
Ô parfums de jadis enchaînés aux vieux murs,
Sommeillez dans la paix, dansez, brumes légères,
Vous, les roses fanées de ces lointains obscurs.
Le passant se découvre et salue vos mystères.
Alain Gautron
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