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Café au Lait

Le Bol Creuset Culturel

Gouvernance, décence et licence. Posté le Jeudi 10 Décembre 2009 à 20h20
 
Contributions

 

 

 

 
    "Gouvernance, décence et licence" (suite 1)

 

 

 

 
  30/09/2009 Commentaires51 [ 107 ] E-mail52 53 Imprimer54
 
Professeur Aboubacrine ASSADEK
 

L'anarchie républicaine

Cette contribution sera peut être perçue comme une nième critique. Vous me direz « qu’avez-vous à proposer » ? Il faut d’abord cerner les contours du problème pour prétendre y apporter solution. Le drame c’est que ma petite personne n’a pas la capacité d’apporter une solution à une gangrène. Je me permets donc de diagnostiquer le mal. Dans un pays de tradition orale, il est quand même curieux que l’on s’enferme dans un mutisme coupable.

Mais je suis de ceux qui pensent qu’un pays se grandit par la combinaison des talents des différents individus qui le peuplent. Mon attention s’est donc portée sur toute l’ingratitude qu’il y aurait à s’effaroucher de mon propos. Pour qui prend la parole avec ce goût intime du jihad pacifique, et la conscience de participer à un effort qui gagne à se populariser et à se «civiliser»: le pouvoir en place ne doit-il pas relever le défi de la justice en renonçant définitivement à la censure ? En parlant de censure, je pense illico à l’ORTM « conditionné » à ne dire que ce qui plait… mais là n’est pas le but de la présente réflexion…

Aujourd’hui au Mali, l’affairisme est érigé en dogme et le détournement des deniers publics en norme. L’absence d’une justice garantit l’impunité à une petite minorité d’individus. S’enrichir autour et à proximité du président est une pratique qui se rapproche plus du brigandage d’une société mafieuse qu’à une distorsion entre détenteurs de capital et travailleurs. La classe politique a travesti l’expression du vote en un clientélisme électoral. Les voix s’achètent et se marchandent sans que cela ne choque. Les différentes élections passées en sont une illustration parfaite. Assez de clientélisme nocifs- re-bélote, on prend les mêmes, et on recommence- : il suffit de ne pas moufter pendant une période de cinq ans, pour que soit définitivement exorcisé ce « totalitarisme » génétique.

Rien à voir, nous promet-on : juste les mêmes tuniques, la même pluie du même portrait, et leur même interminable corollaire des mêmes… des mêmes «soutiens». Nous voici, de nouveau revenus au consentement le plus consensuel.
Le parlement (institution de délibération) est devenu une chambre d’enregistrement de lois toutes iniques. Le pays est vidé de la démocratie, de sa réalité pour n’en garder que les seules apparences. Faut-il rappeler que renoncer à discuter de la question nationale, comme préalable d’un Etat de droit, c’est troquer la jouissance pleine de chaque individu de sa citoyenneté contre un assistanat à durée indéterminée.

Considérant qu’un malien rouler un autre, c’est de règle. Mais l’écraser durablement ou le tuer, jamais ! - je me suis donc risqué à vous faire une « modeste proposition ». Elle me paraît avoir l’avantage de garantir au moins cette égalité impossible entre nos citoyens -, et intéresser tout le monde.
Ce n’est pas la première qu’une telle proposition envahit l’esprit d’un humain, et ce n’est rassurant que pour moi : Swift a du en adresser l’originale à ses frères irlandais, en 1729. Je vous en livre le titre éloquent :

« Modeste proposition pour éviter que les enfants des pauvres d’Irlande soient un fardeau pour leurs parents ou pour le pays, et pour les rendre utiles à la communauté ». Plus féroce et instruit que moi, « ayant tourné (ses) pensées depuis bien des années sur cet important sujet », ce coquin leur avait proposé de manger les enfants que leur pays « d’un million et demi d’habitants » était incapable de nourrir. Faites les rapprochements, vous verrez que plus respectueux, je n’invite pas à un tel autodafé.

Non pas que la chose ne soit pas envisageable dans notre pays, qui n’est plus montrable aux chérubins, mais surtout parce que ce schéma carnivore ne sied pas à une société qui ne broute plus que de l’argent. Avec une prédilection pour celui des plus pauvres.
D’accord, les pauvres, et les orphelins de démocratie, c’est plus nombreux. Et sans multiplication de provisions, point d’épargne. Et sans cette dernière, adieu l’enrichissement. Personnel s’entend !

Bamako, le 1er octobre 2009
Monsieur Aboubacrine ASSADEK
DER de mathématiques et informatique –FAST Université de Bamako-Mali.
assadekab@gmail.com55
Gsm : +22376434964


"Gouvernance, décence et licence"

Si un gouvernement se permet de descendre à un niveau de faiblesse tel qu’on le voit, la construction de L'Etat-nation devient forcement un chantier en régression. Sans avancer comme Gossiaux que "l'ethnique est l'antonyme de civilisé, on peut, toutefois, souligner sans risque de se tromper que la parcellisation des intérêts que ne favorise pas la formation intégrée d'une identité nationale ni la constitution d'une nation. Tenez, cette petite déconnexion entre deux affaires quasi identiques :

Entre la cassette de Bandiougou et l’affaire de la maîtresse, il y a des années lumière :
1-     Bandiougou cite nommément des gens, alors que le texte de la maîtresse ne met un nom sur aucun visage à l’exception de fille-mère Oumou.
2-     Bandiougou insulte grossièrement des gens, tandis que le texte de la maîtresse ne profère aucune grossièreté contre qui que ce soit.
3-     Bandiougou incite à la vindicte populaire et même au coup d’Etat militaire, alors que le texte de la maîtresse invite plutôt à la compréhension et à la tolérance en insistant sur le fait que c’est une « pure fiction » qu’il ne faut pas confondre avec quelque réalité que ce soit.
Malgré tout cela, l’enseignant auteur du texte et les journalistes commentateurs ont été jetés en prison, mais Bandiougou n’a pas été inquiété, pour une raison simple : la justice est instrumentalisée au Mali.

Car l’enseignant a été d’abord entendu à la Sécurité d’Etat pendant deux jours et c’est de là-bas qu’il a été conduit au bureau du procureur Théra. Il a dit à ce dernier que lui-même n’était pas le premier auteur de ce texte qui est traité dans le lycée en question au moins depuis 3 ans. La preuve, a-t-il dit au procureur, est dans un vieux cahier que la Sécurité d’Etat a confisqué avant de le conduire dans son bureau. Les agents de la Sécurité d’Etat ont comparé les deux textes, l’ancien et le nouveau, et ils se sont rendu compte que les deux textes étaient identiques point par point et virgule par virgule. Ses propos allaient être confirmés plus tard par l’auteur de la pièce de théâtre d’où le texte a été tiré, une certaine Hawa Diallo, avec le titre originel de « Culotte baissée ». La pièce a même été jouée au Centre culturel français au temps du président Alpha.

Quant au journaliste, il a fait savoir qu’il ne connaissait pas auparavant l’enseignant, ni d’Adam ni d’Eve.
Mais la Sécurité d’Etat et le procureur Théra n’ont rien voulu entendre, car la consigne était donnée de casser du journaliste rebelle qui ne souffle pas dans la même trompette griotique pour encenser le régime ATT.
L’autre vérité de la maîtresse, c’est en réalité celle de l’adage selon lequel « Qui se sent morveux se mouche », sinon il n’y avait rien du tout.
Mais quelque part, c’est Dieu qui a peut-être vengé à travers Bandiougou l’enseignant et les journalistes qui ont été emprisonnés pour une faute qu’ils n’ont pas commises, si ce n’est le crime de lèse majesté.    

Tout cela conduit à une implacable injustice et nous fait dire que l’impasse qui s’installe, le manque d’initiative réaliste, l’absence de dépassement de soi, l’insuffisante mobilité, parce que criants, tirent la sonnette d’alarme sur une situation qui nous installe inconfortablement dans un face à face, tels des chiens de faïence.

L’option du dialogue est l’issue, dans ce contexte d’incertitude, qui nous permettrait d’échapper à l’insuccès. Le retour au passé ou le spectre du ressenti douloureux que nous avons vécu, il n’y a pas longtemps, est suffisant pour doper notre génie de créativité et notre sens de la raison.

Aujourd’hui, il est impératif de donner le temps d’analyser et d’approfondir les questions qui nous préoccupent tous et ensemble. Si nous nous occupons tout simplement à ne chercher que la solution de la crise actuelle dans la perspective d’élections présidentielles (ou de 3ème mandat ? ? ), nous passerons, encore une fois, à côté de l’essentiel. Et nous aurons cultivé et nourri les mêmes germes qui ont conduits à notre instabilité politique.
Il faut tout remettre en cause. Tout refonder. Et tout assoir sur des nouvelles bases surtout la fonctionnalité de notre administration et de notre justice. La moralisation de la gestion de nos affaires publiques. La rééducation de nos fonctionnaires.

Les initiatives présentées jusqu’ici manquent, à mon sens, d’exhaustivité, aussi bien dans leurs formes que dans leurs profondeurs. Elles semblent vouloir seulement chercher une solution à la crise actuelle ou une façon de participer à l’événement, d’être à la mode ou d’être la vedette d’un moment.

Pour conclure, je dois dire combien j’'adhère à l'esprit et à la lettre du dialogue concernant les possibilités et perspectives de dialogue politique dans notre  pays. Pour chercher des cures à des problèmes existentiels ordinaires ou trouver des solutions à des phénomènes naturels ou pour expliquer les raisons d'un non engagement, d'un refus d'action c'est un exemple édifiant qui illustre l'ampleur du mal et ses ramifications. A cela s'y greffe une lecture biaisée et peu rigoureuse de certains concepts de religion qui obstrue l'horizon et ligote l'intelligence en prévenant tout effort émancipateur.

Bamako, le 24 septembre 2009
Professeur Aboubacrine ASSADEK

Département de mathématiques et d’informatique de la FAST-Université de Bamako

gsm : +22376434964

 

Un commentaire. Dernier par acheter facilement un jeu ou un jouet le 16-07-2013 à 10h02 - Permalien - Partager
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