Les grands esprits du judo
Judokas de France et de Navarre, courez au kiosque vous procurer le « meilleur magazine du monde ». Rien que ça. Ce n’est pas le journaliste auteur de ces lignes qui gratifie de tant d’éloges L’Esprit du judo, mais bien la Fédération internationale de judo (FIJ) qui a décerné le « Gold Print Media » à ce canard d’exception en août dernier, avant le lancement des championnats du monde à Paris. Si quelque réfractaire au papier douterait encore de la fiabilité d’un tel titre, rien de tel que le dernier numéro (qui vient de sortir) pour vous en convaincre.
A peine sortons-nous de Mondiaux grandioses sur nos terres, des images plein la tête, que nos irréductibles journalistes spécialisés remettent ça. Quoi ? La révélation d’Ugo Legrand (–73 kg), les victoires de Gévrise Emane (–63 kg), de Lucie Decosse (–70 kg), d’Audrey Tcheuméo (–78 kg). Et le sacre bien sûr de Teddy Riner (+100 kg).
D’ores et déjà, il convient de signaler la Une qui titre : « Pourquoi les Jeux sont faits ? »A dix mois des JO, le pari semble risqué d’aller si vite en besogne. Et pourtant, l’analyse d’Emmanuel Charlot est des plus pertinente. Tout juste est-ce, pour lui, une « prospective audacieuse ». L’argumentaire, en effet, est des plus imparable. « Qui ira chercher Riner, Sobirov, Kim ou Iliadis ? », interroge-t-il. Bien inspiré celui qui pourra répondre. A Paris, la hiérarchie a été respectée, et hormis le Coréen Wang Ki-Chun, les grands leaders de chaque catégorie ont su renforcer leur leadership. Malgré tout, M. Charlot se préserve de tout dogmatisme. On a vu plus d’un pronostic voler en éclats… et c’est tant mieux.
L’autre grand volet est consacré à cette fameuse équipe Brésilienne qui montre tellement d’envie sur le tatami et nous régale d’un judo souple, fluide et en mouvement. Durant l’épreuve par équipes (où le Brésil a perdu en finale contre les Français), L’Esprit du judo n’a pas lâché d’un zori les Guilheiro, Camillo, Canto et consorts, les têtes de pont d’une équipe en devenir. Lever 6 heures, du petit déjeuner jusqu’à la chambre d’hôtel, passant de longues heures avec eux dans la salle d’échauffement. Il en ressort des témoignages poignants, une complicité rare, des photos qui montrent bien la dimension quasi-mystique de cette équipe. Mention spéciale à l’article « Le judo ou la mort », le destin de Rafaela Silva (–57 kg), cette combattante redoutable de 19 ans qui est devenue vice-championne du monde à Paris. La Brésilienne est née dans la cité de Dieu, la plus grande favela campée sur les hauteurs de Rio. Gagner un maximum d’argent pour sortir les siens de la misère… tel est le sens de sa vie qu’un « tatouage brut figé dans sa peau métisse » symbolise.
Une fois de plus, l’équipe de ce magazine a su utiliser sa capacité à anticiper, à voir le judo de demain. Et ça tombe bien, Les prochains championnats du monde auront lieu au Brésil en 2013. Un détail qui n’a pas échappé à Emmanuel Charlot, Olivier Rémy, Anthony Diao et leur petite équipe qui s’activent dans la rédaction pour produire « le meilleur magazine du monde ».
Florent Bouteiller