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Ben et le Judo Handisport

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Le Canard au bec fin des judokas Posté le Vendredi 30 Décembre 2011 à 22h00
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Emmanuel Charlot (au premier plan) et Olivier Remy, rédacteurs en chef de "L'Esprit du judo", le 12 novembre, lors des championnats de France de judo 1ère division à Liévin (Nord-Pas-de-Calais).
 
 
 
Anciens journalistes à « Judo Magazine », Emmanuel Charlot et Olivier Remy sont parvenus à réaliser le canard de leur rêve. En six ans d’existence, le bimestriel « L’Esprit de judo » est devenu une référence pour des milliers de lecteurs passionnés
 
Emmanuel Charlot (au premier plan) et Olivier Remy, rédacteurs en chef de "L'Esprit du judo", le 12 novembre, lors des championnats de France de judo 1ère division à Liévin (Nord-Pas-de-Calais).
On se croirait en Grande-Bretagne si ce n’est les panneaux, en français, pour nous rappeler que nous n’avons pas franchi la Manche. Même figuration : au nord s’étend un bras de la Seine comme ailleurs la Tamise. A quelques encablures de la mairie d’Ivry-sur-Seine, un immense hangar jalonné de porches se dresse, hiératique. Les briques d’un rouge passé sont fouettées par un vent sec glacial qui balaye les émanations de ce qui paraît être un haut fourneau, crachant un fog mystérieux. Un couloir, bientôt un corridor débouche sur une pelouse verdoyante qui contraste avec ce lieu aux allures de friche industrielle. C’est ici, dans un atelier flambant à deux mezzanines, que L’Esprit du judo a élu domicile. Sur d’immenses tables en chênes, les journalistes de K-Editions s’activent. Ici, le directeur artistique retouche une dernière page avant de sortir un BAT (bon à tirer) ; là, un rédacteur passe en revue un disque dur pour mettre la main sur une satanée photo. Quand enfin, Euréka ! La voilà.
 Emmanuel Charlot et Olivier Remy, les deux rédacteurs en chef du magazine, jettent furtivement un œil sur la retransmission du tournoi d’Abu Dhabi. Rien à glaner aujourd’hui, désespèrent-ils. Les Français n’ont pas brillé. Olivier Remy s’en retourne à son bureau. Connecté sur Twitter et Facebook, il navigue sur le Web en quête d’informations. « Les Français ne sont pas très bons sur les réseaux sociaux, mais nous sommes en relation avec beaucoup de judokas étrangers comme les Hollandais ou les Brésiliens qui sont très actifs », assure-t-il. De son côté, Emmanuel Charlot classe la multitude de photos qui habitent ses clés USB et autres disques durs. Il y en a des dizaines de milliers. Et parfois, il revisite avec émotion un passé pas si lointain. Quand L’Esprit du judo n’était encore qu’un grand rêve, un avorton dans leurs têtes.
Il paraît loin déjà le temps où les deux journalistes avaient tout à construire, se faire une place dans une niche où seul le canard fédéral Judo Magazine s’imposait comme la référence indiscutable… et pourtant sur le déclin. Aujourd’hui, le petit a dépassé le gros. D’une poignée d’abonnés à ses débuts, L’Esprit du judo a dépassé le pic de rentabilité des 12000 exemplaires vendus en kiosque pour une audience d’environ 20000 lecteurs. Et cerise sur le gâteau, la reconnaissance est intervenue quelques jours avant les championnats du monde en août à Paris, lorsque le canard s’est vu remettre le Gold Print Media par la Fédération internationale de judo (FIJ).
 
Le N° 35, novembre-décembre 2011 est dans les kiosques. Un dossier entier est consacré à la fameuse "planchette japonaise".
Transfuges de Judo Magazine, Olivier Remy et Emmanuel Charlot avaient toute la matière pour se lancer dans l’aventure. « On connaissait le milieu par cœur, on s’était déplacés sur tous les championnats nationaux, internationaux; et on avait une relation privilégiée avec les athlètes. Quand on s’est fait débarqué de Judo Magazine, une alternative se posait à nous. Soit on se séparait et on en restait là, soit on fusionnait nos connaissances pour faire un magazine d’un genre nouveau. » Les fonds, ils les trouvent auprès de Bruno Laneyrie (qui éditait à l’époque Judo Magazine), directeur de K-Editions qui édite entre autres des magazines fédéraux de karaté ou encore d’athlétisme.
Le premier magazine sort en novembre 2005. « On était fauchés complètement, mais on était bien décidés à gagner notre liberté. Avec Laurent Baheux, notre photographe, on s’est payé un billet d’avion pour assister aux championnats du monde au Caire. Il fallait voir la tête déconfite des cadres fédéraux ! Finalement, on est revenu avec plein de reportages et d’idées dans nos valises », se souvient Emmanuel Charlot. Et pour ne rien gâter, Lucie Decosse, leur coqueluche, décrochait son premier titre de championne du monde en –63 kg. Tout un symbole.
Crânes rasés, judokas pratiquants, baroudeurs infatigables… les deux journalistes revendiquent une passion commune qui fait toute la qualité et la valeur ajoutée de leur magazine. Et si ce n’est leurs vêtements ordinaires, on croirait deux moines Shaolin échappés d’un temple. « Moi, je suis l’organisation ; lui c’est l’intelligence », blague Olivier Remy, 35 ans, autrement appelé « Le Nouveau Testament ». L’Ancien n’étant autre qu’Emmanuel Charlot, une Bible à lui tout seul. Un judoka qui ne vous dit rien, une technique qui vous laisse coi, une clé de l’Histoire qui manque pour faire sens… l’homme a réponse à tout. Pour s’en persuader, il y a juste à puiser dans l’un de ses nombreux éditos, melting-pot d’histoire, de savoir et d’actualité.
Depuis cinq ans, les deux journalistes courent aux quatre coins du globe. Emmanuel Charlot, qui s’est collé à la photo par nécessité et par passion, immortalise les pions monumentaux des plus grands judokas. Olivier Remy, pour sa part, rédige les déroulés de compétition en temps réel, passe son temps dans les couloirs et les salles d’échauffement en quête d’information. Le duo fonctionne si bien qu’autour d’eux s’est greffée toute une solide équipe de rédacteurs, de photographes et de chroniqueurs comme Anthony Diao, Robert Danis (photographe suisse enseignant le judo), Jane Bridge (championne du monde en 1980), Ronaldo Veitia (l’entraîneur mythique de Cuba), Guy Delvingt (expert 7e dan), Yves Cadot (docteur à l’université de Paris) ou encore Gotaro Ogawa (ancien ambassadeur du Japon).
 Des voyages, ils ont rapporté des souvenirs émus. Comme cette fois en 2009 où ils partirent en Géorgie pour assister aux championnats d’Europe et décidèrent de rester une semaine durant. « On a passé des soirées extraordinaires avec les Géorgiens qui nous invitaient de maison en maison. Les repas bien arrosés et la fête occupent une large place dans leur vie. Certains soirs, j’avais même du mal à me souvenir où j’étais », raconte M. Charlot. « Dans une salle de judo, on a croisé un petit de 12 ans, Gyorgy, qui combattait avec une ceinture rouge parce qu’il n’avait que ça sous la main, se souvient Olivier Remy. C’était sa manière à lui de pratiquer le judo. On a trouvé ça tellement fort qu’on a mis Gyorgy et sa belle ceinture en une du magazine. » Une autre fois, la star du judo brésilien Flavio Canto les a emmenés dans une des plus grandes favelas de Rio. « On s’est dit qu’on en ressortirait pas. D’habitude, les occidentaux ne peuvent même pas passer l’entrée. Là, on a vu ce que c’était que la misère », assure Emmanuel Charlot. « Quand on vit des moments aussi forts, on se dit que nous avons une vraie responsabilité, qu’on doit être juste et fidèle dans notre retranscription car il y a des gens qui nous font confiance, ajoute Olivier Remy. L’Esprit du judo, c’est ça aussi. Une exigence de qualité pour un public qui partage et qui croit, comme nous, aux valeurs du judo. »
Florent Bouteiller
L’Esprit du judo, 5,50 euros par numéro
www.lespritdujudo.com
 
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