Après un bon et intéressant Sabbat,
Après avoir loué celui qui dans la nuit
S’élance avec son glaive au combat,
Celui dont l’épée dans les ténèbres luit
Pour en poussière réduire ses ennemis,
Lorsque je me rendis en ma demeure,
Là ou vivent parents, frères et amis,
Je me sentis seul comme quand on meurt
Et autour de soi sent la tristesse de la vie.
Malgré les bruits faits tout autour de moi,
Rien ne pouvait me rendre joyeux et ravi,
Rien à vrai dire ne pouvait me mettre en émoi.
Aussitôt je fus envahi par une mélancolie
Si grande et si immense, véritable tristesse,
Si bien que je semblais me voir dans la glace de la folie
Tant je mourais pour faire l’expérience de l’allégresse
Mais en mon for intérieur il n’y avait pas la joie.
Je décidai d’aller dans ma chambre un peu mourir
De la mort dont meurt quiconque toutes les fois
Après avoir perdu le goût de l’éveil et du sourire,
Cependant ce fut impossible sur les ailes du sommeil
De m’élever par cette nuit douce, paisible et calme
Car je voyais avancer les pieds de ce vilain écueil
Qui paraissait me soumettre à ses mauvais charmes.
Mais comme m’avait dit un jour un de mes pères
Source de la vraie intelligence, du grand savoir du jour,
Sur qui je ne cesse de prendre tous mes repères,
Je me levai sans peine, sans courage ni bravoure
Pour, sur ma table en plein milieu du salon,
Venir me reposer par l’écriture d’un poème,
De ces poèmes qui semblent toujours longs
Mais que l’on écrit pour la femme qu’on aime,
Pour elle, elle, et elle seule seulement.
Là, les mots aisément semblaient tous couler
Et la vie reprendre sons goût normal.Si je mens
Puisse Dieu dans la géhenne entièrement me faire brûler.