Breizh-Box

Elle s avance, penchée vers l avant, pousée par un vent imaginaire. Comme si elle portait déja la mort sur ses épaules. La première chose que l on remarque en la regardant  marcher, c est son âge, la seconde, ce sont ses cheveux.

Nous sommes un matin, comme tant d autres matins, nous sommes au coeur d une petite artère d une ville de province, quand je dis ville....

La rue est assez jolie, elle est refaite de neuf, les pavés posés n ont pas plus d un an, et cotoient des maisons centenaires. C est une rue commercante, des coiffeurs, des agences immobilieres, des boutiques de toutes sortes, ....

A cette heure, la circulation n y est ni dense ni fluide, elle est entre les 2.

C est donc sur le trottoir droit qu elle chemine, a 2 pas ou 3 de la boulangerie. Elle a laissé derrière elle le vieux cinéma, elle progresse penchée en "i" majuscule.

Ses jambes semblent lourdes, ses bras aussi. Elle porte a la main gauche un sac de paille et de toile aux motifs bordeaux. Tout laisse croire qu il n y a rien ou presque a l intérieur, tout au plus son porte monnaie. Et elle avance, décidée.

Je me doute de l endroit ou elle va, nous sommes a quelques pas des halles, a quelques pas sans aucun doute a quelques minutes pour elle. la démarche est lente, mais elle avance.

Quel age a t elle ?

Allez savoir, 80 ans au mieux. elle ne regarde rien autour, elle ne regarde que devant et a ses pieds certaines fois.

Elle a choisi le coté ombragé de la rue, je me dis qu elle serait mieux au soleil. Mais ca, ca c est mon avis. Son long manteau gris ne laisse rien dépassé.

En haut du manteau, est posé son visage, de loin je ne vois que les plis de ses milliers de jours . Cependant, je ne vois pas ses yeux, pourtant que c est important les yeux, je suis certain que les siens scintillent, qu ils ont de la couleur, et que derriere ceux ci, des dizaines de vies et d images ont été regardées.

J en viens a la seconde chose qui a  attiré mon attention sur elle, il s agit de ses cheveux.

Au premier regard, on se rend compte qu il ne collent pas au personnage.

Non, ils ne sont pas gris, c est un auburn foncé qui coiffe la tête de la vieille dame. On dirait qu il sont pliés presque repassés!

On voit au second regard, qu il s agit d une perruque. La lumière y entre et  fait briller ses cheveux.

Apres on peut se demander si la coquetterie pousse une vieille femme a se pomponner de la sorte, a moins qu une maladie ne l oblige a la porter peut etre.

Mais pour elle ca ne semble pas important, elle progresse, elle va aux halles acheter son poisson.

Elle passe la maison du chocolat qui trone a l angle de la rue, elle oblique et je la perds de vue...

Vivement demain...