Breizh-Box

J aurais pu faire le portrait d Ingrid Betancourt mais tout le monde la connait et certains saturent, tant pis pour eux....

Bref, je vous parlerai aujourd hui d un homme que j ai rencontré la semaine dernière, non, je vous parlerai aujourd hui d un homme qui m a rencontré la semaine dernière.

Nous voici donc en fin d apres midi, un apres midi d été, ou le ciel n a plus de profondeur tellement il est bleu, dans l air flottent déja les parfums des chataigners qui sont en pleine floraison en ce début d éte, une odeur apre qui est reconnaissable entre mille.

Je m étais garé en parallèle a la boulangerie, de loin je l ai vu déscendre la rue du médecin, celle qui remonte vers le nord.  Une longue silhouette qui avancait d un pas décidé presque rapide. Je n y ai pas prêté plus d attention que ca, j avais autre chose a faire.

Une fois fait ce que je devais, il avait avancé de plusieurs mètres, il était plus net. Il a levé la main, d instinct  je me retourné pour voir qui il saluait ainsi de la main. Derrière moi, il n y avait personne!

Je ne sais pas pourquoi ni comment j ai perdu du temps, je ne sais pas pourquoi ni comment je n ai pas pris la route tout de suite , toujours est il qu en moins de temps qu il ne faut a la pluie pour arriver en Bretagne, l homme se tenait a ma porte.

Je ne l avais jamais vu, je ne le connaissait ni de Dave ni de Jean. Pourtant le voici, a coté de ma voiture, a coté de ma vitre, a coté de moi. Maintenant qu il était si pres, je voyais bien que c était un vieillard, je voyais bien qu il s était endimanché, oui ca je le voyais bien il était a 50 centimètres de moi.

Comme il me regardait par la fenêtre, comme on regarde un singe au zoo, j ai baissé la vitre et me voila donc a parler avec lui. J aurais du écouter ma mère! Combien de fois m a t elle répété lorsque j étais enfant qu il ne fallait pas parler a des inconnus, oui combien de fois?

Bon pour etre honnête, il n avait pas l air tres dangereux et il ne m a pas proposé de bombons alors j ai écouté ce qu il avait a dire en le regardant de plus près.

Il était rayé de toute part, sur son visage, le temps avait creusé de profonds sillons. Ses yeux etaient bleus, mais pas d un bleu franc, un bleu voilé par une perceptible cataracte.

Il avait l air tout agité, sa bouche tremblait, on aurait dit qu il fuyait quelque chose, il portait une echarpe jaune détail incongru par le temps qu il faisait, il avait revêtu sans doute sa plus belle veste en tweed marron, avec un pantalon déparaillé et a ses pieds, il portait des bottines noires de faux cuir. Il était étrange, surréaliste, a cette heure les vieux n erent pas dans la rue, ils regardent des chiffres et de lettres a la télé, enfin je crois moi les vieux j aime pas trop ca. Non j aime pas trop ca les vieux, ils sont inutiles a la société

( d ailleurs je pense qu on devrait les piquer a 50 ans), ils sentent le vieux placard, ils radotent leurs vieux temps et ne savent meme pas ce qu est un MP3.......Non moi j aime pas ca les vieux!

Je plaisante, meme si il faut reconnaitre que l on fait aujourd hui tout pour les cacher a la vue des gens en les parquant dans des mouroirs.

Bon, je me recentre, une fois la vitre baissé c est lui qui se baisse, il s accroche a ma voiture, et me demande si je peux le conduire a 800 mètres de la.

Manquait plus que ca un vieux qui fait du stop et faut que ca tombe sur moi! et qui va faire ce que j avais a faire si je vais la ou il veut? et qui va me payer l essence il connait le prix du litre le pépère? et qui va tondre ma pelouse?

Ben oui, mais vous vous auriez fait quoi? si un homme hors d age vous avait demandé un droit de siège dans votre véhicule?

Ben oui, j ai dit d accord....

Et le voila qui monte, pas gèné pour un sou, il me dit la ou il veut aller, pourquoi il veut y aller...et on y va...

En fait voici l histoire, tout endimanché qu il est, le vieux monsieur veut se rendre chez le taxi pour le réserver pour demain matin 11 heures car il a un scaner a faire.

Non décidement ca coute trop cher a la sécu un vieux.

Et nous voila donc partis tous deux a 800 mètres de la....

Chemin faisant, je lui fais la conversation, j suis pas sauvage tout de même, et la j apprends pèle mèle qu il a 88 ans, qu il préfère se rendre chez le taxi pour le commander parce que le téléphone il sait pas trop comment faire.....qu il a un fils et une fille, son fils est a Laval sa fille a Beaune, qu il a travaillé tel champs dans le temps, que la solidarité d hier entre les gens n existe plus, qu il a fait de la prison.....

Pffff, nous voila arrivé, ce fut court ce fut long, je me gare sur le bas coté il sort, Je lui demande comment il compte rentrer? et il me répond tout de go : " Ben Avec vous!"

Il disparait dans mon rétroviseur, problème le taxi est en face pas derrière!

Il revient, traverse la route, et sonne. Mauvaise pioche la dame du taxi n est pas la elle a du partir faire une course, il insite sur la sonnette...et finit par me rejoindre.

Je sors de la voiture, je vais noter le numéro de télephone du taxi malgré tout sur un bout de papier  et le lui tend.

Et puis, et puis, on rentre, il m indique une maison dans le bourg, j ignore si c est la sienne, je le dépose, il sort, sans me dire merci et sonne, puis rentre.

Et moi je reste comme un gland sur le bord de la route une trentaines de secondes avant de reprendre le cours de ma vie....

Vivement demain...