Breizh-Box

Il remonte la rue,

Elle porte un pantalon blanc.

Il a de larges lunettes avec une monture noire sur le nez.

Elle a les cheveux mi-longs.

Elle a des talons aiguilles rouges a vue d oeil,  je les jauge a sept centimètres.

Il porte plusieurs bagues a ses doigts.

Elle a mis un tee shirt bleu marine, derriere lequel on devine une poitrine.

Il  a, c est certain plus de cinquante ans,

Elle balance son corps avec trop d indolence, pour que sa demarche ne soit naturelle.

Il a un petit sac a main rouge jeté sur son épaule,

Elle a sur le visage, cela se voit même de loin, les marques de sa barbe noire

L air est bon, il y a un peu de soleil en cet apres midi, on est loin des torpeurs provencales mais on fait avec...

Il , elle, marche.

C est ce mouvement qui a pris mon regard par surprise, alors que je filais a 30 a l heure dans cette petite rue qui redescend en pente douce vers la place du village, vers le golf, vers la mer. Puis, je suis resté fixé sur cet il, sur cette elle, sur ce qu elle est, sur ce qu il voudrait être, ni tout a fait l un, ni tout a fait l une.

Je me suis dit qu il lui fallait sans doute bien du courage pour pousser au grand jour l ombre de ses espoirs, de ses folies.

Je me suis dit que la nature parfois se trompe.

Je me suis dit que dans ces pas, on pouvait compter les injures qu il a recu  , je me suis dit que voutant ainsi son dos en marchant, on pouvait presque voir  le fardeau qu elle porte.

Je me suis dit, qu il y a plusieurs années, j aurais bien rit.

Je me suis demandé comment je devrais lui dire bonjour si nous etions face a face.

Je me suis dit tout ca et je suis passé a autre chose. A ce beau bateau blanc qui file vers l océan en sortant du port, toutes voiles dehors, non il n y a plus, de nos jours, de bateaux a vapeur, par ici.

Vivement Demain...