Breizh-Box

Unité de temps : septembre 08, 15 h 45

Ciel : plutot bleu

Température : 17°

Lieu : route départementale

Il ne comprend pas.

Il est en blue jeans, tee-shirt gris foncé, des chaussures de sport aux pieds.

Il est au milieu de la route, comme en équilibre sur la ligne blanche.

Il ne comprend pas.

Il ne parle pas, il ne bouge pas, il regarde.

Ses yeux sont vides, ils voient sans voir.

Son visage est jeune, 25 ans à peine.

Tout le monde s'agite autour de lui, je le regarde, je lui demande si il va bien, il ne me répond pas. Il est ailleurs.

Il ne comprend pas.

Le temps s'est arrêté pour lui. Il est resté coincé au moment de l'impact.

Il ne comprend pas.

Pour ma part, je commence à comprendre. Je sais un grand bon en avant, un rapide retour vers l'arrière. Je sais le choc de ma nuque sur l'appuie tête. Je sais que j'ai littéralement perdu les pédales, ne sachant plus laquelle était le frein, laquelle était l'accélerateur. Tout ça va vite, pourtant il me semble que le temps s'étend. Il me semble que ces quelques secondes s'étirent, il me semble qu'elles se répandent en cercles concentriques, comme des ricochets sur l'eau d'un grand lac sombre.

Il ne comprend pas.

Et le voila hagard, l'oeil vide, les bras ballants. Je le vois pris par l'un, tiré par l'autre, il regarde, il évalue. Il constate le tas de tole froissé qu'il a compressé du bout des pieds. Il semble s'en foutre.

Il ne comprend pas.

Il est totalement en lui, prostré.

Je fais ce que j'ai à faire, comme tout les autres, garage, assurance, maison...

Je le vois, plus tard, de l'autre coté de la chaussée, assis dans l'herbe un pull posé sur les épaules, les yeux toujours vacillants, les yeux toujours perdus, les yeux toujours éteints.

Et puis il disparait, sans que je le sache. Je ne le reverrai plus.

La seule chose que j'aurais voulu lui dire, c'est  qu'il n'y a, bien souvent, rien à comprendre dans un accident, ça arrive c'est tout.

Peut être l'a t il compris?

Vivement Demain.