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Déca-Danse

décadence...

Cher B, Posté le Samedi 29 Mai 2010 à 16h38

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Ca y est, je reviens de mon rendez vous. Cela fait trois fois que je tape ce texte, car l’ordi plante… j’en ai assez de recommencer.

 

Tout d’abord, je suis passée à carrefour, pour m’acheter à manger car j’allais rentré tard. J’ai acheté trois sandwich (dont je n'ai pas mangé un seul après le rendez vous car j'avais mal au coeur), car je n’arrivais pas à choisir, et j’étais trop angoissée pour m’imposer de devoir faire un choix, et avoir plusieurs choses, ca me rassure, et j’ai acheté de l’alcool bien sur. Ensuite j’ai cru que j’allais arriver en retard, le périph était bouché comme de bien entendu.

 

Bref, j’arrive devant la porte à moins une, et je n’ai pas le temps de souffler un coup, et de respirer, de penser. C’est peut être mieux, finalement, sinon j’aurai peut être fait demi tours.

 

Les premiers moments ont été franchement désagréables. Ma respiration allait trop vite, je tremblais à l’intérieur, je n’avais plus aucun contrôle sur ma voix, et je n’arrivais pas à finir mes phrases, ma pensée était hachée, et j’avais l’impression qu’on était trop proches, que les murs de la pièce se rapprochaient, et que même les molécules d’airs étaient trop serrées…

 

J’ai parlé de mon décalage, en citant deux exemples. Le fait, que je me sens handicapée des émotions, et l’exemple de l’enterrement de papy. Que je ne m’étais pas sentie concernée par la cérémonie, parce que pour moi, je ne vois pas l’intérêt de prier à coté d’un tas de chaire, car la personne est plus là. Qu’elle ne peut pas nous voir de là haut, parce qu’elle n’est plus la. Elle est morte. Elle n’existe plus. Il m’a demandé si j’aimais papy. Evidemment, je l’adorais, j’ai tellement de bons souvenirs, et c’est vrai qu’il me manque. Mais, je me fiche de sa tombe par exemple. Pourquoi y déposer des fleurs, puisqu’il est plus là ? Enfin, je lui parle de ma mère, et là, il me dit que c’est un deuil pathologique. Merci bien, ca me rassure, ce n’est pas moi qui ne comprend pas, c’est elle qui débloque. Je me contrôle pour ne pas m’énerver, mais moi, j'ai ai assez qu’elle tourne en boucle sur les causes de sa mort, les matches de foot, et de pleurnicher qu’il lui manque… blablabla. Et ben, on y peut rien. Il est mort, et il faut faire avec.

 

On parle donc des parents. J’explique ma mère : problématique dépressive sous couvert d’obsessionnalité, relation fusionnelle à sa mère qu’elle reproduit avec moi (et dont moi, j’aimerai bien sortir…). Et là, il me demande comment est mon père. Et ben, crois-le ou non, Cher B, je fut incapable de répondre. J’ai bredouillé : égoïste et qu’on n’est pas très proches. Mais psychologiquement parlant… comment je le décrirai ? J’en sais rien. Le grand vide. Stupeur, incapable de parler de mon père. On vit l’un à coté de l’autre, sous le même toit, mais pas ensembles ! On ne se connait pas. On a été très proches quand j’étais petite, mais depuis que j'ai dépassé "l’âge de voir papa tout nu", comme on dit, on s’est écartés. Et maintenant, on s’est perdus. Si je n’avais pas l’amour d’une fille pour son père, est ce que j’apprécierai cette personne ? Qui est-il ? Qui je suis pour lui ? 

 

Enfin, il dit que mes parents ne vont pas bien. Alléluia, je ne suis donc pas la seule à être folle dans cette famille !!! Mieux que ca, peut être que je ne suis pas complètement responsable de ma folie ? Je savais que ma mère tournait pas rond, mais savoir que c'est les deux, et se l'entendre de dire par quelqu'un de compétent,ca change tout (ca enlève le doute que j'avais de pensé ca juste pour me trouver une excuse). Cher B, tu ne peux savoir ce que cela soulage, de savoir que je n’ai pas l’entière responsabilité de ma pathétique petite vie, que les paramètres parentaux, ont en effet participé à faire de moi, ce que je suis devenue.

 

Il me dit que continuer à me sacrifier en allant mal pour que mes parents tiennent debout, n’est pas une solution. Ca j’avais cru m’en apercevoir, mais je n’ai jamais pensé que c’était d’aller mal qui était le sacrifice. Qu’est ce que ca leur rapporte à mes parents que j’aille mal, d’ailleurs ? Je devrai y réfléchir, ca pourrait me surprendre. Non, le sacrifice c’est de m’être maintes fois retenue de m’achever, juste pour ne pas anéantir mes parents. Si j’avais pensé qu’ils s’en relèveraient, je ne serai plus là aujourd’hui. Cette fichue dette de vie… je ne peux pas devoir une dette de vie à la femme qui m’a abandonnée parce qu’elle ma mise au monde, puisque : au monde, seul, on meurt. Donc, ca ne marche pas. Je dois une dette de vie à ceux qui m’ont choisit par la suite, et je leur dois une dette de « non-mort », car ils ont su pourvoir à mes besoins élémentaires. Pour raccourcir, je leur dois plus car "sauver" est plus fort que donner la vie. Et j’ai tout fait, j’ai vraiment essayé d’être la fille parfaite pour eux, pour qu’ils ne regrettent pas de m’avoir choisie. Mais voilà, où j’en suis, quelle lamentable réussite. Si je renonce au sacrifice de me maintenir en vie, c’est la mort. C’est d’une logique imparable, et j'imagine la paix que je pourrais m'offrir . Mais, aujourd’hui, je voudrai ce qu’il y a entre. Je ne veux pas que ma vie soit un sacrifice, et je ne veux pas mourir non plus.je voudrai que ma vie est un sens, une direction, un but. J’aimerai exister pour de vrai avec un grand E, et non comme quelqu’un de mort à l’intérieur, quelqu’un qui ne devait/devrai pas vivre. Exister, et être heureuse d’exister.

 

Il m’a donné des adresses. Malgré qu’on en ait rediscuté, il n’a pas changé d’avis. "La raison du plus fort est toujours la meilleure" (comme dirait Jean de la Fontaine), et je n’ai pas le choix. Je devrai avoir confiance en eux, parce qu’il a confiance en eux… hum, pas convaincue. Et pis, en plus, ce sont des psychanalystes psychiatres ?! Et dans quel sens on doit le dire d’ailleurs. Sur les pages jaunes, y’en a un qui dit juste « psychiatre », et l’autre qui dit juste « analyste »… ils sont les deux, alors ou pas ? et à combien de pourcentage ? Et pis, psychiatres, ca fait trop médical. Il dit que s’il me prend en analyse, l’investissement sera faussé. Et si je les investis pas les autres ? Parce que c’est bien ca mon problème, je n’investis personne, où alors, c'est qu'il y a déjà un transfert à la base. Pourquoi ne peut pas on pas choisir son analyste ? on est quand même grandement concerné, c'est notre psychisme qu'on apporte sur le plateau quand même, argh !!

 

Bref, ce qui fait du bien, c’est d’avoir eu enfin un espace, avec une personne disponible, ou on peut dire ce qu’on veut, parce que « ce n’est pas sa vie » et que ma fois, il passera à autre chose lorsque on a passé la porte pour partir. Etre entendu, c’est incroyable… on a vraiment l’impression d’avoir parlé et encore mieux « à quelqu’un ». Et pis, les pensées reviennent changées. C’est comme des molécules qui se réorganiseraient au niveau atomique. Ce qui fait du bien, c’est aussi de ne plus porter seule le poids de tout ce qui ne va pas chez moi. Mes parents n’y sont pas pour rien, je ne suis pas coupable de la totalité de ce qui m’arrive.

 

Mais, ces soulagements sont de courtes durées, car cet espace temps n’existe déjà plus. La bouteille a été remise à la mer par la main qui l'avait saisi, même si elle a été jetée dans le sens du courant. Il faut que j’aille voir quelqu’un d’autre, un inconnu. Qui me prouve qu’il m’écoutera lui ? Je me sens peinée, ou plutôt je ressens de la détresse. C’est un peu comme repartir à zéro. Le seul fait qui prouve le contraire, c’est que je vais voir quelqu’un en qui il a confiance. C’est ce qui diffère d’avoir tirée au sort dans les pages jaunes. A part cela, il faudra encore : appeler pour prendre rendez vous et je déteste le téléphone, attendre le rendez vous dans l’angoisse, aller au rendez vous dans un train où tout le monde est serré et me semble inquiétant. Etre au rendez vous où il va falloir que je répète ce que j’ai dis aujourd’hui tout en m’auto convaincant d’une confiance potentielle que je ne ressens pas, et en contrôlant sans cesse l’instinct de répulsion que je vais éprouver pour cette personne. Rentrer du rendez vous dans ce même train la tête pleine de pensée qui s’entremêlent, et m’obnubilent. Et tout ca pour quoi ? Pour moi ? Est ce que je pense valoir la peine de tout ca ? Est-ce que je pense mériter d’aller mieux ?

 

Cher B, quel engluement paralysant et glacé…

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