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Déca-Danse

décadence...

Haïti, R. SAINT-ELOI Posté le Dimanche 17 Octobre 2010 à 11h36

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Haïti, Kenbe la !  R. SAINT-ELOI, Michel Lafon 2010, ISBN : 978-2-7499-1264-6

 

"Dans un désastre général, il y a toujours le désastre de soi. Cette part de soi engloutie sous les décombres. L'être en perdition. Instantas où toute mesure de soi, de l'autre est suspendue. Tout est au fond du gouffre. Cela vous arrive-t-il de tout mettre entre parenthèses, de tout nier en bloc ? Le corps et l'identité. Surtout l'identité.", Haïti, R. Saint-Eloi, p38

"Je voudrais oublier ces images catastrophiques qui marchent en moi comme des araignées folles." Haïti, R. Saint-Eloi, p46

"Le jour se lèvera-t-il sur cette nuit ? [...] Demain ! C'est vrai que c'est un autre jour. Demain ! Est-ce un autre soleil ? J'ai si peur du mot demain." Haïti, R. Saint-Eloi, p47

"Il ne pourra sûrement pas se reposer. Trop d'angoisses dans l'air. Trop d'attentes du pire. Trop d'histoires mal tournées. Trop de larmes sèches. Trop de colère. [...] Je n'ai pas pensé à lui prensenter les condoléances. Trop d'âmes errantes. Trop de décombres. Trop de silences. Trop de cris. Trop de prières. La certitude de la mort est déjà un luxe." Haïti, R. Saint-Eloi, p 61-62

"Je suis à l'extrême de l'être humain. Largué face à la catastrophe. Seul avec le défi de survivre." Haïti, R. Saint-Eloi, p63

 "A bien voir les choses, le séisme a touorus été présent en eux. Eux qui sont sur la faille de l'existence. Chaque minute. Chaque rue. Chaque quartier. Tout est interdit. [...] Cette violence aveugle et acceptée qui les happe et les broie, les transformant en bagasse de canne que refusent les chiens faméliques. Bâtard. Cafard. [...] A fuir. A contourner. A détourner. A ne pas toucher. A ne pas fréquenter. Reclus. Blêmes. Entre parenthèses. Eclopés de toute vie. Au regard de soi.Au regard de l'autre. Ah cette belle société qui abandonne ses enfants au ventre du diable ! Sans mère. Sans père. Sans soleil. Ils n'ont pour eux et contre eux que la force de leur haine. Ils n'ont pour eux et contre eux que la tendresse de leur colère. L'innocence ensanglantée du jour arrose leur faim." Haïti, R. Saint-Eloi, p65-66

"La rose est la rose. L'épine aussi fait partie de la rose." Haïti, R. Saint-Eloi, p70

"Personne ne sait plus si le présent est un passé décomposé. Tout le monde a la certitude que le présent est un prétexte à la catastrophe. Une mauvaise plaisanterie a sapé les fondamentaux : la terre, l'eau, l'air, le feu. Les éléments se sont mués en corps flottants, fragiles et inconstants. Le temps est catapulté dans un navire à la dérive. L'imparfait ronge le présent. Se rétracte le futur dans un amas boueux. La parole perd l'assise du temps. Hier. Aujourd'hui. Demain. Rien n'a de consistance. [...] Le temps glisse, aveugle, dans l'imprécise virtuosité du désordre. Les choses manquent d'espace pour s'étendre et s'affirmer dans leur vérité. Les corps aussi." Haïti, R. Saint-Eloi, p71

"Eux au moins, ils ne pensent pas. Ils ne jouent pas à ceux qui donnent un nom à la blessure, nommer est une chose horrible quant les mots n'y peuvent rien.", Haïti, R. Saint-Eloi, p144

Un commentaire. Dernier par les transformer en jardins le 14-07-2013 à 10h54 - Permalien - Partager
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