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Mame Thierno MBACKE Ndamal Darou Posté le Mercredi 30 Septembre 2009 à 00h00

Cheikh Ibra Faty MBACKE de son vrai nom Mame Thierno Ibrahima Faty MBACKE aussi connu dans son milieu sous le sobriquet de « Ndamal Darou »est né vers 1865 à Porokhane (Diabacounda) (selon plusieurs sources concordantes)  

Ce village est situé au centre sud du Sénégal dans le département de Nioro du Rip et la région de Kaolack. Cette région fait frontière avec la République de Gambie au sud-ouest, le sénégal oriental à l’est et le sine saloum au nord.

Il fut baptisé par son père qui lui donna ce nom en hommage à l’un de ses maîtres d’école coranique toucouleur de l’époque. Il est arrivé au monde dix ans après « Serigne Touba » qui est son frère consanguin ayant marqué son époque.

 

La venue au monde de Mame Thierno Ibrahima Faty MBACKE coïnciderait (selon plusieurs sources) avec la  fameuse bataille de Pathé Badiane, village situé non loin de Paos Koto. Elle opposait l’Armée coloniale à celle de l’Almamy Maba Diakhou BA qui était en croisade contre les peuples mécréants aux alentours de son royaume afin de les obliger à se convertir à la religion musulmane, et aussi un farouche opposant de l’autorité coloniale.

 

Mor Anta Sally MBACKE, père de Mame Thierno Ibrahima MBACKE était un érudit de l’islam au côté de cet Almamy qui lui vouait une estime et une considération sans faille et s’était vu confier par ce dernier, la vulgarisation du coran et des préceptes de l’islam.

 

Sa mère Sokhna Faty Issa DIOP venant de Coki (centre nord- est du Sénégal) est originaire du Walo (région frontalière à la Mauritanie) où elle appartient à l’une des familles les plus nobles de la lignée des Diop.-

 

Mame Thierno Ibrahima MBACKE est le frère cadet de Cheikh Ahmadou Bamba MBACKE décrit comme suit

« Guide spirituel populairement connu sous le sobriquet de « Serigne Touba », le fondateur de la confrérie mouride a été pendant longtemps considéré par l’autorité coloniale comme un « rebelle » qui refusait toute forme d’alliance ou collaboration et un Almami  (conquérant au profit de l’Islam)

Même si plus tard, ces mêmes autorités coloniales avaient fini par réviser leur attitude à son égard pour le décorer de la médaille de la légion d’honneur  qui était la plus haute distinction française de l’époque.

Le Cheikh en acceptant le diplôme en guise de preuve pour la postérité, avait refusé la médaille dont les formes ne cadrent pas avec l’islam.

Il faut aussi retenir qu’à cette époque tous les roitelets et princes avaient préféré s’éloigner du Serigne que de s’allier à lui ou tenter de lui venir en aide au risque de voir s’abattre sur eux le courroux du colonisateur. Un seul d’entre eux koumba ndofene fadeb avait osé mettre en gage son manteau pour défendre sa parole et celle du Serigne accusé de préparer une guerre sainte. Cet homme mécréant mais roi du Sine, avait soutenu devant le colonialiste que le Serigne n’avait aucune autre préoccupation que ses prières et la lecture du coran et ses malles ne contenaient que des ardoises et livres coraniques. Coumba Ndoffène Fadeb régnait sur le Sine dont il est nécessaire de rappeler les origines

Avant la création de ce royaume, la région du Sine était peuplée de Sérères venant du Fouta-Toro, qu’ils ont du fuir à cause de la pression exercée sur eux par les marabouts Halpoulards voulant les convertir à l'islam, mais aussi et surtout à cause de la sécheresse qui commençait à sévir. Cette migration  dura du 11e au 13e siècles.

Après leur installation, ils mirent aussitôt en place leurs règles de gestion territoriale. Ainsi, ils divisèrent la région en lamanats contrôlés par des Lamanes qui eux-mêmes avaient sous leurs ordres plusieurs chefs locaux. Ils vivaient en paix, pratiquaient leurs cultes animistes et s’adonnaient à l'agriculture, l’élevage et la pêche qui étaient leurs principales activités.

Au début du XVe siècle, des Mandingues venus du Kaabu vinrent s’installer également dans le Sine. D'après les traditions orales, ces Malinkés faisaient partie de la noblesse Nanco de cette région. Leur départ mystérieux du Kaabu que certains pensent être volontaire à cause des terres riches et dépourvues de véritables rois ; tandis qu’une autre hypothèse soutien que leur départ serait dû au fait qu’ils voulaient faire un coup d'État au roi du Kaabu qui par punition, les avait chassés de ce terroir.

Une fois arrivés au Sine, ces Mandingues ont cohabité avec les Sérères pendant plusieurs années avant de confisquer, d’organiser et de régner sur le royaume du Sine.

Dit royaume a été créé vers le milieu du XVe siècle. Cette création est due à Maysa Waly Mané, qui vers la fin de son règne prendra le nom de Maysa Waly DIONE à cause de la longueur de son règne (Dione veut dire longtemps debout en sérère)

Maysa Waly est donc le premier bour sine. C'est avec lui qu’a été créée la dynastie GUELEWAR et régnante du Sine. Cette dynastie est née des mariages entre les chefs sérères locaux et les conquérants venus du Kaabu. Avant de prendre le pouvoir, les Mandingues ont dû apprendre le sérère et pratiquer leurs us et coutumes.

 Ainsi les Sérères admirant la confiance envers eux, les acceptent comme dirigeants et rois. Le royaume du Sine a cessé d'exister en tant que tel depuis 1969 et fait alors partie intégrante de la République du Sénégal »

Très tôt, Mame Thierno Ibrahima MBACKE s’était fait distinguer par son intelligence, son amour du travail  bien fait et sa droiture d’esprit.

Dévoué sans limite, il l’était auprès de son frère aîné qui l’avait élevé, instruit et cultivé sans jamais remarquer ou noter une quelconque contestation ou désobéissance de sa part.

Il a toujours attendu, sollicité et exécuté les ordres de son guide quelles que puissent être les circonstances et conséquences et était prévenant à tous égards.

Gros travailleur et fervent adepte de l’islam, il a fait ses premières classes coraniques auprès de ce Serigne avant d’être envoyé par lui auprès de Khali Madiakhaté Kala qui a joué un rôle important dans sa formation si l’on peut s’exprimer ainsi.

Revenant plus tard auprès du Cheikh, il a poursuivi ses connaissances coraniques et théologiques et a vécu avec lui les plus glorieux mais difficiles et pénibles moments de son existence sans jamais broncher

Sa crainte révérencielle,sa dévotion en vers Dieu et son allégeance à Serigne Touba avaient convaincu ce dernier d’en faire son bras droit,son envoyé spécial auprès de l’administration coloniale dont les principaux objectifs de l’heure étaient de trouver les voies et moyens de le déporter et ainsi freiner l’ascension de la confrérie qui enregistrait de plus en plus d’adeptes et se déployait de façon exponentielle dans le pays au point qu’elle redoutait un soulèvement ou une désobéissance populaire que ce

Cheikh pourrait orchestrer ou même diriger à l’instar de El Hadji Omar Foutiou TALL, Almamy Maba Diakhou BA et Samory TOURE qui avaient commencé comme lui.

L’Histoire retiendra que c’est Mame Thierno Ibrahima Faty MBACKE qui s’était rendu à Saint Louis pour porter un message au Gouverneur du Sénégal dans lequel son guide et frère précisait n’avoir pas les même objectifs que le colonialiste étant à la recherche des choses matérielles ici bas ; alors que lui marchait sur le chemin qui mène à Dieu et recherchait les bienfaits et faveurs de l’au de là.

Quand il est arrivé à Saint Louis après plusieurs jours d’une chevauchée effrénée et après avoir franchi plusieurs obstacles et vaincu nombre de pièges, est allé à la rencontre de cette autorité coloniale dans son propre palais.

Arrivé avec une allure désarçonnante et sous bonne escorte, il a été présenté à plusieurs dignitaires coloniaux de ce vaste palais. Il a su les écarter avec fermeté, l’un après l’autre en insistant sur la présence personnelle du Gouverneur pour recevoir le pli qu’il portait et qu’il devait remettre à main propre.

Devant l’obstination et la témérité de « Borom Darou »le Gouverneur de Saint Louis a fini par se décider à se présenter à lui mais avec beaucoup d’appréhensions. Le voyant arriver vêtu d’un costume blanc écarlate, Borom Darou s’est mis à genoux pour lui remettre à main propre la lettre tout en faisant préciser à son endroit par l’interprète que c’est par respect à son frère et guide qu’il adoptait cette génuflexion qui n’était pas un signe de respect ou de déférence quelconque à l’endroit du gouverneur général mais plutôt pour rehausser le prestige et la considération du rédacteur de la missive.

Surpris et à la fois ahuri, ce gouverneur a eu à poser la question à haute voix à l’interprète de savoir comment devrait être le procurateur si déjà le procuré était aussi exigent et téméraire ; malgré tout le cérémonial d’intimidation orchestré autour de lui depuis son entrée dans le palais.

 L’histoire a retenu l’arbitraire procès de Saint Louis, monté contre le Cheikh et qui a provoqué sa déportation au Gabon.

Mame Thierno Ibrahima Faty MBACKE était de courte taille avec un buste fort et bien dégagé, des membres supérieurs proéminents et un teint noir foncé. Il parlait peu et ses sujets de causerie puisaient leurs sources dans le coran et/ou les préceptes de l’islam et indications de Serigne Touba.

Il aimait, après la prière de 17 heures à se mettre à décortiquer de ses propres mains les graines d’arachide destinées aux semences pour se soustraire des sujets mondains animées par les talibés autour de lui ; s’il n’était pas en train de prêcher à leur endroit la parole de Dieu et les vérités de la foi .Il cachait toujours son sourire avec son écharpe et ne riait jamais aux éclats lorsque les rares occasions se présentaient.

Comme pour magnifier le cheval qui a toujours été un compagnon du prophète (PSL) et de tous les grands hommes et conquêtes de l’islam, il aimait regarder les courses hippiques qui étaient organisées à la sortie du village de Darou Mousty par les talibés et à l’occasion des fêtes religieuses comme l’Aïd El Fithtir (Korité) et l’Aïd el Adha (tabaski).

Ces deux événements étaient les seules occasions qui permettaient de le voir s’occuper d’autres choses de ce bas monde que sa religion et sa confrérie.

En bon et fervent talibé de Serigne Touba, sa générosité et sa bonté n’avaient pas de limites.  

Entre autres actes de bienfaisance et d’entre aide l’on peut citer les 500 tonnes de mil qu’il avait mises ; sur instructions du Serigne à la disposition de l’autorité coloniale qui en avait fait la demande pour combler le gap du ravitaillement des « tirailleurs sénégalais » pendant la deuxième guerre mondiale.

 Un des ses fils Bassirou Anta Niang rapporte dans son livre intitulé « La Vie Exemplaire de Cheikh Ibrahima Faty »que toutes les récoltes engrangées par tous les daaras de son père et marabout étaient mises à la disposition du Cheikh.

Lui même précise avoir eu à diriger certains de ces travaux jusqu’aux récoltes.

Aussi, pendant la disette qui sévissait au Sénégal, il avait

mis à la disposition de tous ceux qui en avait exprimé le besoin, ses greniers aux fins qu’ils prélèvent les quantités qui leurs étaient nécessaires pour traverser cette période à charge par ceux-ci de restituer les quantités puisées dés les récoltes suivantes. Lorsque ces derniers ont eu fini de se servir, il a fait publier à travers la contrée que les quantités prélevées par les nécessiteux leurs étaient offertes gracieusement sans aucun remboursement de leur part.

Tout cela pour dire qu’il aimait aider et assister mais était contre le gaspillage et la paresse intellectuelle et physique Sa vie durant, Mame Thierno Ibrahima Faty MBACKE s’est tout le temps évertué à l’éducation et à l’enseignement des disciples mourides dans l’islam et dans le travail qui était sa seconde religion. Il avait trois préoccupations qui étaient aussi son bréviaire à savoir

-    la lecture quotidienne (matin et soir) du coran et des « khassaids »

-    les travaux champêtres ; jusque tard dans la soirée

-    l’enseignement et l’éducation spirituelle des talibés.

Se référent toujours à Dieu, jamais il n’était surpris par une nouvelle ou une situation qu’on lui rapportait ou présentait.

C’est avec des remerciements à Dieu et des louanges à son prophète qu’il parvenait à calmer les ardeurs et inquiétudes ou émotions des talibés concernés.

Pendant les travaux champêtres qui se poursuivaient parfois la nuit et par temps de clair de lune,sa présence constante qui faisait fi du temps et des intempéries, ne faisait que revigorer les braves cultivateurs et disciples.

Les récoltes étaient toutes destinées aux daaras de son guide spirituel.

Sur insistance du Gouverneur du Sénégal, il avait quitté Gouye Ngoura pour créer Darou Marnane (actuel quartier de Touba) où il s’était établi avec la famille du Cheikh. Il vécu pendant cinq ans dans ce village qu’il a finalement quitté suite à une bagarre sanglante qui avait opposé ses talibés à des éleveurs peuls et au cours de laquelle, il avait perdu trois d’entre eux.

Plus tard, le Serigne l’envoya fonder le village de Darou Mouhty (en 1912) où il est resté quelques années avant de créer de sa propre initiative et avec l’avis du Cheikh, d’autres villages aux alentours comme Kosso en 1922.D’ailleurs tous les homonymes de Mame Thierno Ibrahima Faty MBACKE nés à cette époque portent le sobriquet de « Kosso » en souvenir de cette année là qui fut faste. Les récoltes étaient abondantes ; toutes spéculations confondues et les greniers des familles et des différents daaras pleins à craquer.

 

C’est aussi pendant son temps de présence à Darou Mousty, entouré des premiers talibés comme Mor Diabou, Pathé SALL, Modou Khary, Modou DIA Khabane, Mbaye NDIAYE, Serigne SALL, Abdou MBACKE, Balla GADIAGA, Modou Ngoye FAYE, Modou FAYE Féto et pendant qu’une peste sévère décimait les populations qu’il avait fait brûler tous les effets vestimentaires des talibés et les habitations du village pour éradiquer cette épidémie. C’est à cette date que le village de Thinkoly a été fondé par lui-même.

A cette époque des libanais et syriens installés à Darou Mousty pour les besoins des comptoirs commerciaux et hangars d’arachides avaient tissé de bonnes relations avec le Cheikh.

Les noms de Ahmet CAMILLE, Abdallah CHERIF, Ahmet YAKHOUB et Abdou Yatin Chérif peuvent être retenus.

C’est aussi sous son magistère que Darou Mouhty a été mis sur plan cadastral et les parcelles immatriculées. C’est à cette époque que les 10 premiers titres fonciers de la ville ont été morcelés et il en avait fait acheter deux pour lui en précisant que l’avenir donnera raison à ceux qui s’en procureraient.

Il avait aussi accepté l’installation et l’exercice des activités mercantiles de MOREL et PROM, ALMINKOU et S.A .I.B pour ne citer que ceux là.

C’est aussi depuis Darou Mousty qu’il envoya à Kosso, respectivement ses fils Cheikh Faty Fall et Abdoul Jamil qui n’ont pu résister aux conditions de vie qui étaient très difficiles et très rudes à cette époque.

Il les fera remplacer par Mahmadane un autre de ses enfants qui transformât les lieux sur ses instructions en un sanctuaire du savoir coranique où plusieurs chefs et guides spirituels de la confrérie ont été formés ou y ont envoyé et continuent d’orienter leurs enfants.

Parmi les anciens élèves de cette université coranique qui rayonnait sur toute la contrée, l’on peut nommer quelques uns comme Cheikh MBACKE Astou FAYE, Moustapha Absa MBACKE, Moustapha Barra MBACKE, Moustapha Mai MBACKE, Cheikhouna LO, Khalid MBACKE, Amdy BOUSSO, Kosso Astou LO MBACKE, Mame Thierno Dior MBACKE, Amsatou MBACKE, Bassirou Anta Niang MBACKE, entre autres qui sont devenus tous de grand chefs religieux.

Décédé le jeudi 24 août 1943 des suites d’une courte  maladie, Mame Thierno Ibrahima Faty MBACKE a profondément marqué le Mouridisme et conquis les cœurs de tous les talibés qui ont toujours essayé de se calquer sur son modèle de personnage sans jamais réussir ; à plus forte raison l’égaler.

Les érudits et disciples tel que Pathé SALL, Mouhamadou GAYE, Oumar SALL, Issa DIENE et Serigne NDIAYE Awa Touré ont été de ceux qui ont procédé à son lavage mortuaire. Quant à la prière, elle avait été dirigée par Serigne Abdourahmane son fils qui avait à ses côtés ses frères Serigne Abdou Khoudoss et Serigne Cheikh Awa Balla et de grand talibés comme Issa DIENE.

3 commentaires. Dernier par mame cheikh le 06-09-2013 à 21h18 - Permalien - Partager
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