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Nulle part ailleurs

pour commencer

Washington square Posté le Lundi 18 Septembre 2006 à 23h53

Les mots reviennent facilement. Toujours facilement. Ils s'alignent avec discipline et surtout avec une prodigieuse limpidité après les précédents, ceux qui ont eu tant de mal en bout de nuit à être écrits au bout d'une phrase. Tout apparaît subitement évident. Et je reprends, donc, avec une déconcertante facilité, seule l'impossibilité technique de ne pouvoir écrire aussi vite que je le voudrais m'empêche de remplir les pages les unes derrière les autres en un battement de cils. C'est là l'exigence .

 - Clara, oui.. " dis-je les lèvres pincées, le regard appuyé d'un plissement des yeux en direction de la baie du salon; ces deux mots embrassent les pages suivantes qui vont lui donner un visage. Je me lance alors à l'abordage de chacune des lignes imaginaires de ma page blanche avec cette boulimie que je reconnais quand l'envie d'écrire me brûle les doigts et que mon appartement est le décor de tous les théâtres de Broadway réunis.

Mon personnage masculin est une énigme entière, protégé et livré à lui-même. Il me fait rire, m'émeut et m'incite à le faire vivre en filigrane avec ses rêves. Par dessus-tout, il me dispose à tout écrire et à réussir l'alchimie parfaite entre son rêve et le regard qui l'accompagne.., ce qui est étroitement et sensiblement l'image indissociable de cet appartement. Et puis il y a Clara, mon héroîne.

Sans New-York il n'y aurait pas eu Clara et en l'absence de Clara, il n'y aurait pas eu New-YorK. Leur image est indissociable et presque parfaite autant que leur ombre qui se reflète l'une sur l'autre chaque fois que je les évoque. Voilà un point de départ important.

Clara, est donc mon héroîne et lui, mon personnage masculin que j'envie.

 

Clara est étonnante. Chaque jour, il la découvre davantage, différente et elle-même, pleine de spontanéité, de réalité, faisant de l'exceptionnel, une simple circonstance que l'ordinaire habite sans exagérer. Et elle lui demande de tout lui raconter. il lui décrit alors les rues, les unes après les autres, à chaque angles de l'une d'entre elles, il accroche son bras à un réverbère et il se penche en équilibre sur le bord du trottoir. Il lui livre alors le décor des avenues qu'ils traversent avec une terrible envie de s'y perdre afin qu'elles les emportent vers d'autres, plus déroutantes encore. Mais rien n'est comparable à ces dialogues qu'il invente entre les piétons et qu'elle lui demande d'imaginer plus étonnant à chaque fois. Il continue alors la trame que qu'ils ont sous les yeux. Il lui dit qu'il suffit de prendre un ascenseur pour se retrouver au-dessus de tout ça et que pour rien au monde, il ne faut se priver de tutoyer du regard les sommets démentiels de ces blocs de béton derrière lesquels il y a cette magie particulière. "regarde-les comme ils nous regardent !" lui dit-il, émerveillé par sa propre description et elle lui sourit de nouveau, se montrant plus fascinante encore. Il regarde ses sourires se transformer en éclats de rire et dans ses moments d'égarement, lui voir le besoin qu'on l'écoute sans l'entendre, qu'on la regarde sans la dévisager, laisse traîner derrière elle le charme subtile de l'essentiel.  Voilà un autre point important. Et Washington square prend naturellement le relais de cet essentiel; c'est là qu'ils passent la plupart de leur temps, en proie à des discussions qu'ils ne terminent jamais.

Ils parlent de tout et de tout le monde, sur ceux qui inspirent et ceux qui indiffèrent, ce qui les entoure et les choses qu'ils ne voient pas. Tout ce qui leur passe par la tête, ils se le racontent, faisant le résumé de leurs journées et des histoires inventées.

Elle est assise sur le banc, les jambes croisés sur lui, son buste contre son épaule. Cette image là m'émeut incroyablement devant ma page blanche; à l'idée qu'elle aime cet endroit, je le jalouse d'être avec elle, comme on s'envie d'un bonheur qui vous brûle les yeux et qu'on a peur qu'on vous arrache. Je m'accroche à elle, sublimant ce lieu et leur circonstance afin qu'elle dure longtemps et qu'elle m'éloigne du moment où je déciderai d'y mettre un terme en terminant ma phrase. Comment ne pas avouer que je l'envie d'être le garçon qui l'accompagne, et qui, sans le dire une seule fois, se jure de ne vouloir rien connaître d'autre dans sa vie que cette rencontre. New-York respire là, des moments présents totalement indéfinissables et elle lui confie en même temps qu'il n'y a rien d'extraordinaire.  Pourtant, elle lui offre là , à New-York, le coup de foudre qu'il attend. 

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