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Les amis du colombier Lureuil

HOSPITALE DE LORIOLO

Chez nous à LUREUIL Publié le Mercredi 6 Janvier 2010 à 20:33:01

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 image envoyée gracieusement par une passionnée.

 

 

                  Nous sommes au mois de juin, il fait chaud, neuf heures du soir sonnent au clocher de notre église, demain il fera beau. Assis sur un banc de fortune qu’il fait bon humer l’herbe coupée de la mi journée, de contempler du chemin qui nous amène à « MONTAIGU », la jonction de nos trois provinces : le Poitou, le Berry et la Touraine.

                 Je connais cet endroit depuis quarante ans, je songe à ces chevaliers qui décidèrent à fonder une commanderie, d’où venaient-ils ? De la province voisine du Limousin, des Charentes de la Creuse?  Croyaient t’ils qu’elle allait devenir aussi puissante?  Dans cette terre pourtant pauvre, humide, non fertile, où l’argile est à fleur de terre, une argile blanche qui vous colle aux mains, qui servait de mastic aux vignerons, celle qu’on nomme chez nous terre d’amitié, ou tout simplement terre de BRENNE.

Peu être trouvaient t-ils le paysage accueillant, verdoyant, les différences climatiques faibles, le relief peu accidenté permettant la facilité du voyage des  personnes, ainsi que des marchandises.

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L’humidité conjuguée au sol propice permettait d’ériger les digues des étangs  qui nous ont donné ces réserves d’eau où croissent nos poissons d’eau douce réputés de nos jours, surtout hors de nos frontières, mais qui étaient en ce temps là une nourriture de choix pour les populations locales et avoisinantes. Le paysage le plus constant reste celui des bois et des taillis qui n’ont  guère changés, tapissés des l’été de vagues de fougères qui jaunissent des les prémices automnaux. En ce temps là les forêts  étaient giboyeuses, la chasse ou la braconne n’était pas un loisir, mais bien une raison de survie, dans une période où les famines, les disettes  étaient souvent fatales, cette activité était réservée comme de tout temps aux couches sociales les plus favorisées.

Ces «  braves » chevaliers aimaient ils les vins de chez nous ‘’du Blanc’’, tant réputés à l’époque, à leur goût ?  Ils faisaient la renommée de la région, ils étaient dégustés jusqu’à la courre de France et  acheminés par voie fluviale via notre rivière « la Creuse » jusqu’à Nantes. Les vins blancs étaient les plus prisés et étaient considérés à l’époque l’égal à ceux du bordelais.

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   Je vous emmène  tout simplement en BRENNE en région centre, dans le département de l’Indre, région de contraste, de poésie, de couleurs et de stabilité, qui peu par ses lumières, son environnement, vous rappeler quelques paysages d’Irlande….. Mystérieuse et  majestueuse. 

 

 Ici c’est un pays d’étangs, leurs eaux tristes sont encombrées de joncs et ponctuées de poules d’eau, de sarcelles, de grèbes, de cygnes. L’eau dormante à l’aise sur ce plateau glaiseux, drainée par nos rus et ruisseaux a comme issue la Creuse et la Claise, qui se rejoignent chez nos voisins TOURANGEAUX avant de se jeter dans la LOIRE ;

    LUREUIL se niche toujours aux confins du Berry, de la Touraine et du Poitou, LUREUIL, LOREILH, LEUREILH, LORIOLIS, , LUREIL, appelé au cours du temps, orthographié différemment en français, ainsi que Lorialum ou Loriolo  en latin, est à ce jour  une commune discrète et bucolique du canton de TOURNON SAINT MARTIN  située à trois lieues du BLANC, notre sous préfecture, une et demi de TOURNON SAINT MARTIN notre canton ainsi que de MARTIZAY (une lieue faisant environ quatre kilomètres.) elle a comme tissus économique principal l’agriculture et l’élevage . On y extrait le KAOLIN, une argile pure, qui de son extraction, naissent des terrils blancs, éphémères,  qui disparaissent en terre quand le gisement est épuisé, elle sert en cosmétique et à de diverses applications. Depuis 1985 un centre médico spécialisé  héberge quatre vingt résidents, 800 ans derrière nous les hospitaliers soignaient les pèlerins, les croisés… les combattants de la religion chrétienne catholique, soulageaient les croisés en terre sainte ainsi que les malades de la population locale ;  signe du destin………..sûrement.

 Là comme partout l’homme est le vassal de l’eau et de la terre, le temps  des hospitaliers de l’ordre de malte dans sa version féodale est bien loin, LUREUIL a connu une histoire riche, aussi bien ecclésiastique, que militaire par le biais de ses commandeurs, et fut un contraste dans la chevalerie hospitalière au niveau géographique, car appartenant à la langue d’auvergne malgré son positionnement, elle fut d’après LEOPOLD NIEPCE sa première capitale, ou plutôt chef lieu du grand prieuré, avant que BOURGANEUF dans la creuse, ne prenne le relais grâce une économie locale de l’époque nettement supérieure, puis lui-même fut détrôné par Lyon.

La version de NIEPCE, est sans doute un peu hâtive, et très controversée, car nous ne notons jamais la présence des six premiers grands prieurs de la langue d’auvergne dans la cité berrichonne, mais dans la Loire, la haute Loire et le puy de dôme.

Ce fut en contrepartie au XIVème et au XVème siècle une place forte de celle-ci, si l’on observe les noms emblématiques de ses commandeurs, on devine sa puissance, et son rang.

 Son rattachement au POITOU, à Montmorillon malgré  son appartenance au diocèse de Bourges, marque bien le déclin de cette commanderie, on évoque souvent le bailliage de LUREUIL unique en langue d'auvergne, remplacé par celui de LYON, titre purement honorifique, notamment dans les ouvrages de l’abbé DE VERTOT, véritable historien de l’ordre.

Les moines soldats ont habités six siècles à LUREUIL, on régit la vie de tout une population, doit on les aimer, les haïr? nul est mon but de juger, dans chaque époque de notre civilisation il a eu des puissants et des faibles, des oppresseurs et des soumis.

A la fin du moyen âge et pendant tout l’ancien régime notre campagne de Brenne occidentale était la possession en partie des  religieux et des nobles, le peuple faisant partie du patrimoine et très peu de traces de leur condition de vie est évoquée, il est quand même autorisé de penser que la vie devait être rude et quasi inconcevable pour un habitant de notre ère .

Nous faisons un bon d’un millénaire « celui qui ignore son passé est condamné à le revivre » nous dit le philosophe. En plus de six siècles, il y eu de nombreux  bouleversement au niveau de son fonctionnement, de son rang, de ses territoires, l’évolution sociale ainsi que des meurs était beaucoup plus linéaire que dans notre culture moderne, la révolution française a voulu détruire ce passé en éliminant un nombre important des documents relatifs à ces lieux de culte difficile à saisir de nos jours, contraires bien souvent  aux droits des citoyens.

Je vais donc essayer de vous compter l’histoire de ses chevaliers, donats, clercs  qui ont habités, commandés, délégués leur pouvoir à la commanderie. Le commandeur pouvait avoir la charge de plusieurs commanderies et son lieu de résidence n’était pas toujours au même endroit, certains n’y venait que rarement et le sort de celle-ci était alors entre les mains d’un chapelain ou d’un clerc.

 Je n’ai pas la prétention de faire un travail d’historien, mais seulement de curieux, narrateur, amoureux de son patrimoine culturel et désirant le faire partager aux lecteurs pensant qu’une histoire si riche ne peut être ignorée.

  De nos jours il ne reste comme vestige qu’un colombier,  qui grâce à sa commune, au conseil général de l’Indre, au parc naturel régional de la BRENNE,  a pu être sauvé de l’érosion définitive, ainsi que quelques restes des écuries  ayant échappé à l’incendie du château le  1er janvier 1939 mais qui datent de 1834.

 

            Ce retour en arrière nous donnera, je l’espère  un brin d’humilité, nous constaterons que le passé n’est souvent qu’une histoire de possession terrienne, financière, idéologique il nous prouve que la vie de l’homme n’est qu’un passage,  celui qui se croit riche est souvent pauvre,  la gloire est éphémère, les templiers, les hospitaliers aimaient notre région, ce n’était qu’une étape dans leur parcours, ils voulaient posséder de plus en plus sans peur d’oppresser, pour pouvoir trouver les deniers afin de délivrer  JERUSALEM et sa région des « infidèles »et faire vivre leurs convictions, et ce n’était que le début d’une guerre qui n’est pas près de finir,certains diront un mouvement perpétuel, espérons que l’avenir nous prouvera le contraire.

Pierre d’AUBUSSON fut notre plus illustre prédécesseur, nommé commandeur de SALIN en 1454, bailli de LUREUIL en 1472, il gagne la confiance des grands maîtres successifs, qu’il supplée ou assiste notamment dans  la direction des travaux de fortification de la cité de l’île de RHODES. A mon humble avis, ce fut l’homme qui a le plus marqué l’histoire avec PHILIBERT DE NAILLAC dans la longue liste de commandeurs et baillis de LUREUIL, il fut nommé cardinal par le pape.

Parmi tous ces chevaliers, commandeurs, fermiers, je pense à tous ces serfs et vilains,  dont la vie n’a eu de sens que d’assouvir les passions et les envies de gloire de leurs « soit disant supérieurs, nobles et maîtres », s’acquittant sans cesse de taxes, de droits,  nous sommes leurs descendants, nous leur devons  seulement au niveau de l‘histoire un peu de dignité et de sympathie, sans eux nous ne parlerions pas aujourd’hui dans ce blog, de la  cité si souvent évoquée dans les archives de nombreuses préfectures : LYONNAISE, CREUSOISE, et bien sur de l’INDRE .

Les hospitaliers ont occupés le village pendant les trois quart du millénaire dernier, une période sans grand bouleversement au niveau des populations locales ou l’on travaillait de la naissance à la mort dans des conditions inconcevables de nos jours. Elle devait avoir fière allure notre commanderie avec ses tours de défense, son mur d’enceinte, ses écuries, sa chapelle, son pont levis, ses fours banaux, son lavoir, son colombier,malheureusement, peu de restes subsistent, le peu d’intérêt pour l’histoire locale ou simplement la négligence, ont laissé cet édifice disparaitre, ses pierres sont venues combler ses douves, heureusement  que l’institution locale a fait revivre son colombier la dernière réalisation de l’organisation ecclésiastique  dans ce lieu.

JC Durandeau.

 

 

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ESQUISSES PITTORESQUES  Dessins de "Isidore Meyer" Le chateau reconstruit sur les ruines de l'ancienne commanderie, au fond nous pouvons appercevoir la seule tour de défense existante au XIXème et la chapelle ,actuelle église de LUREUIL rénovée depuis.


 

 

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La Gabrière à Lingé vers 1890 E HUBERT


 

 

 

 

 

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