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lecture gratuite fantastique

lecture gratuite fantasy

lecture gratuite fantastique fantasy Publié le Mercredi 16 Avril 2008 à 19:31:53

Image Image Image Image Image         www.anice-fiction.com       Rêve d'elfe de Valeria J. CampanileImage

Un jeune homme aux yeux vert d'émeraude avance lentement dans un étroit et sombre couloir. Il porte sur ses épaules un petit être dont j'ignore l'origine. Je les regarde fascinée et effrayée car l'homme me tend la main sans jamais parvenir à me toucher. Ils semblent vêtus d'étranges vêtements, de voilages, mais je n'en suis pas sûre car l'image des corps est plongée dans le flou. Seuls ses yeux immenses et implorants apparaissent très nettement dans le couloir sans fin.Voilà plusieurs nuits que ce rêve me poursuit.

 

Depuis le temps que je fréquentais la Grande Bibliothèque de Pétrarque, je n'avais jamais remarqué la présence de cet homme qui rangeait avec une dévotion quasi religieuse les livres sur les étagères en bois.

Ce soir là, mes recherches sur les rêves, commençaient à me fatiguer. Mes yeux larmoyaient d'avoir trop lu. Au niveau du cou, une contracture me lançait des pointes terribles dans tout le dos et mes doigts ne parvenaient plus à tenir le stylo qui, d'ailleurs, alla rouler sous la grande table de lecture, jusque de l'autre côté de la pièce. C'est ainsi qu'en essayant de récupérer mon outil de travail, je vis l'homme en blouse blanche ranger les précieux ouvrages.

J'allai me rasseoir à une autre table, plus près de lui, en m'excusant auprès de ces doctes personnes que j'avais dérangées dans leurs études. Elles me lancèrent des œillades courroucées, et je dus me faire toute petite et transparente pour me plonger dans l'observation de l'étrange manège de l'homme.

Il semblait sans âge avec son front dégarni et ses yeux étirés, mais la grâce de ses mains me faisait penser qu'il ne devait pas avoir franchi les trente ans. C'était surtout son air profondément triste qui frappait le regard.

La blouse blanche qu'il portait, flottait comme une robe et ne parvenait pas à dissimuler son corps malingre.

Complètement absorbé par sa tâche, il ne se doutait pas qu'il soulevait en moi un intérêt tout particulier. Pourquoi cet homme m'intriguait, je n'aurais su le dire à cet instant. Ce n'était qu'un employé de la bibliothèque chargé de ranger les livres que les visiteurs avaient négligemment oubliés sur les tables.

La bibliothèque était immense et très ancienne. Sa construction remontait au début du XVième siècle, en mémoire au grand poète Pétrarque dont elle portait le nom.

Le porche monumental de l'entrée principale était orné d'un écusson de pierre représentant Pétrarque et sa belle Laure. Cet unique portrait d'eux ne cessait de m'émouvoir, peut-être parce que je m'appelais Laura et que je n'avais pas encore rencontré mon Pétrarque.

Les rayonnages emplissaient des mètres carrés de surface. C'était un endroit magnifique comme il n'en existait plus dans nos grandes cités dévorées par l'informatique.

Un lieu unique, empli d'odeur de bois ciré et de cuir, un temple dédié à la lecture et aux livres faits de papier, d'encre. Un vrai bonheur pour les derniers adeptes du livre comme moi, les adorateurs du papier et de la plume.

Le plus étrange c'est que les autorités ne l'avaient pas encore rasé pour la remplacer par une sonothèque. Peut-être que la présence de tous ces lecteurs et des disciples de Pétrarque les freinaient un peu dans leur frénésie du modernisme technologique.

Donc il rangeait très lentement mais sûrement, selon un ordre bien établi comme un rituel. D'abord, il regardait le titre et de ses longs doigts fins, il caressait presque amoureusement la couverture, puis il feuilletait l'ouvrage en inspectant toutes les pages comme si il cherchait un signe particulier qui ne s'adresserait qu'à lui. Enfin, quand ses recherches semblaient avoir abouti, il consultait une feuille couverte de caractères que je ne pouvais distinguer de ma place.

Quand il avait récupéré tous ces livres, il se mettait en quête de leur place dans les rayonnages en consultant sans cesse sa liste.

Pourtant cette impression qu'il n'était pas là juste pour ranger les livres ne me quittait pas et m'agaçait profondément. Cet homme semblait chercher autre chose.

Le tintement délicieusement désuet d'une clochette rompit à peine le silence de la bibliothèque pour rappeler à ses occupants qu'elle fermait. Les lecteurs soupirèrent, refermèrent leur livres à contre cœur et se levèrent  sagement en direction de la sortie que je dus également emprunter, abandonnant le curieux bibliothécaire à son rangement.

J'attendis avec impatience la fin de ma laborieuse journée pour retourner à la bibliothèque. Je voulais discuter avec le bibliothécaire. Je me hâtais dans le grand escalier car le bâtiment fermait peu après 17h.

Il était toujours là, énigmatique et silencieux, perché sur son échelle de rangement.

Je m'approchai de lui, prétextant être à la recherche d'un livre dont j'avais vaguement entendu parler mais dont je n'étais même certaine qu'il existât.

- Bonjour, je crois que j'ai besoin de vos lumières.

- Je cherche un livre d'interprétation des rêves très ancien, peut-être XVième siècle. Je n'ai plus ni le titre, ni le nom de l'auteur en tête mais …

En entendant ma voix, il suspendit son geste et se pencha vers moi en souriant, absolument pas désarmé par ma requête.

- Mais certainement, accompagnez moi dans la salle d'étude. C'est un livre qui ne peut pas sortir. Il n'a pas été réédité, il est devenu très rare. Et le monde des rêves n'est plus à la mode, n'est ce pas ?

Je bégayai une vague réponse, un peu surprise par son aplomb et sa réaction.

Puis je me ressaisis et lui demandai :

- Vous travaillez ici depuis longtemps ? Je ne vous avais jamais vu avant.

- Moi si, je vous ai vue consulter de nombreux livres sur les rêves, l'imaginaire. Etes-vous psychiatre ?

Je baissai la tête, un peu gênée.

- Absolument pas. Depuis quelque temps, j'ai un problème avec certains rêves.

- Alors suivez moi, j'ai ce qu'il vous faut.

Nous nous dirigeâmes vers la grande salle d'étude qui n'était accessible qu'aux universitaires, étudiants et enseignants et quelques privilégiés dont je faisais partie ce jour là. Il ouvrit un battant de l'immense porte sculptée et je découvris avec ravissement la fameuse salle de lecture où Pétrarque aimait à se réfugier.

Il m'invita à m'asseoir à l'une des petites tables d'étude et me demanda d'attendre.

Puis il revint portant dans ces bras deux livres. Un livre de la taille d'un album mais épais et relié de cuir noir et un autre plus petit et couvert de tissu bleu.

Il les posa sur la table. J'étais seule dans la pièce,

- Ce livre est celui sur les rêves et celui là, me dit il en me montrant le petit livre, c'est une sorte de cadeau, mais lisez-le à la maison, tranquillement. Vous verrez, c'est très intéressant.

Je regardai le titre : " Contes et légendes sans fin ".

-Mais cela n'à rien avoir avec les rêves ! dis je en repoussant le livre.

- Si ! Cela vous intéressera et vous ouvrira des portes, je vous l'assure. Rêves et féeries sont du même monde, non ? me répondit-il en repoussant le livre vers moi. 

Comme je faisais mine de l'ouvrir quand même, il m'arrêta d'un geste sûr mais sans violence.

- Non chez vous. Vous comprendrez plus tard.

Face à une telle insistance, j'acceptai. De plus, il me restait peu de temps avant la fermeture.

Je fis semblant de consulter le livre sur les rêves tout en me demandant comment il avait pu me trouver un livre aussi extravagant et qui n'était pas censé exister. De toute façon, la lecture en fut rapide car je n'en compris par un traître mot : il était écrit en vieux français avec des locutions latines et grecques.

Au bout d'une demi-heure, je m'éclipsai, emportant le livre du bibliothécaire.

Le soir dans mon lit, je retournai plusieurs fois le livre dans mes mains avant de l'ouvrir. Sa couverture de tissu, épaisse et souple, attestait de son ancienneté. Il s'en dégageait de la sensualité, comme une promesse de caresse. Un livre sur les contes et légendes. Enfin ce qui me sembla au début d'après le titre.  Je l'ouvris, pas de nom d'éditeur, ni de date.

Et durant une heure, je plongeais avec délectation dans l'histoire.

Ce n'était pas comme je le pensais une étude sur les légendes mais un conte écrit par un inconnu relatant l'aventure d'un jeune guerrier Djaban, dans une époque indéterminée, à la lisière du moyen âge. Un très bel homme d'après le texte, mais les héros sont toujours très beaux dans les légendes.

Escorté de son elfe personnel, une sorte de conscience comme le petit criquet de Pinocchio, il n'avait de cesse de retrouver sa bien aimée que de mauvaises fées, jalouses de sa beauté, retenaient prisonnière dans un monde parallèle. C'était un peu mièvre mais prenant, et alors que je me demandais quel rapport cela avait avec mon problème, je dus m'arrêter de lire car les dernières pages où était censée se dénouer l'intrigue, étaient vierges de toute écriture.

- Qu'est ce que c'est que cette bizarrerie marmonnai-je. Un livre sans fin, il doit y avoir une erreur d'impression. Puis en feuilletant le reste du livre, je me rendis compte que ce n'était pas un accident, mais bien intentionnel car une phrase sibylline s'inscrivait en lettres manuscrites et aux formes déliées :

A toi de finir l'histoire que tu as commencé.

Mais quelle plaisanterie !! Je comprenais maintenant le sens du titre, ce bibliothécaire ne manquait pas d'humour.

Très énervée -j'avais horreur de ne pas connaître la fin d'une histoire- je refermai le livre et le jetai sur ma moquette me promettant de le rendre à son propriétaire en échange d'explications.

Mais quand trois jours après, je retournai à la bibliothèque, l'homme avait disparu.

Je me renseignai auprès de la vieille secrétaire qui me répondit à ma grande surprise que l'homme dont je parlais n'existait pas.

Je n'insistai pas et lui demandai de reprendre ce livre qui ne me convenait pas.

La secrétaire prit le livre sans y jeter un regard, le passa devant son scanner puis me le rendit d'un air agacé :

- Vous avez du vous tromper, ce livre n'appartient pas la bibliothèque, il n'y a pas de trace d'enregistrement.

Je m'écriai presque :

-Mais ce n'est pas possible, le bibliothécaire me l'a donné il y a trois jours !

Elle fronça ses sourcils dessinés au crayon noir derrière ses épaisses lunettes.

- Pour la dernière fois, je vous répète qu'il n'y a plus de bibliothécaire depuis des années, seulement des androïdes qui rangent les livres et maintenant je vous prierais de sortir, vous gênez les lecteurs.

Je regardai autour de moi : deux petits robots argentés s'affairaient pour ranger les livres. Je me mordis les lèvres et sortis en courant, l'esprit en pleine confusion.

Mais que se passait–il ?

Au bas des marches du grand édifice, je jetai négligemment le livre sur le bas côté. Mais une voix masculine, aux accents outrés par mon geste s'éleva derrière moi.

- Hé, madame, vous avez fait tomber votre livre. Un si joli livre, il faut le garder précieusement.   

Je repris le livre en grimaçant un sourire et retournai à ma voiture.

J'en aurais pleuré de rage. Je jetai le livre à l'arrière de ma voiture, me jurant de le laisser moisir là. Au fil des jours je l'oubliais, Noël approchant avec sa cohorte de cadeaux à faire, de repas à préparer.

Mais le rêve est revenu, identique ou presque, le petit personnage a disparu de l'épaule de mon beau chevalier, l'expression des yeux s'est fait plus inquiète comme si il redoutait un danger.

Des liens évidents entre les événements commencent à apparaître mais mon esprit les refuse de toutes ses forces.

Depuis le début de la semaine, le mistral desséchait la terre de son souffle glacial. En trois jours, l'herbe hier encore verte, avait prit la teinte grise et malade de l'hiver, les arbres s'étaient couchés au sol, le ciel offrait sa pureté froide et bleue.

Je sortis dans le patio, ma main serrant fermement mon manteau et la tête ceinte d'un bonnet affreux mais qui me protégeait du froid.

Je bondis dans ma voiture en maudissant ce mistral soi-disant si typique !

J'étais en retard, comme d'habitude. Mes rendez vous devaient attendre dans mon bureau. La journée n'avait pas commencé qu'elle était programmée, donc finie et sans intérêt.

Je démarrai en trombe la voiture en mettant la radio pour apaiser mes tourments et pris le petit chemin de terre qui me menait vers la cité.

Malgré la clarté du matin et la pureté du ciel, je distinguais mal la route car le vent tourbillonnait en nuages de poudre terreuse et emportait des broussailles et des feuilles sur le chemin.

Ce souffle incessant me rendait folle. De nombreux insectes, papiers vinrent se coller sur mon pare-brise. Je les enlevais avec mon essuie-glace.

Le vent couvrant presque le chant de ma radio, je l'éteignis et au même moment, j'entendis un bruit mat contre le pare-brise. Un bruit plus fort et inhabituel que les autres. Surprise, je stoppai le véhicule et me rapprochai de la vitre pour tenter de percevoir l'origine du bruit. J'allais mettre mes essuie-glaces en route, quand je perçus un petit cri. Je fronçai les sourcils ; j'avais peut être heurté un animal.

A contrecœur, je sortis de la voiture et m'avançai prudemment vers le devant, craignant de voir une quelconque bête ensanglantée. Rien ! Je fis le tour de la voiture puis regardai à nouveau le pare-brise. Et je vis bouger un gros insecte à l'aspect très insolite, coincé entre l'essuie-glace et la vitre.

Je ne comprenais pas ce que c'était ; une grosse libellule peut-être, mais elle semblait gémir. Sans chercher plus, je pris délicatement l'insecte entre mes mains et rentrai me mettre à l'abri dans la voiture.

Prise d'une soudaine appréhension, j'hésitai à ouvrir les mains. Mes tempes résonnaient, et mon souffle s'était fait plus rapide. Je me décidai enfin. J'écartai très lentement les doigts, poussai un cri et lâchai l'animal sur le siège, à côté de moi.

La bestiole n'avait pas bougé, allongée, immobile sur le siège passager. Je pus l'observer attentivement. Haut d'une dizaine de centimètres, l'insecte avait un corps humanoïde, des membres et de très longues ailes transparentes qui auréolaient de lumière son visage. Car il avait un visage en tout point semblable aux nôtres et curieusement, ses traits me rappelaient vaguement quelqu'un, mais sans pouvoir le nommer.

Il ouvrit lentement les yeux. Je sursautai, et me plaquai contre la portière de la voiture. Il me sourit et se releva péniblement en secouant un peu la tête. Il sauta sur ses pieds, tendit ses jambes gainées de voile vert pour s'assurer de leur fonctionnement et se mit à voleter pour se mettre à la hauteur de mon visage.

Je n'avais pas bougé, tellement j'étais stupéfaite. J'avais devant moi, un elfe. Un petit elfe des bois, certainement un mâle et un mâle absolument charmant. Un elfe qui me dévisageait avec candeur et malice a la fois.

- Tu es un elfe ou je suis folle ? bégayai-je.

L'elfe secoua la tête de haut en bas.

- Tu parles ma langue ?

- Bien sur que je parle ta langue, les elfes parlent toutes les langues, mon nom est Morean, Elfe de Djaban.

- Djaban, du livre !?

- Eh  oui, je suis venu te chercher, Djaban a besoin de toi à ses côtés. Je ne suis que son elfe gardien. Et je croyais bien ne pas te trouver. Je pensais que tu n'existais pas et que Djaban délirait. Il est tombé amoureux de toi depuis qu'il t'a vue.

- Depuis qu'il m'a vue ? répétai-je, éberluée ! Mais où m'a-t-il vu ? C'est complètement absurde !

Mais l'elfe ne m'entendit pas. Le ton de sa voix faiblit jusqu'à être inaudible. Il se mit à tituber dans les airs, se heurta au volant et tomba, évanoui dans ma main.

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Afficher le commentaire. Dernier par La 1ère Bibliothèque informatique en ligne le 21-07-2013 à 10h30 - Permalien - Partager