Blog créé grâce à Iblogyou. Créer un blog gratuitement en moins de 5 minutes.

lecture gratuite science-fict

lecture gratuite SF

lecture gratuite science fiction Publié le Mercredi 16 Avril 2008 à 17:37:29

Image Image Image Image Image       www.anice-fiction.com  Valeria J Campanile     LE GRAND RECHAUFFEMENT

Al se réveilla en sursaut le corps couvert de sueurs. Il jeta un regard désabusé sur le réveil -3 heures du matin- puis ses yeux se portèrent avec colère sur la ventilation. Elle était encore en panne. Cinq fois depuis la veille qu'elle s'arrêtait. Il ne savait plus comment la réparer. Impossible d'en acheter une. Depuis le grand réchauffement tout appareil susceptible de rafraîchir, (du simple ventilo à la climat la plus sophistiquée) était devenu introuvable.

Il se dirigea le pas pesant vers la fenêtre close, puis il tendit le bras pour soulever une petite visière de bois découpée dans le volet couvert d'alumine. Un violent rayon de lumière embrasa la pièce et illumina l'extravagant mobilier qui l'envahissait. - - Fauteuils de velours, hamacs, table de zinc, chaises Louis XIII, un incroyable bric-a brac ramené lors de ses sorties à travers les bâtiments désertés par ses habitants. Al plissa les yeux, aveuglé par l'éclat intense de la rue. Ne reverrait-il jamais la lune jeter ses pales reflets dans la nuit froide ?

Tout cela paraissait si lointain. Cela avait-il seulement jamais existé ? Son esprit s'égarait a nouveau, s'effilochait en fibres cotonneuses dans les méandres de ses maigres souvenirs.

De la rue montait un étouffant silence de mort.

- Depuis le Grand réchauffement, la vie avait plongé dans l'horreur.

Un matin, la ville s'était réveillée sous un soleil ardent qui n'avait jamais plus cesser de brûler. Le sol s'était alors fendu puis ouvert en de profonds craquements lugubres. Le bitume avait fondu, magma puant engloutissant peu à peu les bâtiments. Les arbres calcinés dressaient leurs chicots noirs le longs des avenues tordues. La rue était en perpétuelle mutation, modifiant son aspect sous les assauts du soleil. Carcasses de voitures, cadavres d'animaux, hommes carbonisés s'entassaient chaque jour au hasard des rues, la mort rodait et s'abattait sur les pauvres fous qui croyaient pouvoir braver cette malédiction. Al laissa retomber vivement la visière de bois il ne pouvait supporter très longtemps la lumière sans ses Solari.

 

A travers son mobilier d'apocalypse, il se fraya lentement un chemin jusqu'à son lit et se laissa tomber lourdement sur le matelas fatigué qui crachait de toutes parts des touffes de bourre.

D'un geste las il alluma la radio. Elle restait le seul lien de communication de la ville avec l'extérieur. Le réseau télévisé n'avait pas résisté au soleil, le téléphone non plus ,d'ailleurs à qui aurait il téléphoné, il était seul depuis si longtemps ?

Le poste grésilla, crachota et émit quelques sons inaudibles puis une voix morne émergea de cette confusion phonique. Les nouvelles qu'elle donna fut bien sûr celle de la Météo. Un vague sourire éclaira furtivement le regard bleu et noyé de Al, c'était la seule chose qui n'avait pas changé sur la terre, les nouvelles du temps. La situation se dégradait de jours en jours, bientôt toute communication serait réellement coupée car les ondes passaient de plus en plus mal. La voix recommandait une fois de plus de ne pas sortir, mais de rejoindre au plus tôt, le réseau souterrain le plus proche. Al haussa ses larges épaules, il refusait de se rallier au reste de la population. La ville s'était transformée en un vaste camp militaire. Une ville en guerre contre le temps, et dans le ventre de la terre,au milieu des pleurs et des sueurs les hommes étaient tous devenus des animaux. Son univers, c'était ici dans cette maison, énorme blockhaus, qui le protégeait encore des rayons du soleil et des arpenteurs dont les troupes quadrillaient régulièrement les quartiers et organisaient des descentes dans les habitations.

" Tout individu trouvé hors des limites autorisées, sera immédiatement expédié dans les galeries prévues à cet effet, ceci pour le bien être du citoyen, " hurlait une voix dans un sinistre haut parleur lors de chaque rafle. Les maisons laissées ouvertes s'embrasaient alors , comme un fétu de paille, sous les rayons mortels du soleil et c'était tout un quartier qui disparaissait sous les flammes. Chaque opération le terrorisait. Bientôt ce serait son tour.

 

Al baissa sa radio, des bruits l'avaient alerté. Il s'avança vers la fenêtre et aperçut par une rainure du volet une troupe d'arpenteurs. Ils se dirigeaient vers sa zone.

Ils avançaient lentement, de larges plaques au pied pour avoir plus de prise au sol et le corps enveloppé dans une combinaison aux reflets métalliques mi- scaphandrier, mi-cosmonaute.

Gênés par cette armure des nouveaux temps, ils évoluaient en gestes lents et mesurés ,en ralenti perpétuel et dans leur halo de vapeur produit par leur respiration ,ils étaient terrifiants et fantasmagoriques. Les arpenteurs se rapprochaient de plus en plus de son bunker.

Il laissa la porte entre-ouverte et alla se réfugier dans un entre sol du couloir, une cavité que les distorsions du sol avaient peu à peu engendrée.

Il les observa à travers les fentes des pierres. Leurs silhouettes fantasmatiques se détachaient dans la pénombre du hall et le souffle d'outre-tombe de leur respiration emplissait l'air.

Curieusement ils n'ouvrirent pas les volets pour enflammer la pièce. Ils se regardèrent un moment, indécis, puis sur le geste de l'un d'entre eux, ils repartirent se fondrent dans les vapeurs de l'extérieur.

Al s'extirpa lentement de sa cachette et alla se barricader derrière sa porte . Il s'effondra sur son lit en poussant un immense soupir de soulagement. Il chercha à tâtons sa vieille montre sur le sol et la remonta . Ultime rempart contre la spirale du temps. Puis sur le mur au-dessus de sa tête, il traça le dernier trait, il y en avait 1000 .Il laissa retomber son bras mollement, tous ces efforts l'avaient épuisé. Le corps à nouveau en sueurs, il se détendit en grimaçant un peu, lors de ses dernières escapades il s'était brûlé une fois de plus le dos contre les murs chauffés à blanc.

Il s'éventa vaguement et ferma ses paupières ourlées de longs cils noirs sur des rêves glacés.

" Longue et légère, elle marchait devant lui en se déshabillant doucement .Chacun de ses gestes provoquait en lui un désir de plus en plus intense, elle se retourna, souriante, dans le halo de ses boucles brunes, et l'appela, mais quand il s'approcha pour l'étreindre il ne vit qu'un visage calciné, une bouche qui s'ouvrait comme un trou noir d'où jaillissaient des flammes de ricanements . " 

Il s'éveilla en criant, le corps tendu, une main posée sur son sexe, il haletait les yeux fixés au plafond. Le papier peint se décollait des murs en émettant de longs chuintements gluants. Suivirent des sons confus, lointains, comme un chuchotement, un soupir presque qui s'insinuait dans ses oreilles. Al ne respirait même plus, l'esprit entièrement tourné vers ce murmure, car il entendait bien un murmure léger qui courait maintenant dans toute la pièce.

Al se leva d'un bond. Ces bruits lui étaient inconnus. Il se mit à inspecter le moindre recoin de la pièce, l'oreille collée contre les murs.

 

Il fouilla méticuleusement sa pièce, déplaça ses meubles, ses réserves d'eau, les machines à glaçons et ventilateurs. C'est en se rapprochant d'une ancienne conduite de chauffage dissimulée sous un fatras d'objets, que Al entendit le murmure s'affirmer. Certes, les voix qu'il entendait maintenant pouvaient fort bien appartenir aux réfugiés des galeries mais pourquoi ne les entendait t-il que maintenant? Il décida d'en avoir le cœur net et de suivre le cheminement de la tuyauterie. Il s'équipa de sa combinaison de protection solaire mit ses Solari sur la tête, emporta quelques provisions et un peu d'eau. Il en profiterait pour refaire une tournée dans les immeubles.

Ses premiers pas le menèrent le long des couloirs du bâtiment. Ca et là des brèches et des crevasses s'étaient ouvertes en formant des grottes , abris dérisoires contre les arpenteurs.

Les couloirs n'étaient plus qu'un repère d'êtres exsangues et brûlés préférant attendre la mort ici, qu'entre les mains des arpenteurs.

Al s'immobilisa. Un convoi funéraire venait de déboucher d'un autre couloir. Des hommes vêtus de jaune portaient un cadavre sur une mauvaise planche de bois noir. Une parade monstrueuse, lépreuse suivait : Brûlés, enveloppés de bandages puants, éclopés, cassés , tordus, muscles atrophiés, enfants difformes, hommes et femme transformés en déchets par le terrible réchauffement. Les hommes en jaune stoppèrent devant une large trappe creusée dans le mur donnant sur la rue. Tout en marmonnant de vagues prières, ils glissèrent le cadavre par le sas, qui s'ouvrit sur l'extérieur. Le corps en entrant en contact avec l'air brûlant émit un grésillement et s'enflamma. Une odeur de charogne grillée envahis l'espace. C'était la crémation en direct.

Al continua sa route. Il atteignit bientôt les caves de l'immeuble.

Avec les distorsions des pierres et du sol , les caves s'étaient enfoncées un peu plus profondément et bizarrement la tuyauterie avait été renforcée avec d'autre tubes.

Intrigué, Al passa sa main le long des tubes. Ils vibraient sous l'effet des sons qui les parcouraient. Une ride profonde barrait le front de Al de plus en plus perplexe :

- Des voix montaient réellement par les tubes. Un peu plus loin le tuyau disparaissait sous un amas de pierres et de ferraille. Pas question de percer, les arpenteurs alertés par le bruit auraient tôt fait de rappliquer. Il posa son sac de survie près de lui, et sortit précautionneusement des perles emplies d'un beau liquide doré, irisé de vert: de l'acide AR.

Il en versa sur les pierres et se retira derrière un pilier. Il avait 3 secondes pour mettre son masque a gaz et ses gants. Un épais nuage s'éleva des pierres et un trou putride s'ouvrit. AL attendit, méfiant, puis il s'engouffra dans le passage.

C'était un immense tunnel, sombre, humide, suintant d'un liquide verdâtre. Al ressentit comme un étrange frisson. Il ne comprit pas tout de suite ce que cela signifiait puis des sensations recluses au fond de sa mémoire et de son corps rejaillirent et le submergèrent. Il se trouvait dans une canalisation de refroidissement et il avait froid !!! Al savoura longuement cet indicible frisson, puis il reprit sa route les yeux emplis de larmes.

Sa marche fut longue et pénible. Ce tunnel semblait sans fin et le sol glissant et boueux le ralentissait. Le tuyau qui courait le long de la paroi était son fil d'Ariane le guidant dans l'obscurité . Enfin sa torche révéla la grille de la climatisation qui fermait le tunnel. Il tendit l'oreille, aucun bruit, doucement il décrocha la grille et se laissa glisser hors du tunnel sur le sol qui était en contrebas. Al se retrouvait à l'intersection de plusieurs couloirs tous frais et lumineux. Puis il vit une porte blindée et d'étranges réservoirs de graines. Des pas résonnèrent derrière la porte. Al se réfugia dans un des silos. Des hommes, vêtus de blanc apparurent, discutant aimablement . Al attendit qu'ils s'éloignent, il s'approcha de la porte et versa à nouveau une goutte d'acide AR dans les verrous. L'énorme blindage s'ouvrit dans un claquement sec.

La pièce est immense, blanche, claire et si fraîche. Al est éblouit.

L'espace est envahit d'ordinateurs, caméras de contrôle, thermomètres, appareils de mesure en tout genre. Graphiques et courbes s'étalent en large couleur sur des panneaux muraux.

Tout un matériel militaire et scientifique s'amoncelle sur des tables.

Al , sans comprendre , actionne des touches et sur des écrans de contrôle apparaissent des images : Il voit des couloirs envahis de moribonds, des arpenteurs qui déambulent en riant, son blockhaus filmé en ses moindres recoins.

Fébrile, il appuie sur d'autres leviers et d'autres écrans de télévision s'éclairent.

Et là, c'est toute sa vie qui défile depuis la catastrophe du Grand Réchauffement. Il revoit ces longues années de lutte et de souffrance défiler dans l'écran.

Al s'écroule, les yeux révulsés, les poings serrés, il ne veut pas comprendre.

Pris de spasmes nerveux, il s'agite sur le sol en mouvements désordonnés et s'agrippe à un énorme levier .Un sas s'ouvre alors au dessus de lui, un air sombre et glacé envahit la pièce, très haut dans le ciel apparaît entre les nuages un pale croissant de lune et de légers flocons de neige viennent se fondre dans le regard halluciné de Al.

Les alarmes déversent leurs hurlements de hyène dans les couloirs du Laboratoire de Recherche de l'Institut Météorologique des Citées Unies. Des hordes de militaires, armes au poing, déboulent des couloirs et accourent vers la salle des écrans.

Dans une pièce voisine, des hommes en blanc s'affairent, vaguement inquiets, ils écoutent une voix impérieuse qui s'élève d'un poste de radio.

"Le sujet AL semble nous avoir échappé. Il ne devait pas accéder au laboratoire , il ne devait pas savoir, personne ne doit savoir. Surveillez les issues, ne le laissez en aucun cas sortir de la zone réchauffée. L'expérience doit continuer. Le grand réchauffement est classé top Secret.

 

                                        FIN

***************************************************************************************

J'ai publié à ce jour deux ouvrages :

-Un recueil de nouvelles de Science- fiction " CLIMATS 3042, des nouvelles de la terre "

-Un roman de science-fiction : LEXANDRIA ou la révolte des téléportés

Vous pouvez les commander sur mon site www.valeriajcampanile.com

Avec l'aide d'une petite maison d'édition associative, j'ai composé un site sur lequel on peut lire des extraits de mes textes, des nouvelles et les rendez-vous avec le public.

De nombreuses nouvelles sont publiées sur des sites de lectures  www.nousvelles.com     www.inlibrosveritas.net

Mon roman " Le créateur de rêves " est en lecture gratuite sur www.inlibroveritas.net

En juillet 2006, une comédienne, a joué l'adaptation théâtrale d'une de mes nouvelles VISIOMANES au festival d'Avignon au théâtre de La Petite Tarasque

Ce texte est une critique de la dictature de la télévision et du monde virtuel.

Courant 2008, mon dernier livre paraîtra aux éditions Terriciae :

LA NUIT DE LA SALAMANDRE

Un roman à l'univers fantastique.

Je suis à la recherche d'un éditeur jeunesse pour mon roman jeunesse :

- Le créateur de rêves.

Ainsi que pour mon album illustré pour enfants :

- Dardaillan, l'étrange petit cheval de Camargue.

 

Email : valeria.j@wanadoo.fr

ImageImageImageImage

Google
Ecrire un commentaire - Permalien - Partager