....Je n'arrive plus à poser le crayon... Devenir le point, la virgule... la ligne s'il s'en faut... Devenir le blanc, le bleu... le grain, le grain de folie.
Devenir le point, la virgule... Couler le long du crayon. Devenir la mine, le trait de par l'encre noire ou bleue. S'étendre, se rattacher, se libérer. Courir à ces jeux De ponctuation... Point... Suspension et tout du long S'évanouir de mots communs en verbes et adjectifs... .....Et la page d'un coup d'un seul se rebiffe!....
"LES FELINS "
"Paille d'automne"
Je ne savais pas, car j'avais oublié comme est voluptueux Ce phénomène étrange qui, vous étranglant la voix Vous soumet au ridicule, ou l'incompréhension. Ce phénomène étrange qui, vous innondant d'émoi Tarit de vos lèvres, de par trop moultes émotions Ce flot de mots d'amour célestes et si sérieux.
"LE RUGISSANT ". Encre de chine.
Je ne savais pas, car j'avais oublié ce noeud au ventre puis, Cette gorge serrée et si impatiente jusqu'au coeur Palpitant sauvagement, tel une furie de chevaux au galop. Le soleil au corps, le ciel bleu acquiert dès l'heure Que nos pas se rencontrent, que nos voix forment méli-mélo
Et ressentir sans le reconnaître encore, ce sentiment enfouit...
" TIGRES ". Encre de chine. 1982.
"TIGRE ". Encre à l'eau.
"J'AIME LES MOTS "
J'aime les mots... Les mots qui font rire, les mots qui font pleurer... Les mots que l'on dit avec fracas, et puis ceux que l'on sussure, les dit tout bas, par pudeur, amour, ou par méfiance... J'aime les mots qui se ressemblent, s'assemblent... qui se font jeux. Et j'essuie le temps qui passe avec mon cerveau, cette éponge imbibée des tons et teintes... des bruits, et silence...Des regards que l'on conserve où l'on plonge, et ceux qui s'enfuient... J'aime les mots à tenter de ne point trop les abimer tout en dialoguant... Et je sais, quel que sera le papier, quel que sera le crayon, en essayant d'apaiser mes maux d'hiver par mes divers mots, j'aurais une infime chance de ne point trahir la véracité de leurs sens...
" LYNX "
... Puisant en un lieu si profond Que la mémoire titube. Humant des senteurs Parfums de sols secs, sols arides. De pluies s'évanouissant Sur la douleur sourde Des terres avides. Une mélancolie Me prend le coeur En ce temps Que bien vite on élude.
Je me suis envolée un soir, je voulais De nuages d'averses, en coton de brumes En soleil, de bleus en gris et blanc; Je me suis sentie comme une plume, Aussi douce à frôler l'herbe mouillée, Aussi frêle mais aussi forte qu'un chant. Je voulais voir, je voulais raconter Les berges au matin, lorsque la grenouille Coasse aux tétars la venue du poisson Qu'un oiseau au pattes longues surveille. Je contemple de là-haut, je m'agenouille. Je suis pluie, je suis bruine et flocon.
Je suis verte puis rouge. Je suis groseille. Je voulais raconter les sucs de la nature. Je voulais voir le pays nommé France. Le dire de forêts, de campagne aux montagnes Et plus encore, m'envoler sereine et sûre De demeurer dans le vent fort qui danse Par dessus les arbres, les cîmes et mats de cocagne. Je me suis envolée un soir, je voulais Je voulais voir, je voulais conter la venue De la perle fine s'écoulant d'une feuille Qui tombe, abreuvant la terre asséchée. A peine bue, à peine évaporée au seuil Des mystères de la renaissance au coeur de l'élue.
Je suis songe, je suis calme ou bien colère. Je suis nuage d'averse, je suis la brume, Je suis le vent du Nord dont l'air Agace le givre qui fume. Je suis l'onde qui se dessine sur l'eau Je suis la goutte qui déborde Je suis l'éphémère s'éveillant du repos, Formant le frisson lorque son éclosion il aborde. Je suis le songe, je suis le calme ou bien la colère; Je suis pupille dilatée qui se rétracte, Je suis l'étonnement, je suis la guerre Et mieux enfin, cette paix mais par entracte.
Je me suis envolée un soir, je croyais Pouvoir dire combien l'eau Est pure dans les larmes de la Terre, Combien l'homme est Dur dans les versets de son eau De croyance faite de papier et d'éther. Je voulais voir, je voulais raconter La naissance du coeur d'une rose Dans son pourpre dessin voluptueux, En son subtile parfum évanescent, forcé Par l'âge porté du temps... Je me repose, Perçois deux colombes aux coeurs vertueux.
"Les oiseaux".
Je vois le voyage futur... le voyage en non compartiment.
Des yeux, des nez... toute une clique avec ses cliquetis de mots, avec ses cliquetis de corps...
Des pieds se soulèvent du sol en l'air et de l'air au sol claquants... Un sac, une valise tombent... Un gamin se tord dans les bras de sa mère, se libère et s'affale sur le premier pied qui se soulève du sol et les deux s'en chûtent claquants...sur ...le sol!...
Le pied-chaussures-chemin-route-rail-envol
-avion-air-liberté
... Liberté... Où te trouver?.. Sous les cordes d'une guitare, en suivant instinctivement les notes qui naissent au creux d'un corps de flûte?...
Parenthèse entre parenthèses... Que sais-je?...Que suis-je?...Qui suis-je?...Qui êtes-vous, là?...
" Toucan "
Ce matin, envie de tourner autour des piquets de trottoirs, des piquets d'arrêts de bus, des piquets de poubelles...envie de jouer à la marelle sur les pavés de l'allée, juste à côté...du ciel...
" Mésange charbonnière "
J'ai craint l'orage à mon arrivée!..Les champs, durant le voyage, coulaient sur les vitres, fondaient tels une glace mentholée sous la langue... Les verts transparents, devenant verts frissonnant, devenus verts fredonnant lors de l'ouverture de porte sur forêts... Mes narines se sont instinctivement écartée sur le pas des deux marches à quai... j'ai humé, reniflé, en une tripotée de secondes... j'ai entreposé ce filtrage de feuillages humides... du pur, du clair, du rare d'où j'arrive...du filtré qui rajeunit les bronches dans leurs plus grandes profondeurs polluées. J'ai écarté les narines, projeté mon regard, mon esprit... écarquillé mes esgourdes... Prête!.. Prête à m'envoler!...
" Mésange bleue "
J'ai bientôt fini sans finir... Terminer d'écrire mais sans jamais reposer le crayon... me faudrait de l'encre qui ne sèche pas à l'air de ma plume, et une plume d'oiseau afin de ne plus en finir d'un peu plus de légèreté... De liberté chaque seconde pour l'avenir...
" Rapace "
Les abeilles volent au dessus de l'herbe fraîchement, copieusement tondue... Les sucs s'évaporent, mes narines goûtent ce nectar... Mon palais se tate...
Du sucre se glisse sur mon idée de penser au flou des jours à venir... Du sucre se dépose; Mais cela colle du sucre!... Cela attire les abeilles!
Certes mes pas l'un après l'autre, s'inscrivent sur des passages singulièrement étrangers à mes besoins, mes impératifs, ou seulement mes désirs.
Prêter attention aux sons provenant de la route voisine tandis que le crépitement de la cafetière se conjugue aux parfums matinaux... et n'il n'est que 22h30.
Poser son coude sur le dico bleu petit Robert Poser sa tête au creux de sa paume Poser ses doigts dans ses cheveux Poser ses yeux sur l'écrit se réalisant Poser des mots par l'intermédiaire D'une pause plume. Porte-plume. Un...bleu Poser son pause-âme, son prose coeur Poser son pause café, son pousse papier Poser, exploser, graffiti des pensées Poser son corps fatigué sur un coussin posé Surexposé, surchauffé, il fait trente degrés Poser la plume... Fermer le cahier.. Pause... prose... pause...pose... pause... à demain!
" Duo d'ibis "
" Ibis "
J'ai le coeur en joie J'ai la joie au coeur! Bohneur! Bonheur! Bonheur! J'ai le coeur en joie!
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Et si Dame Nuit nous était contée Par quelques majuscules de mots, d'émaux Cristallins tels étoiles, astres éclairés Astre semblable à celui, reflet dans l'eau D'une flaque sur un chemin de terre trempée La campagne est silence sous la lune pleine Pleine de ce silence qui ne peut être, ne le serait Que par celle qu'entend la nuit filer sa laine.
Et si Dame Nuit dans ses brouillards et brumes Dans ses courses de quadrupèdes et d'ailés Dans sa nocturne découverte de l'écume Posée sur une plage. Présente et déja passée.
Et si, et si la lune pendue là-haut Avec ses regrets éternels De n'être plus que poussière et cratères. Et si, et si la lune de là-haut Eclairant le regard des éternels enfants Venait à disparaître de mes nuits Je n'ose croire que j'en sommeillerais davantage Plus, ou autant, pour autant... Où se nicherait alors la poésie du temps, Sous une paupière close ou Sous un léger souffle de vent se répétant?...
Et si, Et si, Dame Nuit ou lune Lune ou nuit...
" Les Eléphants "
La brousse est trop chaude, la poussière vole sous chaque de nos pattes. J'ai beau balancer ma trompe d'un côté à l'autre, secouant mes larges oreilles, j'ai l'impression qu'un étau m'enserre entre ses griffes brûlantes... L'eau manque... L'herbe verte n'est que paille... Les autres, mes semblables me suivent, les petits ont mal à soulever leur masse déja pesante... J'ai beau vouloir y arriver, sans le frémissement apportant cette odeur bizarre, entre chaleur et humidité... Comment y arriver, survivre, les faire vivre... Je suis l'éléphant femelle dominante!.. Je mène les miens, les conduisant au mieux pour la Survie de notre troupeau... Bravant les mâles conquérants, les hommes, et le feu des brousses... Je sais presque survivre au manque d'eau mais, pour le reste, ma force dominatrice est mon seul atout. Je suis forte, parfois solitaire, j'aime mon troupeau... Je suis forte et femelle de guerre, je conduis mon troupeau.
Le souffle est là, je le sens de tout mon corps, les insectes virevoltent, comme fous autour de nous... Le ciel devient sombre, une chose ressemblant à une défense brisée se fond dans le sol, et ce un tremblement bruyant !.. Aaaahhh!...Il pleut!..