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Citations religions

Citations sur Mahomet Publié le Dimanche 27 Janvier 2008 à 14:08:37

«Mahomet avait le courage d'Alexandre avec l'esprit de Numa.»

  • Voltaire, Le diner du comte de Boulainvilliers (1767),  éd. Moland, 1875, t. 26, p. 580

«Mahomet fut un grand homme, intrépide soldat: avec une poignée de monde il triompha au combat de Badr; grand capitaine, éloquent, grand homme d'état, il regénéra sa patrie, et créa au milieu des déserts de l'Arabie un nouveau peuple et une nouvelle puissance.»

  • Napoléon Bonaparte, Précis des guerres de César (Écrit par Marchand, à Sainte-Hélène, sous la dictée de l'empereur),  éd. Gosselin, 1836, p. 237

«S'il faut juger de la valeur des hommes par la grandeur des œuvres qu'ils ont fondées, nous pouvons dire que Mahomet fut un des plus grands hommes qu'ait connus l'histoire. Des préjugés religieux ont empêché bien des historiens de reconnaître l'importance de son oeuvre ; mais les écrivains chrétiens eux-mêmes commencent aujourd'hui à lui rendre justice.»

  • Gustave Le Bon, La Civilisation des Arabes (1884),  éd. La Fontaine au Roy, 1990, Livre deuxième, chapitre premier, Mahomet, p. 76

«Si la grandeur du dessein, la petitesse des moyens, l'immensité du résultat sont les trois mesures du génie de l'homme, qui osera comparer humainement un grand homme de l'histoire moderne à Mahomet ?  Philosophe, orateur, apôtre, législateur, guerrier, conquérant d'idées, restaurateur des dogmes rationnels d'un culte sans images, fondateur de vingt empires terrestres et d'un empire spirituel, voilà Mahomet. A toutes les échelles ou l'on mesure la grandeur humaine, quel homme fut plus grand ?»

  • Alphonse de Lamartine, Histoire de la Turquie,  éd. Librairie du Constitutionnel, 1854, livre premier, p. 277-280

etc

Sommaire

2 Notes

 Citations sur Mahomet

 XVIIIe-XIXe siècle

 Napoléon Bonaparte

Mahomet fut un grand homme, intrépide soldat: avec une poignée de monde il triompha au combat de Badr; grand capitaine, éloquent, grand homme d'état, il regénéra sa patrie, et créa au milieu des déserts de l'Arabie un nouveau peuple et une nouvelle puissance.

  • Précis des guerres de César (Écrit par Marchand, à Sainte-Hélène, sous la dictée de l'empereur), Napoléon Bonaparte, éd. Gosselin, 1836, p. 237


Un préjugé bien répandu et cependant démenti par l'histoire, c'est que Mahomet était ennemi des sciences, des arts et de la littérature.

  • Mémoires pour servir l'histoire de France sous Napoléon, écrits à Saint-Hélène sous sa dictée, Napoléon Bonaparte, éd. Firmin-Didot, 1823, t. 2 (Général Gourgaud), Egypte - Religion, p. 257


L'Arabie était idolâtre lorsque Mahomet, sept siècles après Jésus-Christ, y introduisit le culte du dieu d'Abraham, d'Ismaël, de Moïse et de Jésus-Christ. [...] Mahomet fut prince; il rallia ses compatriotes autour de lui. En peu d'années, ses Moslems conquirent la moitié du monde. Ils arrachèrent plus d'âmes aux faux dieux, culbutèrent plus d'idoles, renversèrent plus de temples païens en quinze années, que les sectateurs de Moïse et de Jésus-Christ ne l'ont fait en quinze siècles. Mahomet était un grand homme.

  • Campagnes d'Egypte et de Syrie 1798-1799 (dictées par lui-même à Saint-Hélène, gal Bertrand), Napoléon Bonaparte, éd. Comon et cie, 1847, t. 1, Affaires religieuses, p. 208


Mahomet réduisit le nombre de femmes qu'on pouvait épouser ; avant lui, il était indéterminé; le riche en épousait un grand nombre; il restreignit donc la polygamie.

  • Campagnes d'Egypte et de Syrie 1798-1799 (dictées par lui-même à Saint-Hélène, gal Bertrand), Napoléon Bonaparte, éd. Comon et cie, 1847, t. 1, Affaires religieuses, p. 233


Voltaire, avait ici manqué à l'histoire et au coeur humain. Il prostituait le grand caractère de Mahomet par les intrigues les plus basses. Il faisait agir un grand homme qui avait changé la face du monde, comme le plus vil scélérat, digne au plus du gibet. Il ne travestissait pas moins inconvenablement le grand caractère d'Omar, dont il ne faisait qu'un coupe-jarrets de mélodrame.

  • Commentaire de Napoléon sur le Mahomet de Voltaire
  • Napoléon Bonaparte, avril 1816, Sainte-Hélène, dans Mémorial de Sainte-Hélène, paru chez Dépôt du Mémorial, 1824, t.3, p.134-135, Las Cases.


Mais, nous autres musulmans, voudrions qu'il y eût plus de vérité historique, que cela sentit plus l'arabe. Quand il parle du combat sacré, j'aime beaucoup Mahomet. Voltaire le suppose amoureux, c'est ridicule. On lui prête des crimes affreux : on croit toujours que les grands hommes commettent des crimes, des empoisonnements : on a bien tort, ils ne réussissent pas par de tels moyens.

  • Commentaire de Napoléon sur le Mahomet de Voltaire
  • Napoléon Bonaparte, 20 juin 1817, Sainte-Hélène, dans Journal de Sainte-Hélène 1815-1818, paru chez Flammarion, 1947, t.2, p.153, Général Gourgaud.


J'aime mieux la religion de Mahomet. Elle est moins ridicule que la nôtre.

  • Napoléon Bonaparte, 28 août 1817, Sainte-Hélène, dans Journal de Sainte-Hélène 1815-1818, paru chez Flammarion, 1947, t.2, p.226, Général Gourgaud.


 Gustave Le Bon

S'il faut juger de la valeur des hommes par la grandeur des œuvres qu'ils ont fondées, nous pouvons dire que Mahomet fut un des plus grands hommes qu'ait connus l'histoire. Des préjugés religieux ont empêché bien des historiens de reconnaître l'importance de son oeuvre ; mais les écrivains chrétiens eux-mêmes commencent aujourd'hui à lui rendre justice.

  • La Civilisation des Arabes (1884), Gustave Le Bon, éd. La Fontaine au Roy, 1990, Livre deuxième, chapitre premier, Mahomet, p. 76


 Thomas Carlyle

L'on a beaucoup écrit sur la façon dont Mahomet propagea sa religion par le sabre.Il y a, sans doute, beaucoup d'honnêteté de la part des chrétiens à se vanter d'avoir, eux, propagé leur religion pacifiquement.

  • (en) Much has been said of Mahomet's propagating his Religion by the sword. It is no doubt far nobler what we have to boast of the Christian Religion, that it propagated itself peacebly.
  • On Heroes, Hero-worship, and the Heroic in History (1841), Thomas Carlyle  , éd. Wiley & Halsted, 1859, The Hero as a Prophet (Mahomet), p. 55


 John William Draper

Quatre ans après la mort de Justinien, en 569 après JC, naissait à la Mecque, en Arabie, l'homme qui, parmi tous les hommes, allait exercer la plus grande influence sur la race humaine...Mahomet.

  • (en) Four years after the death of Justinian, A.D. 569, was born at Mecca, in Arabia the man who, of all men exercised the greatest influence upon the human race... Mohammed.
  • A History of the Intellectual Development of Europe, John William Draper  , éd. Harper, 1863, p. 244


 Washington Irving

Dans sa conduite privée, il était juste. Il traitait les amis et les étrangers, le riche et le pauvre, le puissant et le faible, avec équité et était aimé par le petit peuple pour l'affabilité avec laquelle il les recevait et écoutait leurs doléances.[...] Ses triomphes militaires n'ont soulevé aucune fierté ni vaine gloire comme cela aurait été le cas s'ils avaient été effectués à des fins personnelles. Au moment de sa plus grande puissance, il a maintenu la même simplicité de manières et d'apparence que dans ses jours d'adversité. Aussi, sans que l' Etat régalien en soit affecté, il était mécontent lorsque, entrant dans une pièce, un témoignage inhabituel de respect lui était montré. S'il visait une hégémonie universelle, c'était l'hégémonie de la foi ; quant au pouvoir temporel, qui a grandi entre ses mains, il l'a utilisé sans ostentation et il n'a rien fait pour le perpétuer dans sa famille.

  • (en) In his private dealings he was just. He treated friends and strangers, the rich and poor, the powerful and weak, with equity, and was beloved by the common people for the affability with which he received them, and listened to their complaints.[...] His military triumphs awakened no pride nor vain glory, as they would have done had they been effected for selfish purposes. In the time of his greatest power he maintained the same simplicity of manners and appearance as in the days of his adversity. So far from affecting a regal state, he was displeased if, on entering a room, any unusual testimonials of respect were shown to him. If he aimed at a universal dominion, it was the dominion of faith; as to the temporal rule which grew up in his hands, as he used it without ostentation, so he took no step to perpetuate it in his family
  • Mahomet and his successors, Washington Irving  , éd. George P. Putnam, 1850, p. 330,339


 Alphonse de Lamartine

Jamais homme n'accomplit en moins de temps une si immense et durable révolution dans le monde. [...] Si la grandeur du dessein, la petitesse des moyens, l'immensité du résultat sont les trois mesures du génie de l'homme, qui osera comparer humainement un grand homme de l'histoire moderne à Mahomet ? Les plus fameux n'ont remué que des armes, des lois; Ils n'ont fondé, quand ils ont fondé quelque chose, que des puissances matérielles écroulées souvent avant eux. Celui-là a remué des armées, des législations, des empires, des peuples, des dynasties, des millions d'hommes sur un tiers du globe habité; mais il a remué, de plus, des idées, des croyances, des âmes. Il a fondé [...] une nationalité spirituelle qui englobe des peuples de toute langue et de toute race [...]. Philosophe, orateur, apôtre, législateur, guerrier, conquérant d'idées, restaurateur des dogmes rationnels d'un culte sans images, fondateur de vingt empires terrestres et d'un empire spirituel, voilà Mahomet. A toutes les échelles ou l'on mesure la grandeur humaine, quel homme fut plus grand ?

  • Histoire de la Turquie, Alphonse de Lamartine, éd. Librairie du Constitutionnel, 1854, livre premier, p. 277-280


 Friedrich Nietzsche

Platon pensait faire pour tous les Grecs ce que fit plus tard Mahomet pour les Arabes : fixer les coutumes importantes et surtout le mode de vie journalier de chacun. Ses idées étaient aussi sûrement réalisables que le furent celles de Mahomet : des idées beaucoup plus incroyables encore, celles du christianisme, se sont montrées réalisables!.

  • Nietzsche compare Platon à Mahomet
  • Aurore (1881), Friedrich Nietzsche (trad. J. Hervier), éd. Idées/NRF, 1974, Livre cinquième, aphorisme 496 (Le principe mauvais), p. 336


 Ernest Renan

Mahomet nous apparaît comme un homme doux, sensible, fidèle, exempt de haine. Ses affections étaient sincères; son caractère, en général, porté à la bienveillance. Lorsqu'on lui serrait la main en l'abordant, il répondait cordialement à cette étreinte, et jamais il ne retirait la main le premier. Il saluait les petits enfants et montrait une grande tendresse de cœur pour les femmes et les faibles. « Le paradis, disait-il, est au pied des mères. » Ni les pensées d'ambition, ni l'exaltation religieuse n'avaient desséché en lui le germe des sentiments individuels. Rien de moins ressemblant à cet ambitieux machiavélique (Mahomet de la pièce de Voltaire) et sans cœur qui explique en inflexibles alexandrins ses projets à Zopyre.

  • Études d'histoire religieuse, Ernest Renan, éd. Michel Lévy frères, 1858, p. 248


 Jules Barthélemy Saint-Hilaire

Mahomet a été le plus intelligent, le plus religieux, le plus clément des Arabes de son temps. Il n'a dû son empire qu'à sa supériorité. La religion prêchée par lui a été un immense bienfait pour les races qui l'ont adoptée.

  • Mahomet et le Coran (1865), Jules Barthélemy Saint-Hilaire, éd. Didier et cie, 1865, p. 82


 Reginald Bosworth Smith

Il était César et le pape réunis en un seul être; mais il était le Pape sans avoir les prétentions du Pape, et César sans avoir les légions de César: Sans armée, sans garde du corps, sans palais et sans revenu fixe; s'il y a un homme qui a le droit de dire qu'il règne par la volonté divine, se serait Mahomet, puisqu'il a tout le pouvoir sans avoir les instruments ni les supports.

  • (en) He was Caesar and Pope in one; but he was Pope without the Pope's pretensions, and Caesar without the legions of Caesar, without a standing army, without a bodyguard, without a police force, without a fixed revenue. If ever a man ruled by a right divine, it was Muhammad, for he had all the powers without their supports.
  • Mohammed and Mohammedism, Reginald Bosworth Smith  , éd. Smith, Elder & Co, 1874, p. 92


 Voltaire

Il est vraisemblable que Mahomet fut d'abord fanatique, ainsi que Cromwell le fut dans le commencement de la guerre civile: tous deux employèrent leur esprit et leur courage à faire réussir leur fanatisme; mais Mahomet fit des choses infiniment plus grandes, parce qu'il vivait dans un temps et chez un peuple où l'on pouvait les faire. Ce fut certainement un très grand homme, et qui forma de grands hommes. Il fallait qu'il fût martyr ou conquérant, il n'y avait pas de milieu. Il vainquit toujours, et toutes ses victoires furent remportées par le petit nombre sur le grand. Conquérant, législateur, monarque et pontife, il joua le plus grand rôle qu'on puisse jouer sur la terre aux yeux du commun des hommes.

  • Remarque sur l'Essais sur les Mœurs (1756), Voltaire, éd. Moland, 1875, t. 24, chap. 9-De Mahomet, p. 590


De tous les législateurs qui ont fondé des religions, il est le seul qui ait étendu la sienne par les conquêtes[1]. D'autres peuples ont porté leur culte avec le fer et le feu chez les nations étrangères ; mais nul fondateur de secte n'avait été conquérant. Ce privilège unique est aux yeux des musulmans l'argument le plus fort que la Divinité prit soin elle-même de seconder leur prophète [...] Ce n'était pas sans doute un ignorant, comme quelques uns l'ont prétendu. Il fallait bien même qu'il fut très savant pour sa nation et pour son temps, puisqu'on a de lui quelques aphorismes de médecine, et qu'il réforma le calendrier des arabes, comme César celui des Romains. Il se donne à la vérité, le titre de prophète non lettré ; mais on peut savoir écrire, et ne pas s'arroger le nom de savant.

  • Essais sur les Mœurs (1756), Voltaire, éd. Moland, 1875, t. 11, chap. 6-De l'Arabie et de Mahomet, p. 229


Bornons-nous toujours à cette vérité historique: le législateur des musulmans, homme puissant et terrible, établit ses dogmes par son courage et par ses armes; cependant sa religion devint indulgente et tolérante.

  • Essais sur les Mœurs (1756), Voltaire, éd. Moland, 1875, t. 11, chap. 7-De l'Alcoran, et de la loi musulmane, p. 244


Mahomet avait le courage d'Alexandre avec l'esprit de Numa.

  • Le diner du comte de Boulainvilliers (1767), Voltaire, éd. Moland, 1875, t. 26, p. 580


 XXe siècle

 Annie Besant

Il est impossible, pour quelqu'un qui étudie la vie et le caractère du grand Prophète d'Arabie, pour quelqu'un qui sait comment il enseignait et de quelle façon il vivait, d'avoir d'autre sentiment que le respect pour ce prophète prodigieux, l'un des grands messagers de l'Etre Suprême. Même si mes discours contiennent bien des choses qui sont familières à beaucoup d'entre vous, chaque fois que moi-même je les relis, je sens monter en moi une nouvelle vague d'admiration, un nouveau sentiment de révérence, pour ce prodigieux grand maître arabe.

  • (en) It is impossible for anyone who studies the life and character of the great Prophet of Arabia, who knows how he taught and how he lived, to feel anything but reverence for that mighty Prophet, one of the great messengers of the Supreme. And although in what I put to you I shall say many things which may be familiar to many, yet I myself feel whenever I re-read them, a new way of admiration, a new sense of reverence for that mighty Arabian teacher.
  • The Life And Teachings of Mohammad, Two lectures, Annie Besant  , éd. The Theosophical Publishing House, 1932, p. 4


 Mohandas Karamchand Gandhi

Je voulais mieux connaître la vie de celui qui aujourd'hui détient indiscutablement les cœurs de millions d'êtres humains. Je suis désormais plus que jamais convaincu que ce n'était pas l'épée qui créait une place pour l'Islam dans le cœur de ceux qui cherchaient une direction à leur vie. C'était cette grande humilité, cet altruisme du prophète, l'égard scrupuleux envers ses engagements, sa dévotion intense à ses amis et adeptes, son intrépidité, son courage, sa confiance absolue en Dieu et en sa propre mission. Ces faits, et non l'épée, lui amenèrent tant de succès, et lui permirent de surmonter les problèmes.

  • (en) I wanted to know the best of the life of one who holds today an undisputed sway over the hearts of millions of mankind. I became more than ever convinced that it was not the sword that won a place for Islam in those days in the scheme of life. It was the rigid simplicity, the utter self-effacement of the Prophet the scrupulous regard for pledges, his intense devotion to his friends and followers, his intrepidity, his fearlessness, his absolute trust in God and in his own mission. These and not the sword carried everything before them and surmounted every obstacle.


 Michael H. Hart

Certains lecteurs seront peut-être étonnés de me voir placer Mahomet en tête des personnalités ayant exercé le plus d'influence en ce monde, et d'autres contesteront probablement mon choix. Cependant, Mahomet est le seul homme au monde qui ait réussi par excellence sur les plans: religieux et séculier.

  • (en) My choice of Muhammad to lead the list of the world's most influential persons may surprise some readers and may be questioned by others, but he was the only man in history who was supremely successful on both the secular and religious level.
  • The 100: A Ranking of the Most Influential Persons in History, Michael H. Hart  , éd. Hart Publishing Co, 1978, p. 33


 William Montgomery Watt

La façon dont il accepta les persécutions dues à sa foi, la haute moralité des hommes qui vécurent à ses côtés et qui le prirent pour guide, la grandeur de son œuvre ultime, tout cela ne fait que démontrer son intégrité fondamentale. La supposition selon laquelle Mahomet serait un imposteur soulève plus de problèmes qu'elle n'en résout. Et pourtant aucune des grandes figures de l'histoire n'est si peu appréciée en Occident que le Prophète Mahomet .

  • (en) His readiness to undergo persecution for his beliefs, the high moral character of the men who believed in him and looked up to him as a leader, and the greatness of his ultimate achievement - all argue his fundamental integrity. To suppose Muhammad an impostor raises more problems that it solves. Moreover, none of the great figures of history is so poorly appreciated in the West as Muhammad.
  • Mohammad at Mecca, William Montgomery Watt , éd. Oxford University Press, 1953, p. 52


 XXIe siècle 

 Maxime Rodinson

Mahomet (en arabe Muhammad) est, parmi les fondateurs des grandes religions universalistes, celui que nous connaissons le mieux. [...] Homme génial, issu d'une société en marge des grandes civilisations de l'époque, il sut forger une synthèse idéologique impressionnante, capable de séduire d'abord son pays natal, puis de s'imposer dans une vaste zone du globe. Il sut aussi employer des dons remarquables de chef politique et militaire à acquérir le contrôle de l'Arabie. Mystique (incomplet), profondément religieux, mais non pas pur homme de sainteté comme le Christ et le Bouddha, les faiblesses humaines de cette impressionnante personnalité ne font que rendre sa biographie plus attachante. [...] Si le développement postérieur de l'islam est dû aux circonstances (pour ceux qui n'y voient pas la main de Dieu), une part importante de son succès vient néanmoins du génie de Muhammad. On peut le créditer d'une grande intelligence, d'une habileté et d'une ténacité remarquables, d'un sens très fin des hommes et des situations. [...] Il faut tenir compte des mœurs du temps et de son pays pour juger certains de ses actes, atroces ou quelque peu hypocrites [...]. Il montra, en bien des cas, de la clémence, de la longanimité, de la largeur de vues et fut souvent exigeant envers lui-même. Ses lois furent sages, libérales (notamment vis-à-vis des femmes), progressives par rapport à son milieu.

  • Maxime Rodinson, 1961, dans Article Mahomet, paru l'Encyclopédia Universalis V10, 2004, Maxime Rodinson.


 Notes

  1. "Conquête" au sens ici de "personne que l'on a séduite (Petit Larousse)"

 

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Citations sur l'islam Publié le Samedi 26 Janvier 2008 à 22:03:49

 «J'espère que le moment ne tardera pas où je pourrai réunir tous les hommes sages et instruits du pays, et établir un régime uniforme, fondé sur les principes de l'Al-coran, qui sont les seuls vrais et qui peuvent seuls faire le bonheur des hommes. »
  • Napoléon Bonaparte, Lettre au Cheikh El-Messiri (1798), Correspondance de Napoléon Ier, éd. H. Plon, 1861, t. 4, partie Pièce N° 3148, p. 420

«Dans le Coran il y a quelque chose de guerrier et de fort, quelque chose de viril, quelque chose de romain pour ainsi dire. »

  • Maurice Bardèche, Qu'est-ce que le fascisme ?, éd. Les Sept Couleur, 1961, p.129

«Au point de vue de la civilisation, bien peu de peuples ont dépassé les Arabes et l'on n'en citerait pas qui ait réalisé des progrès si grands dans un temps si court. Au point de vue religieux, ils ont fondé une des plus puissantes religions qui aient régné sur le monde, une de celles dont l'influence est la plus vivante encore. Au point de vue politique, ils ont créé un des plus gigantesques empires qu'ait connus l'histoire. Au point de vue intellectuel et moral ils ont civilisé l'Europe.»

  • Gustave Le Bon, La Civilisation des Arabes (1884), éd. La Fontaine au Roy, 1990,  p. 470

«La perfection que nous avons reconnue dans tous les organes de la vie intérieure et dans ceux de la vie de relation chez les Arabes, annonce en effet une intelligence innée proportionnée à cette perfection physique, et sans doute supérieure, toutes choses égales d'ailleurs, à celle, par exemple, des peuples du nord de la terre.  Il est vraisemblable que le climat de l'Arabie, la vie sobre, régulière et simple de cette race d'homme qui a pris naissance dans cette riche et fertile contrée, ont contribué à leur donner cette perfectibilité d'organes et cette intelligence rare qui en fait, en quelque sorte, une espèce à part.»

  • Dominique-Jean Larrey, Mémoires et Campagnes 1786-1840 (1841), éd. Tallandier, 2004, t. 2,  p. 1118-1119

«Aussi souvent que nous le lisons [le Coran], au départ et à chaque fois, il nous repousse. Mais soudain il séduit, étonne et finit par forcer notre révérence. Son style, en harmonie avec son contenu et son objectif, est sévère, grandiose, terrible, à jamais sublime. Ainsi ce livre continuera d'exercer une forte influence sur les temps à venir.»

  • Goethe, 1819, West-Oestlicher Divan, dans Dictionary of Islam (1885), paru chez Laurier Books Ltd, 1996, p. 526, Thomas Patrick Hughes.

«Sa religion est sage, sévère, chaste, et humaine: sage, puisqu'elle ne tombe pas dans la démence de donner à Dieu des associés, et qu'elle n'a point de mystères; sévère, puisqu'elle défend les jeux de hasard, le vin et les liqueurs fortes, et qu'elle ordonne la prière cinq fois par jour; chaste, puisqu'elle réduit à quatre femmes ce nombre prodigieux d'épouses qui partageaient le lit de tous les princes de l'Orient; humaine, puisqu'elle nous ordonne l'aumône bien plus rigoureusement que le voyage de la Mecque. Ajoutez à tous ces caractères de vérité la tolérance.»

  • Voltaire, Il faut prendre un parti (1772), éd. Moland, 1875, t. 28, chap. 23-Discours d'un Turc, p. 547

«Si la grandeur du dessein, la petitesse des moyens, l'immensité du résultat sont les trois mesures du génie de l'homme, qui osera comparer humainement un grand homme de l'histoire moderne à Mahomet ? Il a fondé une nationalité spirituelle qui englobe des peuples de toute langue et de toute race [...]. Philosophe, orateur, apôtre, législateur, guerrier, conquérant d'idées, restaurateur des dogmes rationnels d'un culte sans images, fondateur de vingt empires terrestres et d'un empire spirituel, voilà Mahomet. A toutes les échelles ou l'on mesure la grandeur humaine, quel homme fut plus grand ?»

  • Alphonse de Lamartine, Histoire de la Turquie,  éd. Librairie du Constitutionnel, 1854, livre premier, p. 277-280

«Mahomet fut un grand homme, intrépide soldat: avec une poignée de monde il triompha au combat de Badr; grand capitaine, éloquent, grand homme d'état, il regénéra sa patrie, et créa au milieu des déserts de l'Arabie un nouveau peuple et une nouvelle puissance.»

  • Napoléon Bonaparte, Précis des guerres de César (écrit par Marchand, à Sainte-Hélène, sous la dictée de l'empereur),  éd. Gosselin, 1836, p. 237

«Le christianisme nous a frustrés de la moisson de la culture antique, et, plus tard, il nous a encore frustrés de celle de la culture islamique. La merveilleuse civilisation maure d'Espagne, au fond plus proche de nous, parlant plus à nos sens et à notre goût que Rome et la Grèce, a été foulée aux pieds.  [...] En soi, on ne devrait même pas avoir à choisir entre l'islam et le christianisme, pas plus qu'entre un Arabe et un Juif. La réponse est donnée d'avance: ici, nul ne peut choisir librement. Soit on est un tchandala, soit on ne l'est pas. «Guerre à outrance avec Rome! Paix et amitié avec l'Islam.» C'est ce qu'a senti, c'est ce qu'a fait ce grand esprit fort, le seul génie parmi les empereurs allemands, Frédéric II Hohenstauffen.»

  • Friedrich Nietzsche, L'Antéchrist (1888), éd. Gallimard, 2006, p. 85

«La civilisation a été l'un des éléments constitutifs de la puissance de l'Empire romain. Ce fut aussi le cas en Espagne, sous la domination des Arabes. La civilisation atteignit là un degré qu'elle a rarement atteint. Vraiment une époque d'humanisme intégral, où régna le plus pur esprit chevaleresque. L'intrusion du christianisme a amené le triomphe de la barbarie. L'esprit chevaleresque des Castillans est en réalité un héritage des Arabes.»

  • Adolf Hitler, Libres propos sur la guerre et la paix recueillis sur l'ordre de Martin Bormann,  éd. Flammarion, 1954, 28 août 1942, p. 297

etc

Sommaire

XVIIIe- XIXe siècle

Napoléon Bonaparte

J'espère que le moment ne tardera pas où je pourrai réunir tous les hommes sages et instruits du pays, et établir un régime uniforme, fondé sur les principes de l'Al-coran, qui sont les seuls vrais et qui peuvent seuls faire le bonheur des hommes.

  • Lettre au Cheikh El-Messiri (11 fructidor an VI), Correspondance de Napoléon Ier, Napoléon Bonaparte, éd. H. Plon, 1861, t. 4, partie Pièce N° 3148, p. 420


J'étais toujours frappé quand je voyais les cheiks tomber à genoux au milieu du désert, se tourner vers l'Orient et toucher le sable de leur front. Qu'était-ce que cette chose inconnue qu'ils adoraient vers l'Orient?

  • Napoléon Bonaparte, 1802, Paris, rencontre avec Chateaubriand, dans Mémoires d'outre-tombe, paru chez E. et V. Penaud frères, 1849, p.251, François-René Chateaubriand.


En Egypte, je me trouvais débarrassé du frein d'une civilisation gênante. Je rêvais toutes choses et je voyais les moyens d'exécuter tout ce que j'avais rêvé. Je créais une religion, je me voyais sur le chemin de l'Asie, parti sur un éléphant, le turban sur ma tête et dans ma main un nouvel Alcoran que j'aurais composé à mon gré. J'aurais réuni dans mes entreprises les expériences des deux mondes, fouillant à mon profit le domaine de toutes les histoires, attaquant la puissance anglaise dans les Indes, et renouant par cette conquête mes relations avec la vieille Europe. Ce temps que j'ai passé en Egypte a été le plus beau de ma vie, car il en a été le plus idéal.

  • Napoléon Bonaparte, 1804, Paris, confidence à Mme de Rémusat, dans Mémoires de Madame de Rémusat, 1802-1808, paru chez Calmann Lévy, 1880, p.274, Paul de Rémusat.


Si je m'étais emparé d'Acre, je prenais le turban; je faisais mettre de grandes culottes à mon Armée; je ne l'exposais plus qu'à la dernière extrémité; j'en faisais un bataillon sacré, mes Immortels! C'est par des Arabes, des Grecs, des Arméniens que j'eusse achevé la guerre contre les Turcs! Au lieu d'une bataille de Moravie je gagnais une bataille de l'Issus, je me faisais empereur d'Orient, et je revenais à Paris par Constantinople !

  • Napoléon Bonaparte, 1er décembre 1805, Austerlitz, dans Un aide de camp de Napoléon, mémoires de Philippe-Paul Ségur, paru chez Firmin-Didot, 1894, p.251, Philippe-Paul Ségur.


Mahomet fut un grand homme, intrépide soldat: avec une poignée de monde il triompha au combat de Bender (Badr); grand capitaine, éloquent, grand homme d'état, il regénéra sa patrie, et créa au milieu des déserts de l'Arabie un nouveau peuple et une nouvelle puissance.

  • Précis des guerres de César (écrit par Marchand, à Sainte-Hélène, sous la dictée de l'empereur), Napoléon Bonaparte, éd. Gosselin, 1836, p. 237


La religion mahométane, née chez une nation guerrière et libre, prêcha l'intolérance et la destruction des infidèles. A l'opposé de Jésus-Christ, Mahomet fut roi ! Il déclara que tout l'univers devait être soumis à son empire, et ordonna d'employer le sabre pour anéantir l'idollâtre ou l'infidèle.

  • Mémoires pour servir l'histoire de France sous Napoléon, écrits à Saint-Hélène sous sa dictée, Napoléon Bonaparte, éd. Firmin-Didot, 1823, t. 2 (Général Gourgaud), Egypte - Religion, p. 255


Les Arabes ont été pendant cinq cents ans la nation la plus éclairée du monde. C'est à eux que nous devons notre système de numération, les orgues, les cadrans solaires, les pendules et les montres. Rien de plus élégant, de plus ingénieux, de plus morale que la littérature persanne, et en général, tout ce qui est sorti de la plume des littérateurs de Bagdad et Bassora.

  • Mémoires pour servir l'histoire de France sous Napoléon, écrits à Saint-Hélène sous sa dictée, Napoléon Bonaparte, éd. Firmin-Didot, 1823, t. 2 (Général Gourgaud), Egypte - Religion, p. 258


L'Arabie était idolâtre lorsque Mahomet, sept siècles après Jésus-Christ, y introduisit le culte du dieu d'Abraham, d'Ismaël, de Moïse et de Jésus-Christ. [...] Mahomet fut prince; il rallia ses compatriotes autour de lui. En peu d'années, ses Moslems conquirent la moitié du monde. Ils arrachèrent plus d'âmes aux faux dieux, culbutèrent plus d'idoles, renversèrent plus de temples païens en quinze années, que les sectateurs de Moïse et de Jésus-Christ ne l'ont fait en quinze siècles. Mahomet était un grand homme. Il eût été effectivement un dieu, si la révolution qu'il a opérée n'avait été préparée par les circonstances. Lorsqu'il parut, les Arabes étaient, depuis de longues années, aguerris par les guerres civiles. Tout ce que les peuples ont fait de grand sur le théâtre du monde, ils l'ont fait sortant de ces crises qui retrempent également les âmes et les corps.

  • Campagnes d'Egypte et de Syrie 1798-1799 (dictées par lui-même à Saint-Hélène au gén. Bertrand), Napoléon Bonaparte, éd. Comon et cie, 1847, t. 1, Affaires religieuses, p. 208


Mahomet réduisit le nombre de femmes qu'on pouvait épouser ; avant lui, il était indéterminé; le riche en épousait un grand nombre; il restreignit donc la polygamie [...]. L'Asie et l'Afrique sont habitées par plusieurs couleurs d'hommes, la polygamie est le seul moyen efficace de les confondre pour que le blanc ne persécute pas le noir, ou le noir, le blanc. La polygamie les fait naître d'une même mère ou d'un même père. Le noir et le blanc étant frères, sont assis et se voient à la même table. Aussi en Orient, aucune couleur n'affecte la supériorité sur l'autre. [..] Lorsqu'on voudra, dans nos colonies, donner la liberté aux noirs, et détruire les préjugés des couleurs, le législateur autorisera la polygamie.

  • Campagnes d'Egypte et de Syrie 1798-1799 (dictées par lui-même à Saint-Hélène au gén. Bertrand), Napoléon Bonaparte, éd. Comon et cie, 1847, t. 1, Affaires religieuses, p. 233


L'esclavage de l'Orient est celui que l'on voit dans l'écriture sainte; l'esclave hérite de son maître, il épouse sa fille. La plupart des pachas ont été esclaves; grand nombre de grands vizirs, tous les Mameluks, Ali-Bey, Mourad-Bey, l'ont été et ont commencé par remplir les plus bas offices dans la maison de leur maître, et se sont élevés par leur mérite ou la faveur. En Occident, au contraire, l'esclave fut toujours au-dessous du domestique; il occupait le dernier rang. Les Romains affranchissaient leurs esclaves; mais l'affranchi ne fut jamais considéré l'égal d'un citoyen né libre.

  • Campagnes d'Egypte et de Syrie 1798-1799 (dictées par lui-même à Saint-Hélène au gal Bertrand), Napoléon Bonaparte, éd. Comon et cie, 1847, t. 1, Affaires religieuses, p. 234


Ce n'est pas un joli séjour ! J'aurais mieux fait de rester en Egypte: je serais à présent empereur de tout l'Orient.

  • Napoléon Bonaparte, 15 octobre 1815, sur le navire Northumberland en arrivant à Sainte-Hélène, dans Journal de Sainte-Hélène 1815-1818, paru chez Flammarion, 1947, t.1, p.63, Général Gourgaud.


Et après tout [...] ce n'est pas qu'il eût été impossible que les circonstances m'eussent amené à embrasser l'islamisme ; et, comme disait cette bonne reine de France : «Vous m'en direz tant» ! Mais ce n'eût été qu'à bonne enseigne; il m'eût fallu pour cela au moins jusqu'à l'Euphrate. Le changement de religion, inexcusable pour des intérêts privés, peut se comprendre peut-être par l'immensité de ses résultats politiques. Henri IV avait bien dit : «Paris vaut bien une messe». Croit-on que l'empire d'Orient, et peut-être la sujétion de toute l'Asie, n'eussent pas valu un turban et des pantalons;[...] Cependant voyez les conséquences! Je prenais l'Europe à revers, la vieille civilisation européenne demeurait cernée, et qui eût songé alors à inquiéter le cours des destinées de notre France, ni celui de la régénération du siècle!

  • Napoléon Bonaparte, 26 avril 1816, Sainte-Hélène, dans Mémorial de Sainte-Hélène, paru chez Dépôt du Mémorial, 1824, t.3, p.143, Las Cases.


Les cheiks me disaient toujours que si je voulais m'établir patriarche, il fallait que l'armée se fit musulmane et prit le turban. C'était bien mon intention, mais je ne voulais faire cette démarche, qu'étant sûr de réussir, sans quoi, je me serais, comme Menou, couvert de ridicule.[...] Les Arabes n'attendaient qu'un homme, ils me regardaient comme un être extraordinaire.

  • Napoléon Bonaparte, 26 décembre 1816, Sainte-Hélène, dans Journal de Sainte-Hélène 1815-1818, paru chez Flammarion, 1947, t.1, p.244-245, Général Gourgaud.

 

Mais, nous autres musulmans, voudrions qu'il y eût plus de vérité historique, que cela sentit plus l'arabe. Quand il parle du combat sacré, j'aime beaucoup Mahomet. Voltaire le suppose amoureux, c'est ridicule. On lui prête des crimes affreux : on croit toujours que les grands hommes commettent des crimes, des empoisonnements : on a bien tort, ils ne réussissent pas par de tels moyens.

  • Commentaire de Napoléon sur le Mahomet de Voltaire
  • Napoléon Bonaparte, 20 juin 1817, Sainte-Hélène, dans Journal de Sainte-Hélène 1815-1818, paru chez Flammarion, 1947, t.2, p.153, Général Gourgaud.

J'aime mieux la religion de Mahomet. Elle est moins ridicule que la nôtre.

  • Napoléon Bonaparte, 28 août 1817, Sainte-Hélène, dans Journal de Sainte-Hélène 1815-1818, paru chez Flammarion, 1947, t.2, p.226, Général Gourgaud.


Si j'étais resté en Orient, j'aurais probablement fondé un empire, comme Alexandre, en me rendant en pèlerinage à la Mecque, ou j'aurais fait des prières et des génuflexions, mais je ne voulais le faire que si cela en eût valu la peine.

  • Napoléon Bonaparte, 7 janvier 1818, Sainte-Hélène, dans Journal de Sainte-Hélène 1815-1818, paru chez Flammarion, 1947, t.2, p.331, Général Gourgaud.


Gustave Le Bon

S'il faut juger de la valeur des hommes par la grandeur des œuvres qu'ils ont fondées, nous pouvons dire que Mahomet fut un des plus grands hommes qu'ait connus l'histoire. Des préjugés religieux ont empêché bien des historiens de reconnaître l'importance de son oeuvre ; mais les écrivains chrétiens eux-mêmes commencent aujourd'hui à lui rendre justice.

  • La Civilisation des Arabes (1884), Gustave Le Bon, éd. La Fontaine au Roy, 1990, Livre deuxième, chapitre premier, Mahomet, p. 76


Grâce aux croisades, l'influence civilisatrice de l'Orient sur l'Occident fut très grande, mais cette influence fut beaucoup plus artistique, industrielle et commerciale que scientifique et littéraire. Quand on considère le développement considérable des relations commerciales et l'importance des progrès artistiques et industriels, engendrés par le contact des croisés avec les Orientaux, on peut affirmer que ce sont ces derniers qui ont fait sortir l'Occident de la barbarie, et préparé ce mouvement des esprits que l'influence scientifique et littéraire des Arabes, propagée par les universités de l'Europe, allait bientôt développer et d'où la renaissance devait sortir un jour.

  • La Civilisation des Arabes (1884), Gustave Le Bon, éd. La Fontaine au Roy, 1990, Livre troisième, chapitre huitième, Lutte du christianisme contre l'islamisme, p. 254


L'esclavage chez les mahométans est fort différent de ce qu'il était chez les chrétiens. La situation des esclaves en Orient est bien préférable en effet à celle des domestiques en Europe. Ils font partie de la famille, et peuvent parfois s'élever aux plus hauts emplois. Aucune idée humiliante ne s'attache en Orient à l'esclavage, et on a dit avec raison que l'esclave y est plus près de son maître qu'un domestique chez nous.

  • La Civilisation des Arabes (1884), Gustave Le Bon, éd. La Fontaine au Roy, 1990, Livre quatrième, chapitre deuxième, Moeurs et coutumes, p. 284


Bien peu de religions ont eu un pareil empire sur les âmes; aucune peut-être n'en a exercé de plus durable. Le Coran est le véritable pivot de la vie en Orient, et nous retrouvons son influence dans les moindres actes de l'existence. L'empire des Arabes ne vit plus que dans l'histoire, mais la religion qui fut mère de cet empire n'a pas cessé de s'étendre. Du fond de son tombeau, l'ombre du prophète règne en souveraine sur ces millions de croyants qui peuplent l'Afrique et l'Asie, du Maroc jusqu'à la Chine, de la Méditerranée à l'Equateur.

  • La Civilisation des Arabes (1884), Gustave Le Bon, éd. La Fontaine au Roy, 1990, Livre quatrième, chapitre cinquième, Religion et morale, p. 328


Il semblera toujours humiliant à certains esprits de songer que c'est à des infidèles que l'Europe chrétienne doit d'être sortie de la barbarie, et une chose si humiliante en apparence ne sera que bien difficilement admise. [...] Par leur influence morale, ils ont policé les peuples barbares qui avaient détruit l'empire romain ; par leur influence intellectuelle, ils ont ouvert à l'Europe le monde des connaissances scientifiques, littéraires et philosophiques qu'elle ignorait, et ont été nos civilisateurs et nos maîtres pendant six cents ans.

  • La Civilisation des Arabes (1884), Gustave Le Bon, éd. La Fontaine au Roy, 1990, Livre cinquième, chapitre dixième, Civilisation de l'Europe par les Arabes, p. 442


Au point de vue de la civilisation, bien peu de peuples ont dépassé les Arabes et l'on n'en citerait pas qui ait réalisé des progrès si grands dans un temps si court. Au point de vue religieux, ils ont fondé une des plus puissantes religions qui aient régné sur le monde, une de celles dont l'influence est la plus vivante encore. Au point de vue politique, ils ont créé un des plus gigantesques empires qu'ait connus l'histoire. Au point de vue intellectuel et moral ils ont civilisé l'Europe.

  • La Civilisation des Arabes (1884), Gustave Le Bon, éd. La Fontaine au Roy, 1990, Livre sixième, chapitre deuxième, Causes de la grandeur et de la décadence des Arabes, p. 470


Thomas Carlyle

L'on a beaucoup écrit sur la façon dont Mahomet propagea sa religion par le sabre.Il y a, sans doute, beaucoup d'honnêteté de la part des chrétiens à se vanter d'avoir, eux, propagé leur religion pacifiquement.

  • (en) Much has been said of Mahomet's propagating his Religion by the sword. It is no doubt far nobler what we have to boast of the Christian Religion, that it propagated itself peacebly.
  • On Heroes, Hero-worship, and the Heroic in History (1841), Thomas Carlyle , éd. Wiley & Halsted, 1859, The Hero as a Prophet (Mahomet), p. 55


John William Draper

Quatre ans après la mort de Justinien, en 569 après JC, naissait à la Mecque, en Arabie, l'homme qui, parmi tous les hommes, allait exercer la plus grande influence sur la race humaine...Mahomet.

  • (en) Four years after the death of Justinian, A.D. 569, was born at Mecca, in Arabia the man who, of all men exercised the greatest influence upon the human race... Mohammed.
  • A History of the Intellectual Development of Europe, John William Draper , éd. Harper, 1863, p. 244


Le Coran abonde en excellentes recommandations morales et préceptes, sa composition est si fragmentaire qu'on ne peut tourner une page sans trouver des maximes que tous les hommes doivent approuver. Cette construction fragmentaire génère des textes, des leitmotivs, et des règles absolues en elles-mêmes, qui conviennent à l'homme, quel qu'il soit, à n'importe quel moment de sa vie.

  • (en) The Koran abounds in excellent moral suggestions and precepts; its composition is so fragmentary that we can not turn to a single page without finding maxims of which all men must approve. This fragmentary construction yields texts, and mottoes, and rules complete in themselves, suitable for common men in any of the incidents of life.
  • A History of the Intellectual Development of Europe, John William Draper , éd. Harper, 1863, p. 254


Les Arabes ont laissé sur l'Europe une empreinte intellectuelle que la chrétienté ne pourra bientôt plus ignorer ; ils l'ont inscrite de façon indélébile dans les cieux comme peut le constater toute personne lisant le nom des étoiles sur un globe céleste.

  • (en) The Arab has left his intellectual impress on Europe, as, before long, Christendom will have to confess; he has indelibly written it on the heavens, as any one may see who reads the names of the stars on a common celestial globe.
  • A History of the Intellectual Development of Europe, John William Draper , éd. Harper, 1863, p. 356


Gustave Flaubert

Je demande, au nom de l'humanité, à ce qu'on broie la Pierre-Noire, pour en jeter les cendres au vent, à ce qu'on détruise la Mecque, et que l'on souille la tombe de Mahomet. Ce serait le moyen de démoraliser le Fanatisme.

  • Gustave Flaubert, 19 janvier 1878, Lettre à Madame Roger des Genettes, dans Le sentiment religieux de Flaubert d'après la Correspondance, paru chez Cosmos, 1970, p.39, Suzanne Toulet.


Joseph Arthur de Gobineau

La civilisation arabe ne fut pas autre chose que la civilisation gréco-syrienne, rajeunie, ravivée par le souffle d'un génie assez court, mais plus neuf, et altérée par un mélange persan de plus.

  • Essai sur l'inégalité des races humaines, Joseph Arthur de Gobineau, éd. Didot frères, 1853, p. 301


Goethe

Aussi souvent que nous le lisons (le Coran), au départ et à chaque fois, il nous repousse. Mais soudain il séduit, étonne et finit par forcer notre révérence. Son style, en harmonie avec son contenu et son objectif, est sévère, grandiose, terrible, à jamais sublime. Ainsi ce livre continuera d'exercer une forte influence sur les temps à venir.

  • Goethe, 1819, West-Oestlicher Divan, dans Dictionary of Islam (1885), paru chez Laurier Books Ltd, 1996, p. 526, Thomas Patrick Hughes.


Il nous faut persister en Islam.

  • Goethe, 29 juillet 1816, Lettre à J.H Meyer, dans Goethe et l'Islam, paru dans Studia Islamica, No. 33 (1971), p. 151, G.-H. Bousquet.


Tôt ou tard nous devrons professer un Islam raisonable.

  • Goethe, 15 juin 1817, Lettre à Willemer, dans Goethe et l'Islam, paru dans Studia Islamica, No. 33 (1971), p. 151, G.-H. Bousquet.


C'est dans l'Islam que je trouve le mieux exprimées mes propres idées.

  • Goethe, 20 septembre 1820, Lettre à Zelter, dans Goethe et l'Islam, paru dans Studia Islamica, No. 33 (1971), p. 151, G.-H. Bousquet.


De quelque façon que nous voulions nous donner du courage, nous vivons tous en Islam.

  • Goethe, 19 septembre 1831, Lettre à Schopenhauer, dans Goethe et l'Islam, paru dans Studia Islamica, No. 33 (1971), p. 151, G.-H. Bousquet.


Georg Wilhelm Friedrich Hegel

Dans la lutte contre les Sarrasins la bravoure européenne s'était idéalisée en la belle et noble chevalerie; la science et les connaissances, notamment philosophiques, sont venues en Occident de chez les Arabes; la flamme d'une noble poésie et d'une libre fantaisie s'alluma chez les Germains au contact de l'Orient et c'est ainsi que Goethe aussi s'est adressé à l'Asie et a donné dans son Divan un collier de perles qui pour la tendresse et le bonheur de la fantaisie dépasse tout.

  • Leçons sur la philosophie de l'histoire, Georg Hegel, éd. Vrin, 1987 (ISBN 2711603512), Le mahométisme, p. 278


Victor Hugo

Au Nil je le retrouve encore.
L'Egypte resplendit des feux de son aurore;
Son astre impérial se lève à l'orient.
Vainqueur, enthousiaste, éclatant de prestiges,
Prodige, il étonna la terre des prodiges.
Les vieux scheiks vénéraient l'émir jeune et prudent;
Le peuple redoutait ses armes inouïes;
Sublime, il apparut aux tribus éblouies
Comme un Mahomet d'Occident.

  • Les Orientales, Victor Hugo, éd. Charpentier, 1850, Lui (poème sur Napoléon 1er), p. 267


Washington Irving

Dans sa conduite privée, il (Mahomet) était juste. Il traitait les amis et les étrangers, le riche et le pauvre, le puissant et le faible, avec équité et était aimé par le petit peuple pour l'affabilité avec laquelle il les recevait et écoutait leurs doléances.[...] Ses triomphes militaires n'ont soulevé aucune fierté ni vaine gloire comme cela aurait été le cas s'ils avaient été effectués à des fins personnelles. Au moment de sa plus grande puissance, il a maintenu la même simplicité de manières et d'apparence que dans ses jours d'adversité. Aussi, sans que l' Etat régalien en soit affecté, il était mécontent lorsque, entrant dans une pièce, un témoignage inhabituel de respect lui était montré. S'il visait une hégémonie universelle, c'était l'hégémonie de la foi ; quant au pouvoir temporel, qui a grandi entre ses mains, il l'a utilisé sans ostentation et il n'a rien fait pour le perpétuer dans sa famille.

  • (en) In his private dealings he was just. He treated friends and strangers, the rich and poor, the powerful and weak, with equity, and was beloved by the common people for the affability with which he received them, and listened to their complaints.[...] His military triumphs awakened no pride nor vain glory, as they would have done had they been effected for selfish purposes. In the time of his greatest power he maintained the same simplicity of manners and appearance as in the days of his adversity. So far from affecting a regal state, he was displeased if, on entering a room, any unusual testimonials of respect were shown to him. If he aimed at a universal dominion, it was the dominion of faith; as to the temporal rule which grew up in his hands, as he used it without ostentation, so he took no step to perpetuate it in his family
  • Mahomet and his successors, Washington Irving , éd. George P. Putnam, 1850, p. 330,339


Alphonse de Lamartine

Jamais homme n'accomplit en moins de temps une si immense et durable révolution dans le monde. [...] Si la grandeur du dessein, la petitesse des moyens, l'immensité du résultat sont les trois mesures du génie de l'homme, qui osera comparer humainement un grand homme de l'histoire moderne à Mahomet ? Les plus fameux n'ont remué que des armes, des lois; Ils n'ont fondé, quand ils ont fondé quelque chose, que des puissances matérielles écroulées souvent avant eux. Celui-là a remué des armées, des législations, des empires, des peuples, des dynasties, des millions d'hommes sur un tiers du globe habité; mais il a remué, de plus, des idées, des croyances, des âmes. Il a fondé [...] une nationalité spirituelle qui englobe des peuples de toute langue et de toute race [...]. Philosophe, orateur, apôtre, législateur, guerrier, conquérant d'idées, restaurateur des dogmes rationnels d'un culte sans images, fondateur de vingt empires terrestres et d'un empire spirituel, voilà Mahomet. A toutes les échelles ou l'on mesure la grandeur humaine, quel homme fut plus grand ?

  • Histoire de la Turquie, Alphonse de Lamartine, éd. Librairie du Constitutionnel, 1854, livre premier, p. 277-280


Dominique-Jean Larrey

Le génie propre de ces hommes (les Arabes) les a portés à fournir [...] les premiers astronomes, des philosophes profonds et de grands médecins :on connait au reste leurs travaux et leurs conquêtes. La perfection que nous avons reconnue dans tous les organes de la vie intérieure et dans ceux de la vie de relation chez les Arabes, annonce en effet une intelligence innée proportionnée à cette perfection physique, et sans doute supérieure, toutes choses égales d'ailleurs, à celle, par exemple, des peuples du nord de la terre. [...] Il est vraisemblable que le climat de l'Arabie, la vie sobre, régulière et simple de cette race d'homme qui a pris naissance dans cette riche et fertile contrée, ont contribué à leur donner cette perfectibilité d'organes et cette intelligence rare qui en fait, en quelque sorte, une espèce à part.

  • Mémoires et Campagnes 1786-1840 (1841), Dominique-Jean Larrey, éd. Tallandier, 2004, t. 2, Remarques sur la constitution physique des Arabes, p. 1118-1119


Friedrich Nietzsche

Le christianisme nous a frustrés de la moisson de la culture antique, et, plus tard, il nous a encore frustrés de celle de la culture islamique. La merveilleuse civilisation maure d'Espagne, au fond plus proche de nous, parlant plus à nos sens et à notre goût que Rome et la Grèce, a été foulée aux pieds (et je préfère ne pas penser par quels pieds!) - Pourquoi? Parce qu'elle devait le jour à des instincts aristocratiques, à des instincts virils, parce qu'elle disait oui à la vie, avec en plus, les exquis raffinements de la vie maure!… Les croisés combattirent plus tard quelque chose devant quoi ils auraient mieux fait de se prosterner dans la poussière [...] Voyons donc les choses comme elles sont! Les croisades? Une piraterie de grande envergure, et rien de plus! La noblesse allemande, au fond une noblesse de Vikings, y était dans son élément: l'Eglise ne savait que trop bien comment on tient la noblesse allemande… [...] La noblesse allemande est à peu près absente de l'histoire de la culture supérieure: on en devine la cause… Le christianisme, l'alcool - les deux grands moyens de corruption… En soi, on ne devrait même pas avoir à choisir entre l'islam et le christianisme, pas plus qu'entre un Arabe et un Juif. La réponse est donnée d'avance: ici, nul ne peut choisir librement. Soit on est un tchandala, soit on ne l'est pas. «Guerre à outrance avec Rome! Paix et amitié avec l'Islam.» C'est ce qu'a senti, c'est ce qu'a fait ce grand esprit fort, le seul génie parmi les empereurs allemands, Frédéric II Hohenstauffen.

  • L'Antéchrist (1888), Friedrich Nietzsche, éd. Gallimard, 2006 (ISBN 2070325571), p. 85


Ernest Renan

Mahomet nous apparaît comme un homme doux, sensible, fidèle, exempt de haine. Ses affections étaient sincères; son caractère, en général, porté à la bienveillance. Lorsqu'on lui serrait la main en l'abordant, il répondait cordialement à cette étreinte, et jamais il ne retirait la main le premier. Il saluait les petits enfants et montrait une grande tendresse de cœur pour les femmes et les faibles. « Le paradis, disait-il, est au pied des mères. » Ni les pensées d'ambition, ni l'exaltation religieuse n'avaient desséché en lui le germe des sentiments individuels. Rien de moins ressemblant à cet ambitieux machiavélique (Mahomet de la pièce de Voltaire) et sans cœur qui explique en inflexibles alexandrins ses projets à Zopyre.

  • Études d'histoire religieuse, Ernest Renan, éd. Michel Lévy frères, 1858, p. 248


L'islamisme ne peut exister que comme religion officielle; quand on le réduira à l'état de religion libre et individuelle, il périra. L'islamisme n'est pas seulement une religion d'État, comme l'a été le catholicisme en France, sous Louis XIV, comme il l'est encore en Espagne, c'est la religion excluant l'État... Là est la guerre éternelle, la guerre qui ne cessera que quand le dernier fils d'Ismaël sera mort de misère ou aura été relégué par la terreur au fond du désert. L'Islam est la plus complète négation de l'Europe; l'Islam est le fanatisme, comme l'Espagne du temps de Philippe II et l'Italie du temps de Pie V l'ont à peine connu; L'Islam est le dédain de la science, la suppression de la société civile; c'est l'épouvantable simplicité de l'esprit sémitique, rétrécissant le cerveau humain, le fermant à toute idée délicate, à tout sentiment fin, à tout recherche rationnelle, pour le mettre en face d'une éternelle tautologie : Dieu est Dieu...

  • De la part des peuples sémitiques dans l'histoire de la civilisation: discours d'ouverture du cours de langues hébraïque, chaldaïque et syriaque, au Collège de France, Ernest Renan, éd. M. Lévy frères, 1862, p. 27-28


Ce fut par ces traductions arabes des ouvrages de science et de philosophie grecque que l'Europe reçut le ferment de tradition antique nécessaire à l'éclosion de son génie.

  • Discours et conférences, Ernest Renan, éd. C. Lévy, 1887, L'Islamisme et la Science (conférence prononcée à la Sorbonne, en 1883), p. 387


L'islamisme a de belles parties comme religion; je ne suis jamais entré dans une mosquée sans une vive émotion, et, le dirai je ? un certain regret de n'être musulman.

  • Discours et conférences, Ernest Renan, éd. C. Lévy, 1887, L'Islamisme et la Science (conférence prononcée à la Sorbonne, en 1883), p. 396


Jules Barthélemy Saint-Hilaire

Mahomet a été le plus intelligent, le plus religieux, le plus clément des Arabes de son temps. Il n'a dû son empire qu'à sa supériorité. La religion prêchée par lui a été un immense bienfait pour les races qui l'ont adoptée.

  • Mahomet et le Coran (1865), Jules Barthélemy Saint-Hilaire, éd. Didier et cie, 1865, p. 82


Reginald Bosworth Smith

Il était César et le pape réunis en un seul être; mais il était le Pape sans avoir les prétentions du Pape, et César sans avoir les légions de César: Sans armée, sans garde du corps, sans palais et sans revenu fixe; s'il y a un homme qui a le droit de dire qu'il règne par la volonté divine, se serait Mahomet, puisqu'il a tout le pouvoir sans avoir les instruments ni les supports.

  • (en) He was Caesar and Pope in one; but he was Pope without the Pope's pretensions, and Caesar without the legions of Caesar, without a standing army, without a bodyguard, without a police force, without a fixed revenue. If ever a man ruled by a right divine, it was Muhammad, for he had all the powers without their supports.
  • Mohammed and Mohammedism, Reginald Bosworth Smith , éd. Smith, Elder & Co, 1874, p. 92


Alexis de Tocqueville

J'ai beaucoup étudié le Coran à cause surtout de notre position vis-à-vis des populations musulmanes en Algérie et dans tout l'Orient. Je vous avoue que je suis sorti de cette étude avec la conviction qu'il y avait eu dans le monde, à tout prendre, peu de religions aussi funestes aux hommes que celle de Mahomet. Elle est, à mon sens, la principale cause de la décadence aujourd'hui si visible du monde musulman et quoique moins absurde que le polythéisme antique, ses tendances sociales et politiques étant, à mon avis, infiniment plus à redouter, je la regarde relativement au paganisme lui-même comme une décadence plutôt que comme un progrès.

  • Alexis de Tocqueville, 22 octobre 1843, dans Oeuvres, papiers et correspondances d'Alexis de Tocqueville, paru chez Gallimard, 1962, t.2, p.25, Jean-Paul Mayer.



Voltaire

Il est vraisemblable que Mahomet fut d'abord fanatique, ainsi que Cromwell le fut dans le commencement de la guerre civile: tous deux employèrent leur esprit et leur courage à faire réussir leur fanatisme; mais Mahomet fit des choses infiniment plus grandes, parce qu'il vivait dans un temps et chez un peuple où l'on pouvait les faire. Ce fut certainement un très grand homme, et qui forma de grands hommes. Il fallait qu'il fût martyr ou conquérant, il n'y avait pas de milieu. Il vainquit toujours, et toutes ses victoires furent remportées par le petit nombre sur le grand. Conquérant, législateur, monarque et pontife, il joua le plus grand rôle qu'on puisse jouer sur la terre aux yeux du commun des hommes.

  • Remarque sur l'Essais sur les Mœurs (1756), Voltaire, éd. Moland, 1875, t. 24, chap. 9-De Mahomet, p. 590


Dans nos siècles de barbarie et d'ignorance, qui suivirent la décadence et le déchirement de l'empire romain, nous reçûmes presque tout des Arabes: astronomie, chimie, médecine, et surtout des remèdes plus doux et plus salutaires que ceux qui avaient été connus des Grecs et des Romains. L'algèbre est de l'invention de ces Arabes; notre arithmétique même nous fut apportée par eux.

  • Préface de l'Essai sur l'Histoire universelle(1754), Voltaire, éd. Moland, 1875, t. 24, p. 49


Si ces Ismaélites [les Arabes] ressemblaient aux Juifs par l'enthousiasme et la soif du pillage, ils étaient prodigieusement supérieurs par le courage, par la grandeur d'âme, par la magnanimité.

  • Essais sur les Mœurs (1756), Voltaire, éd. Moland, 1875, t. 11, chap. 6-De l'Arabie et de Mahomet, p. 231


Il est évident que le génie du peuple arabe, mis en mouvement par Mahomet, fit tout de lui-même pendant près de trois siècles, et ressembla en cela au génie des anciens Romains.

  • Essais sur les Mœurs (1756), Voltaire, éd. Moland, 1875, t. 11, chap. 6-De l'Arabie et de Mahomet, p. 237


Bornons-nous toujours à cette vérité historique: le législateur des musulmans, homme puissant et terrible, établit ses dogmes par son courage et par ses armes; cependant sa religion devint indulgente et tolérante. L'instituteur divin du christianisme, vivant dans l'humilité et dans la paix, prêcha le pardon des outrages; et sa sainte et douce religion est devenue, par nos fureurs, la plus intolérante de toutes, et la plus barbare.

  • Essais sur les Mœurs (1756), Voltaire, éd. Moland, 1875, t. 11, chap. 7-De l'Alcoran, et de la loi musulmane, p. 244


Le mahométisme était sans doute plus sensé que le christianisme. On n'y adorait point un Juif en abhorrant les Juifs; on n'y appelait point une Juive mère de Dieu; on n'y tombait point dans le blasphème extravagant de dire que trois dieux font un dieu; enfin on n'y mangeait pas ce dieu qu'on adorait, et on n'allait pas rendre à la selle son créateur. Croire un seul Dieu tout-puissant était le seul dogme, et si on n'y avait pas ajouté que Mahomet est son prophète, c'eût été une religion aussi pure, aussi belle que celle des lettrés chinois. C'était le simple théisme, la religion naturelle, et par conséquent la seule véritable.

  • Examen important de milord Bolingbroke ou le Tombeau du fanatisme, Voltaire, éd. Moland, 1875, t. 26, chap. 35-Des sectes et des malheurs des chrétiens jusqu'à l'établissement du mahométisme, p. 309


Mahomet avait le courage d'Alexandre avec l'esprit de Numa.

  • Le diner du comte de Boulainvilliers (1767), Voltaire, éd. Moland, 1875, t. 26, p. 580


Sa religion est sage, sévère, chaste, et humaine: sage, puisqu'elle ne tombe pas dans la démence de donner à Dieu des associés, et qu'elle n'a point de mystères; sévère, puisqu'elle défend les jeux de hasard, le vin et les liqueurs fortes, et qu'elle ordonne la prière cinq fois par jour; chaste, puisqu'elle réduit à quatre femmes ce nombre prodigieux d'épouses qui partageaient le lit de tous les princes de l'Orient; humaine, puisqu'elle nous ordonne l'aumône bien plus rigoureusement que le voyage de la Mecque. Ajoutez à tous ces caractères de vérité la tolérance.

  • Il faut prendre un parti (1772), Voltaire, éd. Moland, 1875, t. 28, chap. 23-Discours d'un Turc, p. 547


XXe siècle

Maurice Bardèche

Dans le Coran il y a quelque chose de guerrier et de fort, quelque chose de viril, quelque chose de romain pour ainsi dire.

  • Qu'est-ce que le fascisme ?, Maurice Bardèche, éd. Les Sept Couleur, 1962, p. 129


Le christianisme les avait couchés, pareil à un vent millénaire. Ils sont les blés qui se redressent, dans leur été chaud vieux comme les invasions. [...] Cet instinct soudain réveillé dans les reins des cavaliers du désert, quels mots, quelles images en sont chez nous l'équivalent ? Ils se lèvent en eux les soldats du Khalife, les Maures bottés contre les chevaliers chrétiens. Et ils rêvent du temps où, sur la plaine d'Arles, la visière baissée, ils étaient les égaux des Saint-Cyriens de Saint ­Louis. Leur palais leur montent à la tête, leurs jets d'eau rafraîchissent leurs fièvres, ils pensent aux princes aux jarrets souples qui marchaient sur leurs mosaïques. Les noms de Cordoue et de Grenade, c'est pour eux ce qu'étaient pour les jeunes allemands les noms de Charlemagne et de Conradin. Et ils se sou­viennent que l'empire arabe fut l'empire de la civilisation et de la beauté, et que les princes de leurs royaumes ne le cédaient en rien aux barons du Nord pour la justice et la courtoisie. Tel était le royaume des forts, tel était le royaume des guerriers. En ce temps-là, les usuriers n'étaient pas les maîtres et les légistes baisaient la babouche des émirs. Chaque chose était à sa place. Et la loi du Coran régnait qui veut qu'on écoute les sages, qu'on respecte la justice et qu'on honore ceux qui se conduisent comme des hommes pour la défense du Croissant.

  • Qu'est-ce que le fascisme ?, Maurice Bardèche, éd. Les Sept Couleur, 1962, p. 131-132


Annie Besant

Il est impossible, pour quelqu'un qui étudie la vie et le caractère du grand Prophète d'Arabie, pour quelqu'un qui sait comment il enseignait et de quelle façon il vivait, d'avoir d'autre sentiment que le respect pour ce prophète prodigieux, l'un des grands messagers de l'Etre Suprême. Même si mes discours contiennent bien des choses qui sont familières à beaucoup d'entre vous, chaque fois que moi-même je les relis, je sens monter en moi une nouvelle vague d'admiration, un nouveau sentiment de révérence, pour ce prodigieux grand maître arabe.

  • (en) It is impossible for anyone who studies the life and character of the great Prophet of Arabia, who knows how he taught and how he lived, to feel anything but reverence for that mighty Prophet, one of the great messengers of the Supreme. And although in what I put to you I shall say many things which may be familiar to many, yet I myself feel whenever I re-read them, a new way of admiration, a new sense of reverence for that mighty Arabian teacher.
  • The Life And Teachings of Mohammad, Two lectures, Annie Besant , éd. The Theosophical Publishing House, 1932, p. 4


Léon Degrelle

Sans les apports de ces peuples anciens, l'Europe eut sans doute pataugé dans les balbutiements d'un Haut Moyen Age qui ne se souvenait même plus de l'Athènes de Socrate et de la Rome d'Auguste. C'est l'Islam qui nous avait apporté, à Cordoue, Aristote voilà plus de dix siècles.

  • Léon Degrelle, 1984, dans Hitler et l'Islam, paru revue « Rebelle », numéro 2, automne 1984.


Anatole France

M. Dubois demanda une fois à Madame Nozière quel était le jour le plus funeste de l' histoire.
Madame Nozière ne le savait pas.
-c'est, lui dit M. Dubois, le jour de la bataille de Poitiers, quand, en 732, la science, l'art et la civilisation arabes reculèrent devant la barbarie franque.

  • Oeuvres IV, La vie en Fleur (1922), Anatole France, éd. Gallimard, 1994, p. 1118


Charles de Galles

L'Islam médiéval fut une religion d'une tolérance remarquable pour son temps, permettant au Juifs et aux Chrétiens de pratiquer librement leur culte, un example qui ne fut, malheureusement, pas suivi en Occident durant des siècles. Ce qui est remarquable c'est la mesure dans laquelle l'Islam fait partie de l'Europe depuis si longtemps, tout d'abord en Espagne, puis dans les Balkans, et la mesure dans laquelle il a contribué si largement à la civilisation que nous tous considérons trop souvent, à tort, comme uniquement occidentale. L'Islam fait partie de notre passé et de notre présent, dans tous les domaines de l'activité humaine. Il a contribué à créer l'Europe moderne. Il fait partie de notre propre héritage.

  • (en) Medieval Islam was a religion of remarkable tolerance for its time, allowing Jews and Christians the right to practise their inherited beliefs, and setting an example which was not, unfortunately, copied for many centuries in the West. The surprise, ladies and gentlemen, is the extent to which Islam has been a part of Europe for so long, first in Spain, then in the Balkans, and the extent to which it has contributed so much towards the civilisation which we all too often think of, wrongly, as entirely Western. Islam is part of our past and our present, in all fields of human endeavour. It has helped to create modern Europe. It is part of our own inheritance, not a thing apart.
  • Charles de Galles , 27 octobre 1993, Oxford Centre for Islamic Studies , The Sheldonian Theatre, Oxford, dans Islam and the West, paru Site officiel du Prince de Galles (www.princeofwales.gov.uk), Charles de Galles.


La culture islamique, dans sa forme traditionnelle, a réussi à préserver une conception spirituelle globale et complète du monde actuel; chose que nous et nos récentes générations n'avons pas cru utile de faire, en Occident.[...] Il y a une opportunité potentielle à établir de nouveaux et précieux liens entre la civilisation islamique et l'Occident. Peut-être, par exemple, que nous pourrions commencer en recrutant plus d'enseignants musulmans dans les établissements d'enseignement britanniques ou en encourageant les programmes d'échanges de professeurs. Partout dans le monde les gens veulent apprendre l'Anglais. Mais en Occident, à notre tour, nous avons besoin que les professeurs musulmans nous enseignent comment apprendre avec notre coeur aussi bien qu'avec notre tête.

  • (en) Islamic culture in its traditional form has striven to preserve this integrated spiritual view of the world in a way we have not seen fit to do in recent generations in the West.[...] There is the potential for establishing new and valuable links between Islamic civilisation and the West. Perhaps, for instance, we could begin by having more Muslim teachers in British schools, or by encouraging exchanges of teachers. Everywhere in the world people are seemingly wanting to learn English. But in the West, in turn, we need to be taught by Islamic teachers how to learn once again with our hearts, as well as our heads.


Mohandas Karamchand Gandhi

Je voulais mieux connaître la vie de celui (Mahomet) qui aujourd'hui détient indiscutablement les cœurs de millions d'êtres humains. Je suis désormais plus que jamais convaincu que ce n'était pas l'épée qui créait une place pour l'Islam dans le cœur de ceux qui cherchaient une direction à leur vie. C'était cette grande humilité, cet altruisme du prophète, l'égard scrupuleux envers ses engagements, sa dévotion intense à ses amis et adeptes, son intrépidité, son courage, sa confiance absolue en Dieu et en sa propre mission. Ces faits, et non l'épée, lui amenèrent tant de succès, et lui permirent de surmonter les problèmes.

  • (en) I wanted to know the best of the life of one who holds today an undisputed sway over the hearts of millions of mankind. I became more than ever convinced that it was not the sword that won a place for Islam in those days in the scheme of life. It was the rigid simplicity, the utter self-effacement of the Prophet the scrupulous regard for pledges, his intense devotion to his friends and followers, his intrepidity, his fearlessness, his absolute trust in God and in his own mission. These and not the sword carried everything before them and surmounted every obstacle.


Roger Garaudy

L'Islam, dans le Coran, n'est pas une religion nouvelle mais le rappel de la religion fondamentale et première depuis que Dieu a insufflé son esprit dans le premier homme. Cette religion des origines a été interprétée différemment selon les lieux et selon les cultures [...]. Les grands soufis musulmans affirment qu'un chrétien qui devient musulman ne change pas de religion. Pour Ibn Arabi, Jésus est le sceau de la sainteté [soufi]; ce qui est commun aux deux religions est plus important que ce qui les sépare. L'islam n'est pas plus la propriété des Arabes que le christianisme n'est l'apanage des Européens.

  • Roger Garaudy, mars 1996, entretien d'André Chelain, L'Autre histoire, dans Le totalitarisme islamiste, paru chez Editions des Syrtes, 2002, p.425, Alexandre Del Valle.

 

Philippe de Gaulle

Mon père avait au contraire un grand respect pour les Arabes. Il avait aussi beaucoup d'estime pour leur courage au cours de l'histoire. Avec quelle flamme il m'apprenait, enfant, comment ils avaient été des conquérants inégalés, comment ils avaient soumis le Maghreb, la péninsule Ibérique et même une partie de la Gaule méridionale. Je l'entends encore me conter l'histoire des Schéhérazade, d'Aladin et la lampe merveilleuse, me décrire avec force détails l'épopée de l'empire fameux des Omeyades, du khalife de Bagdad entouré de ses esclaves turcs et berbères...

  • De Gaulle, mon père, Philippe de Gaulle, éd. Plon, 2004, t. 2, p. 465-466


Hamilton Alexander Rosskeen Gibb

En tant que monument littéraire le Coran parle de lui-même, une production unique dans la littérature arabe, qui n'a pas de précurseur ni de successeur dans son propre idiome. Les musulmans de tous âges s'accordent pour proclamer son inimitabilité pas seulement par rapport à son contenu mais aussi par rapport à son style.

  • (en) As a literary monument the Koran thus stands by itself, a production unique to the Arabic literature, having neither forerunners nor successors in its own idiom. Muslims of all ages are united in proclaiming the inimitability not only of its contents but also of its style.
  • Arabic Literature, An Introduction (1926), Hamilton Alexander Rosskeen Gibb , éd. Clarendon Press, 1963, p. 36


Mais l'Islam a encore de nombreux services à rendre à la cause de l'humanité. Après tout, il est plus proche de l'Orient réel que ne l'est l'Europe, et il possède une magnifique tradition de compréhension et de coopération interraciales. Aucune autre société n'a aussi bien réussi à unir, en un même statut, un même objectif et un même effort, tant de races d'hommes différentes... L'Islam a encore le pouvoir de réconcilier des éléments raciaux et de tradition apparemment inconciliables. Si jamais il fallait remplacer l'opposition des grandes sociétés occidentales et orientales par la coopération, la médiation de l'Islam en serait une condition indispensable. Il détient très largement la solution du problème auquel l'Europe est confrontée dans ses relations avec l'Orient. S'ils s'unissent, l'espoir d'une solution pacifique est énorme. Mais si l'Europe, en rejetant cette coopération de l'islam, le jette entre les bras de son rival, alors la solution ne peut qu'être désastreuse pour les deux.

  • (en) But Islam has a still further service to render to the cause of humanity. It stands after all nearer to the real East than Europe does, and it possesses a magnificent tradition of inter-racial understanding and cooperation. No other society has such a record of success in uniting in an equality of status, of opportunity, and of endeavors so many and so various races of mankind... Islam has still the power to reconcile apparently irreconcilable elements of race and tradition. If ever the opposition of the great societies of East and West is to be replaced by cooperation, the mediation of Islam is an indispensable condition. In its hands lies very largely the solution of the problem with which Europe is faced in its relation with the East. If they unite, the hope of a peaceful issue is immeasurably enhanced. But if Europe, by rejecting the cooperation of Islam, throws it into the arms of its rivals, the issue can only be disastrous for both.
  • Whither Islam, Hamilton Alexander Rosskeen Gibb , éd. V. Gollancz, 1932, p. 379


René Guénon

La plupart des Européens n'ont pas exactement évalué l'importance de l'apport qu'ils ont reçu de la civilisation islamique, ni compris la nature de leurs emprunts à cette civilisation dans le passé et certains vont jusqu'à totalement méconnaître tout ce qui s'y rapporte. Cela vient de ce que l'histoire telle qu'elle leur est enseignée travestit les faits et paraît avoir été altérée volontairement sur beaucoup de points. C'est avec outrance que cet enseignement affiche le peu de considération que lui inspire la civilisation islamique, et il a l'habitude d'en rabaisser le mérite chaque fois que l'occasion s'en présente. Il importe de remarquer que l'enseignement historique dans les Universités d'Europe ne montre pas l'influence dont il s'agit. Au contraire, les vérités qui devraient être dites à ce sujet, qu'il s'agisse de professer ou d'écrire, sont systématiquement écartées, surtout pour les événements les plus importants. Par exemple, s'il est généralement connu que l'Espagne est restée sous la loi islamique pendant plusieurs siècles, on ne dit jamais qu'il en fut de même d'autres pays, tels que la Sicile et la partie la plus méridionale de la France actuelle [...]. Il faut donc voir là une conséquence de l'orgueil et de la présomption des Occidentaux, travers qui les empêche de reconnaitre la vérité et l'importance de leur dettes envers l'Orient. Le plus étrange en cette occurence, c'est de voir les Européens se considérer comme les héritiers directs de la civilisation héllénique, alors que la vérité des faits infirme cette prétention. La réalité tirée de l'histoire même établit que la science et la philosophie grecques ont été transmises aux Européens par des intermédiaires musulmans. En d'autre termes, le patrimoine intellectuel des Héllènes n'est parvenu à l'Occident qu'après avoir été sérieusement étudié par le Proche-Orient, [...] les Européens seraient restés dans l'ignorance totale de ces connaissances pendant fort longtemps, si tant est qu'ils soient jamais parvenus à les connaitre.

  • Aperçus sur l'ésotérisme islamique et le taoïsme, René Guénon, éd. Gallimard, 1973, Influence de la civilisation islamique en Occident (1950), p. 76-77


Michael H. Hart

Certains lecteurs seront peut-être étonnés de me voir placer Mahomet en tête des personnalités ayant exercé le plus d'influence en ce monde, et d'autres contesteront probablement mon choix. Cependant, Mahomet est le seul homme au monde qui ait réussi par excellence sur les plans: religieux et séculier.

  • (en) My choice of Muhammad to lead the list of the world's most influential persons may surprise some readers and may be questioned by others, but he was the only man in history who was supremely successful on both the secular and religious level.
  • The 100: A Ranking of the Most Influential Persons in History, Michael H. Hart , éd. Hart Publishing Co, 1978, p. 33


Adolf Hitler

L'époque arabe fut l'âge d'or de l'Espagne la plus civilisée. Puis vint l'époque des persécutions toujours recommencées.

  • Libres propos sur la guerre et la paix recueillis sur l'ordre de Martin Bormann, Adolf Hitler, éd. Flammarion, 1954, 1er août 1942, p. 227


La civilisation a été l'un des éléments constitutifs de la puissance de l'Empire romain. Ce fut aussi le cas en Espagne, sous la domination des Arabes. La civilisation atteignit là un degré qu'elle a rarement atteint. Vraiment une époque d'humanisme intégral, où régna le plus pur esprit chevaleresque. L'intrusion du christianisme a amené le triomphe de la barbarie. L'esprit chevaleresque des Castillans est en réalité un héritage des Arabes.

  • Libres propos sur la guerre et la paix recueillis sur l'ordre de Martin Bormann, Adolf Hitler, éd. Flammarion, 1954, 28 août 1942, p. 297


Bernard Lewis

Le mode d'expansion de l'islam n'est pas du tout limité à la conquête militaire. En Asie du sud-Est et, dans une très large mesure, en Asie centrale et en Afrique, la propagation de l'islam s'est faite par influence et persuasion.

  • Bernard Lewis, 06 septembre 2002, interviewé par Marie-Françoise Leclère et Pierre Beylau, dans Le point, paru Le point 06/09/02 - N°1564 - Page 104, Bernard Lewis.


Pierre Loti

Chez nous autres, Européens, on considère comme vérité acquise que l'Islam n'est qu'une religion d'obscurantisme, amenant la stagnation des peuples et les entravant dans cette course à l'inconnu que nous nommons "le progrès". Cela dénote d'abord l'ignorance absolue de l'enseignement du Prophète, et de plus un stupéfiant oubli des témoignages de l'histoire. L'Islam des premiers siècles évoluait et progressait avec les races, et on sait quel rapide essor il a donné aux hommes sous le règne des anciens khalifes;lui imputer la décadence actuelle du monde musulman est par trop puéril. Non, les peuples tout à tour s'endorment, par lassitude peut-être, après avoir jeté leur grand éclat:c'est une loi. Et puis un jour quelque danger vient secouer leur torpeur, et ils se réveillent.

  • La Mort de Philae (1909), Pierre Loti, éd. Calmann-Lévy, 1930, p. 65


André Malraux

C'est le grand phénomène de notre époque que la violence de la poussée islamique. Sous-estimée par la plupart de nos contemporains, cette montée de l'islam est analogiquement comparable aux débuts du communisme du temps de Lénine. Les conséquences de ce phénomène sont encore imprévisibles. A l'origine de la révolution marxiste, on croyait pouvoir endiguer le courant par des solutions partielles. Ni le christianisme, ni les organisations patronales ou ouvrières n'ont trouvé la réponse. De même aujourd'hui, le monde occidental ne semble guère préparé à affronter le problème de l'islam. En théorie, la solution paraît d'ailleurs extrêmement difficile. Peut-être serait-elle possible en pratique si, pour nous borner à l'aspect français de la question, celle-ci était pensée et appliquée par un véritable homme d'Etat. Les données actuelles du problème portent à croire que des formes variées de dictature musulmane vont s'établir successivement à travers le monde arabe. Quand je dis "musulmane", je pense moins aux structures religieuses qu'aux structures temporelles découlant de la doctrine de Mahomet. Dès maintenant, le sultan du Maroc est dépassé et Bourguiba ne conservera le pouvoir qu'en devenant une sorte de dictateur. Peut-être des solutions partielles auraient-elles suffi à endiguer le courant de l'islam, si elles avaient été appliquées à temps… Actuellement, il est trop tard ! Les "misérables" ont d'ailleurs peu à perdre. Ils préféreront conserver leur misère à l'intérieur d'une communauté musulmane. Leur sort sans doute restera inchangé. Nous avons d'eux une conception trop occidentale. Aux bienfaits que nous prétendons pouvoir leur apporter, ils préféreront l'avenir de leur race. L'Afrique noire ne restera pas longtemps insensible à ce processus. Tout ce que nous pouvons faire, c'est prendre conscience de la gravité du phénomène et tenter d'en retarder l'évolution.

  • André Malraux, 3 juin 1956, dans Dossier : Un siècle religieux, paru Valeurs Actuelles n° 3395 (21 Décembre 2001), Elisabeth de Miribel (sténo).


De Lacy O'Leary

L'histoire montre cependant clairement, que la légende des Musulmans fanatiques balayant le monde et imposant l'islam par la pointe de l'épée aux races conquises, est un des mythes les plus fantastiquement absurdes qui aient jamais été rapportés par les historiens.

  • (en) History makes it clear, however, that the legend of fanatical Muslims sweeping through the world and forcing Islam at the point of the sword upon conquered races is one of the most fantastically absurd myths that historians have ever repeated.
  • Islam at the Crossroads: A Brief Survey of the Present Position and Problems of the World of Islam. (1923), De Lacy O'Leary , éd. E.P. Dutton & Co, 1923, p. 8


Henri Pirenne

La grande question qui se pose ici est de savoir pourquoi les Arabes, qui n'étaient certainement pas plus nombreux que les Germains, n'ont pas été absorbés comme eux par les populations de ces régions de civilisation supérieure dont ils se sont emparés ? Tout est là. Il n'est qu'une réponse et elle est d'ordre moral. Tandis que les Germains n'ont rien à opposer au christianisme de l'Empire, les Arabes sont exaltés par une foi nouvelle. C'est cela et cela seul qui les rend inassimilables. Car pour le reste, ils n'ont pas plus de préventions que les Germains contre la civilisation de ceux qu'ils ont conquis. Au contraire, ils se l'assimilent avec une étonnante rapidité ; en science, ils se mettent à l'école des Grecs ; en art, à celle des Grecs et des Perses. Ils ne sont même pas fanatiques, du moins au début, et n'entendent pas convertir leurs sujets. Mais ils veulent les faire obéir au seul dieu, Allah, à son prophète Mahomet et, puisqu'il était Arabe, à l'Arabie. Leur religion universelle est en même temps nationale. Ils sont les serviteurs de Dieu.

  • Mahomet et Charlemagne (1937), Henri Pirenne, éd. Presses Universitaires de France, 1992, p. 109-110


Colin Ronan

La science en Arabie a trop souvent été réduite à une opération de conservation temporaire. La région a été considérée comme un immense entrepôt ayant servi à conserver des résultats scientifiques déjà connus en attendant qu'ils puissent être transmis à l'Occident pour être utilisés. Or il s'agit évidemment là d'un travestissement de la vérité.

  • (en) Too often science in Arabia has been seen nothing more than a holding operation. The area has been viewed as a giant storehouse for previously discovered scientific results, keeping them until they could be passed on for use in the West. But this is, of course, a travesty of the truth.
  • Science: its history and development among the world's cultures, Colin Ronan , éd. Facts on File, 1983, p. 203


Bertrand Russell

Notre utilisation du terme "Age sombre" pour désigner la période qui va de l'an 600 à l'an Mil révèle notre focalisation excessive sur l'Europe de l'Ouest. [...] De l'Inde à l'Espagne, la brillante civilisation de l'Islam prospérait. Ce qui était perdu pour la Chrétienté à cette époque ne l'était pas pour la civilisation, bien au contraire.[...] Il nous semble que la civilisation Occidentale est la civilisation mais il s'agit d'une vision étroite des choses.

  • (en) Our use of the phrase 'The Dark Ages' to cover the period from 600 to 1000 marks our undue concentration on Western Europe. [...] From India to Spain, the brilliant civilisation of Islam flourished. What was lost to Christendom at this time was not lost to civilisation, but quite the contrary. [...] To us it seems that West-European civilisation is civilisation, but this is a narrow view.
  • History of Western Philosophy (1945), Bertrand Russell , éd. Touchstone, 1967, p. 399


Parmi les religions, le bolchevisme doit être comparé à l'islam plutôt qu'au christianisme ou au bouddhisme. Le christianisme et le bouddhisme sont avant tout des religions personnelles, avec des doctrines mystiques et un amour de la contemplation. L'islam et le bolchevisme ont une finalité pratique, sociale, matérielle dont le but est d'étendre leur domination sur le monde.

  • (en) Among religions, Bolshevism is to be reckoned with Mohammedanism rather than with Christianity and Buddhism. Christianity and Buddhism are primarily personal religions, with mystical doctrines and a love of contemplation. Mohammedanism and Bolshevism are practical, social, unspiritual, concerned to win the empire of this world.
  • The Practice and Theory of Bolshevism (1920), Bertrand Russell , éd. Allen and Unwin, 1920, p. 114


George Sarton

Il suffit ici d'évoquer quelques glorieux nom sans équivalent contemporains en Occident : jabir ibn Haiyan, al-Kindi, al-Khwarizmi, al-Fargani, al-Razi, Thabit ibn Qurra, al-Battani, Hunain ibn Ishaq, al-Farabi, Ibrahim ibn Sinan, al-Masudi, al-Tabari, Abul Wafa, 'Ali ibn Abbas, Abul Qasim, Ibn al-Jazzar, al-Biruni, Ibn Sina, Ibn Yunus, al-Kashi, Ibn al-Haitham, 'Ali Ibn 'Isa al-Ghazali, al-zarqab, Omar Khayyam. Une magnifique liste de noms qu'il ne serait pas difficile d'étendre. Si quelqu'un vous dit que le Moyen Age a été scientifiquement stérile, citez lui seulement ces hommes, qui ont tous brillé dans une courte période, de 750 à 1100 après JC.

  • (en) It will suffice here to evoke a few glorious names without contemporary equivalents in theWest: Jabir ibn Haiyan, al-Kindi, al-Khwarizmi, al-Fargani, al-Razi, Thabit ibn Qurra, al-Battani, Hunain ibn Ishaq, al-Farabi, Ibrahim ibn Sinan, al-Masudi, al-Tabari, Abul Wafa, 'Ali ibn Abbas, Abul Qasim, Ibn al-Jazzar, al-Biruni, Ibn Sina, Ibn Yunus, al-Kashi, Ibn al-Haitham, 'Ali Ibn 'Isa al-Ghazali, al-zarqab, Omar Khayyam. A magnificent array of names which it would not be difficult to extend. If anyone tells you that the Middle Ages were scientifically sterile, just quote these men to him, all of whom flourished within a short period, 750 to 1100 A.D .
  • Introduction to the History of Science, George Sarton , éd. Williams & Wilkins, 1927, p. 27


Les Musulmans ont accompli une tâche essentielle pour l'humanité. Le plus grand philosophe, al-Farabi, était Musulman. Les plus grands mathématiciens, Abu Kamil et Ibrahim ibn Sinan, étaient Musulmans. Le plus grand géographe et encyclopédiste, al-Mas`udi, était Musulman. Le plus grand historien, al-Tabari, était également Musulman.

  • (en) The main task of mankind was accomplished by Muslims. The greatest philosopher, Al Farabi, was a Muslim. The greatest mathematicians, Abu Kamil and Ibrahim ibn Sinan, were Muslims. The greatest geographer and encyclopedist, Al Masudi, was a Muslim. The greatest historian, Al Tabari, was still a Muslim.
  • Introduction to the History of Science, George Sarton , éd. Williams & Wilkins, 1927, p. 624


[Certains historiens] disent avec désinvolture « les Arabes se sont bornés à traduire les écrits grecs, ils étaient des imitateurs assidus, et d'ailleurs, les traductions ne furent pas faites par eux-mêmes mais par des Chrétiens et des Juifs »… Cela n'est pas totalement faux, mais c'est une partie si infime de la vérité, que, quand on ne dit que cela, c'est pire qu'un mensonge.

  • (en) [some historians] glibly say "the Arabs simply translated Greek writings, they were industrious imitators, and by the way, the translations were not made by themselves but by Christians and Jews"... This is not absolutely untrue, but is such a small part of the truth, that when it is allowed to stand alone, it is worse than a lie.
  • A Guide to the History of Science, George Sarton , éd. Chronica Botanica, 1952, p. 27-28


Arnold Joseph Toynbee

La disparition du racisme, comme c'est le cas chez les Musulmans, est une des réussites les plus marquantes de l'Islam et il y a dans le monde contemporain, une urgente nécessité à propager cette vertu islamique.

  • (en) The extinction of race consciousness as between Muslims is one of the outstanding achievements of Islam and in the contemporary world there is, as it happens, a crying need for the propagation of this Islamic virtue.
  • Civilization on Trial, Arnold Joseph Toynbee , éd. Oxford University Press, 1948, p. 205


William Montgomery Watt

La façon dont il accepta les persécutions dues à sa foi, la haute moralité des hommes qui vécurent à ses côtés et qui le prirent pour guide, la grandeur de son œuvre ultime, tout cela ne fait que démontrer son intégrité fondamentale. La supposition selon laquelle Mahomet serait un imposteur soulève plus de problèmes qu'elle n'en résout. Et pourtant aucune des grandes figures de l'histoire n'est si peu appréciée en Occident que le Prophète Mahomet.

  • (en) His readiness to undergo persecution for his beliefs, the high moral character of the men who believed in him and looked up to him as a leader, and the greatness of his ultimate achievement - all argue his fundamental integrity. To suppose Muhammad an impostor raises more problems that it solves. Moreover, none of the great figures of history is so poorly appreciated in the West as Muhammad.
  • Mohammad at Mecca, William Montgomery Watt , éd. Oxford University Press, 1953, p. 52


Parce qu'elle s'opposait à l'islam, l'Europe a déprécié l'influence des Sarrasins et mis exagérément l'accent sur sa dépendance à l'égard de l'héritage grec et romain. Il importe donc aujourd'hui pour nous de corriger cette orientation erronée et de reconnaître pleinement notre dette envers le monde arabe et musulman.

  • (en) Because Europe was reacting against Islam it belittled the influence of Saracens and exaggerated its dependence on its Greek and Roman heritage. So today an important task for us is to correct this false emphasis and to acknowledge fully our debt to the Arab and Islamic world.
  • Islamic surveys: the influence of Islam on medieval Europe, William Montgomery Watt , éd. Edinburgh University Press, 1973, p. 84


Je ne suis pas un musulman au sens habituel du terme, quoique j'espère être un "musulman" en tant que "quelqu'un qui s'est rendu à Dieu", mais je crois que sont gravés dans le Coran et dans d'autres expressions de la vision islamique, de vastes entrepôts de la divine vérité dont moi et d'autres occidentaux avons encore beaucoup à apprendre, et l'Islam est certainement un puissant candidat dans l'apport de la structure fondamentale de la religion du futur.

  • (en) I am not a Muslim in the usual sense, though I hope I am a "Muslim" as "one surrendered to God," but I believe that embedded in the Quran and other expressions of the Islamic vision are vast stores of divine truth from which I and other occidentals have still much to learn, and Islam is certainly a strong contender for the supplying of the basic framework of the one religion of the future.
  • Islam and Christianity Today: A Contribution to Dialogue, William Montgomery Watt , éd. Routledge Kegan & Paul, 1983, p. 9


XXIe siècle

Tony Blair

Si vous lisez le Coran, c'est une évidence... le concept d'amour et de fraternité comme guides spirituels de l'humanité.[...] (L'Islam est) une très belle religion, pacifique et profondément réfléchie.

  • (en) If you read the Koran, it is so clear... the concept of love and fellowship as the guiding spirits of humanity[...] (Islam is) a deeply reflective, peaceful, very beautiful religious faith.
  • Tony Blair , 29 mars 2000, dans Blair: Koran inspired me (Le Coran m'a inspiré), paru Site BBC News, Tony Blair (news.bbc.co.uk).


J'ai lu personellement le message du Coran, dans la mesure où il peut être traduit. Et le Dieu du Coran est miséricordieux, bon et pacifique.

  • (en) I read personally the message of the Koran insofar as it can be translated. And the God of the Koran is merciful, peaceful and good.
  • Tony Blair , 5 octobre 2001, Islamabad, dans Conference entre Tony Blair et le président du Pakistan Musharraf, paru Site officiel Prime Minister, Tony Blair (www.number10.gov.uk).


Anne-Marie Delcambre

Trop souvent, en Occident, on parle de l'Islam sans faire intervenir la géographie, l'histoire, la politique, la société. On s'en tient à des préjugés. Pour certains, tous les musulmans seraient arabes et les Arabes seraient tous musulmans. Or, non seulement certains Arabes sont chrétiens, mais le monde musulman, qui compte un milliard de croyants, est loin d'etre majoritairement composé d'Arabes.[...] Un autre préjugé non moins tenace fait considérer l'Islam comme figé dans un Moyen Age éternel dont sortiraient épisodiquement des fanatiques venant accomplir des actes de barbarie, autrefois avec le sabre, aujourd'hui avec des bombes. Ces préjugés rendent d'autant plus difficile l'appréhension de l'islam comme religion à vocation universelle, ayant donné naissance à une civilisation prestigieuse.

  • L'Islam, Anne-Marie Delcambre, éd. La Découverte, 2004, p. 3


Par âge d'or de la civilisation musulmane nous entendons l'existence d'une culture qui est à vocation universaliste. Et en effet, du VIIIe au XIIe siècle, on constate l'émergence d'un brillant humanisme. La splendeur de l'Islam est due principalement aux cités et à la vie urbaine. [...] Les grandes métropoles comme Damas, Bagdad, Ispahan, Le Caire, Alep, Kairouan, Fès, Cordoue sont des foyers rayonnants de culture. En effet, dans cette société urbaine cosmopolite, ou l'on voit des Arabes à côté de Byzantins, de Persans, de Turcs, de Syriaques, tout un monde de lettrés, de scribes, de juristes, de savants vit à l'ombre des grandes cours princières. Le mécénat des califes, émirs et gouverneurs est un des facteurs qui expliquent une civilisation aussi brillante. Il en résulte une valorisation des travaux de l'esprit et l'un des plus riches épanouissements culturels qu'ait connus l'histoire des civilisations. Un véritable enthousiasme intellectuel fait que l'on poursuit toutes les formes du savoir : l'histoire, la géographie, la philosophie, la médecine, les mathématiques.

  • L'Islam, Anne-Marie Delcambre, éd. La Découverte, 2004, p. 48


Michel Del Castillo

Je suis un Européen du Sud, pour moitié andalou, autant dire à demi-musulman. Je sais trop ce que notre vieux continent doit à l'islam espagnol, et d'abord le retour à la raison grecque. [...] Non seulement les musulmans d'Espagne ouvrirent à la raison un espace où Averroès, Avicenne et Maïmonide s'aventurèrent hardiment, ils furent également médecins, géographes, astronomes, historiens, mathématiciens, alchimistes et physiciens, architectes miraculeux, musiciens raffinés, jardiniers délicats, horiculteurs et artisans subtils. Durant près de cinq siècles, les califes et les émirs ont tenu école de tolérance, défendant les juifs, accueillant les chrétiens, cohabitation sans exemple en ces temps de fanatisme. Cet héritage, je fais plus que l'accepter, j'en tire fierté.

  • Michel Del Castillo, 18 Janvier 2002, dans Je suis un musulman, paru Le Monde, 18 Janvier 2002, Michel Del Castillo.


Marc Ferro

Si l'on ignore la civilisation musulmane, on ne peut comprendre l'histoire de l'Occident. Car l'histoire de la France et de l'Europe tient pour une part significative, parfois même décisive, aux influences, aux rivalités, aux conflit suscités par leur recncontre avec l'islam.

  • Des grandes invasions à l'an mille, Marc Ferro, éd. Plon, 2007, p. 80


Comment l'islam a-t-il donné naissance à l'une des plus brillantes civilisations de l'histoire ? A mesure qu'ils avançaient dans leurs conquêtes, les musulmans profitaient de l'occasion pour s'approprier la haute culture et les techniques présentes sur certains des territoires qu'ils occupaient. Ils donnèrent ainsi naissance à une brillante civilisation, dont l'originalité était fondé sur la synthèse d'emprunts divers aux Romains, aux Bysantins, à l'Inde...Cela renforçait d'autant leur puissance et le pouvoir d'attraction qu'ils exerçaient sur d'autres nations.

  • Des grandes invasions à l'an mille, Marc Ferro, éd. Plon, 2007, p. 98


Si l'on veut résumer en une phrase l'évolution du monde musulman et de ses rapports avec l'Occident, on peut dire les choses ainsi, même si c'est caricatural : le drame des musulmans est de s'être retrouvés soumis aux descendants de ceux dont ils avaient fait leurs esclaves. Tous les peuples qui ont eu une vocation de dominateurs et qui se trouvent dominés vivent une crise d'un ressentiment terrible. Ils éprouvent un ressentiment à la mesure du rayonnement qu'a connu leur civilisation quand, au Moyen Age, elle dominait le monde.

  • Des grandes invasions à l'an mille, Marc Ferro, éd. Plon, 2007, p. 105


Jacques Le Goff

Malgré une hostilité le plus souvent très vive des Français à l'égard des musulmans, la France a fait du Moyen Age à nos jours des emprunts culturels et humains à l'islam qui ont enrichi et continuent d'enrichir sa vie sociale et intellectuelle.

  • Jacques Le Goff, 2006, Préface, dans Histoire de l'islam et des musulmans en France, paru Albin Michel, 2007, p.13, Ouvrage collectif.


Jack Goody

Les problèmes que peut aujourd'hui soulever l'islam ne sauraient être assimilés à une culture jugée "autre" et supposée "rétrograde". La civilisation musulmane tient depuis longtemps une place prépondérante en Europe, ou elle s'est d'abord imposée en Espagne et dans le monde méditerranéen dès le VIIe siècle, pour ensuite pénétrer les pays de l'Est au XIVe siècle, et poursuivre sa percée jusque dans les steppes du Nord[...]. L'assimilation systématique de l'Europe au christianisme et à la modernité a fait oublier - ou même réfuter - tout ce que l'Islam a pu apporter à la civilisation européenne[...]. Toutes ces religions (Christianisme, Islam, Judaïsme) peuvent objectivement se prévaloir d'une présence légitime et, en ce sens, aucune ne saurait être considérée comme un "Autre"; toutes font partie intégrante de l'Europe, de notre patrimoine[...]. C'est à partir de leur foyer proche-oriental que les trois grands monothéismes que sont le judaïsme, le christianisme et l'islam se sont propagés vers l'ouest, en suivant les deux rives de la Méditerranée. En ce sens l'islam n'est pas plus exogène à l'Europe que le judaïsme et le christianisme : il y est implanté depuis longtemps et y a exercé une influence non seulement politique mais aussi culturelle. C'est d'ailleurs en partie pour se défendre de ses composantes juives et musulmanes, que l'Europe s'est définie comme un continent chrétien.

  • L'Islam en Europe, Jack Goody, éd. La Découverte, 2004, p. 16-24

Maxime Rodinson

Mahomet (en arabe Muhammad) est, parmi les fondateurs des grandes religions universalistes, celui que nous connaissons le mieux. [...] Homme génial, issu d'une société en marge des grandes civilisations de l'époque, il sut forger une synthèse idéologique impressionnante, capable de séduire d'abord son pays natal, puis de s'imposer dans une vaste zone du globe. Il sut aussi employer des dons remarquables de chef politique et militaire à acquérir le contrôle de l'Arabie. Mystique (incomplet), profondément religieux, mais non pas pur homme de sainteté comme le Christ et le Bouddha, les faiblesses humaines de cette impressionnante personnalité ne font que rendre sa biographie plus attachante. [...] Si le développement postérieur de l'islam est dû aux circonstances (pour ceux qui n'y voient pas la main de Dieu), une part importante de son succès vient néanmoins du génie de Muhammad. On peut le créditer d'une grande intelligence, d'une habileté et d'une ténacité remarquables, d'un sens très fin des hommes et des situations. [...] Il faut tenir compte des mœurs du temps et de son pays pour juger certains de ses actes, atroces ou quelque peu hypocrites [...]. Il montra, en bien des cas, de la clémence, de la longanimité, de la largeur de vues et fut souvent exigeant envers lui-même. Ses lois furent sages, libérales (notamment vis-à-vis des femmes), progressives par rapport à son milieu.

  • Maxime Rodinson, 2004, dans Article Mahomet, paru l'Encyclopédia Universalis V10, 2004, Maxime Rodinson.

Jean-Paul Roux

[Les Musulmans] furent des transmetteurs, et la chrétienté, qui avait si largement laissé se perdre les acquisitions de l'Antiquité, leur doit beaucoup. Mais ils ne furent pas que cela, comme d'aucuns les disent avec une grande injustice, car ils travaillèrent sur tout ce qu'ils avaient acquis et les fruits de leurs efforts, ils les donnèrent aussi. Plus tard, quand ils s'endormirent, quand ils ne furent plus créateurs, par un juste retour des choses, ils reçurent à leur tour de ceux qu'ils avaient auparavant nourris. La colonisation européenne les réveilla, leur apporta la science et la pensée modernes. De cette invasion ils eurent sans doute beaucoup à souffrir, mais cette souffrance fut rédemptrice.

  • Un choc de religions : La longue guerre de l'islam et de la chrétienté 622-2007, Jean-Paul Roux, éd. Fayard, 2007, p. 14


Quelle oeuvre! Avec une poignée d'hommes, ils ont fondé un empire immense, certes sans durée, comme il en est de tout empire, mais ils ont islamisé et arabisé des peuples sans nombre et de hautes cultures. Ils ont écrasé les chrétiens. Ils ont fait atteindre à leur civilisation son sommet. Comment une telle chose a-t-elle été possible? Elle ne s'explique pas. Elle se constate.

  • Un choc de religions : La longue guerre de l'islam et de la chrétienté 622-2007, Jean-Paul Roux, éd. Fayard, 2007, p. 145


Rodrigo de Zayas

Notre nostalgie en Espagne est d'un ordre plus moral et plus éthique. Les plus nostalgiques parmi nous, sont les gens qui se rendent compte que nous avons été tronqués de deux parties essentielles de notre culture. Et pour paraphraser Villon, je dirais : "Mais ou sont nos juifs et nos musulmans d'antan?" Et là, il y a une terrible nostalgie.

  • Rodrigo de Zayas, 2002, dans L'épopée andalouse, paru L'age dôr de l'Islam (DVD), Warner Home Vidéo, Mahoud Hussein réalisé par Philippe Calderon.

Afficher le commentaire. Dernier par jacob le 03-08-2008 à 00h31 - Permalien - Partager