Mais, puisque, dans la
nature tout entière, on distingue d’abord quelque chose qui sert de matière à
chaque genre (et c’est ce qui est en puissance tous les êtres du genre) et
ensuite une autre chose qui est la cause et l’agent parce qu’elle les produit
tous, situation dont celle de l’art par rapport à sa matière est un exemple, il
est nécessaire que, dans l’âme aussi, on retrouve ces différences. Et, en fait,
on distingue, d’une part, l’intellect qui est analogue à la matière, par le
fait qu’il devient tous les intelligibles, et, d’autre part, l’intellect qui
est analogue à la cause efficiente, parce qu’il les produit tous, attendu qu’il
est une sorte d’état analogue à la lumière car, en un certain sens, la lumière,
elle aussi, convertit les couleurs en puissance, en couleurs en acte. Et c’est
cet intellect qui est séparé, impassible et sans mélange, étant par essence un
acte ; car toujours l’agent est d’une dignité supérieure au patient, et le
principe, à la matière. La science en acte est identique à son objet ; par
contre, la science en puissance est antérieure selon le temps, dans l’individu,
mais, absolument, elle n’est pas antérieure même selon le temps, et on ne peut
dire que cet intellect tantôt pense et tantôt ne pense pas. C’est une fois
séparé qu’il n’est plus que ce qu’il est essentiellement, et cela seul est
immortel et éternel. (Nous ne nous souvenons pas cependant, parce qu’il est
impassible, tandis que l’intellect patient est corruptible) ; et, sans
l’intellect agent, rien ne pense.