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Aristote - Les causes - EC1 n°6 Posté le Vendredi 11 Septembre 2009 à 09h08
Aristote - Physique II, 3

Chapitre 3: Les causes. Leurs espèces et leurs modalités.

 

Nécessité de traiter des causes.

Ces points déterminés, il faut faire porter l'examen sur les causes, rechercher ce qu'elles sont et leur nombre. Puisque notre étude a pour objet le connaître et que nous ne croyons connaître rien avant d'en avoir saisi chaque fois le pourquoi (c'est-à-dire saisi la première cause), il est évident que c'est ce que nous devons faire également touchant la génération et la corruption et tout le changement physique, afin que, connaissant les principes de ces choses, nous tâchions d'y ramener chacune de nos recherches.

 

Les quatre causes.

En un sens, la cause, c'est ce dont une chose est laite et qui y demeure immanent, par exemple l'airain est cause de la statue et l'argent de la coupe, ainsi que les genres de l'airain et de l'argent. En un autre sens, c'est la forme et le modèle, c'est-à-dire la définition de la quiddité et ses genres: ainsi le rapport de deux à un pour l'octave, et, généralement, le nombre et les parties de la définition. En un autre sens, c'est ce dont vient le premier commencement du changement et du repos; par exemple, l'auteur d'une décision est cause, le père est cause de l'enfant, et, en général, l'agent est cause de ce qui est fait, ce qui produit le changement de ce qui est changé. En dernier lieu, c'est la fin; c'est-à-dire la cause finale: par exemple la santé est cause de la promenade; en effet, pourquoi se promène t-il, c'est, dirons-nous, pour sa santé, et, par cette réponse, nous pensons avoir donné la cause. Bien entendu appartient aussi à la même causalité tout ce qui, mû par autre chose que soi, est intermédiaire entre ce moteur et la fin, par exemple pour la santé, l'amaigrissement, la purgation, les remèdes, les instruments; car toutes ces choses sont en vue de la fin, et ne diffèrent entre elles que comme actions et instruments.

 

Trois corollaires.           

Voilà sans doute, toutes les acceptions ou il faut entendre les causes. Mais il arrive, par suite de cette pluralité de sens, qu'une même chose ait une pluralité de causes, et cela non par accident; par exemple, pour la statue, la statuaire et l'airain, et cela non pas sous un autre rapport, mais en tant que statue, mais non au même sens; l'une comme matière, l'antre comme ce dont vient le mouvement. Il y a même des choses qui sont causes l'une de l'autre, par exemple la fatigue, du bon état du corps, et celui-ci de la fatigue; mais non au même sens; l'une comme fin, l'autre comme principe du mouvement. Enfin la même chose peut être cause des contraires; en effet ce qui, par sa présence est cause de tel effet, nous en regardons quelquefois l'absence comme cause de l'effet contraire; ainsi l'absence du pilote est cause du naufrage, et sa présence eût été cause du salut.

 

Résumé.

Quoi qu'il en soit, toutes les causes que nous venons de dire tombent très manifestement sous quatre classes: les lettres par rapport aux syllabes, la matière par rapport aux objets fabriqués, le feu et les autres éléments par rapport aux corps, les parties par rapport au tout, les prémisses par rapport à la conclusion, sont causes comme ce dont les choses sont faites. De ce couple, l'un des termes est cause comme sujet, par exemple les parties, l'autre comme quiddité: le tout, le composé, la forme. D'autre part, la semence, le médecin, l'auteur d'une décision, et en général l'agent, tout cela est cause comme ce dont vient le commencement du changement, mouvement ou arrêt. D'autre part, à titre de fin et de bien: car la cause finale veut être chose excellente parmi toutes les autres et leur fin: peu importe de dire que c'est le bien en soi, ou le bien apparent.

 

Modalités des causes.

Telles sont donc les causes et leur nombre, quant aux espèces; quant à leurs modalités, elles sont multiples, en nombre; mais résumées elles se réduisent. On parle, en effet, des causes en des sens multiples: par exemple, parmi les causes d'une même espèce, l'une est antérieure, l'autre postérieure: ainsi, pour la santé, le médecin et l'homme de l'art, pour l'octave le double et le nombre, et, toujours, les classes relativement aux individus; ou encore les unes sont par soi, les autres par accident, et leurs genres: par exemple, pour la statue, Polyclète est une cause, le statuaire une autre, parce que c'est un accident pour le statuaire d'être Polyclète; autres encore les classes qui embrassent l'accident, par exemple si l'on disait que l'homme ou en général l'animal est cause de la statue. Du reste, entre les accidents, les uns sont plus loin, les autres plus près, par exemple si l'on disait que le blanc et le musicien sont cause de la statue. D'autre part toutes les causes, soit proprement dites, soit accidentelles s'entendent tantôt comme en puissance, tantôt comme en acte, par exemple pour la construction d'une maison le constructeur et le constructeur construisant. Pour les choses dont les causes sont causes, il faut répéter la même remarque; par exemple c'est de cette statue ou de la statue, ou en général de l'image, de cet airain, de l'airain, ou eu général de la matière...; de même pour les accidents. 1G En outre, les choses et les causes peuvent être prises suivant leurs acceptions séparées ou en en combinant plusieurs; par exemple, on dira non pas que Polyclète, ni que le statuaire, mais que le statuaire Polyclète est cause de la statue. Malgré tout, néanmoins, toutes ces acceptions se ramènent au nombre de six, chacune comportant deux sens: comme particulier ou genre, comme par soi ou accident (ou genre des accidents), comme combiné ou simple, chacune pouvant être prise en acte ou en puissance.

 

1° corollaire.

La différence est que les causes en acte et particulières ont simultanéité d existence et de non-existence avec ce dont elles sont causes, par exemple ce médecin guérissant et ce malade guéri, cet architecte construisant et cette maison construite; pour les causes selon la puissance, il n'en est pas de même; car l'architecte et la maison ne sont pas détruits en même temps.

 

2° corollaire.

Quoi qu'il en soit, il faut chaque fois chercher la cause la plus élevée comme dans tout autre sujet il faut chercher le parfait; par exemple l'homme construit parce qu'il est constructeur, il est constructeur par l'art de construire; c'est bien ici la cause antérieure, et ainsi dans tous les cas.

 

3° corollaire.

Enfin les genres sont causes des genres,

les choses particulières des choses particulières, un statuaire est cause d'une statue, celui-là de celle-ci. Et les puissances sont causes des possibles, les choses actuelles des choses actualisées.

Sur le nombre des causes et les différents sens suivant les quels elles sont causes, telles sont les déterminations que nous avions à apporter; elles suffiront.

 

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