Mirna Jammal

Les Hammams turcs, une histoire à protéger.

    Au fil des siècles, les sources d'eau chaude, la vapeur des bassins d'eau, l'odeur d'eucalyptus répandait, les murmures des femmes turques et le claquement de leurs sabots s'entendait de «  çemberlitas ». Les turcs s'y rendent sans aucune distinction de leurs couches sociales. C'est un véritable lieu de vie.

    Historiquement, les russes ont inspiré les Grecs pour le chauffage des pierres, placées au centre d'une hutte et sur lesquelles on versait de l'eau afin de produire une vapeur sèche. Il étaient suivis par les romains, puis par les indiens d'Amérique qui ont construits des huttes qui seraient lors de cérémonies permettant à travers la vapeur, de recréer le lien avec les quatre éléments : l'eau, le feu, le vent et la terre. Ainsi, le corps et l'âme pouvaient se purifier. Mais ce sont les musulmans qui ont découvert à travers leurs conquêtes, le bain de chaleur humide ou le hammam. Sa pratique s'est développée vers le VIIIe siècle de note ère où il est devenu, dans le monde islamique, un lieu de purification lié aux pratiques des lois de l'hygiène. A l'époque Ottomane, les sultans ont construit des hammams dans toutes les villes où ils sont passés.

     Le hammam que l'on appelle aussi « le bain maure » ou « le bain turc » est une suite de salles en marbre. La salle chaude est entourée de petites salles en forme de chapelles rayonnantes et au milieu se troue une dalle en marbre surélevée, surnommé le « nombril », sur laquelle on s'allonge pour les massages. Cet espace de vapeur sèche est chauffé par des tuyaux d'air chaud circulant sous le sol. De là, on passe dans la salle à vapeur dotée d'une piscine centrale appelée « maghatas ». Pour les turcs, le bain est beaucoup plus qu'un endroit où l'on se lave. Il est intimement lié à la vie quotidienne. On pratique les gommages et es massages ; c'est un lieu de détente où la chaleur et l'humidité stimulent la circulation sanguine et régénèrent les forces. La coutume veut que les hommes et les femmes se baignent séparément. Traditionnellement, le massage turc était pratiqué aux temps des califes. Ce massage n'est que l'ultime phase d'un processus de nettoyage du corps.

    Les bains turcs ont inspiré beaucoup d'artistes tel que Dominique Ingrès dans son fameux tableau nommé « le bain turc » présent au Louvre. A travers son œuvre sensuelle et magistrale, une impression organique et charnelle s'est incarnée. De nos jours, beaucoup de hammams de la période ottomane sont toujours en service mais leurs entretiens restent très coûteux, ce qui menace leur conservation et poussent les lieux de ce genre occidentaux, comme les saunas, à prendre leur place sur la scène internationale. Seule notre prise de conscience sur les valeurs historiques, médicales et traditionnelles peut les sauver.