Tribune libre
À vrai dire, les réquisitions de l'avocat général ne laissaient aucun
doute sur la décision qui a été prise aujourd'hui par la chambre de
l'instruction de St-Denis au sujet de l'extradition de BACAR. Il ne
fallait donc pas rêver. Les dés étaient pipés et la messe dite, depuis
très longtemps. L'application de la règle de la réciprocité, argument
phare, mis en avant par l'illustre avocat Jacques VERGES n'a produit
aucun effet. C'est une mascarade. Un déni de justice. Il fallait
seulement amuser la galerie et démontrer par ailleurs que la justice
française était souveraine et qu'elle ne faisait qu'appliquer la loi.
Le piège tendu aux autorités comoriennes qui se sont montrées d'une
naïveté infantile a donc merveilleusement fonctionné. Cet arrêt permet
désormais, aux autorités politiques françaises de fuir définitivement
leurs responsabilités. Le principal reproche et non des moindres que
l'on puisse adresser à nos dirigeants est d'avoir fait confiance à la
France et d'avoir naïvement cru que la françafrique était morte.
En effet, à son arrivée à l'île de la Réunion, BACAR avait déclaré aux
journalistes qu'il faisait confiance à la Justice française. Pour une
fois, il avait entièrement raison et savait bien ce qu'il disait. Les
autorités de notre pays elles, ont gobé la version françafricaine de M.
KOUCHNER qui leur avait promis le retour forcé et dans les meilleurs
délais du dictateur. Raté !
A la veille de sceller la désintégration de notre pays en cautionnant
la départementalisation de Mayotte, SAMBI et ses amis devraient se
rappeler que les engagements pris par la France ne seront jamais
respectés. Ils auront donc vendu Mayotte pour des clopinettes, peut
être même, pour rien.
Il convient de rappeler que par sa capitulation (je ne trouve pas
d'autre mot), l'Etat comorien a raté une occasion en or d'obtenir
l'extradition de BACAR. Contre vents et marrées, il eut été juste et
efficient de maintenir la décision initialement prise, de refuser
d'accueillir les soi-disant «clandestins» en provenance de Mayotte.
Nous disposions là, d'une monnaie d'échange d'une valeur inestimable
car, dans sa politique xénophobe de lutte contre l'immigration
clandestine, l'administration française était horriblement, contrariée
aux encablures. Au lieu d'agir avec fermeté comme le souhaitait
l'immense majorité de la population, SAMBI a fait le mauvais choix de
faire volt-face. D'autre part, le gouvernement de notre pays n'a donné
aucune garantie quant à l'organisation d'un procès équitable en cas
d'extradition, offrant ainsi aux défenseurs de BACAR, un motif de
plaider contre le retour forcé de leur client. Les conditions
inhumaines dans lesquelles sont maintenus les prisonniers ne plaident
pas en faveur d'un retour du dictateur. Les personnes arrêtées méritent
d'être jugées conformément aux règles de droit et sur la base
d'éléments de preuves irréfutables. Aujourd'hui, c'est un véritable
GUANTANAMO que les autorités ont crée. Il est urgent de remédier à ce
dysfonctionnement qui n'honore pas notre système judiciaire. Nous
étions nombreux à critiquer les méthodes expéditives du dictateur
BACAR, il serait donc regrettable de le reproduire à grande échelle.
Pour finir, il faut retenir que la France continue et continuera,
encore et toujours, son oeuvre destructrice et déstabilisatrice de
notre pays au grand désarroi du peuple. Quant à BACAR, il pourra
toujours compter sur la protection et sur la bienveillance de son
maître dont il a servi des années durant, les intérêts. Ses proches
collaborateurs, réfugiés à Mayotte, ont bénéficié de l'asile politique
et même du droit de travailler. Les autres «clando» eux, subissent les
humiliations des forces de l'ordre avant d'être enfermés en surnombre
comme du bétail dans un centre de rétention «indigne de la République».
Cet affront fait à notre peuple et à notre Justice, peut-il inciter nos
dirigeants à plus de vigilance et de fermeté à l'égard de la politique
néocolonialiste de la France ? Malheureusement, le virage amorcé par
SAMBI et ses amis n'appelle pas à l'optimisme. Devant cette allégeance
aveugle, il appartient aux femmes et aux hommes de bonne volonté de
s'unir afin de porter encore plus haut, les intérêts légitimes de notre
peuple et surtout de lutter contre toute manoeuvre, destinée à porter
atteinte à l'intégrité de notre territoire.
MAYOTTE EST COMORIENNE ET LE RESTERA À JAMAIS. C'est une vérité historique que nul ne peut nier.
A PARIS, LE 24/06/2008/ AHMED