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Marie-Thérèse MUTIN

Babord

PRESSE Posté le Samedi 20 Décembre 2008 à 10h05



Marianne
Lundi 01 Décembre 1997


Mutin, la combattante «laïcarde» du PS

La première chose qu'on remarque chez Marie-Thérèse Mutin, c'est sa magnifique crinière blanche, un ornement que cette militante socialiste de 60 ans affiche avec fierté. Car, pour cette ancienne institutrice, un engagement est un engagement et une fidélité ne se partage pas. Pour elle, la filiation politique est liée à Jean Poperen, ancien ministre socialiste disparu cet été, et qu'elle; avait rejoint en 1987. Depuis, elle a fait sienne la charte popereniste sur le nouveau contrat social et la défense de la laïcité. Dans un PS que les affaires du voile islamique ont déboussolé, elle est désormais une des seules à tenir ce discours. Bien qu'à Brest elle ait recueilli 5,43% des suffrages. Un score modeste mais qui a fait tilt dans l'unanimisme général. Quant à l'applaudimètre, ses propos sur la laïcité et la séparation de l'église et de l'Etat ont fait un tabac. Belle revanche pour cette femme qui, au PS comme au Parlement européen où elle occupe depuis octobre 1997 le fauteuil abandonné par Jack Lang, compte faire entendre la voix de «sa» gauche.

D. M.


Le Bien Public mai 2008

Femme et politique à la fois


   

    Elle fut institutrice. Elle fut une femme politique engagée et élue comme conseillère régionale et députée européenne. Elle est aujourd'hui à la tête d'une petite maison d'édition à son nom, où elle publie à la fois des textes poétiques et des romans engagés.

    Mais Marie-Thérèse Mutin est aussi un écrivain, un vrai. Un de ceux qui racontent des histoires et qui ont quelque chose à dire. Des romans où la politique n'est jamais absente, mais qui n'y reste non plus pas seule : l'humain n'est jamais loin.
    Et c'est encore le cas pour son dernier ouvrage, qui vient de paraître aux éditions de l'Armançon, Et la source est tarie où buvaient les troupeaux.
    Un roman où sont étroitement mêlés politique et histoire d'amour, de 1988 à 1993, le temps d'une mandature. Le temps aussi d'un virage politique au sein du parti socialiste.
    Anne, alors qu'elle est sûre que tout va bien et qu'elle est impliquée dans le combat politique, est quittée par Pierre, le député, après vingt ans de vie commune. C'est aussi le moment où le parti socialiste, dont elle est l'une des responsables, évolue en un sens qui n'est pas forcément celui qu'elle souhaite : « Le PS était devenu une machine à fabriquer des élus pour on ne sait quel projet ». Anne alors s'interroge. N'a-t-elle pas été trop intransigeante ? A quoi bon ces combats d'idées si tout autour d'elle ne devient que compromissions ? A quoi bon avoir cru partager la vie, les idées, les combats d'un homme, s'il peut vous quitter ainsi pour quelqu'un qui est votre exact opposé, politiquement et sentimentalement ?
    Au fil des pages naissent quelques désillusions - on appelle ça aussi la lucidité de l'expérience - et l'espoir pourtant, tenace, d'un futur ouvert pour le bébé de Claire, sa fille.
    Un livre sensible et profondément humain, une belle histoire autant qu'une réflexion sur le combat des idées. Et si l'on n'était parfois que le comédien de ses premières sincérités ?

J. REMY


« Et la source est tarie où buvaient les troupeaux », de Marie-Thérèse Mutin, éditions de lArmançon (144 pages sous couverture illustrée, 16,50€).






 Le Journal du Palais juin 2008
 


Marie-Thérèse Mutin

La mémoire militante


    L'ancienne secrétaire fédérale du PS de la Côte d'Or, qui fut conseillère régionale et députée européenne, est restée une militante… de la littérature, qu'elle sert avec passion en animant les éditions « Mutine ».

    Cessey-sur-Tille. Rue des Vernottes, anciennement rue des Baraques. La maison est modeste et basse de plafond. Elle a été achetée en 1927 par le grand-père Raoul, photographe, frère du curé du village, et père de Camille, militaire de carrière. Marie-Thérèse Mutin est née dans une famille très catholique où l'on ne plaisante pas avec la morale. Bonne élève, la petite intègre l'École normale de jeunes filles, à Dijon, où elle passe quatre années très dures, « à bosser tout le temps ». À la rentrée de 1960 – elle a juste 20 ans – elle fait ses premières armes à l'école de Varanges, près de Genlis. Une chance : « La terreur des nouvelles institutrices, c'était d'être envoyée dans le Châtillonnais ! ». Bientôt, dans un village voisin, elle est chargée d'une « classe unique » (vingt élèves âgés de 4 à 14 ans) un peu comme dans le film Être et avoir. Son meilleur souvenir. Une vie qui aurait été toute simple si, un jour de décembre 1965, en pleine campagne présidentielle, elle n'avait entendu son frère André, lui même ouvrier à Auxonne, ronchonner : « Et tu crois que ton De Gaulle va faire quelque chose pour les ouvriers ? ». Marie-Thérèse ruminera longtemps la remarque. Elle se sent « de gauche ». En 1971, elle accepte de figurer sur la liste municipale de son village. Elle adhère à la Convention des institutions républicaines, un petit parti dirigé par un certain François Mitterrand qui va devenir, au congrès d'Épinay, le fer de lance du nouveau Parti socialiste. La gauche est alors durablement dans l'opposition. On ne s'y bouscule pas pour prendre des responsabilités. En 1974, elle devient maire de Cessey. Le PS de Côte-d'Or lui propose d'être secrétaire fédérale aux entreprises. Elle comprend « secrétaire » : cela lui convient, elle sait taper à la machine ! Elle découvre alors les conflits sociaux. Elle décrira plus tard « les petits matins blêmes et glacials à la porte des usines,les doigts gourds de froid qui ont du mal à saisir le tract dans le paquet coincé sur l'avant-bras et les moqueries affectueuses des ouvriers : "Alors les socialos ! Déjà levés ? Ca vous change de vos horaires de profs !" ». Trois ans plus tard, les « lendemains qui chantent » se sont tu : l'Union de la gauche est morte, les espoirs de Mitterrand se sont envolés, les législatives de 1978 se présentent très mal. Le PS en Côte d'Or se noie dans les bisbilles internes : on lui propose de devenir premier secrétaire, pour calmer le jeu jusqu'aux élections. Les militants l'élisent à l'unanimité. Mais quand un an plus tard, Pierre Joxe lui demande de démissionner, elle refuse. Au nom de quoi ? C'est aux militants de décider ! Elle monte à Paris demander l'arbitrage de Mitterrand… et l'obtient : Joxe ne lui pardonnera jamais. Marie-Thérèse rencontre plusieurs fois Mitterrand, elle apprend les courants, le jeu des motions, les manoeuvres de couloir, les grosses combines et les petites intrigues. En 1986, puis en 1992, elle est élue conseillère régionale. En 1997, elle sera même députée européenne par défaut : figurant en 23ème position sur la liste présentée par le PS en 1994, elle est promue quand tous les premiers de la liste, après la dissolution surprise, intègrent le gouvernement Jospin ou le Palais Bourbon ! « Je n'ai pas aimé, à Bruxelles, ces élus dépolitisés devenus des spécialistes du pourcentage de graines végétales dans le chocolat ! L'Europe ne fait pas assez de politique ! ».



1939
Naissance de Marie-Thérèse Mutin
1960
Premier poste d'institutrice à
Varanges.
1977
Premier secrétaire de la fédération
PS de Côte-d'Or.



1995

Fonde les Éditions Mutine.  
1997
Députée européenne (pendant
                                    deux ans)                                             
1998
Exclue du Parti socialiste
 2008
Publie Et la source est tarie où
buvaient les troupeaux (Éditions
de l'Armançon)


AU SERVICE DE SES AUTEURS

     Mais les temps ont changé, au PS : le pouvoir a aiguisé les ambitions. Les militants ont cédé la place aux apparatchiks. En 1990, au lendemain du congrès de Rennes où elle est cataloguée « popereniste » (un souscourant du « courant A » dirigé par le ministre Jean Poperen), elle est brutalement débarquée de son poste de secrétaire fédérale de la Côte-d'Or. Un épisode qu'elle raconte avec émotion dans son tout dernier roman, Et la source est tarie où buvaient les troupeaux (Éditions de l'Armançon). Elle se vengera en 1998 : biffée de la liste régionale par la direction du PS, la rebelle mène une liste dissidente qui obtient plus de 5 % des voix et lui vaut, pendant six ans de mandat, d'être ignorée de ses anciens « camarades ». Exclue du PS ! Dans son roman, son héroïne accuse le choc : « Qu'allait- elle faire de toutes ces heures libérées ? Plus de réunions aux quatre coins de la Côte-d'Or, plus d'articles, d'éditos à rédiger,de négociations avec les partenaires de gauche, de réunions de formation, de campagnes électorales,de meetings,de fêtes de la rose à organiser ! ». En 1995, Marie- Thérèse Mutin fonde les éditions Mutine  – un nom qui lui va bien. L'ex-institutrice a toujours aimé lire et écrire. Elle a même publié naguère un petit roman historique, Catherine de Châteauneuf, puis un livre plus personnel, Vive la politique ! Éditeur, c'est aussi servir les autres. Mutine, c'est un réseau d'amateurs fidèles, une trentaine d'auteurs et, chez elle, un capharnaüm de livres et de manuscrits. Marie-Thérèse s'occupe de tout, de la préparation des textes à l'organisation de signatures. Et tant pis si tous ses livres n'atteignent pas le millier d'exemplaires comme En attendant la canicule, de Jacques Thomassaint, ou son propre petit polar Meurtre au palais des Ducs, paru aux éditions Nykta, une fiction jubilatoire où elle règle quelques comptes avec ses anciens compagnons de lutte. Mais le roman, la littérature et le rêve ne sont-ils pas plus efficaces que la politique quand on veut « changer la vie » ?


Bernard LECOMTE

Un commentaire. Dernier par Livres au trésor le 16-07-2013 à 11h09 - Permalien - Partager
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