Pierre MICHEL M.H

UN ORGANISME DE SANTE … MALADE DE « GESTIONNITE »

DETCHESSAHAR  M. et GREVIN A. (2009) : « Un organisme de santé…malade de « gestionnite », Gérer et comprendre, n°98 (décembre 2009),  10 pages.

Structure : Intro – approche régulation – Origine de l’intervention (exposé des faits, présentation établissement, contexte financier et organisationnel) et méthodologie

Réflexion avec  comme clé de lecture la théorie de la régulation de J-D Reynaud et interroge sur le rôle du management dans la prise en charge des tensions.

Mise en place de nouveaux dispositifs gestionnaires introduit au sein de ces organisations un nombre croissant de facteurs de tensions, contradictions, voire de paradoxes.

Les dispositifs  d’assurance qualité, l’informatisation croissante de l’activité, dans la perspective de l’arrivée de la tarification à l’activité, ou encore la nécessité de formaliser des projets d’établissement font peser sur l’activité des soignants de nouvelles contraintes obligeant à frayer de nouveaux compromis d’activité entre tâches de soins et tâches administratives ou gestionnaires.

Apparition d’une « contrainte industrielle »  qui s’exprime à travers les impératifs de maîtrise des process de soins et de maitrise de la productivité

Familles davantage impliquées dans l’activité de soin

Enjeu de la rotation rapide des lits à l’hôpital ou la clinique

Structures aval (SSR, EHPAD)

Structures amont (hôpital, clinique) -> contraintes administratives s’accroissent et diminution de la durée des séjours (gestion des entrées et sorties)

Evolution qui oblige des arbitrages entre les tâches, par les acteurs. Ce « travail d’organisation » (Terrsac (de), 1992) apparaît comme un enjeu fondamental dans la performance des établissements de santé.

La transgression des règles peut se concevoir comme un mode de conciliation de contraintes contradictoires, comme une négociation silencieuse nécessaire au fonctionnement de l’action organisée, comme un mécanisme naturel d’équilibrage, vecteur d’efficacité organisationnelle (Babeau et chanlat, 2008, p.217).

En sociologie de l’entreprise, la théorie de la régulation (Reynaud, 1988 ; Terssac (de), 2003) a pour objet d’analyser la façon dont ces différentes tentatives de régulation du travail se complétent, se conjuguent, s’affrontent ou s’empêchent mutuellement.  La théorie de la régulation articule deux concepts centraux pour les sciences de gestion : l’autonomie et le contrôle.

La régulation conjointe est « une rencontre entre deux régulations » selon Jean-Daniel Reynaud. Il existe une régulation de contrôle (le management tente de contrôler le comportement des acteurs de l’organisation) et une régulation autonome (résistance des acteurs à l’emprise afin de peser eux-mêmes sur leur travail et le rendre plus facile) (Reynaud, 1988).

La régulation conjointe créée « un ensemble de règles qui sont acceptables par les deux parties, par exemple parce qu’elles combinent harmonieusement règles de contrôle et règles autonomes » (Reynaud, 1994, p.230).

La régulation conjointe est proposée comme un « idéal de pilotage ou de management » voir « une posture normative » (Reynaud, 2003, p.113)

Système hospitalier valorise les actes et non pas le travail invisible qui permet leur enchainement et les rends possibles.

Idéal de régulation conjointe et reconnaissance du pouvoir d’agir des salariés.

Régulation autonome est étouffée par la régulation de contrôle -> solution : engagement des salariés dans les des postes de représentation du personnel.

Les activités de gestion « chassent » les activités de management

Passage de la fonction de cadre de soin à cadre de gestion

Régulation de contrôle et régulation autonome ne se rencontrent plus, la première tentant, par une hyperactivité gestionnaire, de se saisir de toutes les dimensions de l’activité, sans être néanmoins capable d’appréhender ce qui préoccupe réellement les salariés dans leur travail quotidien et la seconde, privée de légitimité et de reconnaissance, s’épuisant peu à peu (Reynaud, 1988)