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Projet Shogi

Mon journal

Seki 27 Oréan : Kemen en fête Posté le Dimanche 27 Août 2006 à 22h03
       Me voilà à une semaine de la rentrée à l'Académie. J'ai deux mois d'oisiveté, de cloisonnement derrière moi. J'en vois enfin la fin, il était temps que ça finisse. Pour briser la monotonie de ces longues semaines d'inactivité et d'isolement (involontaire certes, mais isolement quand même : Vilverin a beau être près de Kemen, centre des activités, Vilverin reste loin de Kemen puisque je ne suis pas encore autorisé à me déplacer en dragon, et je ne suis pas du genre à ennuyer mes parents à leur demander de m'emmener en ville sans cesse. Ainsi, Kemen est donc loin même si elle est proche,  et je suis donc cloîtré bien trop souvent à Vilverin), nous effectuons des sorties en famille. Quand il ne s'agit pas de rendre visite à mes aieux ou à de lointains cousins, nous sortons à Kemen. Hier soir, Kemen était en fête, pour célébrer le fruit qui a fait la réputation de notre région. Alors, soeurette, je ne prends pas la peine de te décrire ce fruit qui était ton préféré, je pense que tu te souviens parfaitement de son goût délicieux. Cette sortie m'a fait beaucoup de bien, d'une part parce que je prends trop peu l'air ces derniers temps, mais surtout parce que j'ai d'autre part à nouveau pu être au contact du peuple. J'adore me trouver dans la foule, dans ces rassemblements populaires, où l'on peut à souhait oserver et critiquer notre si belle société.
Si nous nous sommes rendus autour du lac de Kemen, c'était pour contempler la superbe démonstration de magie élementaire qui nous était proposée. Pour nous faire patienter avant celui-ci, un groupe de musique d'un très bon niveau a captivé nos cages à miel, alors que mes yeux ne quittaient les badauds, ou plutôt les spectateurs dirais-je, ce qui est plus politiquement correct. Parmi les phénomènes intéressants à observer, j'ai trouvé que les modes et les styles vestimentaires sont toujours aussi amusants et déplorables : la mode des Mykhë n'est malheureusement toujours pas finie, et j'ai donc pu compter un grand nombre de ces immondes chaussures qui, à mon grand plaisir, étaient salies par la boue. D'aucuns avaient préféré venir exhiber leur plus belle tenue, parfois il est vrai assez seyante, mais totalement inadaptée à une fête telle que celle-ci, qui plus est lorsqu'elle a lieu après de grosses ondées et que le sol est donc fort boueux. Après certains osent encore s'étonner que leurs mocassins sont maculés de boue et que le cuir ne peut plus respirer. Rien ne vaut mes sobres mais efficaces bottes de cuir. Enfin, d'autres, se rendant compte que la rentrée arrive très vite, se sont rués sur des demoiselles encore célibataires pour ne pas commencer l'année seul. Technique discutable. D'autant plus que pour ne perdre une miette de leurs premiers instants avec leur toute nouvelle acquisition, euh que dis-je, compagne, leur langue n'a pas été capable de se désolidariser des zones humides de la bouche de mademoiselle, résultat : les explosions magiques ne furent qu'une source de lumière trop forte nuisant à leurs moments d'intimité publics, au lieu d'être le spectacle superbe qu'il a été pour tous les autres gens normaux. Vraiment, j'adore critiquer le fleuron de la nouvelle génération.

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Puis le spectacle commença (pour ceux que ça intéressait du moins, pour d'autres il avait déjà commencé quelques temps avant et allait se finir bien plus tard dans la nuit et dans un autre endroit). En plus d'être un spectacle, la démonstration avait pour but de présenter au peuple la puissance de l'armée du royaume : ce furent donc sept parmi les meilleurs mages de bataille qui exhibèrent leurs talents et leur maîtrise parfaite de l'élement Feu. Ils lançaient ce qui paraissait être de vulgaires boules de feu, que je pense pouvoir réaliser dès l'année prochaine, mais une fois celles-ci à une hauteur suffisante, elles explosaient en une pluie de couleurs fantastique. Mes compétences d'écrivain ne me permettent pas de décrire le spectacle avec plus de précisions, je suis cependant en mesure de décrire pourquoi je l'ai tant apprécié. Il était particulièrement réussi et bien mis en scène, donc il ne peut que plaire. Mais surtout ce spectacle donne l'impression de quelque chose de surpuissant : quand les boules de feu explosent, les couleurs se répandent dans le ciel, au-dessus de nous, s'étalent, et nous surplombent, nous dominent. De plus, les explosions de plus en plus fortes à mesure que l'on approche du bouquet final sonnent puis résonnent dans la poitrine, on ressent toute la force de la magie et surtout de l'élement Feu, et sa majesté nous écrase. Le fait que j'apprécie cette sensation ne signifie en rien que j'adore être dominé, mais elle me remet à ma place. L'admission à l'Académie après avoir brillamment conclu ma scolarité "classique" n'aide pas vraiment à être modeste, et un tel spectacle me rappelle que je ne suis rien, qu'un pion au service du royaume. Ensuite, ce genre de spectacle a un réel effet sur moi, sur le moi. Mon esprit ne peut s'empêcher de suivre les contours de ce que mes yeux voient : ainsi, les boules de feu qui partent du sol pour exploser vers l'infini en une fontaine de couleurs provoquent au plus profond de moi un rejaillissement de toutes mes pensées, les plus honteuses, celles oubliées volontairement, tout ce que je n'ose pas affronter. Toutes mes aventures, mes quêtes inachevées sont alors sous mes yeux et actualisées. Et souvent bien relativisées ce qui me permet de régler nombre de mes tracas. La parfaite harmonie d'une telle démonstration réussie permet donc la purge de ces rejetons de pensées, et ainsi le phénix renaquit de ses cendres, prêt à affronter les lambeaux et les débris d'anciens différends, considérablement appaisés.
Voilà une soirée qui en plus d'être agréable me rend plus fort en allégeant mes pensées les plus lourdes. Puissent ces espaces libérés dans mon esprit être remplis le plus vite possible d'incantations et de formules d'invocation. Et mage de bataille, quel superbe métier... Je ne pense cependant pas déceler la naissance d'une vocation.

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