Blog créé grâce à Iblogyou. Créer un blog gratuitement en moins de 5 minutes.

LE SITE DE SAS TORO

Le Blog des accros

Les jeunes Bassa et l'apprentissage des langues Publié le Mardi 1 Juillet 2008 à 16:57:44

  Je suis enseignant de formation et je ne cesserai jamais de me demander ce qui se passe dans les têtes de nos enfants. Quand je parle de nous, il s'agit bel et bien de nous autres Bassa du Cameroun et principalement du clan dont je fais partie et qui s'appelle les Ndog-Sul.

  En même temps que je suis enseignant, il s'avère que je fais également partie du Bureau National du Boma Adna Ndog-Sul, plus connu sous son acronyme BANS. La remarque que je suis amené à faire ces derniers temps est que nos enfants négligent de plus en plus leurs études.

  Je travaille au Centre Linguistique Pilote de Yaoundé où notre tâche est de promouvoir le bilinguisme par le renforcement des capacités de tous ceux qui le veulent en expressions anglaise et française. Nous faisons tout pour nous faire connaître de tous les camerounais et même au-delà de nos frontières, mais les jeunes camerounais et singulièrement les jeunes Bassa semblent cracher sur la perle que constitue l'apprentissage des langues en général et singulièrement celle de l'anglais. Au cours de l'année scolaire, nous reservons les plages horaires des mercredis après-midis et samedis aux jeunes, mais le taux d'inscription fait plutôt pleurer. C'est en période de vacances que les inscriptions s'envolent et notre centre se retrouve pratiquement débordé, mais de tous ces inscrits vacanciers dont beaucoup viennent non pas parce qu'ils veulent tant maîtriser la langue de Shakespeare ou celle de Voltaire, mais surtout parce qu'ils s'ennuient ou veulent se retrouver le plus loin possible des parents, très peu sont Bassa. Je ne voudrais pas étaler les statistiques en ma possession ici, toujours est-il que celles-ci sont simplement décourageantes.

  J'en connais qui diront rapidement que la faute revient aux parents, peut-être, mais pas toujours. J'ai été témoin d'une conversation il y a à peu près trois semaines entre l'une de mes cousines et son fils âgé de 16 ans. Elle lui proposait de suivre les cours de vacances chez nous celui-ci lui a répondu sèchement qu'il ne voulait pas en entendre parler. Ce n'est qu'un exemple parmi des milliers d'autres. Parmi ceux qui viennent même suivre ces cours, comme je l'ai indiqué plus haut, l'essentiel est ailleurs. Il suffit de regarder leurs mines d'enterrement dans les salles ou encore la désinvolture avec laquelle ils travaillent pour comprendre qu'ils ne sont présents dans les salles que de corps.

  C'est vrai en partie que nous sommes blâmables, nous les parents, car très peu d'entre nous accordent véritablement l'importance qu'il faut aux études des enfants. On ne le dira jamais assez, préparer une année scolaire ne se limite pas à acheter des fournitures scolaires et tout la quincaillerie que les établissements scolaires exigent. Il faut aller plus loin. Ce "plus loin", c'est le dialogue avec les concernés, un dialogue franc, sincère, les yeux dans les yeux. Prenons souvent le temps de nous asseoir pour échanger avec notre progéniture. Parlons à ces jeunes cervelles qui donnent l'impression de maîtriser le monde alors qu'ils n'en connaissent que le soleil qui brille dans la journée et les étoiles de la nuit. Parlons-leur et prenons le temps de leur montrer les avantages de l'apprentissage des langues. Ce n'est plus un secret que dans le monde du travail, la connaissance de l'anglais est devenu prioritaire pour décrocher un job digne de ce nom.  

  Les autres l'ont compris et sont en train de nous laisser à la traîne.Le développement de la communauté Bassa et singulièrement de celle des descendants de Sul Kok Ngoo Bot en dépend.

Ecrire un commentaire - Permalien - Partager