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Voyages au bout du monde

Octobre 2006 : La Thaïlande

La nuit de pêche d'Eric Posté le Dimanche 22 Octobre 2006 à 08h29

Lors d'une halte dans un minuscule bar de pêcheurs, Pascal, notre ami guide, me propose de partir découvrir la "pêche à la lampe". L'idée m'avait déjà effleuré l'esprit en regardant les bateaux de pêcheurs qui apparaissent chaque nuit à l'horizon, reconnaissables à leurs lumières vertes et blanches. J'accepte donc la proposition. Pascal s'entretient avec un pêcheur qui n'a jamais emmené de touriste auparavant… Rendez-vous est pris, dans ce même bar, le dimanche 15 octobre à 17h, le retour devrait se faire aux alentours de 3h du matin (il sera finalement décalé à 6h). Nous serons deux sur le bateau : le pêcheur et moi-même.

Le jour J, quand j'arrive au lieu dit, le pêcheur est déjà en mer. Je monte avec sa femme et sa fille sur un scooter pour rejoindre leur maison où est ancrée une barque à moteur. Les thaïs peuvent monter à 4 ou 5 sur un scooter sans que personne n'ait l'air surpris dans la rue, mais aujourd'hui la traversée du village fait bien rire la population qui s'étonne en nous montrant du doigt : un farang (étranger blanc) à l'arrière d'un scooter conduit par une femme de pêcheur, c'est plutôt rare !

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Arrivés à la maison du pêcheur, son fils m'emmène sur une barque jusqu'à son père qui a déjà commencé la pêche aux calamars. J'aperçois un canoë attaché à l'arrière du bateau, j'espère pouvoir faire un tour avec!

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Les bonjours sont rapides car, ici, personne ne parle ni français, ni anglais et, en ce qui me concerne, mon thaï est encore approximatif, non pas au niveau du vocabulaire, mais surtout au niveau des intonations (I'm joking ;-)). J'utilise le langage universel du « large sourire » et des gestes explicites, je m'en sors assez bien. Notez, cependant, que ce langage marche avec un pêcheur en pleine mer mais il est préférable d'utiliser le 2ème langage universel, « le CB's langage », en ville ;-)

Après avoir fait un tour du bateau, je décide de faire une balade en canoë pour découvrir une crique qui ne me paraît pas trop éloignée. Finalement, il me faudra pagayer pendant une bonne demi-heure pour me retrouver sur une plage déserte. Cette plage est celle d'une des îles en pain de sucre que l'on trouve dans cette région. Il n'y a là aucune habitation et, a priori, personne. Seuls quelques singes, serpents et autres animaux commençant pas « s » vivent sur cette île :-) Le retour en direction du bateau est plus dur, il semble qu'il s'éloigne et je ne suis plus tout à fait sûr de savoir duquel il s'agit car je vois bien, à présent, une cinquantaine de bateaux de pêche identiques en mer… Mais j'arrive finalement à destination.

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Le pêcheur me propose un fil de pêche avec un hameçon spécial calamars, il en a déjà attrapé une bonne dizaine qui gigotent sur le plancher. J'attends finalement une bonne heure avant d'en attraper un. A deux mètres de moi, le pêcheur en décroche, quant à lui, un toutes les dix minutes ! La pêche aux calamars, c'est tout un art :  toutes les 3 secondes, il faut relever la ligne de 10 cm d'un coup sec et sentir si quelqu'un est au bout, auquel cas, il faut sortir rapidement la ligne avant que le calamar ne s'échappe… Bref, ce n'est pas si simple !

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L'heure du repas arrive et contrairement à ce qui était convenu rien n'a été prévu pour remplir mon estomac. Le pêcheur me propose de manger son repas mais, pour mille raisons, je préfère le partager avec lui : la politesse bien sûr (je ne vais quand même pas lui manger tout son repas), mais aussi parce qu'une centaine de fourmis grouillent sur la nourriture, qu'il y a un peu de remous, que la cuillère est… Bref, tout cela, je l'avoue, me coupe un peu l'appétit…

C'est au tour du pêcheur de manger, tous les détritus passent par dessus bord : sachet, canette, boîte en polystyrène! Je lui aurais bien fait une petite remarque sur la protection de l'environnement, etc. mais j'ai eu peur qu'il comprenne que je lui demande de me passer, moi aussi, par dessus bord !!!

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La nuit est tombée et le bateau ouvre ses ailes. Il s'agit de longues tiges de bambou où sont fixés une dizaine de néons verts ou blancs. Le bateau se transforme en véritable sapin de noël. Il ne reste plus qu'à attendre en continuant de pêcher à la ligne nos calamars…

Je n'ai pas pris de montre, mais cela doit bien faire deux bonnes heures que rien de nouveau ne s'est passé. Les poissons sont de plus en plus nombreux à tourner sous nos fausses lunes. D'un coup, le pêcheur me fait comprendre que LE moment est arrivé, il lance à l'eau un filet fixé à deux bambous formant un large V. Tout se passe très vite. La lumière se tamise jusqu'à devenir rouge puis le piège se referme, le filet est remonté à toute vitesse ! Une bonne cinquantaine de poissons et autant de calamars pour cette première prise.

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Cette opération recommencera une petite dizaine de fois durant la nuit, approximativement toutes les heures. Entre deux, le pêcheur se recroqueville dans la cabine de pilotage. J'en ferais bien de-même à l'avant du bateau, mais il n'y a aucune surface plane pour la longueur de mon corps. Je somnole finalement un peu, couché à moitié sur un cordage dont à besoin le pêcheur à chacune de ses installations. Ainsi, je ne risque pas de m'endormir et je ne manque aucun moment de pêche !

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La lune est pleine, de plus en plus haute, on pourrait croire que l'on entend que le cliquetis des vagues dans ce décor de roman mais il n'en est rien. Il règne, en réalité, un grand vacarme depuis que les néons sont allumés : un gros moteur tourne à plein régime pour faire fonctionner l'installation électrique. Sans parler des odeurs du pot d'échappement qui au grès des orientations du vent nous asphyxient complètement !

La vie des petits pêcheurs dans cette partie de la Thaïlande n'est pas des plus envieuse… Je suis satisfait de retourner sur terre et de savoir que cette petite aventure n'était que passagère. Dorénavant, lorsque je regarderai ces lumières briller à l'horizon, je saurai ce que vivent en fait ces pêcheurs.

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