Le front penché sur ma mémoire,
Je ne m'étais pas aperçu,
A deux pas de mon écritoire,
Que le printemps était venu,
Que l'été frappait à la porte,
Que les blés allaient blondissant
Ivres d'une vie belle et forte,
Mystérieux enchantement.
J'étais prisonnier d'une histoire.
Que n'avais-je levé les yeux
De cet horizon dérisoire
Pour une envolée de ciel bleu !
Un souffle, un rien, une romance,
Quelque chanson venue d'ailleurs
Me tirer de la somnolence,
Redonner soleil à mon coeur.
Ouvrir la porte à l'inconnu,
L'accueillir afin qu'il se nomme,
Un bonjour au premier venu,
Cela valait la peine en somme.
Alors j'ai pris ma pèlerine
Et m'en suis allé par les bois
Sur les chemins de Mélusine
Du temps qu' « Il était une fois »
Que les animaux comprenaient
Les hommes, parlaient leur langage.
En ce temps-là, chacun savait
Que notre monde est un Visage.
Livre sacré dont chaque page,
Du grain de sable au firmament,
Cache une fée sous son image
Qui sait nos cœurs et nous attend.
AG