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Breizh-Box

Toujours à l'ouest !

Attends moi ! Posté le Lundi 4 Juillet 2016 à 23h07

 

 

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… et, je me réveille, un bruit ? Non. Je me suis réveillé d’un bon, je crois que si j’allais jusqu'à la salle de bain, on verrait les touches du clavier imprimées sur ma joue droite. Non ce n’est rien qu’une sensation. Oui, c est ca une sensation de froid. Une désagréable impression d’humidité qui m’a réveillé. Oh la vache ! je suis trempé !!!

 


 

Je suis trempé et j’ai froid bordel ! Mes yeux plongent alors vers le sol, et la s étalent sur le parquet sombre de mon bureau, des traces de pas, mes traces de pas. Le plancher est couvert de boue séchée, pas seulement de la boue on remarque du sable aussi. Je tremble, je frissonne. Je regarde mes pieds, et la, stupeur, mon jeans est mouillé jusqu’au tibia, mes chaussures sont maculées de boues, mes pieds sont glacés ce qui me fait dire que mes chaussettes….j’ai l’esprit songeur, Comment ? Pourquoi ? Quand ?

 

 


Alors, alors, je décide de suivre mes pas à rebours. Je me lève, bureau,  j’avance, salle à manger, je continue, cuisine, je poursuis, garage. Au dehors j’entends le vent qui chantonne, la pluie qui bat la mesure, et, tranquillement, doucement, mais immanquablement, j’ouvre la porte menant vers l’extérieur… Une rafale de vent me pousse en arrière, des gerbes de pluie, cette pluie incroyable froide et dense, me battent le visage, je peine a retrouver mon souffle, et ? et…

 

 


Je cours, je suis sur une plage et je cours. Nous sommes en fin d’après midi, la pluie a mouillé les pierres, le vent a chassé les gens. Il pleut comme il n’a pas plu depuis des siècles, il vente comme il n’a pas venté depuis des millénaires, mais je m’en fous, je cours. Il faut être fou pour sortir par un temps pareil, c est cela que doit se dire le conducteur de la voiture dont les phares pointent au loin, elle longe la route côtière avec précaution, presque au ralenti. Elle file le long des immeubles ou les lumières s’allument déjà, elle file seule, mais je ne l’entend pas, le vent est trop fort et il vient de la mer. Cette mer qui se déchaîne poussée par la tempête, ces vagues qui s’enchaînent et viennent s’écrasées bruyamment sur le sable clair, je cours, au loin sur la mer par delà les nuages d’encre j’aperçois des éclairs, mais je m’en fous je cours. C’est un tumulte permanent, un fracas infernal qui m’entoure, peu importe si mes cheveux sont mouillés, peu importe si mes chaussures prennent l’eau, peu importe si j’ai froid, je cours. Je cours et je ris. Je ris et je crie. Je CRIE. La plage mesure au moins deux kilomètres de long. Devant moi une silhouette chemine, elle court, Je ne la vois que de dos mais je sais que c’est lui. Je dois le rattraper, il le faut. Et la pluie. Et le vent. Et MERDE ! une vague plus forte que les autres m’atteint, me déséquilibre, brise ma course, Vais-je tomber ? Oui ? Non ? Peut être ? Non. J'en suis quitte pour une bonne douche, mes pompes et mes chaussettes seront a tordre et a pendre, mon jeans tout autant, je ris alors plus fort je cours alors plus vite, il est la bas, je le vois, je ris, et je crie : ATTENDS », l’eau entre dans ma bouche,  « ATTENDS MOI ! », Je ne sais pas si le son de ma voix est parvenu jusqu'à lui, mais il ne faiblit pas, il court toujours, encore et encore, il a toujours été plus sportif que moi malgré ma grande carcasse je ne suis bon à rien même pas a la course. J’ai 15 ans. J’ai 15 ans et je cours. Et la bas devant, il stoppe enfin. Devant lui se dresse une falaise, elle doit faire au moins 2 kilomètres de haut….10 je fonce sur lui, 9, il regarde vers le haut, 8 je le tiens, 7 il ne bouge pas, 6, je vais l’avoir, 5, il se retourne et me souris, 4, j’arrive, 3, le voila qui monte sur les rochers, 2  ½ , je crie : « A L A I N  ATTENDS ! » , 2 il pousse sur ses jambes, tire sur ses bras, il grimpe, il grimpe, 1, je cours toujours, 0, la pluie ne cesse pas, le vent ne mollit guère et Alain est en haut !. A mon tour me voici au pied du mur, la falaise se dresse devant moi. Il me regarde de haut, et crie : « Allez, viens. ». J’hésite, j’hésite mais pas longtemps, j’y vais aussi, les rochers sont glissants, 1 mètre, tant bien que mal, je pousse sur mes jambes, je tire sur mes bras, et je monte, je grimpe, Oh pas avec la même agilité que lui, mais j’avance. 2 mètres, La pluie coule sur mes doigts, 3 mètres, la pente est bien plus douce qu’il n’y parait, soudain, un cailloux se dérobe, mon pied droit perd son appui, il glisse dans le vide, je resserre les mains, je reporte mon poids sur la jambe gauche, je pousse de toute mes forces, je tire, ma jambe se balance, elle heurte la roche, de mon tibia monte une douleur aigue et sourde, bon dieu ! ca fait un mal de chien ! mais je tiens, je tiens, je redresse, retrouve un appui et, et je continue l’ascension. Un dernier effort puis je saisis la main qu’il me tend, il tire je me laisse aspirer vers le haut, a genoux devant lui je le remercie. Je me relève. Machinalement je regarde en arrière, la vue du vide m’étourdis, pfiou… Je sors une cigarette, j’attrape mon briquet, je tente d’abriter la flamme, 1 fois, 2 fois, 100 fois, et j’aspire enfin, la meilleure des bouffées du monde. Il me dit « file moi ton briquet », je le lui tends, il le saisit, il sort de son sac a dos 2 bouteilles de bière qu’il décapsule d’une facilité déconcertante avec le cul du briquet. Ca, ca c est un truc que j’ai jamais su faire, j’ai vu le faire des millions de fois et je n’y suis jamais parvenu…On trinque, j’ai 20 ans, tchin ! A nos pieds la mer cherche a nous rejoindre, elle lance des vagues sur les falaises mais ne peut pas nous atteindre, le ciel est toujours aussi noir, la pluie est toujours aussi drue et j’ai toujours aussi froid… la nuit arrive, je le sais je le sens. Bientôt. Derrière nous s’étend une vaste lande de bruyères et d’ajoncs elle court jusqu'à un petit bois la bas ou quelques arbres s’amusent a plier sous le vent, plus près sur ma droite, trois immenses éoliennes découpent le vent en tranches dans un bruit continu. J’avale une gorgée de bière et je reviens a nous. Finalement il n’est pas si beau vu de près ! Finalement il n’est pas si comment elles disent déjà : « choux » ?, Je le trouve plutôt quelconque avec ses yeux trop bleus, ses taches de rousseur et ses cheveux blonds et frisés. Et ce nez trop long, cette bouche trop fine, non vraiment je ne sais pas ce qu’elles lui trouvent ? c est peut etre l’énergie qu’il met dans tout ce qu’il fait qui les impressionnent ? d’un geste il penche la tete en arrière, soulève sa bouteille, la vide, fait un bruit que je n’entends pas mais que je devine et il tend le bras. Il lance sa canette, elle fend l’air a contre vent, elle va se briser, c est sur, elle va s’éclater en milles morceaux contre les rochers, elle descend, descend et …non, une vague l’engloutie et elle disparaît. Il me pousse dans le dos, je manque de tomber, je me retourne pour protester, mais, il est parti ! et je le vois la bas, il court, il court, il est reparti, il file sur la lande, il fonce vers les arbres au loin. Alors j’y vais a mon tour, je reprends ma course, je le suis, je cours, je repars, je file sur la lande, je fonce vers les arbres au loin, je, oh merde ! je marche dans une flaque, la boue gicle, l’eau rempli ma chaussure, encore, je peste, je rale, j’a froid mais je cours. J’ai 25 ans. Dans ma tête je pense, je pense a moi, à mes joies, à mes peines, aux gens, aux liens distendus, aux autres, a tous ces autres et c’est la que je comprends. Je sais qui est Alain. Alain, c est lui, c est lui et c est Franck, c est Franck et c’est David, c’est Stéphane, c’est Denis, c’est Gael, c’est Alban, c’est Christian, c’est Frédéric, c’est Samuel, c’est Arnaud, c’est…il est tous ceux qui m’ont porté, tous ceux qui m’ont traîné, tous ceux qui m’ont poussé, aidé, tiré, guidé…IL est lui et tout les autres a la fois. La pluie tombe toujours, j’accélère, le jour décline, je maintiens l’allure, la pluie, le vent, et il a disparu.

 


Je ne le vois plus, je cherche ses empreintes dans la boue, je mets mes pas dans les siens, et j’avance, 100 mètres, le bois, 90, 80, 70 un petit chemin, 60,50, un dolmen et sur celui-ci, agitant les bras, Alain m’appelle, et m’attend, j’y vais. Je le rejoins sous cette maison de pierre, l’eau s’est infiltrée jusqu’ici, la nuit est la, le froid aussi, je me dis que tous les chercheurs du monde se demande depuis des siècles a quoi servent les dolmens ? ils disent monuments funéraires, marquage géographique…non. Moi je sais, ils sont la depuis tout se temps pour offrir aux voyageurs égarés, l’abri dont ils ont besoin. Transis et fourbus on se pose un moment, je ne dis rien, il n’en dit pas plus, nous sommes face a face adossés aux larges pierres qui soutiennent la dalle qui forme le toit, la nuit est tombée, la pluie et le vent nous accompagnent toujours, il sort de son sac des chips , un paquet de gâteaux , des bières, nous mangeons, buvons, puis il me tend une couverture de survie que je déplie dans un bruissement métallique, au loin l’orage résonne, il roule sur la mer, il claque plus fort que le vent, je frissonne. La couverture sur moi me fait du bien, me réchauffe un peu, il me regarde, je le regarde et…je perds pied, je, je…

Je me réveille avant le matin, j’ai 30 ans, j’ai 30 ans et je suis seul. J’appelle, rien. Le vent est tombé, la pluie a cessé, presonne. Seul au loin trois éoliennes clignotent, si je tends l’oreille je peux les entendre, j’ai froid, un brouillard épais venu de la mer s’ est posé sur la lande. J’appelle encore, rien. Je crie plus FORT, rien. J’attends, je réfléchis…je décide alors de refaire le chemin en arrière. Je sors du bois, sur le petit chemin la pluie de la nuit a effacé les traces de la veille, j’ai beau porter mon regard tout autour, je ne vois rien de vivant autre que le végétal, personne. Alors je me remets a courir, a avancer, janvier,  je fends cette lande désolée, fevrier, je secoue ma carcasse, mars, la mer la bas est calme et tranquille, avril, je me sens libre comme jamais, joli mois de mai, je regarde au loin, vive le moi de juin, j’arrive a la falaise que je descends d’un trait, juillet, je n’ai plus de doute, pauvre août,  mais je cherche pourtant a comprendre septembre, j’ai l’esprit clair et sobre, octobre,  ne sommes nous que des cendres ?, novembre, je crois qu’on ne peu pas comprendre, décembre, mes pieds retrouvent la plage, j’allonge la foulée, janvier…

 


J’ai un poids dans le cœur, une charge sur les épaules, j’ai peur, je doute, j’ai 35 ans, la plage est vide, la mer est sombre et mauvaise, j’ai froid. Soudain, une petite main saisit la mienne, une capuche, un nez qui coule, j’ai 35 ans, je le regarde, je lui lache la main, et, et je cours, je cours sur cette plage sans me retourner, le sable, le vent, la mer, le brouillard, … Il crie, il rit, il court, il dit : « PAPA, attends moi ».

 

 

 

 


 

Vivement Demain !

 


 

 

 


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