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Déca-Danse

décadence...

Le lion, J. Kessel (2) Posté le Dimanche 30 Mai 2010 à 11h41

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"Tout près de moi et pourtant aussi éloignés, inaccessibles que s'ils avaient été à des lieues." J. Kessel, Le lion, p158

"Je ne demandais pas d'explications. Tout maintenant me paraissait possible, naturel. J'avais franchi la grande frontière." J. Kessel, Le lion, p159-160

"L'aptitude la plus élémentaire à s'orienter, la notion de droite et de gauche, d'avant ou d'arrière, je les avais perdues depuis longtemps et ne m'en souciais plus." J. Kessel, Le lion, p169

"Mais justement parce que je l'avais pressenti, cet appel insonore, clandestin m'étonna, m'effraya beaucoup plus que le matin où je l'avais entendu sans m'y attendre. C'était trop de coincidences." J. Kessel, Le lion, p191

"Pour me regarder en face, la jeune femme releva son visage. Il exprimait en cet instant une résolution et un courage désespérés. La résolution, à tout prix, de voir clair en soi et autour de soi et le courage de dire ce qui a été vu." J. Kessel, Le lion, p199-200

" - Si nous pouvions au moins entretenir indéfiniment cette colère injuste, l'existence serait plus facile, peut-être, dit Sybil. On aurait pour soi le sentiment du droit, de la vertu offensée. Mias nous nous aimons trop pour ne pas sentir très vite la bêtise, la laideur de ces crises. Alors on verse dans la pitié.  Ils ont pitié de moi, j'ai pitié d'eux. Moi, je le vois à chaque occasion. eux, moins sans doute. Qu'importe ! Ni eux ni moi ne voulons de pitié." J. Kessel, Le lion, p200-201

" - Le pire, voyez-vous, poursuivit Sybil, c'est le moment où l'on est plus porté par la colère ou déchiré par la pitié. C'est quand on est tranquille ou lucide. Parce que là, on voit qu'il n'y a rien à faire." J. Kessel, Le lion, p201

"C'était toute la force et la férocité du monde. Le commencement et la fin des temps. Et moi, je n'étais plus une femme quelconque, chétive, craintive. J'étais tout cela..." J. Kessel, Le lion, p202-203

"Mais il vivait encore. Des frissons secouaient ses membres décharnés et faisaient pour un instant lever l'essaim de mouches collé à sa plaie en putrescence. Sa gorge émettait les chuintements régulier du râle. "- Qu'est ce que cela veut dire ? m'écriai-je. Tout le monde assure qu'il est mort." "- Mais il est mort puisqu'il ne peut plus vivre, dit Patricia." Il n'y avait pas trace d'émotion dans sa voix et ses grands yeux fixés sur Ol'Kalou étaient paisibles." J. Kessel, Le lion, p212

"C'était la fin du jeu. La petite fille l'avait soudain compris. Sa figure n'exprimait plus ni la gaieté, ni la curiosité, ni l'amusement, ni la colère, ni la tristesse. Pour la première fois, je voyais sur les traits de Patricia la surprise épouvantée devant le destin en marche, l'angoisse la plus nue et la plus enfantine devant l'évènement qu'on ne peut plus arrêter." J. Kessel, Le lion, p230

"Alors, à la seconde même où le fer entra dans la chair de King et juste à l'instant où le sang parut, Patricia hurla comme s'il s'était agi de sa propre chair et de son propre sang. Et au lieu de retenir King de toutes ses forces, de toute son âme comme elle l'avait fait jusque là, elle le lâcha, le poussa, le jeta droit sur l'homme noir." J. Kessel, Le lion, p231

"Patricia s'était approchée à la frôler de cette mêlée, de cette étreinte. Elle n'avait pas conscience de l'avoir voulue, provoquée, appelée, préparée d'un instinct têtu et subtil. Elle n'avait plus conscience de rien, sauf qu'un homme avait osé porter le fer sur King et que cette atteinte, l'homme devait la payer de sa mort. Et même ce mot ne signifiait rien pour elle. C'est pourquoi, les narines et les lèvres dilatées, Patricia criait au lion, sans mesurer la porter de son cri : -Tue King, tue !". J. Kessel, Le lion, p232

"[...] à la bête la plus noble, son devoir était de préférer l'homme le plus vil." J. Kessel, Le lion, p233

"Des larmes douloureuses, difficiles, vinrent aux yeux de Patricia. Mais elle ne saviat pas pleurer. Les larmes séchèrent aussitôt." J. Kessel, Le lion, p235

"Elle se détourna de Bullit et de Kihoro comme d'ombres sans substance et se pencha sur King. Le seul ami pur. Le seul qui, dans sa tendresse et sa puissance, ne l'avait jamais meurtrie, jamais trompée. Il ne pouvait pas être devenu d'un seul coup et sous ses propres yeux, soud, aveugle, sans mouvement et sans voix. Il n'avait pas le droit de s'obstiner dans une insensibilité, une indifférence monstrueuses alors qu'elle souffrait à cause de lui comme elle n'avait jamais su qu'on fût capable de souffrir." J. Kessel, Le lion, p237

"Mais King non ! King, ce n'était pas possible ! Elle l'aimait et il l'aimait. Ils étaient nécessaire l'un à l'autre. Et voici que, étendu près d'elle dans son attitude familière de protection, de tendresse et de jeu, il s'éloignait chaque instant davantage. Et comme en lui-même, comme au fond de lui-même. Il s'en allait... Mais où ? Mais où était-il déjà parti puisque les vautours approchaient, approchaient sans cesse pour le dévorer, lui, le tout-puissant ? Les sentiments essentiels -la maternité, l'amitié, la puissance, le goût du sang, la jalousie et l'amour- Patricia les avait tous connus par le truchement de King. C'était encore le grand lion qui lui faisait découvrir le sentiment de la mort." J. Kessel, Le lion, p237

"Bogo relança la voiture. Patricia était immobile, la tête inclinée sous son chapeau rond. Soudain, elle saisit la poignée de la portière, l'entrouvrit et fut sur le point de sauter dehors. Elle avait eu beau se verrouiller en elle-même d'un effort désespéré, elle avait su que nous étions arrivés à l'endroit où, de la grande piste, partait le sentier qui menait vers l'arbre aux longues branches. Je ne fis rien pour la retenir. J'étais obsédé par ce qui l'attendait à Nairobi : le dortoir, le réfectoire, la prison de bonne société. Mais Patricia rabatti elle-même la portière et se rencongna plus profondément, encore. Seulement elle tremblait. J'étendis un bras par-dessus sa petite valise, cherchai sa main. Elle l'enfonça dans la poche de son manteau." J. Kessel, Le lion, p242

"Patricia tremblait de plus en plus fort, de plus en plus vite. Et ce fut elle qui saisit ma main et la serra comme si elle se noyait. "- Il est seul, gémit-elle. Tout seul. Pour toujours." Le premier sanglot fut si difficile qu'il ressembla à un râle. D'autres suivirent plus aisément le chemin frayé. Patricia se mit à pleurer comme l'eût fait n'importe quelle petite fille, comme n'importe quel enfant des hommes. Et les bêtes dansaient." J. Kessel, Le lion, p243

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