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le congo que je connais

un amour de pays

introduction Posté le Jeudi 18 Mars 2010 à 16h12

Jeudi 16 juillet 2009

J’aurai du tenir ce journal depuis longtemps, depuis le jour ou j’ai  mis les pieds dans mon pays pour un retour un peu forcé je l’avoue, mais un pays que j’ai choisi d’aimer par la suite, et que j’aime tellement que quand je suis loin de lui pour plus de deux semaines je deviens impatiente de rentrer. j’aurai du témoigner depuis ce jour la, parce que j’ai assister à des changements dans mon pays qui m’ont démontré qu’il n’est pas perçu à sa juste valeur. Malgré tous ses défauts j’ai trouvé ça profondément injuste…j’en parlerai un peu plus tard de cet incident qui m’a fait réagir, me réveiller.

Ce journal n’a rien d’un papier professionnel, c’est simplement un très long carnet de route que j’ai décidé de mettre en œuvre pour parler du Congo que j’aime, de ces gens qui sont les miens, de ce désordre charmant, de ces esprits ou la débrouille rend méchant, mais méchant comme un enfant…a qui l’on pardonne très vite.

Pour comprendre comment à 26 ans j’ai découvert  ma propre terre , mon peuple…il faut que je raconte d’abord un peu mon histoire, même si le plus important et de témoigner de ce pays qu’on ne décrit que par ses querelles politiques, la richesse de ses misères, sa mauvaise santé perpétuelle.

Je suis née le 05 mars 1979, a Brazzaville la capitale politique du Congo, je n’ai pas grand souvenir de cette époque, cette belle époque de l’insouciance, donc pas grand-chose à raconter sur cette période du Congo, sauf que j’ai l’information historique pour faire remarquer que je suis arrivée un mois après la prise de pouvoir de l’homme fort du Congo depuis une trentaine d’année. Bref celui que j’ai toujours connu même quand il n’était plus aux commandes du pays.

Je quitte donc ce pays en novembre 1981 pour un pays un peu lointain, à l’ouest de l’Afrique, le Sénégal. Bien qu’on soit sur le même continent, c’est une autre Afrique. Les « ouestaf » comme on aime a les appelé par rapport au « centraux » comme on aime à se définir, ont une autre mentalité, ont d’autres caractéristiques physiques, ont une autre organisation sociale.

J’y passerai 26 années de ma vie grâce à un père travailleur international. J’y ai grandi, j’y ai vécu, j’y ai eu des amis, une vie. J’ai adopté cette culture, ces mœurs, mais malheureusement question langue je n’ai pas fait de gros progrès. Je m’y sentais comme chez moi, jusqu'à ce que j’y cherche à continuer ma vie en cherchant un travail.  Mais après 26 ans on m’a bien fait comprendre que même en ayant de l’amour pour ce pays je ne serai jamais intégrée, j’ai même commencé des démarches pour avoir la nationalité, car oui dans mon cœur je me sentais sénégalaise. Mon rêve va réellement prendre fin quand un fonctionnaire de la préfecture va clairement me dire « mademoiselle si vous voulez avoir la nationalité votre seule chance est d’épouser un sénégalais ».  Après mes études et deux ans de chômage ma seule option était de rentrer chez moi ; le Sénégal me mettait gentiment à la porte en me remerciant de me m’être pendant 25 ans sentie chez moi.

J’avais déjà effectuer des courts séjours dans mon pays , en 1987, en 2001, en 2004. Autant vous dire que ce n’était pas suffisant pour réellement me sentir à l’aise face à ce retour chez moi. J’avais donc des sueurs froides à l’idée de débarquer pour y vivre. Je passais des nuits blanches, c’est vrai heureuse d’avoir enfin un boulot, mais nerveuse à l’idée d’avoir des nouvelles habitudes.

Il faut l’avouer, je devais abandonner le confort d’une fille de diplomate, dans un pays qui ne connaissait pas trop ce que c’était les délestages. Avec mes parents je vivais confortablement dans un petit pavillon fleuri, construit selon des normes urbaines, dans un quartier semi résidentiel, ou les voisins ne se connaissent pas, ne savaient pas ce qui se passe à l’intérieur des maisons.  le papa, la maman, la fille ainée, le petit dernier et le gentil chienchien, bref le tableau idéal. Je renonçais à des après midi sur les terrasses de café à manger des glaces avec les copines et à rire de nos déboires de jeunes adultes, à des soirées dans le seul pub de la ville le viking, à nous envoyer des tékilas, des bières et des scotch toujours causant de nos amours, nos espoirs, de conneries et d’autres, je renonçais aussi à ses longues promenades avec mon frère dans les rues paisibles de la ville parfois a des heures impossibles, minuit !

 La ville de Dakar est une ville propre, bien goudronnée, bien tracée, les égouts invisibles, des beaux immeubles, un centre ville animé, des boutiques, des grandes surfaces, des restaurants, des plages, des militaires discrets, sans armes…des lieux de culte discrets troublés uniquement par les cinq appels quotidien du muezzin. Bref la douceur de vivre !

Ouf !globalement c’était ça ma vie, malheureusement  les mots que j’ai tenté d’utilisé je crois ne peuvent pas vraiment traduire ce que j’abandonnais. Donc en aout 2005, bon gré malgré j’ai pris mon courage a deux mains j’ai abandonné toutes mes appréhensions, j’ai fait table rase de mes inquiétudes. Il fallait que j’avance, que je fasse un choix. J’ai pris l’avion pour un pays qui était le mien, mais que je ne connaissais pas !

Les premiers jours sont des jours d’adaptation, j’arrive avec mon frère, lui venant pour les vacances. Mes parents toujours en poste à Dakar, il fallait me trouver ou me loger. Avant mon départ il était évident que je vivrai avec ma grand-mère et la grande sœur de ma mère. La maison était située dans un quartier populaire l’un des plus vieux de Brazzaville, ouenzé, à la limite d’un autre quartier extrêmement populaire et dont viennent la majorité des congolais de la ville, y compris mes parents, Poto-Poto.

Je connaissais déjà l’endroit, mais je crois que le paysage me dérangeait toujours autant. La maison est située en bordure d’une des plus grandes rivières de Brazzaville, Madoukou. En fait Madoukou veut tout simplement dire rivière. Cette rivière n’a rien à voir avec l’image qu’on peut se faire d’une rivière de ville, propre s’écoulant jusqu’au fleuve, nettoyée régulièrement, agréable, apportant de la fraicheur au quartier. Non ma rivière à moi est sale, remplie de détritus, très large et très profonde quand elle était enfant selon le témoignage de ma mère, la rivière disparaît  petit a petit sous les sables et les détritus, au point que les enfants du quartier s’y amusent et peuvent quasiment marcher dessus. Finalement il n’en reste plus qu’un filet d’eau insalubre qui s’écoule difficilement. Quand il pleut, la rivière est tellement obstruée qu’elle déborde, et quand elle se retire elle abandonne quantité de détritus et de saleté sur les bords.

La ruelle devant la parcelle n’est pas goudronnée, le chemin est cahoteux, le haut de la rue est occupée de parcelles dont les habitants sont des étrangers, rwandais, sénégalais, congolais de RDC…ce melting pot, ne semble pas être avantageux, mais au contraire apporte de nombreux désagréments aux habitants de la rue, tel que les eaux usées jetées dans la rue, le sitting dans cette ruelle qui empêche les automobiles de circulées. Dans cette ruelle on peut également compté sur une église évangéliste dont les adeptes sont constitués en grand nombre d’enfants. Cette église m’a tout de suite frappée comte tenue de l’immense pollution sonore dont elle était responsable…a toute heure.

En rentrant dans la parcelle, je notais : le sol encore brut, non carrelé, composé uniquement du sol de propreté dans toute la demeure, y compris dans les chambres à coucher. La douche se trouvait a l’extérieur, y compris les toilettes, doté d’une chaise anglaise, certes en mauvais état, mais toute de même moderne une chaise anglaise ! allélouia !!!!

Le mobilier était très sommaire. Je devais donc me contenter d’un lit, et déposer mes valises à même le sol….oui rien à voir avec mon confort laissé derrière moi…voilà ! Ha j’oublié les voisins qui à l’écoute du taxi qui nous ramenés de l’aéroport, se dressaient devant leur porte pour savoir  de quoi il s’agissait ! Et ce serait comme ça tout mon séjour dans cette ruelle ! Le bonjour de chacun, me dérangea un peu. Ces derniers nous observés  un peu avec curiosité  et suspicion (c’est mon sentiment d’alors) sortir du taxi avec nos bagages, jusqu’à ce que nous disparaissions mon frère et moi dans la parcelle. Cette façon de me dévisager des pieds à la tête comme une curiosité deviendra une habitude à la quelle je devrai m’y faire.

Pour moi c’était quand même un moment dur. Je réalisais que désormais ce serait mon quotidien. Je réalisais  qu’il y avait un vrai changement ! Désormais c’était au jour le jour que je devrais vivre. Finis le frigidaire plein de chez mes parents ou il suffit de tendre le bras pour me nourrir. Pas parce qu’il n’y avait pas d’argent ( PIB par habitant de 1540 $ selon le jeune Afrique Hors série n°21) mais parce qu’il y avait délestage quotidien. Donc le frigidaire était vide. J’ai du alors m’habituer à rechercher mon pain quotidien, à chaque instant de la journée.

Oui les premiers jours ont été difficiles , au point de détester ce pays. Mais heureusement je commençais à travailler, et j’oubliais vite ce qui m’attendait au dehors. Je quittais mon quartier à 7h pour revenir le plus tard possible à 20H. ainsi je ne voyais pas cette rue sale, ces voisins si curieux, ces heures entières à regarder le plafond, parce que pas de courant, pas d’amis, rien à faire.

Je devins une habituée d’un restaurant asiatique après le boulot, parce que je savais que chez moi m’attendaient les délestages. Je restais jusqu'à 19 H à mon poste, à ranger des dossiers, histoire de perdre le temps, avant de passer au moins 2 a 3h  dans ce restaurant, simplement pour fuir les coupures de courant. Je rentrais juste pour dormir, jusqu’au lendemain. Et ces coupures n’étaient pas de quelques heures, mais des jours, voir des mois… je me souviendrai de coupures qui ont duré jusqu’à trois mois, de quoi vous rendre fou….

Pendant quelques mois je demeurais ainsi dans cet état primitif mais un jour  je décidais enfin de m’installer. Je compris alors que je n’étais plus en transit le jour ou je pris la décision de m’acheter une armoire, d’y installer les vêtements qui étaient toujours dans les valises posées à même le sol.

 

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