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Sur la route des étoiles

chronique d'une mère endeuillée

. Posté le Mercredi 21 Juillet 2010 à 17h05

NOTRE NOUVELLE VIE

 

Tout a changé.

Mon mari a démissionné de son travail trois mois après la mort de Julien. Il ne pouvait plus assumer sa fonction de manager dans une entreprise américaine. La pression était trop forte pour lui. Il voyageait beaucoup ; il était absent souvent plusieurs jours et aussi bien pour lui que pour moi, cela devenait insupportable ; nous avions besoin l’un de l’autre, encore plus qu’avant.

Je n’ai jamais tenté de l’influencer sur sa carrière parce qu’elle lui appartient d’une part et d’autre part parce que c’est un leader-né qui a toujours atteint les sommets qu’ils s’étaient fixés, en espérant toujours en gravir de plus hauts, mais un jour lorsqu’il m’a dit « Je n’ai plus le feu sacré. Je ne veux pas devenir médiocre aussi je préfère partir. Je ferai autre chose ailleurs. Je dois tout changer. Je ne peux pas continuer de vivre comme si rien ne s’était passé », je n’ai pas essayé d’aller à l’encontre de sa décision parce que j’avais pensé à cette solution sans jamais lui en parler.

A partir de cet instant, il a fallu agir :

En premier lieu, quel serait le nouveau métier de mon mari ? Tout y est passé, en partant du petit commerce jusqu’au rachat d’une société. Au final, mon mari est devenu diagnostiqueur immobilier après être retourné à « l’école » pendant plus de 6 mois et passé ses certifications.

En juin 2008, son activité a commencé avec la crise. Aujourd’hui, c’est d’être loin d’être facile car tout est bloqué et actuellement, en parallèle, il doit exercer un second métier qui lui permet d’avoir un salaire.

Nos ressources ne sont plus les mêmes. Nous vivons simplement et à l’opposé de notre vie d’ «avant », sans regrets, car nous avons gagné en qualité de vie. Le stress a disparu. Nous sommes devenus calmes, presque sereins, mais ce ne sera jamais pleinement, car Julien n’est plus là.

Où ? :

Devenus propriétaires indivis du terrain de notre fils en Bourgogne, nous avons décidé de faire construire sur celui-ci lorsque notre maison de la région parisienne sera vendue ; là aussi la crise a son effet et nous attendons des jours meilleurs dans ce domaine.

En attendant, Nathalie et son mari Noël, nous ont trouvés une petite maison en location dans laquelle nous nous sentons bien, dans leur village, près d’eux et de Julien. Lorsque le besoin se fait sentir, je vais sur sa tombe et souvent, en fonction du temps, je m’assois sur la pierre et je reste là, immobile, les yeux fermés, à humer l’air et prendre le soleil. Il y a toujours un papillon qui tourbillonne autour de moi. Il se pose sur les fleurs, part, revient pour aller ensuite visiter une autre tombe. Je me dis : « C’est lui ; il sait que je suis là. » Je lui parle et pleure aussi quelquefois. Lorsque je le quitte, je me sens apaisée. C’est bientôt l’hiver, je ne pourrai plus rester longtemps car il fera trop froid.

Dans ma vie de tous les jours, je n’ai plus certaines commodités « des temps modernes » par manque de place mais je me suis bien faite à ce retour en arrière qui quelquefois me faire rire mais me fait grogner aussi car je suis devenue tributaire du temps pour étendre le linge et plongeuse trois fois par jour pour la vaisselle.

Nous avons d’excellentes relations de voisinage et, dans le village, nous croisons souvent des personnes qui nous sourient et d’autres qui nous saluent sans que nous les connaissions ; souvent je me dis que ce sont des patients de Julien. Tout le monde connaît notre histoire et nous nous devons d’être agréables à leur égard car ils nous apportent beaucoup de chaleur.

Mon mari, dans son nouveau métier, a beaucoup de contacts dans le département ou ceux limitrophes et bien souvent notre nom de famille provoque des réactions telles que : « vous êtes de la famille du kiné qui s’est tué en moto ?» ou bien « nous connaissions votre fils »…

Je ne suis absolument pas prisonnière de mon passé ; je m’adapte sans acidité, sans rancœur et je me dis toujours que Julien, de là-haut, nous envoie l’air frais venu de l’ailleurs qui nous encourage dans notre nouvelle vie.


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